Deux maîtres

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 6, 24
W. Kelly

[Bible Treasury N3 p. 329-330]
[Paroles d’évangile 11.1]

Quand l’homme est tombé, il a abandonné Dieu comme Maître ; il a obtenu, par le péché, un autre maître, à savoir Satan, le grand rebelle contre le vrai Dieu. Toute la race a suivi les parents tombés. « Comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort a passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché » (Rom. 5, 12). Telle est l’histoire morale de l’homme, rapportée dans la Genèse, résumée ici, et sur laquelle raisonne l’apôtre. Tout homme est si vain, si aveugle, qu’il est enclin à n’aller pas plus haut que lui-même en rendant compte pour le péché. Mais il n’en est pas ainsi : ni Juif ni Gentil ne sont à l’origine du péché. Il a commencé avec le chef de la race, bien avant de telles distinctions. Il était aussi un homme innocent, quoique Adam ne fut pas trompé, mais la femme, ayant été trompée, est tombée dans la transgression (1 Tim. 2, 14). Le péché devint l’état de tous, alors que chacun ajoutait aussi ses propres péchés. Satan devint ainsi de fait le maître de la race ; et dès le début, le couple coupable se cacha de la présence de Dieu, avant qu’« Il ne chasse l’homme ».

Désormais, tout ce qui était pour le bien reposait sur un autre, le second homme, le dernier Adam. L’homme pécheur ne peut ni faire expiation pour les péchés, ni se débarrasser du péché. Et depuis la chute, l’Éternel Dieu a clairement indiqué la grande vérité, que la délivrance ne peut venir que de la semence de la femme, qui, elle-même brisée, brisera la tête du serpent, c’est-à-dire, détruira le mystérieux ennemi. Jésus, le Fils de Dieu, né de la vierge, répond seul à ce premier oracle, et à tout autre dans l’Écriture. Combien, en plus de Son incarnation, convergent vers Lui et ne peuvent s’appliquer à aucun autre, dans Sa vie, Sa mort, Sa résurrection et Son ascension ! Par-dessus tout, Il devait souffrir une fois pour les péchés, le Juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu, nous qui croyons. Car aucun rite extérieur ne pourrait convenablement répondre au besoin pressant. Il ne s’agissait pas seulement de purification, mais d’expiation, qui devait être faite par Celui qui, étant Dieu et homme en une personne, convenait, et seul pouvait convenir, à Dieu et à l’homme, le Saint que Dieu a fait péché pour nous, afin que nous devinssions Sa justice en Christ. D’où le fait que la repentance envers Dieu, et la foi envers le Seigneur Jésus Christ, doivent se trouver dans l’homme.

Il y a ainsi obéissance de la foi, la racine de toutes les autres obéissances en pratique. Ce n’est pas une simple séparation extérieure par la circoncision ou toute autre chose semblable. La sanctification de l’Esprit est ainsi assurée dans une vie nouvelle communiquée au croyant pour l’obéissance de Christ aussi bien que pour l’aspersion de Son sang. Nous obéissons désormais comme Il le fit, non comme des esclaves sous la loi, comme Israël avec la sanction solennelle du sang de la victime sur eux et du livre de la loi, menaçant de mort en cas de désobéissance ; nous obéissons comme des fils, sur qui repose la grâce, et de même que nous sommes engendrés de Dieu, ainsi nous avons le sang de Christ qui nous purifie de tout péché. Comme nous avons été, dans le baptême, ensevelis avec Christ pour Sa mort (car rien de moins ne pouvait suffire, même comme point de départ), ainsi aussi nous, comme Lui a été ressuscité d’entre les morts, devons marcher en nouveauté de vie. Alors quoi ? Pécherions-nous parce que, même si nous avons autrefois été Juifs, nous ne sommes plus sous la loi, mais sous la grâce ? Loin de là. Ne savez-vous pas qu’à quiconque vous vous livrez vous-mêmes comme esclaves pour obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit du péché pour la mort, soit de l’obéissance pour la justice ? Affranchis du péché par Christ et par Son œuvre, et devenus esclaves de Dieu, nous avons notre fruit en sainteté, et pour fin la vie éternelle.

C’est ainsi que le péché n’aura pas domination sur nous. Ce n’est pas la loi, mais la grâce, qui donne la puissance ; et la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ, comme Jean 1 le déclare expressément en contraste avec la loi, qui, quelque bonne qu’elle soit en elle-même, ne pouvait que mettre à mort quelqu’un en qui le péché se trouvait et opérait. Car le salut de l’homme pécheur repose sur Lui. Sans Son sang, il n’y a pas de rémission ; en vertu de ce sang, Il nous a lavés de nos péchés, et en nouveauté de vie (Sa vie comme ressuscité d’entre les morts), nous sommes rendus propres pour marcher dignement et plaire à Dieu.

Mais Satan cherche toujours à égarer. Et nul ne peut servir deux maîtres ; car soit il haïra l’un et aimera l’autre, soit il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. « Vous ne pouvez », dit notre Seigneur, « servir Dieu et Mammon ». Cela éprouve ceux qui portent Son nom. Jamais mammon n’a été plus largement recherché dans la chrétienté que maintenant. Qu’en est-il de votre propre âme ? Êtes-vous un chrétien professant, un esclave de Mammon ? Un cœur divisé est un cœur infidèle. Nul ne peut servir deux maîtres. Pensez au jeune chef qui, tout triste, se détourna de suivre Christ, parce qu’il aimait ses biens. Pensez à l’apôtre qui, pour une piètre somme, vendit son Maître. Combien il est vrai que, haïssant l’un, nous aimons l’autre, ou nous attachant à l’un, nous méprisons l’autre ! Mammon commande le monde ; et si nous aimons le monde, ou les choses qui sont dans le monde, nous servons Mammon. Mais que profitera-t-il à un homme s’il gagne le monde entier, et qu’il fasse la perte de son âme ? Ou que donnera un homme en échange de son âme ? Vous ne pouvez servir deux maîtres, Dieu et Mammon.