Les dix lépreux

(Traduit de l’anglais)
Luc 17, 11 à 19
W. Kelly

[Bible Treasury N3 p. 201-202]
[Paroles d’évangile 10.5]

Le Seigneur, dans ce miracle, présente la grâce qui devait bientôt remplacer publiquement la loi, comme déjà la foi, dans une certaine mesure, pouvait en jouir personnellement. Ainsi, cet évangile montre le Seigneur préparant le chemin, en parole et en œuvre, pour le christianisme qui était imminent, alors que le judaïsme mourut à Sa propre mort.

Le miracle était frappant par son ampleur et son originalité, si l’on peut parler ainsi. Ce n’était pas là un unique lépreux prosterné à Ses pieds, et Sa main le touchant dans une puissance pleine de grâce comme Jéhovah le Messie. Dix hommes lépreux ensemble font appel à Lui, en se tenant loin, élevant la voix pour réclamer Sa compassion, et ce n’était pas en vain devant Celui qui était venu pour sauver ce qui était perdu. Mais écoutons le récit instructif de la pitié divine, et bien plus encore, qui n’est rapporté qu’ici.

« Et il arriva qu’en allant à Jérusalem, il traversait la Samarie et la Galilée. Et comme il entrait dans un village, dix hommes lépreux le rencontrèrent ; et ils s’arrêtèrent de loin ; et ils élevèrent la voix, disant : Jésus, maître, aie pitié de nous ! Et les voyant, il leur dit : Allez, montrez-vous aux sacrificateurs. Et il arriva qu’en s’en allant ils furent rendus nets. Or l’un d’entre eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix ; et il se jeta sur sa face aux pieds de Jésus, lui rendant grâces. Et c’était un Samaritain. Et Jésus, répondant, dit : Les dix n’ont-ils pas été rendus nets ? Et les neuf, où sont-ils ? Il ne s’en est point trouvé qui soient revenus pour donner gloire à Dieu, si ce n’est cet étranger. Et il lui dit : Lève-toi, et t’en va ; ta foi t’a guéri » (v. 11-19).

La foi était mise à l’épreuve. Alors qu’ils étaient encore impurs, il leur est dit d’aller et de se montrer aux sacrificateurs. Le lépreux solitaire, dans les premiers jours de Son ministère, fut d’abord guéri, puis envoyé ; mais les dix devaient aller tels qu’ils étaient. Assurés de Sa puissance et de Son infaillible compassion, qui ne détruit jamais l’espérance des misérables, ils agirent selon Sa parole ; et comme ils allaient, ils furent guéris. Que pouvaient faire les sacrificateurs, sinon déclarer la guérison par le Maître, et effectuer le rituel qui leur était prescrit ? Quelqu’un d’infiniment plus grand et meilleur qu’eux avait opéré sur les hommes ruinés, à la gloire de Dieu.

Et cette vérité avait parlé, dans une foi qui grandissait, au cœur de l’un d’entre eux, là où l’on aurait pu le moins s’y attendre ; car c’était un Samaritain. Combien même les croyants sont enclins à s’arrêter en se contentant de la bénédiction nécessaire, et ne vont pas jusqu’à Celui qui bénit ! Mais l’un d’eux s’est élevé au-dessus de la lettre et du moi ; mais l’un d’eux a reconnu la nouvelle responsabilité créée par la grâce ; mais l’un des dix a senti le devoir immédiat et primordial de revenir donner gloire à Dieu et honorer l’homme, Son image et Son Fils, comme le Père est honoré !

Oui, le Samaritain méprisé fut le seul à revenir en arrière quand il vit qu’il avait été guéri. Les neuf pouvaient bien discuter et blâmer la foi qui dépassait la leur. « Quoi ! tu retournes vers Jésus ! Ne nous a-t-Il pas dit d’aller et de nous montrer aux sacrificateurs ? ». C’était plausible pour la raison, qui s’attache à la lettre ; mais l’esprit est au-dessus de la lettre, et il ne peut être satisfait par autre chose que la pensée de Dieu ; et Il n’est pas véritablement honoré en dehors de Jésus. Les neuf demeuraient des Juifs, tels qu’ils étaient, guéris dans leur corps par la puissance divine, mais le cœur étant toujours dans les anciens domaines de la loi, n’étant ni purifié par la foi ni mis au large par la grâce. Il n’en était pas ainsi du Samaritain, qui se tourna vers la source et honora de l’hommage le plus profond Celui qui est aussi le canal de la bonté divine.

C’était en effet un exemple vivant du judaïsme, le refuge actuel d’un simple rituel selon la lettre, qui devait bientôt faire place à la grâce et à la vérité en et par Jésus, le christianisme de l’évangile, et l’Assemblée, l’homme qui croit étant amené à Dieu réconcilié et se réjouissant. Le premier devient le dernier, et le dernier le premier. Combien le Seigneur comprenait et sentait tout cela ! « Les dix n’ont-ils pas été rendus nets ? Et les neuf, où sont-ils ? Il ne s’en est point trouvé qui soient revenus pour donner gloire à Dieu, si ce n’est cet étranger ». En vérité, leur diminution est la richesse des nations ; leur rejet est la réconciliation du monde, comme l’annonce l’apôtre en Romains 11.

Mais ce n’est pas tout. Le Seigneur proclame à l’instant au Samaritain reconnaissant cette liberté qui est si essentielle au chrétien et qui est maintenant prêchée à tous ceux qui croient à l’évangile. « Lève-toi, et t’en va ; ta foi t’a guéri (ou, t’a sauvé) ». La purification, toute merveilleuse qu’elle soit, n’était qu’une figure d’une guérison plus profonde, celle du salut de l’âme. Dieu en Christ était venu vers l’homme dans ses péchés, et l’homme justifié peut maintenant aller à Dieu, même dans le lieu très saint. Les sacrificateurs terrestres et le temple, les sacrifices et les rites de la loi, ont tous disparu en présence de Jésus mort, ressuscité et élevé.

Mais qu’en est-il de vous, mon lecteur ? Bien des yeux juifs, et encore davantage gentils, qui lisent ces pages, savent combien l’évangile est vrai pour leur délivrance présente et éternelle. Êtes-vous un de ceux qui disent que croire en Christ est une chose, mais le réaliser et se l’approprier en est une autre ? Dieu ne parle pas ainsi ; seul votre dogme humain, ou votre incrédulité non jugée, chérissent ces pensées offensantes à l’égard de Dieu. Il est meilleur que ce que peut saisir la foi la plus forte ; Il s’est révélé Lui-même à vous en Jésus, plein de grâce et de vérité. Croyez-Le au sujet de Son Fils donné pour vous, comme Il vous l’a déclaré, afin que vous aussi, par grâce, puissiez être sauvé par la foi.