C’est Dieu, non pas l’homme, que le Seigneur donne comme critère ; le Père céleste, non le redoutable gouverneur moral qui avait été donné à connaître à Israël, mais notre Père. Quelles sont Ses affections, quelle est Sa volonté à notre égard ? Rien n’est plus étranger à ce qui se trouve ici que l’illusion d’être libéré maintenant du mal qui habite dans notre nature.
« Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense avez-vous ? Les publicains même n’en font-ils pas autant ? Et si vous saluez vos frères seulement, que faites-vous de plus que les autres ? Les nations même ne font-elles pas ainsi ? Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait ».
En cela était manifesté l’amour de Dieu dans notre cas, parce que Dieu a envoyé Son Fils unique afin que nous vivions par Lui [1 Jean 4, 9]. Car nous étions morts pour Dieu, et en Lui seulement se trouvait la vie qui peut servir Dieu, ce dont nous manquions entièrement. L’amour de Dieu y a répondu, à ce manque insurmontable autrement, et cela, en envoyant Son Fils unique qui est cette vie, pour la communiquer à ceux qui croient. Eux ont désormais la vie éternelle pour leur âme, alors qu’ils l’attendent pour leur corps, quand Il reviendra pour nous. Mais même cette possession de la vie en Lui ne suffit pas à satisfaire Son amour, pas plus qu’elle ne suffit pour que nous jouissions de Lui, Le servions et L’adorions. Il y a un fardeau que rien, de notre côté, ne pouvait ôter. C’est pourquoi il y a ensuite : « En ceci est l’amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que Lui nous aima et qu’il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés » (1 Jean 4, 9-10). Mais il y a aussi, découlant de là, l’Esprit, Son Esprit, habitant en nous, Esprit d’amour aussi bien que de puissance et de sobriété, afin que nous nous aimions les uns les autres d’une manière divine.
C’est là, assurément, le christianisme dans ses pleins privilèges, allant bien au-delà de l’état des disciples avant la rédemption et le don de l’Esprit. Mais la nature divine était déjà là, laquelle serait active quand tous les obstacles auraient été ôtés par l’œuvre de Christ. C’est pourquoi, même dans la période qui a précédé la croix, le Seigneur insistait sur un amour entièrement au-dessus de la simple nature humaine avec ce qu’elle aime et ce qu’elle n’aime pas. Les publicains détestés avaient une affection naturelle, et aimaient ceux qui les aimaient. Les Gentils saluaient avec tendresse ceux qui leur étaient liés dans les simples liens de la chair et du sang. Les disciples étaient exhortés à aimer bien au-delà des Juifs et des Grecs. La famille devait aimer comme son Père céleste aimait. Bien que cela ne puisse pas se faire par degré, c’était le genre d’amour qui devait être dans les enfants de Dieu par la grâce divine, s’élevant au-dessus de toute question du désert ou du but au-delà.
« Soyez donc parfaits », dit le Seigneur, « comme votre Père céleste est parfait ». C’est Son amour, parce qu’Il est amour [1 Jean 4, 8, 16] ; c’est l’énergie de Sa nature se manifestant en bonté là où il y a un besoin, et au-dessus de toute référence au mérite, ou accord avec ce qu’Il aime et est. Et c’est ce qu’Il montrait alors, dans toute sa perfection, dans le Seigneur Jésus, l’image du Dieu invisible [Col. 1, 15]. Qu’a-t-Il jamais recherché pour Lui-même, alors qu’Il parcourait toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues et prêchant l’évangile du royaume, et guérissant toutes sortes de maladie et toutes sortes de langueur parmi le peuple ; des hommes et des femmes lunatiques, démoniaques, paralytiques, morts ? C’était l’amour, indépendamment de soi-même, en compassion pour les plus misérables des hommes ; c’était l’amour s’élevant au-dessus de toute indignité, ingratitude ou hostilité de la part de ses objets. Il ne faisait en aucun cas Sa propre volonté, mais la volonté de Dieu, et pour la gloire de Son Père. Qu’est l’altruisme dont parlent les hommes, ou que quelqu’un réalise, en comparaison de cela ?
Nous partageons aussi cet amour comme étant Ses enfants. Le Seigneur l’enseigne ainsi, alors ; et le Saint Esprit l’a confirmé ultérieurement : « Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur » [Éph. 5, 1, 2]. Les bénédictions du christianisme et de l’Église de Dieu ne devraient qu’accentuer ce devoir et accroître sa manifestation et sa puissance.
Comme l’amour du Père céleste est manifesté dans une supériorité absolue sur le bien ou le mal, sur ce qui est juste ou mauvais, qu’Il bénit par Sa grâce en Lui, ainsi le chrétien est-il maintenant appelé à marcher comme rendu participant d’une nature divine (non simplement de celle d’Adam), et dans la position de fils. Si noblesse oblige, comme disent les hommes, combien davantage la grâce divine et une telle relation ?
Mais, ami pécheur, quelle ignorance et quelle folie pour vous, qui êtes impie, ennemi, et spirituellement impuissant, d’imaginer que vous pouvez marcher ainsi, ou gagner ainsi votre chemin vers Dieu ! C’est impossible : en tant que perdus, rejetez-vous, dans la repentance et la foi, sur le Sauveur et sur Sa rédemption. Si vous regardez vers lui en vous détournant de votre moi coupable, Il vous donnera la vie éternelle en Lui, et la rémission des péchés par Son sang. Alors, et de cette manière seulement, vous pourrez Le suivre dans le chemin, Son chemin, qu’Il indique aux siens.