La fidélité de Dieu considérée dans ses voies avec Balaam

J.N. Darby

Nombres 22

Le dessein de l’ennemi était d’empêcher le peuple de Dieu de jouir du pays dans lequel Dieu avait promis de l’introduire. La question n’était plus pour les Israélites de sortir de l’Égypte, car ils en avaient été tirés et ils se trouvaient presque au terme du voyage. Mais pouvaient-ils être privés d’entrer dans le pays ? Si cela dépendait de ce qu’ils étaient, oui, assurément, la chose était possible ; et Satan, l’accusateur des frères, réussirait aussi, à cause de nos péchés, à nous fermer le ciel, si, pour y entrer, nous devions nous appuyer de nos mérites. Tout le long du chemin, Israël s’était montré un peuple rebelle et de cou raide, quoique Dieu lui eût donné pour breuvage l’eau du rocher et pour nourriture la manne descendue du ciel ; et maintenant il s’agit de régler cette question solennelle, savoir, si la conduite du peuple doit être un obstacle à son entrée dans le pays. C’est la puissance de l’ennemi qui se déploie ici ; ce ne sont pas ses ruses : plus tard, il fait usage de ces dernières dans l’histoire de Balaam. Mais il s’agissait de savoir, si par sa force ou par ses ruses, l’ennemi pouvait retenir Israël hors de Canaan. Nous verrons comment Dieu déclara quelles étaient Ses pensées à l’égard du peuple, et comment, lorsqu’Il eut pris la question en main, la complète impuissance de l’ennemi fut manifestée.

Moab occupe la position de la puissance dans ce monde : « Il a été à son aise depuis sa jeunesse — il a reposé sur sa lie — il n’a point été vidé de vaisseau en vaisseau » (Jér. 48, 11). Le prophète n’est pas seulement au milieu du monde, mais il est aussi appelé à agir pour Moab, moyennant la récompense de l’art de divination dont il est doué. Balak possédait l’autorité civile, mais il avait la conscience que, dans ce cas, il était nécessaire qu’une puissance supérieure lui vint en aide. « Les puissances qui subsistent sont ordonnées de Dieu » [Rom. 13, 1]. Aussi, lorsqu’on agit justement, il est inutile d’avoir recours à d’autres moyens pour gagner les cœurs des hommes. Mais Balak étant ignorant de l’autorité et de la puissance de Dieu, les recherche auprès d’un autre. Les Israélites étaient campés juste sur les limites du pays, lorsque se fit cette tentative pour les empêcher d’y entrer. Cette remarque est d’une utilité pratique pour nous, car plusieurs connaissant la rédemption, mais sentant leurs inconséquences et leur chute, se mettent à douter si, après tout, ils atteindront jamais le ciel. Il est bon que nous nous jugions pour le mal qui est en nous, mais c’est à Christ que le cœur doit de pouvoir se confier dans la miséricorde de Dieu jusqu’à la fin.

Lorsque le peuple eut traversé la mer Rouge, il chanta plein de confiance en la puissance de Dieu pour les conduire jusqu’au bout. « Tu nous as conduits par ta force à la demeure de ta sainteté » [Ex. 15, 13]. Pour eux alors, Moab et tous leurs ennemis n’étaient rien, car ils avaient la conscience de la puissance que Dieu déploierait en leur faveur, quoiqu’ils n’eussent que le désert devant eux. Ils savaient qu’ils étaient sortis sans aucun mal de l’Égypte, et ils ne s’inquiétaient point pour le reste. Mais ils ne se connaissaient pas eux-mêmes : c’est pourquoi Dieu les conduisit pendant quarante ans dans le désert pour les humilier, pour les éprouver et pour leur faire connaître ce qui était dans leurs cœurs (Deut. 8). Le chapitre suivant nous montre que ce fut aussi pour manifester quelle était la bonté de Dieu à leur égard dans toute cette discipline.

Les Israélites étaient sur les frontières du pays, près de Jéricho. La promesse avait-elle autant de valeur maintenant qu’ils se trouvaient au Jourdain, qu’au temps où ils étaient à la mer Rouge ? C’était là la question pour le peuple considéré comme un tout, non point par rapport aux individus ; et tout cela est pour nous un type de choses spirituelles. La foi nous transporte entièrement au-delà des circonstances ; elle ne nous ferme pas les yeux pour nous conduire aveuglément au ciel, mais acceptant le jugement que Dieu a porté sur le péché, elle connaît aussi la grâce de Dieu pour le salut et envisage les épreuves du chemin comme étant envoyées pour nous humilier, pour nous éprouver et pour nous tourner à profit à la fin. La foi ne méprise jamais le jugement de Dieu sur notre péché, mais malgré cela elle se confie dans la grâce de Dieu. Jamais Dieu n’accuse Son peuple, quoiqu’Il le châtie, et Il ne permet pas non plus à Satan de le faire.

En réalité, Moab n’avait pas lieu de craindre, car Israël avait reçu l’ordre positif de ne lui faire aucun mal. Israël consentait même, en traversant le pays des Moabites, à leur acheter l’eau qu’il boirait ; mais Moab n’avait pas foi à ce que Dieu disait. Toute la finesse de Satan ne peut pas révéler ce qui est connu de la foi la plus simple — la puissance de la grâce de Dieu pour sauver jusqu’au bout. Moab est un exemple frappant de la complète ignorance dans laquelle est ce monde, quant aux pensées de Dieu. Les Moabites avaient sous les yeux cette mystérieuse influence, et cependant ils en demeuraient ignorants et de plus s’y opposaient. Qu’est-ce que Dieu avait dit à Abraham ? « Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront » [Gen. 12, 3]. Et maintenant Balak va se placer de manière à attirer sur lui la malédiction de Dieu. Tel est l’aveuglement de la chair ; toujours elle prend le chemin qui doit amener sur elle-même les jugements de Dieu. Non seulement il y avait du péché en Balak, et il y en avait certes en abondance, mais de plus il avait entièrement fermé les yeux sur les pensées de Dieu. C’est une chose terrible que d’être hors du sentier où resplendit la lumière de Dieu, et c’est là le cas de ce pauvre monde. Quelle dégradation et quelle misère nous voyons dans l’homme lorsqu’il ne se trouve plus sous aucun frein moral extérieur ! Et, même lorsqu’il n’y a pas cet abandon plein et ouvert, qu’il est triste de voir une personne vivre sans Dieu dans le monde ! Elle peut être honorable et même avoir un bon témoignage de ses semblables, mais sans Dieu comment affronter la mort et le jugement ? Il est vraiment affreux de penser à l’ignorance dans laquelle les hommes sont plongés à cause de l’endurcissement de leurs cœurs. Que deviendront-ils si Dieu doit nous juger d’après nos œuvres ? Dieu a dit : « Il n’y a point de juste, non pas même un seul » [Rom. 3, 10] ; — « tout le monde est coupable devant Dieu » [Rom. 3, 19]. Mais les hommes n’en continuent pas moins leur train, et ils pensent qu’à la fin tout ira bien pour eux. Les hommes du monde agissent justement comme le fit Balak. Ils s’attendent à trouver la bénédiction précisément là où Dieu fait reposer la malédiction, et la malédiction où Dieu envoie la bénédiction. Un âne a autant la connaissance des voies de Dieu qu’un homme qui vit sans Lui.

Deux choses se trouvent dans l’esprit de Balaam. L’une, c’est qu’il a peur de Dieu. Le monde aussi est saisi de terreur en voyant les choses qui se produisent parmi le peuple de Dieu, tandis qu’il ne peut pas découvrir les motifs qui sont à l’œuvre, et qu’il n’a aucun pouvoir pour les contrôler. Des parents sont impuissants pour empêcher la conversion instantanée de leur enfant. Le monde ne peut contrôler l’œuvre de Dieu. Voyez de quelle manière Dieu reprend Balaam. Balaam n’a pas le temps d’aller vers Dieu (v. 20, etc.).

Dans Son cœur, Dieu est toujours pour Son peuple. Israël ignorait entièrement ce qui se passait, mais non pas Dieu. Dieu s’est chargé de la cause de Son peuple, parce qu’Il a de l’amour pour lui dans Son cœur ; c’est pourquoi, quoiqu’Il lui donne des avertissements, qu’Il le châtie, Il ne permettra pas à Satan d’avoir rien à faire avec lui. Ce qui nous est une preuve de la méchanceté de Balak, ce sont les efforts qu’il fit pour changer la parole que Dieu avait adressée à Balaam.

La même chose se présente à nous en Zacharie 3. Là, Satan cherche à faire prononcer par Dieu une sentence contre le grand sacrificateur. Que pouvait dire Joshua pour sa défense ? Mais Dieu dit : « J’ai fait passer de dessus toi ton iniquité ». Il ne dit pas : Il m’est indifférent de voir de sales vêtements ; mais Il se présente dans Son amour et dans Sa grâce envers Israël. « Je t’ai vêtu de nouveaux vêtements ». Dieu avait dit à Balaam : « Tu n’iras point avec eux, et tu ne maudiras point ce peuple ». Cela devait lui fermer la bouche. Il aurait dû dire : C’en est fait, puisque Dieu a dit non. Mais il était aussi pervers que possible.

Les enfants de Dieu sont un fléau terrible pour le monde. Dans un sens, ils lui sont une peste, s’ils marchent fidèlement. S’ils sont mis à mort, le nombre n’en est qu’augmenté ; on ne peut ni s’en débarrasser ni en rien obtenir. Le peuple de Dieu a des principes, des habitudes, et des motifs dont le monde ne peut se défaire. Balaam dit à Balak : « Quand tu me donnerais ta maison pleine d’or et d’argent, je ne pourrais point transgresser le commandement de l’Éternel » [v. 18]. Quelle piété il possédait maintenant ! Oh ! s’il avait pu, il serait allé. Mais ne pouvant faire ce qu’il voulait pour Balak, il veut du moins conserver le crédit qu’il a comme prophète de l’Éternel. Balaam parle comme s’il connaissait le secret de l’Éternel : « Je saurai ce que l’Éternel aura de plus à me dire » (v. 19). On lui a offert de l’argent, mais il parle comme étant uni à Dieu. C’est ainsi que les hommes agissent souvent ; ils se réclament du nom de Dieu, mais ils désavouent toute relation avec Dieu. Mais il ne saurait en être ainsi. C’est en rapport avec le peuple de Dieu que se présente la croix ; et se charger de la croix, voilà ce qui, pour un homme, constitue l’épreuve.

Maintenant Dieu permet à Balaam d’aller, et c’est pour lui un sujet de joie ; mais c’est Dieu qui choisit le moment où Il lui plaît de le laisser aller. Les voies de Balaam étaient aussi perverses que jamais. Dieu voulait qu’il allât, afin de bénir Son peuple au lieu de le maudire. Pour ce qui concerne Balaam lui-même, moralement, son départ était l’acte le plus mauvais possible, et cependant Dieu sait par là amener l’accomplissement de Ses desseins. Il n’est pas autre chose qu’une verge dans la main de Dieu. Il se met en route, et l’Éternel envoie Son ange pour le rencontrer. Le Seigneur tance les voies et la sagesse de l’homme en donnant à une bête brute plus d’intelligence que n’en possède l’homme, car s’il a un esprit, il s’en sert contre Dieu, ce que la brute ne peut faire. Jusqu’à un certain point, l’homme est plus aveugle que Satan, car Satan croit et tremble. Dieu peut se révéler à l’œil d’une bête aussi bien qu’à celui d’un homme, quand cela Lui convient. L’effet produit sur Balaam fut tel que, dans sa colère, il eût tué l’âne si la chose lui eût été possible (v. 29). Lorsque le Seigneur lui ouvre les yeux pour voir sa folie et son aveuglement, il reconnaît qu’il a péché et que Dieu l’a arrêté (v. 34) ; mais c’est simplement par frayeur qu’il parle ainsi, et il poursuit sa route sans voir qu’au lieu de maudire le peuple, il doit le bénir.

(v. 39) C’est aux idoles de Balak que Balaam va sacrifier. Le nom de la religion lui plaisait, mais son cœur n’était point avec Dieu, il était affectionné aux richesses et aux honneurs de ce monde. Quel tableau de l’impuissance du péché !

Ce récit peut nous faire connaître les voies de Dieu à l’égard de Son peuple. L’homme pense pouvoir frustrer le peuple de Dieu de la bénédiction qu’Il lui a préparée, et Satan cherche à rendre inutiles les plans d’amour que Dieu a conçus. Mais pendant qu’ils suivent le fil de leurs pensées et de leurs plans, Dieu permet que les hommes travaillent à l’accomplissement de Ses desseins. Nous le voyons dans la crucifixion de Christ. Les Juifs disent : « Il ne faut pas que ce soit pendant la fête » [Matt. 26, 5], etc. ; mais il fallait que Christ, notre pâque, fût crucifié [1 Cor. 5, 7] pour nous. La chose devait avoir lieu précisément au temps où la fête devait être célébrée, et cependant leur intention était tout autre. Quel repos de savoir que Dieu pense à nous et qu’Il arrange tout pour nous, quoique souvent nous oubliions de penser à Lui ! Il ne se passe pas un jour, pas un instant, où Dieu ne pense à nous, et Il est au-dessus des machinations de Satan. Il prend soin des siens. Ont-ils besoin de nourriture ? Il leur envoie de la manne. D’être conduits ? La colonne marche devant eux. Arrivent-ils au Jourdain ? L’arche s’y trouve. Ont-ils des ennemis dans le pays ? Josué est là pour les vaincre. Lorsque la chose est nécessaire, Dieu use envers eux de voies de discipline, comme Il le fit à l’égard de Jacob. Il l’humilia, mais lui donna pourtant Sa bénédiction à la fin. Quelle idée cela devrait nous donner de l’amour de Dieu, lorsque nous voyons Sa bonté s’exerçant activement pour nous tout le long du chemin ! Quel repos de savoir qu’Il est pour nous, Son amour seul étant la source et le principe de Sa faveur, qui nous est ainsi assurée ! Sa grâce et Sa justice ressortent toutes deux dans l’acte par lequel Il ôte le péché à la croix. Nous ne pouvons jamais connaître réellement Dieu, jusqu’à ce que nous sachions qu’Il est amour. Dieu a tant aimé le monde qu’Il a envoyé Son Fils [Jean 3, 16]. Le monde ne demandait pas à Dieu d’envoyer Christ, ni à Christ de venir, mais Dieu a aimé le monde et L’a envoyé. Je le répète, quel repos en considérant tous nos ennemis — nos cœurs, le monde et Satan — de savoir que Dieu est pour nous ! La foi triomphe de tout, en regardant à ce que Dieu est.

Nombres 23

Nous avons vu comment Dieu se saisit de Balaam en mettant à découvert sa méchanceté. Et une fois que Dieu l’a entre Ses mains, Il l’oblige d’avoir affaire avec Lui au sujet de Son peuple. Il est à remarquer qu’Israël ne paraît absolument pas dans cette entrevue. Il n’y a que Dieu et Balaam. Il en est toujours de même lorsque Dieu contemple Son peuple, Il ne permet pas qu’il lui soit porté atteinte, parce qu’il est sien. Si Dieu marche au milieu de Son peuple, Il se souvient de toute sa perversité (voyez Deut. 9, 24, où il est question d’Israël se rebellant à ce moment même dans les plaines de Moab). Le jugement que Dieu porte sur nous, comme saints, dans notre marche, est le même ; et les péchés que nous commettons lorsque nous sommes des saints, devraient nous affliger plus que ceux que nous avons commis comme pécheurs. Lorsque Dieu juge Son peuple quant à sa marche, Il amène tout en compte, car Il ne peut « nullement tenir le coupable pour innocent » [Ex. 34, 7]. Jamais dans les richesses de Sa grâce Il ne tolère le péché ni ne le permet, comme quelques-uns disent qu’Il le fait. Il peut le couvrir par l’expiation. Au lieu de l’imputer, Il peut le mettre de côté à la croix ; mais jamais Il ne peut le tolérer : ce serait renoncer aux exigences de Sa sainteté.

Cependant toute la question était maintenant entre Dieu et Son ennemi, et c’est au haut de la colline qu’elle se traite, le peuple n’en sachant absolument rien. Que pouvait Balaam, en présence de Dieu, contre le peuple ? Rien ; aussi après avoir vu qu’il ne pouvait rien gagner auprès de Dieu contre lui, il l’entraîne plus tard dans le péché, et alors il faut que Dieu le châtie.

Mais pour le moment, où l’ennemi a affaire avec Dieu relativement à Son peuple, ce n’est pour Dieu qu’une occasion de donner une nouvelle révélation de Sa grâce. Dieu ne pouvait pas maudire Son peuple ni défier Israël. Dieu a Ses propres pensées à l’égard de Son peuple, et quoiqu’Il ne puisse permettre en lui aucune inconséquence, il faut que Ses desseins aient leur accomplissement.

Il est pour nous de la plus haute importance de distinguer le jugement que Dieu porte sur nous, en tant que considérés dans notre position en Christ, de celui qu’Il porte sur nous, comme saints dans notre marche à travers ce monde. Notre jugement de nous-mêmes diffère toujours de celui de Dieu. Le Saint Esprit, qui nous amène à nous juger nous-mêmes, tient compte de tout le mal qui est contraire à la sainteté de Dieu. En me jugeant, je devrais être capable de voir tout ce qui est mal en moi, et prêt à dire : Ceci n’est pas de l’amour, cela n’est pas de la sainteté. Je dois juger mon cœur conformément à ce que je suis. Mais Dieu me juge selon ce qu’Il voit en Christ. Si je ne savais pas que tel est le jugement de Dieu, je n’aurais jamais le courage de me juger moi-même. Comment pourrais-je regarder au mal qui est en moi, si je savais que Dieu va me l’imputer et me condamner à cause de ce mal ?

C’est là toute la différence qui existe entre l’expérience et la foi. La foi doit se saisir du témoignage que l’Esprit Saint rend, en Hébreux 10, à ce que Dieu dit de nous : « Je ne me souviendrai plus de leurs péchés ni de leurs iniquités ».

Balaam n’a pas foi en Dieu, c’est pourquoi il va sur un lieu élevé pour voir ce que l’Éternel aura à lui dire. Peut-être le Seigneur viendra-t-Il à sa rencontre. Au chapitre suivant, nous voyons qu’il n’agit plus ainsi, mais dans celui que nous examinons il revêt un caractère très religieux. (v. 9) Il contemple le peuple étant avec Dieu sur les coteaux, et non point avec Israël dans le camp. De fait, le peuple persévérait, soit dans sa folie, soit dans sa piété (nul doute qu’il se trouvât dans son sein des Josué et des Caleb) ; mais cela n’est point pris en considération. L’intérêt que Dieu prend aux siens provient de ce qui jaillit de Son cœur. « Ce peuple habitera à part, et il ne sera point mis entre les nations ». Dieu veut l’avoir pour Lui d’une manière aussi absolue qu’Il veut qu’il soit séparé du monde. C’est ainsi que nous avons été « achetés par prix » [1 Cor. 6, 20], et qu’en conséquence nous ne sommes point à nous-mêmes. Retirés de la condamnation, du péché et de la misère, nous avons été amenés dans la bénédiction, et maintenant nous ne devons pas vivre comme ceux qui sont dans le monde. Nous avons été rachetés du monde, et il résulte de ce principe que nous n’appartenons plus du tout à nous-mêmes. C’est dans le premier Adam que nous nous sommes appartenus, mais Dieu nous a retirés de ce monde pour que nous soyons à Lui. Il conduisit Son peuple hors d’Égypte, afin qu’il devînt Son habitation (Ex. 15 à 18). Maintenant, nous sommes l’habitation de Dieu sur la terre ; mais prochainement notre demeure sera dans le ciel. Nous sommes un peuple céleste, et nous devons manifester la vie de personnes en qui Dieu habite. Satan est infatigable dans les efforts qu’il fait pour attirer sur nous la malédiction de Dieu, comme ce fut le cas dans l’histoire d’Israël. Notre affaire est de lui résister, en demeurant fermes dans la foi [1 Pier. 5, 9]. C’est devant Dieu qu’il nous accuse, et Dieu répond pour nous. La foi se saisit de la réponse de Dieu comme dans Zacharie 3. Il est de la plus grande importance pour notre paix, et aussi pour notre sainteté, que nous comprenions cela. Que pouvait dire Joshua des sales vêtements pour lesquels il était accusé ? Devait-il avoir nos sales vêtements ? Certainement non, et il n’a rien à dire ; mais Dieu répond pour lui : C’est un tison que j’ai arraché du feu, et vous voudriez l’y jeter de nouveau ! Ensuite Il « dit à ceux qui étaient debout devant lui : Ôtez de dessus lui ces vêtements sales » ; et puis Dieu parle à Joshua et lui apprend que c’est Lui qui a fait cela : « Regarde, j’ai fait passer de dessus toi ton iniquité », etc. C’est ainsi qu’Il fait connaître au pauvre pécheur la perfection de Son œuvre et l’amour de Son cœur qui a travaillé pour lui. Il ne dit pas : « je ferai passer », mais « j’ai fait passer ». (v. 19) Balaam est obligé de rendre témoignage au caractère de Dieu : « Le Dieu fort n’est point homme pour mentir, ni fils d’homme pour se repentir, etc. ». Non seulement Il est un Dieu de vérité, mais aussi Il ne change pas la vérité. Il dit : « Je ne me souviendrai plus de leurs péchés ni de leurs iniquités ». Cela proclame le caractère sans repentance des dons et de la vocation de Dieu [Rom. 11, 29]. Ce qu’Il dit est la vérité, une vérité éternelle qui se trouve maintenant dans la bouche de l’ennemi. « Je ne le révoquerai point ».

Ce qui est extrêmement nécessaire aux saints individuellement dans le désert, c’est de voir le péché qui est réellement en nous, qui y est d’une manière pratique, et de le juger parfaitement ; jamais alors nous n’aurons à être jugés pour cela. Dieu ne peut pas permettre le péché en nous. Il le met de côté, en faisant tout le contraire de le permettre ; mais c’est en ne l’imputant pas.

(v. 23) « Car il n’y a point d’enchantement contre Jacob, et en pareille saison il sera dit : Qu’est-ce que le Dieu fort a fait ? ». Si une âme contemple ce qu’elle a fait, elle demeure éloignée de Dieu ; mais si elle considère ce que Dieu a fait, elle est heureuse avec Lui. Jamais vous ne saurez prononcer un jugement sur vous-même si vous n’êtes en Sa présence. Jusqu’à ce que vous sachiez ce que Dieu dit, tout sera doute et incertitude pour vous. D’un côté vous aurez Jésus et de l’autre des espérances, la lumière d’un côté et des nuages de l’autre. C’est en connaissant notre position dans le second Adam, en tant que ressuscités devant Dieu, que nous avons paix, joie et confiance.

Nombres 24

La tentative de l’ennemi n’eut pas simplement pour résultat que Dieu réitéra la même bénédiction, mais elle fut pour Lui une occasion de donner l’essor à Son activité, à l’effet de déployer toutes les richesses de Ses bénédictions. Il poursuit la réalisation de Ses desseins conformément à Sa volonté et à Ses pensées.

Nous avons vu : 1° comment Dieu réclama Israël comme Son peuple ; et 2° comment Il le justifia complètement : Je n’ai point aperçu d’iniquité en Jacob, ni de perversité en Israël.

Dieu fit face à Balaam, et celui-ci reconnut qu’il n’était pas possible de réussir contre Dieu. Alors, au lieu d’aller « comme les autres fois au-devant des enchantements, il tourne son visage vers le désert ».

(v. 2) « Et élevant les yeux, il vit Israël qui se tenait rangé selon ses tribus », etc. Ce que nous avons ici sous les yeux, ce n’est pas le tableau des saints dans la gloire, car Israël n’est pas envisagé dans ce passage comme étant en possession de la bénédiction finale que Dieu lui a promise dans le pays ; mais c’est Israël dans le désert qui nous est présenté. C’est ainsi que, par le moyen de Balaam, nous est donnée la connaissance des pensées de Dieu à l’égard de Son peuple ici-bas, versets 3-5. Dès que je regarde à ce qui est né de Dieu, je trouve un ordre de choses tout nouveau. Nous ne sommes pas dans la chair, mais dans l’Esprit [Rom. 8, 9]. Le chrétien est justifié en Christ, et de plus il est né de l’Esprit. Balaam regarde le peuple avec l’œil de Dieu. L’Esprit de Dieu remplit son esprit, et il voit quelles sont les pensées de Dieu quant à Son peuple. La foi nous rend capables de regarder avec les yeux de Dieu, au lieu de voir avec les nôtres : « Que tes tabernacles sont beaux », etc. « Quiconque est né de Dieu, ne pratique pas le péché » — « et il ne peut pécher parce qu’il est né de Dieu » [1 Jean 3, 9] — « Il ne peut », etc. « Il » (l’homme tout entier) est de Dieu.

Balaam « vit Israël qui se tenait rangé selon ses tribus ». C’était le désert. Il ne s’agit pas maintenant de la justification du peuple, mais de sa beauté et de sa perfection aux yeux de Dieu, comme étant conduit par l’Esprit. Il n’est pas seulement accepté judiciairement, mais il marche dans l’Esprit. Il est dit d’Abel, qu’« il a reçu le témoignage d’être juste, Dieu rendant témoignage à ses dons » [Héb. 11, 4], etc. Sa personne fut d’abord acceptée, puis ses dons furent agréables à Dieu. Ainsi pour Énoch, il ne fut pas seulement justifié, mais il goûta de plus la joie de la faveur positive de Dieu. « Avant d’être enlevé, il avait reçu le témoignage d’avoir été agréable à Dieu » [Héb. 11, 5]. Il marchait pour ainsi dire dans la jouissance du sourire du Père.

(v. 5) « Que tes tabernacles sont beaux », etc. Ceci nous dépeint ce qu’est maintenant l’Église de Dieu par l’Esprit (Éph. 2, 22). C’est une position plus élevée que celle où l’homme était placé dans le paradis. Il n’y avait point d’habitation, ou de tabernacle, pour Dieu. Prochainement, son tabernacle sera au milieu des hommes, mais maintenant notre place comme Église se trouve pour ainsi dire dans le paradis de Dieu. Nous sommes « édifiés ensemble, pour être un tabernacle de Dieu par l’Esprit » [Éph. 2, 22]. Si l’Église est divisée et dispersée, elle est pourtant gardée dans la main de Dieu. Le loup étant venu « disperse les brebis » [Jean 10, 12], mais il est dit aussi : « Personne ne les ravira de ma main » [Jean 10, 28].

Nous sommes l’habitation de Dieu, et cela est autre chose que d’être simplement régénéré. Le fait de la régénération ne révèle rien à notre âme, mais Dieu nous révèle beaucoup de choses par Son Esprit qui habite en nous.

La manifestation de la beauté de la vie spirituelle dans un individu ou dans l’Église est tout autre chose, et dépend évidemment de la fidélité de la marche ; mais la conservation en nous de la vie spirituelle est exclusivement l’affaire de Dieu et ne peut jamais faire défaut.

« Ils sont étendus comme des torrents ». C’est là la puissance rafraîchissante de l’évangile. « Que tes tabernacles sont beaux ». Ils se rendaient agréables à tout le peuple ; le secret de la beauté de cet aspect, c’est qu’ils étaient arrosés par les fleuves de Dieu — « comme des jardins auprès d’un fleuve ».

Quelle que soit l’incrédulité du monde en général, il est impossible que Christ ne soit pas la réponse aux besoins de la foi. Souvent même, et c’est une chose bien humiliante, la foi brille d’un plus vif éclat lorsque l’incrédulité générale est la plus profonde. Ce fut le cas de Paul : Il persévérait, malgré toutes les difficultés, lorsque « tous cherchaient leur intérêt particulier, et non pas ce qui est de Jésus Christ » [Phil. 2, 21]. La foi ne regarde pas seulement à la bénédiction qui est par-devers Dieu, mais aussi à la bénédiction, là où Il l’a donnée — chez Son peuple. Le peuple est identifié avec Dieu en haut ; il est donc béni, et Dieu ne peut pas permettre de péché en lui.

La foi découvre le lieu où est la bénédiction, et elle s’y abreuve « comme des arbres d’aloès que l’Éternel a plantés » etc. ; et ils deviennent une source de bénédiction pour d’autres lorsqu’ils sont ainsi abreuvés : « L’eau distillera de ses seaux ». L’épouse elle-même dit à son Seigneur : « Viens ». Et à tous ceux qui ont soif, « qu’ils prennent gratuitement de l’eau de la vie » [Apoc. 22, 17].

Je ne possède pas encore Christ, mais je possède l’eau de la vie, et en conséquence je puis dire : Venez et buvez. Nous ne sommes pas encore dans la gloire, et nous ne faisons pas partie du monde ; mais nous avons l’Esprit, et « celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre » [Jean 7, 38].

Ayant Christ, nous avons la sève de l’arbre de vie, et il ne peut y avoir de limites quant aux résultats ; « sa semence sera parmi de grandes eaux », ce qui indique l’étendue de la bénédiction.

À côté de cela, il y a aussi la force. « Son roi sera élevé par-dessus Agag, et son royaume sera haut élevé ». Israël aura un roi en Sion, mais nous sommes en plus intime relation avec l’Époux, puisque nous sommes son Épouse. Nous serons prochainement manifestés dans le royaume. Observez la différence entre ces paroles : « Que tes tabernacles sont beaux », etc. ; et ensuite celles-ci : Ton « roi sera », etc. Le peuple n’avait pas encore de roi. Sa bénédiction visible en puissance n’avait pas encore paru. Son élévation dans le pays était encore une chose à venir.

Quant à nous, notre espérance ne consiste pas dans l’attente du royaume. En un sens, nous sommes déjà maintenant dans le royaume. C’est pour nous le temps « du règne et de la patience » [Apoc. 1, 9], car Christ est rejeté et Il s’en est allé. Nous sommes maintenant appelés à partager Sa réjection, et plus tard Sa gloire. « Nous régnerons avec lui » [2 Tim. 2, 12]. Il est roi, et nous sommes rois. Il est sacrificateur, et nous sommes sacrificateurs. Si nous souffrons avec Lui, nous serons aussi glorifiés avec Lui [Rom. 8, 17]. Il est notre tête, et en toutes choses Il doit avoir la prééminence [Col. 1, 18]. La puissance est liée avec ceux qui ont le royaume. Non seulement la bénédiction est sûre, mais c’est au peuple de Dieu qu’elle se rattache.