Ne jugez pas

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 7, 1 à 6
W. Kelly

[Bible Treasury N4 p. 149-150]
[Paroles d’évangile 12.2]

Il ne devrait pas y avoir de question sur ce que le Seigneur veut dire ici. Aucune faute n’est plus répandue, maintenant comme alors. La critique n’est pas seulement le fléau habituel des professants religieux, mais le piège auquel ne sont que trop enclins les vrais disciples. Les hommes pleins de grâce qui s’opposent à la critique de façon générale, sont souvent amers contre ceux qu’eux-mêmes n’aiment pas, et glissent ainsi dans le jugement erroné des motifs, comme les autres. Celui qui est le Juge des vivants et des morts, discerne tous les cœurs, et enjoint à ceux qui Le suivent ce qui est agréable et juste. Car ce péché tend à l’hypocrisie ; et quel saint pourrait considérer avec légèreté une telle chose ?

« Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés : car, du jugement dont vous jugerez, vous serez jugés ; et de la mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré. Et pourquoi regardes-tu le fétu qui [est] dans l’œil de ton frère, et tu ne t’aperçois pas de la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment dis-tu à ton frère : Permets, j’ôterai le fétu de ton œil ; et voici, la poutre [est] dans ton œil ? Hypocrite, ôte premièrement de ton œil la poutre, et alors tu verras clair pour ôter le fétu de l’œil de ton frère ».

Se laisser aller à un esprit précipité, sévère et soupçonneux, provoque des représailles, et ceux qui, par ignorance ou par méchanceté, imputent gratuitement du mal aux autres, ne manqueront pas d’attirer sur eux une imputation impitoyable. Car ici, le Seigneur laisse le manque de confiance dans les soins et l’amour de notre Père, et nous avertit du danger d’impressions et d’expressions désobligeantes nombreuses. Supposer de mauvais motifs est un mal en soi. C’est une chose naturelle pour ceux qui vivent dans la malice et dans l’envie, haïssables, se haïssant l’un l’autre ; et tels nous étions nous-mêmes autrefois. Mais depuis que la bonté et l’amour de notre Dieu Sauveur sont apparus (non à cause de nos mérites, mais selon Sa propre miséricorde, Il nous sauva par le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint, qu’il a répandu richement sur nous par Jésus Christ, notre Sauveur), ne sommes-nous pas liés par le caractère de la famille, la relation de la nouvelle vie comme enfants de Dieu, fils d’un tel Père ? Depuis la rédemption et le don de l’Esprit, il pourrait être ajouté bien plus maintenant à ce que le Seigneur déclara alors.

Mais Il nous rappelle ce que nous oublions si facilement. Si d’autres sont pour nous une épreuve, ne sommes-nous pas pour eux une épreuve ? Ne sommes-nous pas, à moins que nous ne marchions selon la lumière, aussi lents à voir nos propres fautes, que vifs pour remarquer, ou même imaginer, le mal dans nos frères ? Avec quelle acuité le Seigneur nous présente-t-Il le cas, pour que nous puissions nous haïr ! « Et pourquoi regardes-tu le fétu qui est dans l’œil de ton frère, et tu ne t’aperçois pas de la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment dis-tu à ton frère : Permets, j’ôterai le fétu de ton œil ; et voici, la poutre est dans ton œil ? ». Le Berger et le Surveillant de nos âmes nous enlève ainsi en sainteté le masque qu’avait placé le manque de jugement de soi. Car si nous ne discernons pas nos propres graves défauts et nos péchés devant Dieu, nous ne connaissons pas notre frère avec une certitude et une clarté comparables. C’est pourquoi l’amour et la crainte de Dieu nous appellent chacun à estimer les autres meilleurs que nous-mêmes, à nous juger nous-mêmes pour ce que nous connaissons, plutôt que les autres pour ce que nous ne connaissons pas et ne devrions pas penser. « Hypocrite », dit le Seigneur avec une réprimande sévère, « ôte premièrement de ton œil la poutre, et alors tu verras clair pour ôter le fétu de l’œil de ton frère ».

Cependant, il est bon de prendre garde à une mauvaise utilisation trop fréquente de l’avertissement du Seigneur. Combien souvent des personnes pieuses désapprouvent ainsi toute censure de leur propre position et toute vigilance contre la fausse doctrine, ou les mauvaises associations, ou la responsabilité d’une discipline telle que l’Écriture la demande ! Mais c’est manquer de piété, laquelle assurément recouvre non seulement la conduite personnelle, mais aussi la marche publique comme membres de Christ. Les Corinthiens étaient négligents en cela, comme en d’autres choses, ce que la grâce a fait tourner, non seulement à leur profit, mais à celui de « tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre seigneur Jésus Christ, et leur seigneur et le nôtre ». L’apôtre n’accorde aucune excuse pour la négligence collective pas plus qu’individuelle. Il n’y a pas d’appel à exercer la discipline sur ceux du monde qui font le mal ; mais les chrétiens ont l’obligation de s’occuper des coupables dans l’Assemblée de Dieu. Paul, quoiqu’absent, ne pouvait que juger que la personne méchante devait être exclue. C’est ce qui était dû à Christ et à Son sacrifice. Dieu doit être justifié, Lui à qui appartient l’Assemblée. Les saints sont tenus de se purifier eux-mêmes en la matière, prenant le péché du coupable comme le leur propre ; pourtant, même là, c’est son bien à la fin qui est recherché : « afin que l’esprit soit sauvé dans la journée du Seigneur Jésus ». « Ne jugez-vous pas ceux qui sont de dedans ? Mais ceux de dehors, Dieu les juge. Ôtez le méchant du milieu de vous-mêmes » (1 Cor. 5, 3-13). Là, il nous est commandé de juger.

Le même principe s’applique expressément aux péchés bien moins grossiers. Nos pensées et nos raisonnements doivent être abandonnés d’un côté ; et de l’autre, l’autorité de Dieu doit être reconnue et décisive. L’Écriture dit aussi clairement que, quelqu’important que soit le juste jugement du mal moral, la vérité est encore plus primordiale ; et cela, parce que l’affaiblir et s’y opposer est une offense contre le Donateur, et ruine ceux qui errent ainsi, même s’ils ont une belle apparence, au lieu de choquer les hommes comme le font l’immoralité ou l’injustice.

L’injonction expresse est aussi donnée, quand le mal a un caractère plus général et public, comme en 2 Timothée 2. « Toutefois le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et : Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur. Or, dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre ; et les uns à honneur, les autres à déshonneur. Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre ». Il n’y a ainsi aucune liberté pour se joindre à ce que Dieu désapprouve et nous demande de juger. La conscience, une conscience purifiée, est exercée, et le cœur d’autant plus libre d’aimer de façon fervente selon Dieu.

Mais qu’en est-il de vous, cher lecteur ? Si vous êtes du monde et ne faites que porter extérieurement le badge du christianisme, prenez la place de la vérité pour votre âme sous le regard de Dieu. Jésus est le Sauveur des pécheurs, pleinement suffisant, et Lui, le Seigneur de tous, est riche et proche de tous ceux qui L’invoquent. Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. La justice et le salut sont la part assurée par Dieu à quiconque croit en Lui et Le confesse. Si vous recevez Christ, ne dites pas que vous ne pouvez pas dire que vous Lui appartenez. Comment pouvez-vous alors aimer les enfants de Dieu, comme Christ vous a enjoint de le faire ? Même les inconvertis savent, de façon générale, qui est à Lui et qui ne l’est pas ; combien plus chaque croyant sérieux ! Il reconnaît que, jusqu’à ce qu’il soit né de nouveau et amené à Dieu par l’œuvre de Christ, il était aussi mauvais que quiconque ; et, sans prétendre juger le cœur, il accepte ceux qui confessent le Seigneur et Le suivent, comme il le fait lui-même. Tel est le jugement de la vraie charité, et non l’indifférence de l’incrédulité, qui est de Satan.

Le verset qui suit montre qui nous devons juger. Car nous devons éprouver toutes choses, et retenir ce qui est bon. Nous sommes tenus de discerner et de désavouer les « chiens » et les « pourceaux ». « Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens, ni ne jetez vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent à leurs pieds, et que, se retournant, ils ne vous déchirent ». La famille de Nabal n’est pas éteinte, les fils de Bélial avec lesquels un disciple ne peut parler impunément. L’effronterie et la saleté disent clairement ce qu’ils sont, et la folie de les traiter comme des brebis du pâturage de Dieu. Sans doute, la grâce de Dieu peut sauver ceux qui sont tels ; mais dans tout ce discours, il n’y a pas un mot de la rédemption ou du salut des pécheurs. Tout du long, il consiste dans les caractères qui conviennent à Dieu, et qui doivent véritablement être pour Son royaume. C’est son but : et il est digne de Christ, comme l’évangile l’est là où c’était la question.