Tiens ferme ce que tu as

Apocalypse 3, 11
Traduit de l’anglais
W. Kelly

Il y a une coïncidence frappante entre les faits de la Parole de Dieu et les voies de Dieu au moment actuel. J’ose affirmer que beaucoup ont été frappés, sans pouvoir l’expliquer, par le fait — et je me souviens quand mon propre esprit a été exercé à ce sujet il y a bien des années — que Dieu ait dû donner un tel exposé de Sa grâce dans les vingt et un premiers chapitres des Nombres, quand les enfants d’Israël étaient proches de la fin de leur voyage. Je pense que nous aurions dû y penser mieux au commencement. Mais Dieu est toujours sage. Nous pouvons être exercés. Il peut faire venir une difficulté, en apparence ; mais une difficulté surmontée par la foi, dans la pensée de Dieu, une difficulté qui a longtemps été incertaine, quand elle a été saisie, quel gain représente-t-elle, non seulement pour notre propre âme, mais pour les autres, comme amenant une confiance nouvelle en Dieu et en Sa Parole !

Et en vérité, la Parole de Dieu est une chose puissante, non seulement pour nous, mais pour Lui en ce moment, un moment dans lequel la chrétienté l’abandonne, et où ses conducteurs, aveuglément, j’en suis sûr, et ne sachant pas ce qu’ils font, font tout ce qu’ils peuvent pour la saper. Sa grâce a fait en sorte que la Parole brille avec une puissance nouvelle. Car je ne parle pas seulement de la beauté de la Parole, mais de son autorité ; et c’est une chose très importante. Par elle, Dieu Lui-même nous place et nous garde dans la soumission au Seigneur Jésus Christ.

Je voudrais d’abord demander, chers frères, si nous n’avons pas senti ce qui répond à cela, que Dieu a donné la puissance vivante non seulement à bien des parties de Sa Parole que nous ne connaissions pas, mais aussi à la vérité fondamentale que nous connaissions imparfaitement ?

Ne nous a-t-Il pas donné comme de nouveau l’évangile, et ce qui est le fruit de sa réception ? Non pas qu’Il ait versé de nouveau le Saint Esprit, comme certains l’ont demandé à tort de Sa main, mais plus assurément, Il nous a donné en retour de nouveau la vérité à ce sujet. Je ne parle pas là des individus. Il a été tout à fait justement dit, que quand nous parlons de ce qui est la pensée du Seigneur, nous devons distinguer entre ce qui est pour Sa propre gloire et pour l’Église dans son état actuel, et Sa direction spéciale et Son œuvre dans les âmes individuelles. Cela éviterait une petite mésentente dans des pensées très précieuses en elles-mêmes, mais tout à fait propres à être mal utilisées.

C’est la pensée du Seigneur dans le temps présent, de former et de façonner l’Église comme l’Épouse de Christ. C’est Sa pensée que nous L’attendions du ciel. Mais ce serait une très grave erreur de substituer ce qui est Sa volonté pour l’individu, par ce qui est Sa pensée pour l’Église, Son corps. C’est la vérité pour nous tous — que l’Église n’aurait jamais dû oublier. Mais cela n’interfère pas le moins du monde avec l’œuvre particulière du Saint Esprit dans chaque croyant individuellement.

C’est pourquoi, que ce soit pour pêcher ou nourrir [selon ce qui a été placé devant nous], les serviteurs ont chacun leur place — ils ne se supplantent en rien l’un l’autre. Quand le cœur est rempli de Christ, qu’il est ramené à Lui personnellement, à Lui comme un objet placé devant nous, et Lui-même dans Sa puissance de discernement moral — car c’est un des traits les plus remarquables de la manière dont Il se révèle à l’Église à Philadelphie — les pêcheurs doivent-ils être moins simples, moins sérieux, moins dévoués ? Faut-il se relâcher de donner à manger ? Tout au contraire ! Il y a une impulsion divine qui y est donnée. Il y a aussi un affranchissement de l’excitation, une solidité et une séparation de caractère. Pas un seul désir qui ne soit comblé dans la plénitude de Christ. L’amour du Christ nous étreint [2 Cor. 5, 14].

La connaissance enfle, l’amour édifie [1 Cor. 8, 1]. Vous ne pouvez séparer légitimement l’amour et la vérité. Cette révélation personnelle du Seigneur Jésus au moment actuel — cette utilisation de la vérité, non comme plaçant quelque chose entre nous et le Seigneur, mais en mettant de côté tout ce qui sépare — est ce que nous devons tous avoir trouvé être, non seulement notre joie la plus profonde, mais notre meilleure sécurité.

Laissez-moi rappeler cette parole très solennelle. Pensez-vous que d’autres que les hommes de Philadelphie soient exposés à un tel danger ? Je ne trouve pas qu’un tel criblage ait lieu ailleurs. Mais je ne crois pas que Philadelphie ait disparu. Je crois que Laodicée est arrivée, mais que Philadelphie n’a pas disparu, et qu’elle ne disparaîtra jamais jusqu’à ce que le Seigneur vienne ; et que ce qu’Il a établi comme un témoignage, par la révélation de Sa personne, ne sera jamais annulé. Je ne crois pas que Philadelphie disparaisse, mais que les âmes qui manquent à s’attacher au Christ qui s’y révèle, s’en iront, et que la grâce en amènera d’autres à remplir plus dignement leur rôle. Assurément, la grâce de Dieu qui l’a commencé, gardera ceux qui auront été là, et poursuivra avec Christ.

Mais de plus, il peut être bon d’observer que les éléments les plus affligeants dans la forme de Laodicée peuvent bien avoir eu leur place dans Philadelphie, quand la foi a manqué et que la chair a laissé la place à Satan. Mais s’ils étaient dans Philadelphie (ou dans la séparation pour Christ), ils ne lui ont jamais appartenu. Ceux qui sont tels n’ont jamais apprécié le témoignage de Christ ; car mon cœur rejoint entièrement notre frère bien-aimé dans la pensée que le Seigneur a une pensée actuelle.

Je crois que, alors que quelque chose d’autre s’est introduit, nous ne devons pas permettre que ce que nous avons nous échappe, comme ce serait le cas si nous nous laissions aller à la pensée déprimante que Philadelphie a tellement manqué qu’il ne reste maintenant plus rien portant ce caractère. Je dis cela à titre de complément. Je crois qu’il est dans Sa pensée, que ceux qui sont comptés comme étant de Philadelphie — certainement pas comme une simple question de position, mais moralement — aient particulièrement besoin de Sa grâce ; car Satan utilise tous ses artifices pour les tromper et les blesser. Là où le cœur est avec Lui, là Il est tout pour le cœur. Mais vous ne possédez pas Christ ainsi, à moins que le Seigneur vous ait ramené à la compréhension de ce que Son Église est pour Lui. Les caractères les plus remarquables de l’appel de Philadelphie supposent une connaissance de la vérité et de la grâce que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Il doit donc y avoir un commentaire très frappant dans cette épître. C’est tout à fait vrai. « Voici, je viens bientôt ».

Mais nous voyons que le Seigneur avertit. « Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne ». Ne savons-nous pas, bien-aimés amis, que jamais les hommes n’ont été plus enclins à être entraînés par les sentiments, et à être pris par des enseignements nouveaux ? Les gens du dehors ne le croient pas ; ils pensent que si vous en connaissez un, vous les connaissez tous ! Nous savons qu’il en va bien autrement, et que comme la grâce a commencé la chose, ainsi la grâce seule peut la maintenir et l’achever. Si quelqu’un est susceptible d’être perturbé, c’est bien nous. Le simple fait d’être seul avec Christ, en dehors de tous les différents moyens d’occuper (je veux dire, de divertir) les saints de Dieu — car comment pourrais-je appeler autrement l’excitation de milliers réunis, avec l’attraction de la musique, etc. — nous fait paraître peu aimables et peu gracieux, en ces jours où nous sommes exposés aux efforts de Satan par les moyens les plus éprouvants et les plus trompeurs. Attachons-nous à la vérité évidente du Seigneur. C’est un avertissement donné à Philadelphie plus qu’à aucun autre. « Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne ». Il est difficile pour l’amour de sembler peu aimable ; mais Christ devrait passer avant tout, pour nous, et Son amour seul est vrai.

Il y a d’autres raisons. Je voudrais demander ceci : Si vous regardez en arrière à ce que le Seigneur a fait, vous trouverez que quand des âmes glissent, c’est rarement vers Sardes, encore plus rarement vers Thyatire, mais la direction fréquente est vers Laodicée, pour ceux qui chutent de la sphère de Philadelphie ; et là, vous avez ce qui est le plus affligeant, et même repoussant, pour le Seigneur Jésus. La propre satisfaction de la connaissance abonde, mais Christ est dehors, à la porte. Ce n’est pas un abandon du premier amour, c’est bien pire que cela. C’est l’indifférence envers Lui, avec un manque total de discernement spirituel. Quel état est plus éloigné de la pensée de Dieu ?

Philadelphie, je crois, selon ce qui la caractérise, pour moi, de façon incontestable et sûre, sera trouvée quand Christ viendra. Je crois que comme Sardes ne remplace pas Thyatire, l’état demeure, mais, par la miséricorde infinie de Dieu, je vois en Philadelphie les saints y entrer comme une question quant à Christ. Ce n’est pas seulement une chose connue comme vraie ici ou là, mais la vérité liée avec Christ est saisie, et présentée moralement et en amour là seulement. Il n’y a pas là de quoi se glorifier. Nul n’est conduit par l’Esprit et entre dans la pensée du Seigneur pour ce qui regarde l’Église, qui ne soit prêt non seulement à vivre pour elle, mais à mourir pour elle ; mais Christ est encore plus proche, non seulement ce service-ci ou celui-là rendus ; quoique Dieu ait restauré la crème de l’évangile, et l’ait donné là dans une nouvelle plénitude. Qui ne connaît pas la controverse quant à la justice de Dieu ? Le cœur de chacun de nous est très redevable à la restauration de cette vérité dernièrement.

Il y a une autre chose qu’il est bon de garder à l’esprit, car elle est importante pour la gloire de Dieu comme pour les saints. Christ laisse la place à toute liberté et variété ; car « là où est l’Esprit du Seigneur, il y a la liberté » [2 Cor. 3, 17]. Nous ne devons pas dresser une chose contre une autre. Évangéliser est une puissance particulière, et le Seigneur nous appelle, selon notre capacité, à répandre l’évangile, et non à l’enseigner seulement. Nous pouvons être appelés à corriger et à être corrigés, mais notre position, j’en suis persuadé, est une position de liberté et de responsabilité dans le service individuel. Ainsi l’apôtre, en exhortant Timothée quant aux derniers jours, l’invite à faire « l’œuvre d’un évangéliste » [2 Tim. 4, 5]. Non pas que ceux qui ne sont pas évangélistes puissent convenablement entrer dans les sentiments ou apprécier le mode de cette œuvre.

« J’ai quelques noms à Sardes » [Apoc. 3, 4] ; et supposez que l’un de ceux-ci vienne ; supposez qu’ils comprennent mal ceux qui ne se trouvent pas être dans leur propre cercle, et enclins à relever les fautes, voire à critiquer, ne serait-ce pas humiliant, pour ceux qui sont blessés, d’être offensés par leurs remarques ? Si le Seigneur a supporté beaucoup de choses de notre part de bien des manières, et a pourtant montré la plénitude de Sa grâce, manifestée dans la grandeur de Son amour, nous sommes aussi appelés à répondre selon Sa pensée. Et qu’est-elle ? Il y a beaucoup de saints qui aspirent à une meilleure connaissance de Sa vérité, et désirent jouir de la présence du Seigneur qui leur est très cher. Nous savons que quoi qu’Il puisse donner à certains de Sa grâce abondante, le vrai chemin pour jouir de Sa présence est, selon Sa parole, d’être là où les saints se réunissent en Son nom. Là, Son Esprit opère librement.

Il dit à l’ange de Philadelphie : « Tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom ». Je dois sentir que ce serait rendre sa Parole sans effet, si nous permettions qu’il y ait la même jouissance de la présence du Seigneur là où Son nom n’est pas le centre, et où Sa Parole n’est pas gardée. Il a manifesté Sa vérité dans une activité telle, que ceux qui veulent Le suivre pleinement désormais sont appelés à être dans la position de Philadelphie, pour connaître Celui qui est le Saint, Celui qui est le Véritable, pour tenir ferme Sa parole, et ne pas renier Son nom. D’autres choses ont été introduites. L’égarement le plus mauvais, qui mêle le bien et le mal ensemble, nous y conduit. Nous n’oublierons jamais que c’est ce qui croît jusqu’à ce que Christ vienne. Il se peut que nous laissions aller ce que nous avons ! Tenons-le ferme ! Qu’il soit vrai de nous, que « personne ne prenne ta couronne » !

Les épreuves seront terribles et toujours nouvelles. Il y a des dangers et des difficultés constants. Un seul objet nous garde, aussi bien qu’il nous réveille, alors que nous sommes dans ce monde, et c’est Christ. Mais il faut le jugement de soi-même, apprécier la valeur de la vérité et se juger soi-même solennellement, afin qu’il y ait communion. Ainsi seulement nous pourrons avoir la puissance de Christ reposant sur nous dans notre faiblesse. Qui ou quoi rendra le naufrage plus complet que la tentative de saisir une telle pensée par l’intelligence ? Les personnes qui semblaient de Philadelphie quand elles ont démarré, où sont-elles maintenant ?

Pourtant, je n’ai pas la pensée que Philadelphie se terminera avant que Christ vienne, quoique les individus puissent venir ou disparaître. C’est précisément ce qui est si sérieux. Nous sommes sur un terrain où rien ne peut nous soutenir, que le Christ qui nous y a conduit. La Parole sans l’Esprit de Dieu aboutit toujours à l’intellectualisme, au Sandemanianisme ou au rationalisme ; alors que l’Esprit sans Christ amène au fanatisme pendant un temps, et à une forme charnelle à la fin.

À quoi sert d’offrir les plus brillantes visions possibles de l’Église ? Il vaut mieux avoir Christ avec le jugement de soi. La grâce jusqu’à la fin de la course nous enseigne comment Il restaure. Le Seigneur au commencement, et avant le commencement de l’Église, nous a donné ces paroles mêmes : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » [Matt. 18, 20] ! N’envisageait-Il pas notre besoin à la fin ? La foi en eux et en Lui forme ainsi en réalité Philadelphie. Je ne crois pas que nous serons jamais conduits à l’isolement, quoique le désir d’union ne nous gardera jamais ensemble — rien ne le peut, sinon la puissance de Son nom. Il peut y avoir une diminution du nombre au lieu de cet accroissement dont certains se plaignent. Tout ce qui n’est pas Christ échouera, aucune chair ne peut se glorifier en Sa présence.

Il y a une autre parole, une parole importante : « L’Esprit et l’Épouse ». Le Saint Esprit avait vu Sa présence active et Sa puissance confessées. C’est une grande chose pour le Seigneur Jésus que Celui envoyé du ciel pour Le glorifier soit reconnu, et cela aussi dans notre proximité avec Christ.

Ce n’est pas qu’Il ne bénit pas là où il n’en est pas ainsi. Mais il y a une immense différence entre ceux qui sont simplement bénis par la prédication et la prière, et ceux qui reconnaissent aussi la présence de l’Esprit et Son action dans l’assemblée. Pour ma part, je vois dans le verset 10 une indication qu’il y en aura l’expression jusqu’à la fin. Les saints seront ensemble, et non divisés en simples unités — « l’Esprit et l’Épouse disent : Viens » [Apoc. 22, 17]. Je ne dis pas que tous ceux qui devraient l’avoir, ont réellement l’intelligence de la position. Mais il y a ceux qui s’attachent ainsi à Christ par la grâce de Dieu, qui l’apprécient par-dessus tout ici-bas, et cela, parce que c’est la grâce de Christ.

« L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ». C’est la réponse appropriée à la voix du Seigneur Jésus qui vient. C’est Sa parole qui fournit un fondement à la foi. La grâce gardera ceux qui sont tels ; gardant ensemble, aussi, ceux qui ont gardé la parole de Sa patience. Là où Il est, Il ne produit pas seulement la liberté, mais le sentiment de l’unité. Ce serait une chose des plus tristes, et décourageante pour notre foi, pour ceux pour lesquels le Seigneur s’est interposé — les séparant pour Son nom — s’ils devaient penser que tout ce qui se trouve désormais n’est plus que Laodicée. Ne pensons pas cela. Sardes continuera jusqu’à la fin, et Thyatire. Mais c’est une vérité suffisamment solennelle et qui nous sonde, pour nous et pour d’autres, je le répète, que tandis que Philadelphie n’a pas disparu, Laodicée est apparue !

Si l’esprit mondain glisse dans Laodicée, Dieu travaille pour en faire aussi sortir, et amener dans Philadelphie, comme doivent le faire ceux qui s’engagent plus simplement pour Christ. Que notre Seigneur, bien-aimés frères, à la fois avertisse nos âmes, et en même temps encourage nos cœurs, pour l’amour de Son nom.

Amen.