La grâce en pratique

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 5, 38 à 48
W. Kelly

[Bible Treasury N4 p. 37-38]
[Paroles d’évangile 11.7]

Il n’y a rien, dans ce qui est placé devant les yeux des hommes, qui les frappe davantage que l’esprit doux, humble et reconnaissant qui endure un tort. L’homme naturel en éprouve du ressentiment et, s’il le peut, se venge de tout ce qui y ressemble. Vous pouvez aussi bien lui dire d’avoir d’autres sentiments, que de lui dire de marcher en l’air un kilomètre ou un centimètre au-dessus du sol. Pour le disciple, une telle grâce est un principe de sa nouvelle vie. C’est ce qu’il a contemplé en Christ dans sa perfection, et ce qui convient à son Père qui est dans les cieux et qui cherche la reproduction de Son propre caractère dans Ses fils. Les représailles sont ici inversées et arrachées.

« Vous avez ouï qu’il a été dit : « Œil pour œil, et dent pour dent ». Mais moi, je vous dis : Ne résistez pas au mal ; mais si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre ; et à celui qui veut plaider contre toi et t’ôter ta tunique, laisse-lui encore le manteau ; et si quelqu’un veut te contraindre de faire un mille, vas-en deux avec lui. Donne à qui te demande, et ne te détourne pas de qui veut emprunter de toi.

Vous avez ouï qu’il a été dit : « Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi ». Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, en sorte que vous soyez les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et envoie sa pluie sur les justes et sur les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense avez-vous ? Les publicains même n’en font-ils pas autant ? Et si vous saluez vos frères seulement, que faites-vous de plus ? Les nations même ne font-elles pas ainsi ? Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait ».

Ce peut être un non-respect personnel, un procès injuste, ou une loi dure ; mais le disciple de Christ est enseigné par le Maître à s’incliner. Qu’est une insulte brutale comparée avec le fait de Le représenter véritablement ? La similarité avec Lui est bien plus que sa propre tunique, et le manteau de surcroît. Au lieu d’accomplir à contrecœur le service exigé pour un mille, ajoutez-en un autre pour plaire à Celui qui voudrait que nous marchions par la foi et non par la vue, encore moins égoïstement. Luc, qui fut conduit à relever non pas le côté légal, mais seulement la violence non autorisée, omet la dernière mention, et inverse le dépouillement en laissant le pilleur prendre le vêtement intérieur aussi bien que l’extérieur, le Seigneur exhortant sans nul doute aux deux. Et il ne s’arrêta pas là, mais exhorta le disciple à donner de façon habituelle à celui qui demandait ; car que n’avait-il pas lui-même reçu du divin Donateur, bien au-delà de ce qu’il demandait ? Objet de riches miséricordes sans nombre, devait-il se détourner de celui qui voudrait lui demander ou emprunter de lui ?

Mais le Seigneur va plus loin dans Sa déclaration suivante. Quoi qu’il eût été dit d’aimer son prochain et de haïr son ennemi, Sa parole pour Ses disciples était, et est toujours : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent. Les épîtres insistent de même pour ceux qui portent Son nom. Dans l’évangile selon Luc, on trouve à juste titre les déclarations : « Bénissez ceux qui vous maudissent ; faites du bien à ceux qui vous haïssent ; et priez aussi pour ceux qui vous font du tort ». Cela élargit la grâce que les disciples sont exhortés à montrer envers l’homme du monde hostile ; et de là, elles ont été importées dans les copies de Matthieu par des scribes qui étaient enclins à les assimiler. L’Esprit qui inspirait s’est plu, par le moyen de Jean, à pousser à aimer nos ennemis et à prier pour nos persécuteurs, ces derniers se rapportant principalement aux Juifs, à cause de leur préjugé religieux fervent et orgueilleux dans la chair.

Un tel amour et une telle piété, pour avoir de la valeur, ne doivent pas être une simple forme, mais une réalité vivante, afin qu’ils soient les fils de leur Père qui est dans les cieux ; car telle est leur position de dignité. Et quel modèle Il donne ! Car Il fait lever Son soleil sur les méchants et sur les bons, et envoie de la pluie sur les justes et les injustes. Quelle riche grâce dans la première comparaison, et quelle bonté fidèle dans la seconde !

Le Seigneur ne se contentait pas de cette référence faite à Son Père et notre Père, à Son Dieu et notre Dieu. Il voulait qu’ils aient honte, comme Ses disciples, de ne pas s’élever plus haut que la pratique des Juifs et des Gentils. S’ils aimaient ceux qui les aimaient, les odieux publicains ne faisaient-ils pas de même ? S’ils invitaient leurs frères seulement, les Gentils dont ils se moquaient en faisaient de même. C’était tout à fait en dessous du chrétien selon Christ. « Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait ». Une mesure plus basse de sentiment et de conduite était intolérable, pour le Sauveur.

Avons-nous une telle confiance envers Dieu, par la foi ? Assurément, nous n’avons pas de capacité en nous-mêmes : mais notre capacité vient de Dieu, selon l’esprit de la nouvelle alliance, non de l’ancienne. La grâce de Christ seule suffit au croyant. Si vous Le rejetez, vous êtes perdu. Fuyez vers ce seul refuge, si vous voulez être sauvé ; fuyez vers Jésus maintenant avant que le Maître de maison ne ferme la porte, quand « Seigneur, ouvre-nous » sera en vain. Alors Il jugera strictement, au lieu de parler, comme Il le fait maintenant, en toute grâce ; alors Il dira : « Je ne sais d’où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d’iniquité »