Manger la chair de Christ et boire Son sang

(Traduit de l’anglais)
Jean 6, 53 à 58
W. Kelly

[Bible Treasury N2 p. 293-294]
[Paroles d’évangile 8.11]

Il y a un changement marqué dans le discours de notre Seigneur. Il passe de Son incarnation à Sa mort. Dans les deux cas, Il parle de manger. C’est la figure bien connue dans l’Écriture pour l’appropriation ou la communion. Il était non seulement le pain vivant qui était descendu du ciel, afin que l’on puisse en manger et vivre éternellement. Il donnerait Sa chair pour la vie, non seulement des Juifs, mais de l’humanité ou, comme Il le dit, « pour la vie du monde ».

Mais on ne trouve trace des ordonnances dans aucun de ces cas. Il est question de Lui-même, tout d’abord vivant, puis mort. Lui seul avait le droit de parler de donner la vie au monde. Lui, par qui le monde était venu à l’existence, Il pouvait vivifier les morts ; et telle était, et est encore, la condition morale de tous à cause du péché (Jean 5, 24-25). Lui, le nouvel homme, est l’objet de la foi qui donne la vie. Et c’est pour quiconque, pour le Gentil aussi bien que pour le Juif. Le baptême et la cène du Seigneur ont leur place jusqu’à ce qu’Il vienne, d’après leur institution par le Seigneur ; mais l’Écriture Lui attribue la vivification, et non à ces choses. En Lui, et non en elles, était la vie. C’est un mensonge de la chrétienté, que de revendiquer une attribution qui Lui appartient, pour un rite qui est dans les mains des hommes, qui s’arrogent ainsi une dignité non seulement fausse, mais profane. Tout du long de ce discours, comme dans toutes les autres écritures, en particulier dans l’évangile de Jean en général et dans sa première épître, la vie est dans le Fils ; de sorte que celui qui croit a le Fils et a la vie, tout comme celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie.

Ce n’est qu’alors qu’Il insiste sur la foi en Lui mort. C’était encore plus repoussant pour l’incrédulité que la foi en Lui vivant. Mais le Seigneur n’atténue pas la vérité pour la rendre plus acceptable. Il la présente dans des termes délibérément forts, réclamant leur réception de façon péremptoire. Les Juifs se disputaient-ils entre eux en disant : Comment un homme peut-il donner sa chair à manger ? « Jésus donc leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis : Si vous ne mangez la chair du fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est en vérité un aliment, et mon sang est en vérité un breuvage. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi, je vis à cause du Père, de même celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi. C’est ici le pain qui est descendu du ciel, non pas comme les pères mangèrent et moururent : celui qui mangera ce pain vivra éternellement » (v. 53-58).

Jusqu’à Sa mort, il n’y avait pas de propitiation. Le péché n’était pas encore jugé dans un sacrifice approprié, et Dieu n’était pas justifié, encore moins glorifié. Il le fut à la croix ; et la rémission des péchés put être proclamée au nom de Jésus Christ. Quiconque invoquerait le nom du Seigneur serait sauvé. De là vient que la foi en la Parole incarnée, partout où elle était réelle, recevait les merveilleuses nouvelles de Sa mort, comme seule capable de réconcilier une âme pécheresse avec Dieu. L’homme tombé n’avait aucun droit à la vie éternelle ; et Celui qui était la vie éternelle mourut pour le péché, et pour porter les péchés de tous ceux qui croient, afin qu’ils aient cette vie sans les péchés ôtés par Son sang. C’est pourquoi tous ceux qui L’ont reçu incarné comme venant de Dieu, accueillirent d’autant mieux Celui qui mourut pour les péchés et au péché, afin que toute divergence avec la nouvelle vie divine puisse être supprimée. Avec quelle reconnaissance mangeaient-ils Sa chair et buvaient-ils Son sang ! Ceux qui achoppaient sur Lui ainsi mort, refusant de manger Sa chair et de boire Son sang, prouvaient par là qu’ils n’avaient aucun sentiment juste de Sa grâce ni de leur propre ruine du fait du péché. La foi qu’ils professaient en Lui incarné était fausse ; si elle avait été vraie, ils auraient salué avec une satisfaction encore plus profonde Sa descente dans la mort pour se débarrasser de tous les effets du péché. Ils se révoltaient contre cela, parce qu’ils n’avaient pas une conviction telle de leur propre méchanceté, ni une telle assurance de Son amour, à savoir l’amour de Dieu.

Mais le Seigneur indique encore davantage, et nous fait savoir que si quelqu’un a mangé Sa chair et bu Son sang, il ne se contentera pas d’avoir part à Lui une seule fois ; il continuera à trouver en Lui cette meilleure nourriture. « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour ». Car Sa chair est en vérité un aliment et Son sang est en vérité un breuvage (comme certains des meilleurs manuscrits le disent ici). « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui ». Avoir ainsi part avec Lui mort, c’est la vie éternelle, mais plus que cela : faire de Lui mort notre nourriture spirituelle habituelle, c’est s’assurer de la communion de Son amour au plus haut point. C’est ainsi que l’on demeure en Lui et Lui en cet homme ; et on vit, non seulement par Lui, mais à cause de Lui, comme Lui vivait à cause du Père, le motif et la raison de Son existence.

Nous pouvons observer aussi avec quel soin le Seigneur, au verset 58, lie ensemble l’incarnation et Sa mort. C’est tout à fait incohérent avec un rite ; c’est Sa personne vivante et morte, la seule source de la vie éternelle pour le croyant. Si un rite pouvait être supposé ici, cela impliquerait deux erreurs fatales : que nul qui aurait manqué à participer à la cène du Seigneur ne pourrait avoir la vie ; et que celui qui a part à la cène a la vie éternelle et doit ressusciter dans la résurrection des justes.

Ô mon lecteur, ne soyez pas trompé. La cène du Seigneur se rapporte en effet à la mort de Christ, à laquelle cette portion de Jean 6 fait allusion. Mais Il parle seulement de foi en Lui qui mourut pour le péché et pour les pécheurs, afin que ceux qui croient en Lui puissent avoir la vie. C’est pourquoi ce n’est pas au communiant en tant que tel, mais au croyant, que le Seigneur donne l’assurance de la vie éternelle. Détournez-vous donc de tout ce qui se substitue à Lui, qui est le seul Sauveur, le seul substitut pour vos péchés. Les sacrements sont des signes admirables, mais désastreux quand ils remplacent Christ et la foi en Lui.