Le Père qui demeure dans le secret

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 6, 1 à 18
W. Kelly

[Bible Treasury N4 p. 88-89]
[Paroles d’évangile 11.10]

Voici un principe chrétien, que notre Seigneur met en contraste avec agir de manière à être vu. Qu’est-ce qui est aussi propre à exercer et à fortifier la foi jour après jour, ou à préserver de cette hypocrisie à laquelle l’homme est si enclin ?

Il pose d’abord le principe général, semble-t-il, au verset 1, et puis l’applique aux aumônes dans les versets 2 à 4 ; à la prière dans les versets 5 à 15 ; et enfin au jeûne dans les versets 16 à 18. Certains, anciens et modernes, ont été disposés à considérer « justice » au verset 1, comme équivalent à « aumônes », comme les rabbins et d’autres sont enclins à faire[1]. Mais le meilleur texte et le sens indiquent de retenir le terme plus ouvert de « justice » dans le verset 1, sous lequel se rangent les trois devoirs qui suivent. Car s’il s’appliquait ici aux « aumônes », il serait difficile de comprendre pourquoi le terme propre pour « aumônes » serait utilisé dans les versets 2, 3 et 4. Le mot différent dans le verset 1 va dans le sens du terme plus exhaustif de « justice », ou de cohérence en pratique avec notre relation. Il est ainsi montré comme embrassant trois formes variées dans lesquelles le disciple est appelé à faire la volonté du Père dans le cours de sa vie de piété ici-bas. Daniel 4, 27 fait la distinction entre la compassion envers les affligés et la justice ; et je ne sache pas qu’il y ait aucune confusion des deux dans l’Écriture.

Le verset 1 appelle le disciple à une justice qui surpasse celle des scribes et des pharisiens, sans laquelle nul ne peut entrer dans le royaume des cieux. « Prenez garde de ne pas faire votre justice devant les hommes, pour être vus par eux ; autrement vous n’avez pas de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux ». Voilà le principe large pour la pratique chrétienne. Le connaissant tel que Christ nous L’a révélé, tout service agréable se rapporte à Lui ; Il est un Dieu vivant et vrai que nous servons, et Il refuse de partager Sa gloire avec d’autres. Nous marchons par la foi, non par la vue. Peut-on trouver quelque chose de plus opposé aux voies de la chrétienté ?

1. « Quand donc tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, pour être glorifiés par les hommes. En vérité, je vous dis : ils ont déjà leur récompense ! Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, en sorte que ton aumône soit faite dans le secret ; et ton Père qui voit dans le secret, te récompensera » (v. 2-4). Si les hommes marchent dans un vain affichage, en matière de religion de la même manière que dans le monde, le Seigneur appelle les siens à fuir la publicité, et non seulement cela, mais dans Son image pleine de vigueur, que notre propre main gauche ne sache pas ce que fait la droite. Le but simple et essentiel est de faire ce que nous faisons pour Lui et pour Sa gloire.

2. Ainsi en est-il pour la prière, comme il est enjoint ici. « Et quand tu pries, ne sois pas comme les hypocrites, car ils aiment à prier en se tenant debout dans les synagogues et aux coins des rues, en sorte qu’ils soient vus des hommes. En vérité, je vous dis : ils ont déjà leur récompense ! Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, et ayant fermé ta porte, prie ton Père qui demeure dans le secret ; et ton Père qui voit dans le secret, te récompensera. Et quand vous priez, n’usez pas de vaines redites, comme ceux des nations, car ils s’imaginent qu’ils seront exaucés en parlant beaucoup. Ne leur ressemblez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez… Car si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi à vous ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs fautes, votre Père ne pardonnera pas non plus vos fautes » (v. 5-15).

Ici, un affichage semblable devant les hommes au sujet de la prière, est repris ; et non seulement cela, mais la folie païenne des vaines redites, et de beaucoup parler. Enfin, le Seigneur avertit qu’un esprit qui ne pardonne pas ne peut espérer avoir ses propres fautes pardonnées.

3. « Et quand vous jeûnez, ne prenez pas, comme les hypocrites, un air morne, car ils donnent à leur visage un air défait, en sorte qu’il paraisse aux hommes qu’ils jeûnent. En vérité, je vous dis : ils ont déjà leur récompense ! Mais toi, quand tu jeûnes, oins ta tête et lave ton visage, en sorte qu’il ne paraisse pas aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui demeure dans le secret ; et ton Père qui voit dans le secret, te récompensera » (v. 16-18).

Dans le jeûne, il faut veiller encore plus soigneusement à éviter tout affichage de cette humiliation personnelle devant Dieu, qui en constitue une si grande partie. Le Seigneur voudrait former dans les siens un esprit de foi vivante, en ayant affaire avec leur Père. Jeûner est pour Ses yeux à Lui, tout comme leur prière et leurs aumônes. La foi en Celui qui demeure dans le secret est ainsi exercée de toutes manières. Quel contraste avec tout ce qui, jusqu’à présent, caractérisait un Juif !