Réconciliation fraternelle

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 5, 23 à 26
W. Kelly

[Bible Treasury N4 p. 261-262]
[Paroles d’évangile 12.9]

Le Seigneur ne se contentait pas, avec l’autorité qui était la sienne de façon particulière et catégorique, d’interdire le mal haïssable de la colère dans le cœur et dans les paroles, même s’il ne se montrait pas en actes violents. Il poursuit la manifestation de la pensée révélée de Dieu pour le royaume, en demandant la réconciliation si quelqu’un a fait broncher son frère. Tout du long, ce sont les disciples qui sont considérés, et non l’humanité en général. Le péché dans les disciples est excessivement pécheur : le bien est impératif (certainement pas le mal) pour le royaume des cieux.

« Si donc tu offres ton don à l’autel, et que là il te souvienne que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton don devant l’autel, et va d’abord, réconcilie-toi avec ton frère ; et alors viens et offre ton don. Mets-toi promptement d’accord avec ta partie adverse, pendant que tu es en chemin avec elle, de peur que ta partie adverse ne te livre au juge, et que le juge ne te livre au sergent, et que tu ne sois jeté en prison ; en vérité, je te dis : Tu ne sortiras point de là, jusqu’à ce que tu aies payé le dernier quadrant » (Matt. 5, 23-26).

Il est tout à fait évident qu’Il s’adressait à des disciples juifs comme étant encore sous la loi. C’est aussi clair dans les versets 20 et 21 que dans ceux que nous considérons maintenant. En fait, c’est la règle dans cet évangile dans son ensemble, et dans les autres ; et il doit en être ainsi, jusqu’à ce que, dans la mort de Christ, le mur mitoyen de clôture soit détruit, et qu’ainsi le chemin soit ouvert pour réconcilier Juifs et Gentils qui croient en un seul corps à Dieu, l’inimitié étant tuée. Le discours de notre Seigneur n’anticipe pas une telle union, pas même l’appel des Gentils, dans quelque clause que ce soit. Mais c’est une grave erreur de penser que ce fait indiscutable ôte le profit d’une seule parole au chrétien, bien que nous nous tenions maintenant dans une position de grâce qui ne pouvait exister alors. Il y a la plus riche instruction, moralement, pour quiconque honore Celui qui parla comme jamais homme ne parla ; une estimation spirituelle d’une profondeur inégalée pour ceux qui connaissent la rédemption et qui ont l’Esprit habitant en eux, pour y entrer encore plus pleinement que ceux qui entendaient Ses paroles de vérité divine, au moment où Il les prononçait.

Ainsi, le Seigneur enjoint au disciple qui amenait son don à l’autel, s’il se souvenait que son frère avait quelque chose contre lui, de s’arrêter dans son but de dévotion quant à Dieu Lui-même, et de se réconcilier avec son frère, avant de revenir offrir son don. Quelle tendresse de conscience était recherchée, quelle affection fraternelle, quelle humilité de pensée, quel empressement à reconnaître son tort, et quel désir de gagner un frère offensé ! C’était tout l’opposé de la colère, du mépris ou de la haine, dont Il venait juste de s’occuper, comme Son serviteur y referait écho, dans une certaine mesure, en un jour ultérieur (1 Jean 3, 11-15). Et le cas du Juif était cet opposé. Car tout absorbés à apporter leurs offrandes à l’autel, ils étaient aveugles à leur péché contre Celui qui daignait être leur frère, avec un amour bien plus grand que celui d’un frère, né pour la détresse, qu’ils ne connaissaient pas. Mais ils refusèrent d’être réconciliés, et persistèrent dans leur offrande, quelqu’offensant que cela soit pour Dieu. C’était un péché présomptueux, une volonté propre autoritaire sous un manteau de religion.

Ce qui suit indique une considération encore plus solennelle. Qui, parmi ceux qui pèsent l’Écriture, peut douter que le Seigneur, aux versets 25 et 26, fait référence à la position dans laquelle le Juif se tenait alors devant Dieu ? C’était une considération bien plus profonde que celle de tout autre frère lésé : leur Seigneur était devenu leur frère. L’affreuse vérité est que Celui qui aimait Israël et qui voulait mourir pour eux, Jéhovah le Messie, devint leur adversaire du fait de leur désobéissance perverse et de leur incrédulité aveugle ; et Sa présence, qui aurait été leur salut et leur meilleure bénédiction s’Il avait été reçu, doit entraîner la crise inévitable de par leur réjection et leur haine totales de Lui. À ce stade, le Seigneur profite alors de l’occasion, dans Sa grâce infinie, pour les presser à se mettre d’accord, ou à devenir amis, avec leur adversaire rapidement, tandis qu’ils étaient en chemin avec lui. Combien Son cœur soupirait après eux, comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes ! Mais ils ne le voulaient pas. Leur haine la plus mortelle était envers leur Messie plein d’amour.

C’est pourquoi le cas était sur le point d’arriver devant le juge, et le juge livrerait au sergent le condamné, et il devrait être jeté en prison jusqu’à ce que le dernier quadrant soit payé. Il n’est pas question ici du jugement éternel, mais du gouvernement divin moralement sur la terre ; mais tout est simplement vrai de Son peuple trouvé coupable et condamné à souffrir longtemps. Le débiteur coupable gît encore dans cette prison, jusqu’à ce que son cœur se tourne vers Celui qu’il avait méprisé. Alors la parole sortira : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem, et criez-lui que son temps de détresse (ou, de souffrance) est accompli, que son iniquité est acquittée ; qu’elle a reçu de la main de l’Éternel le double pour tous ses péchés » (És. 40, 1, 2). « Qui est un Dieu comme toi, pardonnant l’iniquité et passant par-dessus la transgression du reste de son héritage ? » (Mich. 7, 18). N’est-ce pas là la véritable portée naturelle des paroles de notre Seigneur ? On peut l’appliquer comme utilisation pour le chrétien ou comme avertissement pour celui qui n’est pas chrétien. Mais c’est un mal de tordre l’Écriture ou de se plaindre de ceux qui s’inclinent devant sa véritable force. Une telle ignorance a mené les hommes à la fable du purgatoire.

Mais laissez-moi faire appel à vous, mon lecteur, qui peut-être vous excusez parce que vous ne professez pas être un disciple. En quoi cela vous suffira-t-il quand vous vous tiendrez devant le grand trône blanc ? Par votre propre demande d’échapper à la responsabilité, vous encourez une perdition certaine et éternelle. Vous savez que vos œuvres sont mauvaises, et que mourant tout en vivant, vous êtes totalement impropre pour être dans le ciel avec le Saint de Dieu. Celui que vous refusez comme Sauveur maintenant sera alors votre Juge. Vous vous détournez du Seigneur, vous négligez un si grand salut ; votre nom n’est pas dans le livre de vie ; vos paroles sont égoïstes, vaines, orgueilleuses, obstinées ; adonné aux passions de la convoitise, rebelle contre Dieu, vous servez Satan, et c’est pourquoi votre part doit être avec l’ennemi de Dieu et de Son Fils, comme vous l’avez été ici et l’êtes maintenant.

Oh, soyez averti à temps ! Car la fin de toutes choses est proche, même si vous vivez ; et votre vie n’est au mieux qu’une vapeur. Vous ne savez pas ce qu’un jour peut apporter. Dieu était en Christ réconciliant, non seulement les Juifs aigris ou propres justes, mais le monde avec Lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes. Mais tout fut en vain pour l’un comme pour l’autre : ils ont haï et le Fils et le Père. Un grand roi, un puissant conquérant, aurait été à leur goût. Mais comment cela aurait-il ôté leurs péchés, ou leur aurait-il donné une nature pour servir Dieu sur la terre et jouir de Lui dans le ciel ? Dans une sagesse et une grâce divines, il fut permis à leur haine de culminer à Sa croix ; et là, le péché fut jugé, ceux qui croient furent purifiés de leurs iniquités, et faits justice de Dieu en Christ. Oh, ne vous endurcissez pas pour l’enfer. Dieu, pour ainsi dire, exhortant par notre moyen, nous supplions pour Christ, de la part de Celui qui mourut pour vous : soyez réconcilié avec Dieu. L’œuvre est faite, selon Sa volonté, pour vous sauver à jamais. Repentez-vous et croyez à l’évangile. Qu’est-ce qui pourrait être fait en comparaison de ce que Dieu a fait ?