Marie et Marthe

Luc 10, 38 à 42
J.G. Bellett

[Christian’s Friend 14 p. 191]

La petite scène qui clôt ce chapitre est propre à Luc, servant à son but général de nous instruire des grands principes de la vérité. Les deux sœurs introduites ici avaient un état d’esprit bien différent ; et, étant mises à l’épreuve de la pensée de Christ, nous trouvons le jugement de Dieu sur un sujet de grande valeur pour nous.

La maison dans laquelle nous entrons maintenant était celle de Marthe. L’Esprit de Dieu nous dit ceci, comme caractérisant Marthe ; et dans sa maison, de tout son cœur, elle reçoit le Seigneur, et prépare pour Lui les meilleures provisions qu’elle avait. Ses labeurs et Sa fatigue réclamaient cela. Marthe savait bien que Ses voies au-dehors étaient celles du bon Samaritain, qui voulait aller à pied pour que d’autres puissent être portés, et elle L’aime trop pour ne pas observer Sa fatigue et y pourvoir. Mais Marie n’avait pas de maison pour Lui. Elle était, en esprit, un étranger comme Lui-même ; mais elle Lui ouvre un sanctuaire, et Le fait asseoir là, le Seigneur de son humble temple. Elle prend sa place à Ses pieds, et écoute Ses paroles. Elle sait, aussi bien que Marthe, qu’Il était fatigué ; mais elle sait aussi qu’il y avait une plénitude en Lui qui pouvait se permettre d’être encore plus fatiguée. C’est pourquoi son oreille et son cœur usent encore de Lui, au lieu que sa main ou son pied travaillent pour Lui. Et dans ces choses gît la différence entre les deux sœurs. L’œil de Marthe voyait Sa fatigue, et voulait Lui donner ; la foi de Marie discernait Sa plénitude sous Sa fatigue, et voulait recevoir de Lui.

Cela manifeste la pensée du Fils de Dieu. Le Seigneur accepte les soins de Marthe, tant qu’il s’agit de simples soins et de diligence envers Son besoin présent ; mais du moment qu’elle met sa pensée en concurrence avec celle de Marie, elle apprend Son jugement, et est enseignée à savoir que Marie, par sa foi, Le rafraîchissait avec un festin bien plus doux que tout ce que ses soins et les provisions de sa maison auraient pu fournir. La foi de Marie donnait à Jésus un sentiment de Sa propre gloire divine. Elle Lui disait, que quoiqu’Il soit fatigué, Il pouvait encore la nourrir et la rafraîchir. Elle était à Ses pieds, écoutant Ses paroles. Il n’y avait pas de temple là, ou de lumière du soleil ; mais le Fils de Dieu était là, et Il était tout pour elle. C’était l’honneur qu’Il appréciait, et elle était de fait bienheureuse dans Son secret. Quand Il était assoiffé et fatigué au puits de Jacob, Il oublia tout cela en donnant d’autres eaux, qu’aucune cruche n’aurait pu contenir, ou aucun puits autre que le sien fournir ; et ici, Marie apporte son âme au même puits, sachant que, en dépit de toute Sa fatigue, il était aussi plein que jamais pour qu’elle l’utilise.

Et, oh, chers frères, quels principes nous sont dévoilés là ! Notre Dieu revendique pour Lui-même la place de pouvoir suprême et de bonté suprême, et Il veut nous avoir comme débiteurs. Notre sentiment de Sa plénitude Lui est plus précieux que tout le service que nous pouvons Lui rendre. Ayant droit, dans ce qu’Il est, à bien plus que tout ce que la création pouvait Lui donner, pourtant, par-dessus toutes choses, Il désire que nous fassions usage de Son amour, et puisions dans Ses trésors. L’honneur que notre confiance Lui confère est le plus élevé ; car c’est la gloire divine que d’être toujours donnant, toujours bénissant, toujours versant d’une plénitude inépuisable. Sous la loi, Il devait recevoir de notre part, mais dans l’évangile, Il nous donne ; et les paroles du Seigneur Jésus sont celles-ci : « Il est plus heureux de donner que de recevoir ». Et cette position, Il l’occupera pour toujours ; car, « sans contredit, le moindre est béni par celui qui est plus excellent ». La louange doit, il est vrai, monter vers Lui de la part de tout ce qui a souffle de vie ; mais venant de Lui-même, et du trône de Sa gloire, provient un flot constant de bénédiction, la lumière pour encourager, les eaux pour rafraîchir, et les feuilles de l’arbre pour guérir ; et notre Dieu goûtera Sa propre joie, et manifestera Sa propre gloire, en étant à jamais Celui qui donne.