Notes d’une méditation sur Matthieu 24, 45 à 25, 13

Traduit de l’anglais
W. Kelly

Vous observerez que dans les versets que nous avons lus, il n’y a pas un mot concernant Jérusalem, les Juifs, ou une référence quelconque au prophète Daniel, toutes ces choses qui se trouvent dans la partie qui précède, où nous voyons le Seigneur utilisant les disciples alors présents comme base, pour parler de ceux des derniers jours. Ils étaient des Juifs, bien que croyants ; et quand Dieu appelait ceux qui étaient Gentils, ils étaient toujours Juifs ; et ce sera de nouveau le cas. Maintenant, ceux qui croient sont un seul corps, ayant affaire avec Christ, et dans le ciel. L’essence du christianisme est — « ni Juif ni Gentil ». Dans l’Ancien Testament, les Juifs étaient amenés, par grâce, dans la bénédiction par la foi, et devaient être à la tête de toutes les nations. Cela reste à accomplir, car maintenant, Dieu a gravé sur eux « Pas mon peuple » [Os. 1, 9]. Cela doit être ôté, et eux seront traités non plus simplement comme fils, mais comme « premiers-nés ». La domination première sera à Israël, et toutes les nations s’y rallieront. Un travail préliminaire s’opérera en eux comme vases de miséricorde. Dieu ne s’occupe actuellement pas du tout d’un peuple terrestre. Nous croyons en un Christ rejeté de la terre et glorifié dans le ciel, et nous sommes associés là avec Lui — « un seul esprit avec le Seigneur » [1 Cor. 6, 17], là où « il n’y a pas Grec et Juif, barbare, Scythe, esclave, homme libre ; mais où Christ est tout et en tous » [Col. 3, 11].

Alors ici, vous remarquerez que le Seigneur a commencé Sa grande prophétie en s’occupant de Ses disciples tels qu’ils étaient, et l’a poursuivie sur ce terrain — le terrain juif — en passant par-dessus tous les cieux et Christ en haut en Matthieu 24, jusqu’aux versets lus ce soir, parce qu’Il parlait des croyants juifs. Ensuite, nous avons les chrétiens, parce que Christ est maintenant glorifié ; ils sont Son corps, tandis qu’Il est la Tête ressuscitée en haut. Cet état de choses ne doit pas durer, bien que la bénédiction et la gloire, elles, demeurent. Le dessein de Dieu est d’avoir un peuple terrestre et des êtres terrestres jouissant de Sa faveur, et avec Christ leur justice. Les desseins de Dieu embrassent à la fois des objets célestes et terrestres. Christ sera Roi sur toute la terre, quoiqu’Il ne soit pas appelé ainsi en rapport avec les chrétiens actuellement. Il n’est jamais appelé le Roi de l’Église, et bien que nous trouvions l’expression « Roi des saints » en Apocalypse 15, 3, cependant, tout étudiant sait que c’est une erreur, et les réviseurs, sur la base du témoignage des manuscrits, l’ont abandonné, y substituant « Roi des nations », un titre cité de Jérémie 10, 7, où l’Éternel est appelé ainsi — une expression remarquable sous la plume d’un prophète juif, mais qui était inspirée par le Saint Esprit pour manifester ainsi les desseins de Dieu. Le but de Dieu est d’avoir un résidu juif pieux, préparé pour accueillir le Seigneur, comme il y en avait un réuni autour de Lui quand Il prononçait cette prophétie. Entre ces deux groupes, le christianisme et l’Église apparaissent.

Rien n’est dit ici de l’Église, bien qu’elle soit mentionnée ailleurs dans cet évangile. Vous trouverez davantage à son sujet dans les Actes, les épîtres, et l’Apocalypse, sa fin étant donnée dans ce dernier livre pour laisser la place aux Juifs et aux Gentils croyants, car il y aura un petit résidu de Gentils craignant Dieu, et puis toutes les nations bénies, comme vous le voyez dans la dernière partie de la prophétie. Entre les deux se situe la profession — non pas forcément la réalité — actuelle de Christ. Vous observerez une différence marquée, dans cette section ; elle est toute entière une parabole. Les paraboles sont très générales ; elles s’appliquent également à tout pays ; elles n’ont pas de racine locale, et sont donc particulièrement appropriées pour montrer cette chose nouvelle que Dieu allait faire.

Tout d’abord, donc, nous avons un serviteur — un serviteur sage et fidèle. Tous les chrétiens sont appelés à être tels, bien que certains le soient plus particulièrement. Un serviteur dans la maison est appelé à fournir la nourriture bonne et appropriée à la maison. Tout chrétien partage cela d’une certaine manière, bien que certains soient plus propres pour cette œuvre que d’autres. La responsabilité est en rapport avec le privilège.

Qu’est-ce qui constitue un serviteur selon la pensée de Dieu ? L’attente du Maître. C’est ce qui convient très exactement à un serviteur, et le Seigneur Lui-même en était le parfait modèle. Christ était le véritable serviteur hébreu d’Exode 21. Il avait servi pendant Son temps ; la femme était donnée en figure, et des enfants aussi, mais Il ne se contentait pas de s’en aller. Il aimait la position de serviteur pour la gloire de Dieu, et le service du pauvre homme misérable. Quelle position était aussi bonne, dans ce pauvre monde ? Et alors, Il est amené au poteau de la porte, et fait serviteur pour toujours. Le Seigneur ne cessera jamais d’être un serviteur. Il est tel maintenant, quoiqu’exalté. Maintenant, Il lave les pieds de Ses disciples, si souvent souillés par la boue de ce monde. Qui est le grand et effectif nettoyeur ? Christ ; et le Saint Esprit aussi a Sa position. Pourtant, Christ est le Serviteur, et cela, à cause de l’amour parfait. Mais pour le péché, aucun service de ce genre n’est requis. La ruine survient immédiatement, et alors le Seigneur vient et prend cette humble position que nul autre ne pouvait prendre, et lave les pieds de Ses disciples. Maintenant, nous devons connaître la signification de cela, car chaque chrétien a besoin du nettoyeur plein de grâce de nos pieds.

Et quand Il vient et nous prend au ciel, Il est toujours le Serviteur. Il est venu pour servir ceux qu’Il prendra au ciel. Sommes-nous touchés comme nous le devrions, par ces mots ? Il disait : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » [Luc 22, 27], quand Il était ici-bas ; mais même quand commence l’éternité, et qu’Il remet le royaume, Il garde encore la position de sujétion, parce qu’Il n’abandonne jamais l’humanité, et la position de l’homme est le service. Il sert à toujours. Ainsi, Il est, et Il doit être, le grand modèle du chrétien. Comment y répondons-nous maintenant ? Le Seigneur devait avertir même les apôtres de ne pas affecter d’être les grands de ce monde — « ni ne soyez appelés bienfaiteurs », etc. — qui sont en complet contraste avec Lui-même.

Un « serviteur fidèle » est quelqu’un qui L’attend toujours ; et Il indique que Sa venue serait bientôt oubliée, quoique le « méchant serviteur » ne fasse pas référence à cela, dogmatiquement. Il n’est pas supposé qu’elle est niée, mais le méchant serviteur dit dans son cœur, et dit par sa conduite : « Mon maître tarde à venir ». L’effet en est tout ce qui est indigne — de mauvaises communications avec des personnes, des suppositions et des présomptions mauvaises — l’exact opposé de tout ce qui est en Christ. C’est simplement l’histoire de la chrétienté. Au cours du deuxième siècle, il n’y avait plus de notion de la véritable place de Christ et du christianisme, et l’espérance de Son attente était perdue. Le Seigneur se place Lui-même dans la parabole — « Soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur maître » [Luc 12, 36]. Comme des serviteurs derrière la porte, attendant leur Maître, sûrs qu’Il viendra, mais ignorant quand. C’est la seule attente convenable du Seigneur Jésus, soigneusement entretenue dans les épîtres, où la parole est toujours : « nous les vivants » [1 Thess. 4, 17], non pas eux — « nous », les serviteurs derrière la porte attendant le Seigneur. C’est celui qui est infidèle qui dit : « eux ». Pourtant, l’apôtre ne disait jamais que le Seigneur viendrait durant son jour. C’est l’exacte vérité, mais le moment était caché, afin que nous soyons toujours dans Son attente. C’est très fortement marqué ici. Il n’y a qu’un seul serviteur ; c’est une responsabilité collective, et elle se reporte d’une manière frappante sur le méchant serviteur. Le témoignage collectif a perdu l’espérance, et quand l’espérance est devenue juive plutôt que chrétienne, le fondement en a aussi été abaissé ; le méchant serviteur a été puni comme un hypocrite, et non pas simplement comme un homme du monde.

Le Seigneur passe ensuite à une autre vue, bien différente — « dix » vierges, non pas « une ». « Alors le royaume des cieux », etc. « Alors », quand le jugement tombe sur le méchant serviteur. Il s’occupe d’autres objets ; c’est une autre manière de manifester la faillite totale de la chrétienté. Les mots qui introduisent ce chapitre 25 sont uniques, dans les trois paraboles qui forment ce groupe. Nous trouvons une description générale de la chrétienté du début à la fin. Par chrétienté, je veux dire ce qui porte le nom de Christ, que ce soit en vérité ou non. Le royaume des cieux est cette nouvelle chose, non le royaume sur la terre. Si Christ est rejeté dans la gloire inférieure, Dieu en introduit une plus élevée. Si les Juifs rejettent, les Gentils sont appelés. Nous avons ici une image extérieure au judaïsme. Toutes les dix font une brillante profession. Toutes ont pris des flambeaux (car le terme correct est « flambeaux », tout à fait différent du terme « lampes » dans l’Apocalypse). Dans les mariages orientaux, l’arrivée de l’époux se fait toujours de nuit.

« Alors le royaume des cieux sera fait semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, sortirent à la rencontre de l’époux ». C’est de nouveau l’espérance chrétienne. Depuis le début de la chrétienté, l’appel était : Sortez de tout ce qui est d’ici-bas à la rencontre de l’Époux. Si c’était un Juif, c’était du temple et de son rituel, et cela, parce que quelqu’un d’infiniment plus grand était là, et qu’Il était l’Époux. Dieu pouvait-Il utiliser une image plus frappante pour le cœur que Celui qui allait mourir pour nos péchés, soit l’Époux ? « Elles sortirent » ; un caractère céleste était imprimé sur leur œuvre.

Si quelqu’un était un chrétien à Tahiti, il « sortait » à la rencontre de l’Époux aussi bien que s’il était à Jérusalem. Les Gentils « sortirent » aussi bien que les Juifs. Si l’espérance avait été d’une autre nature — disons, la venue du juge — vous ne pourriez pas utiliser l’expression « sortirent ». Personne ne peut « sortir » pour rencontrer son juge. Mais si vous considérez les crédos de la chrétienté, tous oublient l’Époux, tous regardent au juge, à Celui qui revêtira la plus sombre des capes, et prononcera la sentence non seulement pour le temps, mais pour l’éternité. Il n’y a pas un mot à ce sujet ici. Ici, l’espérance du chrétien est donnée dans la forme imagée de la rencontre de l’Époux. Ce n’est pas combattre les incrédules, mais l’influence de l’amour divin dans la personne de Christ. Cinq sages et cinq folles — celles-ci montrent leur folie en n’ayant pas d’huile. Le flambeau brûlera brillamment pendant un très court moment, sans huile. Toutes sortent, mais la différence existe depuis les tous premiers jours. Jean, Jacques, et toutes les dernières épîtres, supposent qu’il y a des personnes d’un caractère douteux dans l’église professante. Mais tout d’abord, toutes sortent à la rencontre de l’Époux.

Le « retard », dans l’Écriture, n’est jamais utilisé pour reporter la venue du Seigneur. Toutes les paraboles sont construites de telle façon, que ceux qui sont sortis au début, Le rencontrent. Mais tandis qu’Il tardait, « toutes s’assoupirent et s’endormirent » ; l’espérance céleste était abandonnée. Les premiers pères la perdirent complètement. Le sommeil implique de ne plus sortir. Vous ne pouvez pas supposer qu’elles dormaient en étant debout. Elles devaient s’être détournées quelque part ; elles s’étaient écartées de la volonté du Seigneur et avaient abandonné leur « sortie ». Il est vrai que les Juifs croyants apporteront l’évangile du royaume alors qu’ils fuiront devant l’ennemi, mais ce n’est pas la puissance attractive de l’amour de Christ.

« Au milieu de la nuit il se fit un cri : Voici l’époux ». Ce cri est lancé maintenant, et il l’a été depuis bientôt soixante-dix ans. Des gens à la fin du siècle précédent se sont réveillés, mais le cri était : Voici le juge, non pas : Voici l’époux. Ici, des personnes connaissant Son amour, ou devant le connaître, étaient en paix, et au lieu d’être alarmées, elles sortent pour Le rencontrer. Vers l’année 600, certains se réveillèrent dans l’angoisse, mais le juge ne vint pas, et ils s’endormirent de nouveau. Puis en 1100, il y eut une grande peur que la fin du monde soit arrivée. Ils se réveillèrent, bâtirent des cathédrales, firent beaucoup pour se rendre propice le juge qui venait, mais le Juge ne vint pas, et ils retournèrent encore plus vite que jamais au sommeil, dans les âges sombres. Tout était sombre, mais qu’est-ce qui eut lieu ? Non pas simplement la venue de Christ, mais l’évangile de Dieu a été mis en évidence plus simplement et plus clairement qu’à la Réformation ; même tous les réformés (à part peut-être Zwingli) tenaient à la régénération baptismale. Une telle notion ne se trouve pas dans la Parole de Dieu. Je n’y fais pas référence pour leur manquer de respect, mais pour montrer que l’évangile ne pouvait pas être enseigné dans sa plénitude, en relation avec l’idée que la vie est communiquée par le baptême. Non, tous sont perdus, et tous ont besoin d’être sauvés. Outre cela, la paix avec Dieu, la rédemption, la nouvelle relation, et l’habitation intérieure du Saint Esprit sont mises en lumière, et empêchent le cœur d’être effrayé. Au lieu de sortir à la rencontre du juge, si vous connaissez l’évangile, vous connaissez Christ ayant porté le jugement, et bien plus. Il m’aime, oui, bien mieux que les anges. Quand le cri fut lancé, Dieu opéra afin que les cœurs puissent aller à la rencontre du Seigneur Jésus, sachant combien nous Lui sommes infiniment chers. C’est ce qui fait toute la différence. Les vierges folles ne trouvent pas d’huile, et se mirent au travail avec beaucoup d’ardeur pour en obtenir, comme c’est le cas actuellement dans la chrétienté. Des gens qui étaient autrefois des joueurs de carte ou des chasseurs de renard, sont maintenant des adeptes de la communion précoce et des formes extérieures. Tout cela est un effort pour obtenir de l’huile, comme il y a de fréquentes demandes de prier pour eux à ceux qu’ils savent être pieux, comme le faisait Simon le magicien, au lieu d’acheter eux-mêmes « sans argent » et « sans prix » [És. 55, 1]. Et la chose solennelle est que — le même esprit se retrouve dans toutes les dénominations !