La lumière du monde

Matthieu 5, 14-16
Traduit de l’anglais
W. Kelly

Ici, le caractère de la position des disciples va au-delà du « sel de la terre ». Car c’était là une expression de justice ; une justice non pas extérieure comme celle des scribes et des pharisiens (qui cherchaient la réputation de la part de l’homme, et ne dépassaient guère l’orgueil d’un stoïcien), mais humble et véritable comme sous le regard de Dieu. Alors que « la lumière du monde » est le rayonnement de la grâce, et est inséparable de la confession de Christ à ce titre. Le sel préserve, mais ne rend pas tout manifeste comme le fait la lumière.

« Vous êtes la lumière du monde : une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Aussi n’allume-t-on pas une lampe pour la mettre ensuite sous le boisseau, mais sur le pied de lampe ; et elle luit pour tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, en sorte qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (v. 14-16).

« Le monde » n’a pas d’opération spéciale de la part de Dieu, comme l’a « la terre ». Là, les ténèbres morales ont régnées, lesquelles la lumière devait dissiper dans la mesure où Il lui en donnait la portée et le pouvoir. La rédemption, la mort, la résurrection et l’ascension de Christ, donneraient à la lumière une énergie pénétrante inconnue jusqu’alors. Car telle était la chape de plomb qui pesait sur le pays favorisé pendant le séjour terrestre de notre Seigneur, que, contrairement à la nature, les ténèbres résistaient à la lumière, et « n’ont pas comprise » [Jean 1, 5] même la vraie Lumière dans Sa personne. Mais quand Il ressuscita victorieux de toute la puissance du méchant, l’ancien commandement devint le nouveau, et fut vrai non seulement en Lui, mais aussi en nous, chrétiens, parce que les ténèbres s’en vont et que la vraie lumière luit déjà [1 Jean 2, 8].

Cela est confirmé par la figure qui suit et porte la vérité encore plus loin. « Une ville mise, ou située, sur une montagne ne peut être cachée ». La sphère n’est plus la zone circonscrite de la terre ou du pays, mais, comme nous le lisons à un autre égard, « le champ est le monde » [Matt. 13, 38]. Le Dieu et Père du Seigneur Jésus Christ se fera connaître, au moins en témoignage, avant que la puissance opère Sa volonté au près et au loin. Comme amour parfait, Il descendit vers l’homme en Christ ; mais le monde ne L’a pas connu, et les siens ne L’ont pas reçu [Jean 1, 10, 11], insistant plutôt pour qu’Il soit crucifié. Maintenant, Il établit Christ dans les cieux au-dessus de toute principauté et autorité et puissance et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir, et assujettit toutes choses sous Ses pieds, et Le donne pour être chef sur toutes choses à l’assemblée, qui est Son corps, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous [Éph. 1, 21-23]. Et eux, Ses disciples, sont la lumière du monde : une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Autrefois ténèbres, ils sont maintenant lumière dans le Seigneur, et responsables de marcher comme des enfants de lumière [Éph. 5, 8], collectivement aussi bien qu’individuellement. Car le fruit de la lumière consiste en toute bonté, et justice, et vérité [Éph. 5, 9]. Ils doivent éprouver ce qui est agréable au Seigneur, et n’avoir rien de commun avec les œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt les reprendre [Éph. 5, 10-11].

Les hommes traitent leur lumière de façon plus correcte que la chrétienté ne le fait de la lumière dont parle le Seigneur. Les hommes reculent devant les ténèbres naturelles, leurs inconvénients et leurs dangers ; et quand ils allument une lampe, ils ne la mettent pas sous un boisseau (ce qui, bien entendu, la cacherait complètement) mais sur le pied de lampe, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Mais la chrétienté craint la lumière qui expose sa négligence de l’Écriture et de la direction du Saint Esprit et de Christ qui est et doit être le tout. C’est pourquoi, le christianisme et l’Église étant tristement dénaturés, tous les privilèges et les devoirs en souffrent dans la même proportion ; comme le Seigneur et les apôtres nous préparent à nous y attendre. Mais les fidèles sont tenus, avec humilité mais avec le courage de la foi, de faire briller la lumière ; car elle n’est pas d’eux-mêmes, mais la confession de Christ en toute chose, selon ce que Dieu leur a enseigné, que les hommes écoutent ou n’en fassent rien. Elle est destinée, d’après notre Seigneur, à briller pour tous ceux qui sont dans la maison, et au-delà aussi.

Voulons-nous faire connaître Dieu tel qu’Il est ? Christ est Son image, et seul Il Le représente parfaitement. Voulons-nous Le montrer comme Père ? Lui, le Fils, Le fait connaître, et Il est le chemin vers Lui. Voulons-nous voir l’homme tel qu’il devrait être ? Ce n’est pas au premier homme que nous devons regarder, mais au second. Voulons-nous mesurer la véritable méchanceté de Satan ? C’est dans sa haine directe, constante, personnelle, et dans son antagonisme à Jésus, le Fils de Dieu. Aspirez-vous à la vue de la vie éternelle au milieu de ce monde méchant et coupable ? Elle est là pleinement révélée, en parole et en œuvre, dans ce même Seigneur Jésus. Voulez-vous considérer la mort dans toute sa solennelle nature ? Il est Celui qui la manifeste. Voulez-vous regarder à la vie en puissance de résurrection ? Jésus seul la dévoile parfaitement. Voulez-vous une véritable vue des plus hauts cieux ? C’est là où le Père L’a reçu avec le plus grand amour et la gloire la plus complète. Voulons-nous avertir de l’enfer ? C’est le feu éternel, dans lequel tous ceux qui Le méprisent, Le haïssent et Le rejettent, doivent avoir leur part avec le diable et ses anges. Christ est la lumière qui rend tout et tous manifestes.

Ainsi pourrait-elle se manifester dans toute l’étendue des privilèges et des devoirs, et depuis la moindre chose jusqu’à la plus grande. Il est la mesure de l’amour et de la sainteté, du service et de l’adoration, du dévouement, de la souffrance, et de la communion. Il est la norme du péché et du jugement, tout autant que de la justice. Et de la même manière que le Père n’est connu que par et en Lui, ainsi l’Esprit agit pour produire tout bien dans le croyant, afin que nous soyons délivrés de toutes nos pensées et imaginations, et conduits et gardés dans toute la vérité.

« Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, en sorte qu’ils voient vos bonnes (ou convenables, καλὰ) œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ». C’est le christianisme pratique dans sa manifestation, comme le sel est la puissance préservatrice de la pureté que nous avons toujours besoin d’avoir en nous-mêmes. C’est confesser et vivre Christ, non seulement en secret, ce qui est essentiel et ainsi enjoint ailleurs devant Celui qui y voit, mais aussi véritablement et sans complaisance devant les hommes. Les œuvres de bienfaisance ne sont pas des preuves, et ne sont pas ce que Christ recherchait et qu’Il exprime ici. Il parlait d’œuvres excellentes dans le sens de ce qui convient au Père et au Fils, et desquelles le Saint Esprit est la seule puissance en nous. Il n’est pas selon Sa pensée que nos bonnes œuvres luisent devant les hommes, mais notre lumière, ou la confession de Lui-même en parole et en œuvre.

Rien d’autre ou de moindre que cela ne peut atteindre le but qu’Il propose. Car je pourrais dépenser tous mes biens dans ce que les hommes appellent charité, ou livrer mon corps pour être brûlé sans confesser Christ, et donc sans glorifier en quoi que ce soit le Père. Il n’y a ni lumière ni amour sans la foi et la confession de Christ ; et le moi pourrait être honoré de la sorte, mais pas le Père. Alors, que la lumière de Christ luise dans votre confession ; et quand les hommes verront les bonnes œuvres en accord avec la volonté de Dieu, ils glorifieront, non pas vous, mais le Père, qui est la source et le but de ce que vous faites.