La femme cananéenne

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 15, 21 à 28
W. Kelly

[Bible Treasury N3 p. 20-21]
[Paroles d’évangile 9.6]

C’est dans le premier évangile que nous trouvons cet incident très instructif, qui révèle le Seigneur, non seulement comme ministre de la circoncision pour la vérité de Dieu, mais comme la manifestation de Sa grâce souveraine là où se trouve la malédiction de Dieu et le pouvoir de Satan.

« Et Jésus, partant de là, se retira dans les quartiers de Tyr et de Sidon. Et voici, une femme cananéenne de ces contrées-là, sortant, s’écria, lui disant : Seigneur, Fils de David, aie pitié de moi ; ma fille est cruellement tourmentée d’un démon. Et il ne lui répondit mot. Et ses disciples, s’approchant, le prièrent, disant : Renvoie-la, car elle crie après nous. Mais lui, répondant, dit : Je ne suis envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. Et elle vint et lui rendit hommage, disant : Seigneur, assiste-moi. Et lui, répondant, dit : Il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens. Et elle dit : Oui, Seigneur ; car même les chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. Alors Jésus, répondant, lui dit : Ô femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu veux. Et dès cette heure-là sa fille fut guérie » (v. 21-28).

Le Seigneur s’était retiré des religieux orgueilleux de Jérusalem, qui annulaient la loi de Dieu au nom de leur tradition. Il avait aussi révélé à Ses disciples que seules les plantes de Son Père prennent racine, alors que tout ce qui sort du cœur de l’homme est souillé et souille. Le pécheur a besoin de la grâce de Dieu pour être sauvé. C’est ce qui est montré dans le cas, par ailleurs désespéré, de la Cananéenne et de sa fille cruellement possédée par un démon.

Ici, bien des âmes peuvent apprendre pourquoi le Seigneur ne donne pas accès à leur appel. Le sien était profond et pressant ; pourtant, Il ne lui répondit pas un mot. Quels droits avait une femme cananéenne sur le Fils de David ? Quand Il régnera, il n’y aura plus de Cananéen dans la maison de l’Éternel des armées (Zach. 14, 21). Quand les deux aveugles crièrent, avant ou après cela, disant : Aie pitié de nous, Fils de David, Il toucha leurs yeux, qui furent alors ouverts selon leur foi (Matt. 9, 27-30 ; 20, 30-34). Mais la repentance a sa place tout autant que la foi ; et Dieu veut amener l’âme à se juger justement. « Maudit soit Canaan » est la parole prononcée autrefois ; et pourtant, n’était-elle pas en train de demander la pitié de Celui qui doit venger et délivrer Israël !

Combien, aujourd’hui, ont prononcé les paroles : « Père,… remets-nous nos péchés » ! Pourtant, eux aussi n’ont reçu aucune réponse ; et ils ne voudraient pas affirmer, pas plus qu’ils ne croient, que leurs péchés sont pardonnés. Ils se sont engagés sur un terrain totalement insoutenable. Ils ne sont pas Ses fils par la foi en Christ. Ils ne sont pas nés d’eau et de l’Esprit. Ils s’appuient sur la loi, complétée par des ordonnances. Ils ne sont pas régénérés, servant diverses convoitises et voluptés, une proie pour le pouvoir des ténèbres. Ils ne crient pas à Dieu dans la vérité de leur état, mais imitent le langage des disciples, ce qu’ils reconnaissent ne pas être, au fond d’eux-mêmes. N’avons-nous pas expérimenté cela nous-mêmes ? Notre état était en dessous de celui de la Cananéenne.

La femme cananéenne savait évidemment qu’aucun Israélite n’avait jamais fait appel à Christ en vain. Elle avait foi en Lui ; mais elle avait négligé sa propre triste position. À eux étaient « les promesses » ; mais qu’avait-elle ? Aucune promesse, mais la malédiction. Et Celui qui est la vérité voulait qu’elle le sente. Il n’en était pas ainsi des disciples ; eux voulaient qu’Il la renvoie. C’était bien loin de Son cœur. Ils n’aimaient pas le discrédit que leur causait son importunité, et voulaient se débarrasser d’elle. Lui voulait la bénir ; mais ce devait être dans la vérité aussi bien que dans la grâce de Dieu. C’est pour cela qu’Il attendait, et qu’elle n’avait pas encore reçu de réponse ; mais Il leur répondit : « Je ne suis envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël ».

Là, la foi, quand elle est réelle, persévère ; et la femme vint et Lui rendit hommage, disant : « Seigneur, assiste-moi ». Il est en effet le Seigneur de tout : c’est une vérité, sans supposition de privilège. À un tel appel, Il répond : « Il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens ».

Ainsi, Sa grâce l’aide à voir en quoi elle manquait. La lumière de Dieu brille dans son cœur ; et elle s’incline immédiatement. Car elle dit : « Oui, Seigneur ; car même les chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». Elle comprend où et ce qu’elle était réellement, et prend sa vraie place devant Dieu. Elle avait oublié qu’elle n’était pas une « brebis », pour réclamer le secours du Berger d’Israël. Elle était en réalité un « chien » devant Lui, pas meilleure qu’un petit chien, ou chiot. Pourtant, tout en ne cachant plus cela à son âme, mais en le confessant librement, elle réplique : « Oui, Seigneur ; car même les chiots mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ».

Oh, quel rafraîchissement une telle foi donnait à notre Seigneur Jésus ! Elle savourait les choses de Dieu. Elle appréciait, croyait, jouissait de la grâce dont elle était l’objet. Et le Seigneur reconnut sa « grande foi », et lui accorda tout ce qu’elle désirait.

Qu’en est-il de vous, cher lecteur ? Avez-vous appris que devant Lui, vous n’êtes pas meilleur qu’un chien ? Ou vous prétendez-vous, quoique dans vos péchés, être de Ses brebis ? Reconnaissez-vous comme pécheur, et Lui comme le seul Sauveur, afin que vous soyez sauvé. Il est le même Seigneur de tous, et est riche envers tous ceux qui L’invoquent. Pourquoi en resteriez-vous privé ? Une voix meilleure que celle de Laban vous invite à entrer et à être béni. Tout dépend de Lui ; mais cela ne peut être à vous que par la repentance envers Dieu et la foi à notre Seigneur Jésus Christ. Jusqu’alors, nous n’avons pas de réponse divine connue à notre cri.