Le trésor, et le cœur

Matthieu 6, 21
Traduit de l’anglais
W. Kelly

Le principe moral posé ici par notre Seigneur réclame notre attention sérieuse et constante ; et ce d’autant plus, que la chair trompe toujours, et lutte à son encontre, pour se plaire à elle-même sous un beau déguisement et pour des raisons apparemment fortes et excellentes. Mais nous marchons par la foi, non par la vue [2 Cor. 5, 7], et cela à juste titre.

« Car là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur ».

Là où il n’y a pas de foi, un objet présent absorbe le cœur, et devient le trésor. C’est soi-même, sous une forme ou sous une autre, en vertu de quoi Satan est le maître, et non Dieu ; quelle doit alors en être la fin, pour l’éternité ? Le plus courant est ce que le Seigneur appelle « un gain honteux » ; car l’argent est le moyen le plus pratique pour satisfaire les convoitises charnelles. Ce peut être le cœur abandonné aux délices du péché pour un temps [Héb. 11, 25]. Le pouvoir aussi est l’ambition de certains, comme la réputation l’est pour d’autres. Cela peut aussi prendre une tournure religieuse, aussi facilement et de façon plus dangereuse que le pouvoir littéral, ou pour des honneurs mondains. Dans de telles voies, l’homme périt, même là où il n’y a rien de grossier, mais le plus exquis raffinement.

Christ seul délivre et préserve de tous ces pièges semblables. Il a été donné et envoyé par Dieu pour gagner le cœur par Son ineffable grâce, s’adaptant à notre culpabilité, à notre misère et à notre inutilité, du fait du péché, pour sauver le plus vil de sa méchanceté, pour le réconcilier avec Dieu, pour être la vie aussi bien que la justice pour celui qui n’avait ni l’une ni l’autre, pour l’associer au ciel, et le séparer ainsi du monde, non seulement dans tout ce qui est mauvais de façon évidente, mais dans tout ce qui prétend être bon ou pour le mieux, afin que nous ne vivions plus pour nous-mêmes, mais pour Celui qui pour nous est mort et a été ressuscité [2 Cor. 5, 15]. Et comme c’est pour la gloire du Père, ainsi c’est par la puissance de l’Esprit qui est ici-bas, envoyé désormais du ciel à et depuis la Pentecôte, pour glorifier Celui qui n’a jamais cherché Sa propre volonté, mais celle de Dieu, à n’importe quel prix.

Christ est donc le véritable trésor, et en Lui et par Lui, les richesses de la grâce de Dieu, véritablement et au-delà de toute question de besoin, à la louange de la gloire de Sa grâce [Éph. 1, 6] qui nous a rendus semblables à Lui devant Lui, non seulement en nature, mais en relation, autant que cela est possible. Mais nous avons ce trésor, en attendant, dans des vases de terre, afin que l’excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous [2 Cor. 4, 7]. « C’est pourquoi nous ne nous lassons point ; mais si même notre homme extérieur dépérit, toutefois l’homme intérieur est renouvelé de jour en jour. Car notre légère tribulation d’un moment, opère pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire, nos regards n’étant pas fixés sur les choses qui se voient, mais sur celles qui ne se voient pas : car les choses qui se voient sont pour un temps, mais celles qui ne se voient pas sont éternelles » [2 Cor. 4, 16-18].

C’est pourquoi notre Seigneur nous exhorte à ne pas nous amasser des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille gâtent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais à nous amasser des trésors dans le ciel, où ni la teigne ni la rouille ne gâtent, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. « Car là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur » ! Le cœur suit nécessairement l’objet de son affection ; et Christ, le trésor du chrétien, n’était pas de la terre, mais Il vint d’en haut, du ciel, et est au-dessus de tout. « De ce qu’il a vu et entendu, de cela il rend témoignage ; et personne ne reçoit son témoignage. Celui qui a reçu son témoignage, a scellé que Dieu est vrai ; car celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu, car Dieu ne donne pas l’Esprit par mesure. Le Père aime le Fils, et a mis toutes choses [pour être] entre ses mains. Qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais qui désobéit (ou, n’est pas soumis) au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean 3, 32-36).

Ce n’est pas alors seulement ce qu’est le trésor, mais , que le Seigneur signale à notre attention. Et cette vérité du trésor dans le ciel tire sa force et sa grande importance de l’ascension de notre Seigneur là où Il était auparavant (Jean 6, 62), non plus seulement le Fils de Dieu comme quand Il descendit ici-bas, mais le Fils de l’homme tel qu’Il est aussi maintenant dans la gloire céleste. Car c’est la manière appropriée et complète selon laquelle le chrétien Le connaît. C’est pourquoi désormais, nous ne connaissons personne selon la chair ; et, si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne [Le] connaissons plus ainsi. En sorte que si quelqu’un [est] en Christ, [c’est] une nouvelle création [2 Cor. 5, 16-17].

C’est à Christ glorifié que le chrétien est uni par l’Esprit, maintenant qu’il se repose sur la rédemption accomplie. Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit [1 Cor. 6, 17]. Ce n’est qu’alors et que là que cela pouvait se trouver. C’est pourquoi, étant morts avec Christ et étant ressuscités avec Lui, nous sommes exhortés à chercher les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu, pour fixer nos pensées sur les choses qui sont en haut, non pas sur celles qui sont sur la terre. Car nous sommes morts, et notre vie est cachée avec Christ en Dieu. Et nous attendons que, quand Christ qui est notre vie sera manifesté, alors nous aussi serons manifestés avec Lui en gloire [Col. 3, 1-4].

Nous pouvons remarquer qu’en Luc 12, la liaison de cette vérité, exprimée plus largement (« Car là où est votre trésor, là sera aussi votre cœur ») n’est pas seulement faite avec l’avertissement de la précarité de toutes choses, en dehors d’un trésor dans les cieux, mais aussi avec la venue du Seigneur comme espérance prochaine. « Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées ; et soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur maître, à quelque moment qu’il revienne des noces, afin que, quand il viendra et qu’il heurtera, ils lui ouvrent aussitôt ». Il serait difficile d’imaginer des paroles indiquant plus clairement l’appel à L’attendre constamment.

En fin de compte, le but ne peut être manqué, si nous marchons par l’Esprit. Nous avons maintenant un titre de « célestes » (1 Cor. 15, 48-49), et nous comptons sur l’autorité la plus sûre pour le réaliser même pour nos corps, à Sa venue. Veillons en attendant pour vivre, servir, marcher et adorer, en accord avec notre foi et notre espérance. Le christianisme du Nouveau Testament n’est rien de moindre que cela, quand furent connues les nombreuses choses que les disciples ne pouvaient supporter jusqu’à ce qu’ils aient la rédemption par Son sang et le don de l’Esprit. Quand l’Esprit fut venu d’en haut de Sa part, Il n’a pas manqué de les conduire dans toute la vérité [Jean 16, 13].

Lecteur, faites attention à ne pas être trompés. Si vous n’êtes pas un disciple de Christ, si vous n’êtes pas né de l’Esprit, les exhortations du Seigneur ne vous sont pas applicables : vous ne Lui appartenez pas encore. Reconnaissez votre méchanceté et votre état de culpabilité devant Dieu. Reconnaissez en Lui le seul Sauveur efficace, le Fils de l’homme venu pour chercher et sauver ce qui était perdu [Luc 19, 10]. Alors en effet, des paroles telles que celles qu’Il adressait aux disciples, deviendront précieuses et bénies, par grâce, pour votre âme. Mais vous devez être né de nouveau, né de Dieu, pour les recevoir et les comprendre. Faites attention à ceux qui déifient les ordonnances au détriment de Christ, et à leur propre orgueil tiré d’un office sans fondement.