Vaines répétitions dans la prière

(Traduit de l’anglais)
Matthieu 6, 7 et 8
W. Kelly

[Bible Treasury N5 p. 55-56]
[Paroles d’évangile 13.10]

Ayant posé le secret individuel dans la prière au Père, le Seigneur élargit ici Son injonction, et met en garde Ses disciples contre une habitude indigne de Lui, et d’eux aussi comme étant dans une relation aussi bénie, même si elle a encore à être approfondie et élevée le jour de Sa résurrection, et en vue de Son ascension dans le ciel. Ce peut être, comme c’était le cas, un sentiment naturel qui opérait ainsi même chez les païens. Le Seigneur recherche et inculque ce qui est surnaturel.

« Et quand vous priez, n’usez pas de vaines redites, comme ceux des nations, car ils s’imaginent qu’ils seront exaucés en parlant beaucoup. Ne leur ressemblez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez ». Ce n’était pas un avertissement contre un esprit hypocrite. C’est de cela qu’Il avait parlé en premier lieu, du fait qu’ils étaient des Juifs, un peuple responsable d’observer la loi de Dieu, mais en grande partie infidèle, et ceux qui étaient orthodoxes parmi eux enclins à de hautes prétentions, morales aussi bien que cérémonielles, avec un cœur éloigné de Lui. C’est pourquoi Il leur inculquait la valeur et le devoir de la prière faite au Père dans le secret, en contraste avec l’hypocrisie de la prière pour être vu des hommes.

Malgré Ses paroles, le mal grandit jusqu’à ce que, au cinquième siècle, il atteignit le summum de sa folie en Siméon, un Syrien qui en fin de compte, dressa une colonne sur laquelle il puisse se tenir, haute au début de six coudées, et au final de quarante. Au sommet se trouvait un espace de trois pieds de diamètre, entouré d’une balustrade, et il se tenait là jour et nuit, par tous les temps. Durant la nuit et jusqu’à neuf heures du matin, il était supposé être constamment en prières, après avoir étendu ses mains et s’être incliné si bas qu’il touchait ses pieds de son front. Quelqu’un qui essayait de dénombrer ces prosternements, en compta pas moins de mille deux cent quarante-quatre. À neuf heures, il commençait à s’adresser aux foules superstitieuses en dessous de lui ; car, aussi étrange que cela semble, ce charlatan religieux, non seulement écoutait et répondait à ceux qui étaient présents, et écrivait aux absents, mais se chargeait du soin des églises et correspondait avec les plus hautes dignités et de l’église, et de l’état. À l’approche du soir, il abandonnait ces activités et reprenait ses prières répétées comme avant. Il a été rapporté qu’il ne se nourrissait qu’une fois par semaine, et ne dormait jamais, passant ainsi avec un manteau et un bonnet en peau de mouton environ trente-sept ans, et qu’il mourut dans une attitude de prière dans sa soixante-neuvième année. Son disciple et chroniqueur Antony nous dit être monté après trois jours, et que son cadavre dégageait une odeur agréable. Ainsi, naturellement, la tromperie est associée à ces spectacles quasi spirituels.

Mais ici, notre Seigneur condamne un piège bien plus répandu. « Quand vous priez, n’usez pas de vaines redites, comme ceux des nations ». Ces mots ne se trouvent nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament, et les Septante ne les employèrent pas dans la version grecque de l’Ancien Testament. Battologeo ne se trouve dans aucun écrit indépendant du verset 7, jusqu’à cinq cents ans après Jésus Christ. Il y a donc des divergences de vue quant à sa signification précise. Ce n’est pas ici le lieu pour une telle discussion ; et bien qu’on ait cherché à le faire dériver de ce qui est particulier à l’hébreu pour « sans réfléchir » ou « babillage impulsif », le contexte tend à confirmer la version autorisée.

Il est tout à fait indigne du Père, et même de Ses enfants, de traiter ainsi légèrement la prière. Il y a sans doute des occasions pour une longue persévérance, aussi bien que des répétitions sérieuses, dans la prière. Notre Seigneur Lui-même est un exemple de passer la nuit en prière, et de prier encore et encore avec les mêmes paroles. Aucune de ces supplications spéciales ne pourrait être condamnée chez les autres, quand elles sont de saison et nécessaires. Mais il y a peu d’habitudes plus courantes, même parmi les croyants, que de longues déclarations, qui ne sont pas du tout des prières. Car elles expriment les vues de l’individu, soit sur le discours précédent, le sien ou celui d’un autre, soit sur tout ce qu’il peut rassembler des diverses circonstances de l’église, ou du moins de son propre parti, et de tout le monde extérieur. À l’occasion, si ce n’est souvent, celui qui est dans l’attitude et la forme de la prière oublie qu’il parle à son Père, et glisse involontairement dans ce qui semble Lui enseigner les doctrines qui lui plaisent.

Ces choses ne devraient assurément pas se produire. Quelle révérence convient à celui qui, par grâce, a le droit de dire : Abba, Père ! Quel sentiment profond de Sa majesté et de Sa sainteté, Lui qui a montré une miséricorde infinie à ceux qui méritaient le jugement éternel ! Combien souvent ne manquons-nous pas, quelques favorisés que nous soyons, à nous juger nous-mêmes et attristons-nous le Saint Esprit ! Le prédicateur royal pouvait dire autrefois : « Ne te presse point de ta bouche, et que ton cœur ne se hâte point de proférer une parole devant Dieu ; car Dieu est dans les cieux, et toi sur la terre : c’est pourquoi, que tes paroles soient peu nombreuses. Car le songe vient de beaucoup d’occupations, et la voix du sot de beaucoup de paroles ». Combien plus profonde devrait maintenant être notre humilité, nous qu’Il appelle Ses enfants, en dépit d’un sentiment bien plus complet de notre mal et de Sa grâce ! Combien est triste l’inconséquence, si nous gardons l’hypocrisie pharisaïque, de sombrer dans le verbiage insensé et inconsidéré des Gentils !

Nous avons été amenés à Dieu à un prix infini. Nous sommes enseignés quant à notre ignominie totale ainsi qu’à nos péchés honteux. Quand nous nous approchons pour prier, ne devrions-nous pas avoir un effet solennel de sanctification, en pesant nos paroles, quoi qu’il en soit de l’amour qui nous invite dans Sa présence ? Alors nous pourrons ne nous inquiéter de rien, mais en toutes choses Lui exposer nos requêtes connues par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Il aime à ce que nous nous confiions à Lui dans la dépendance. N’oublions jamais que « notre Père sait de quoi nous avons besoin, avant que nous ne lui demandions ». Penser que nous obtiendrons une oreille attentive en parlant beaucoup, c’est un déshonneur pour Lui, et même pour nous.