On trouvera, dans cette épître, de riches et profonds secrets du plus divin caractère.
Dès l’ouverture, le Seigneur est appelé « la Parole de vie », parce qu’Il est la manifestation de la vie. Il nous a montré la vie. Dans Sa personne, Jean l’a entendue, l’a contemplée, l’a touchée.
Elle nous a été aussi communiquée. Il nous a été donné par la puissance du Saint Esprit de la recevoir de sa source.
Dans sa nature ou son essence, elle ne peut faillir ; elle est indestructible, parfaitement au-delà des atteintes de l’aiguillon de la mort. Elle est appelée ici « cette vie éternelle ». Bien différente de celle dont était animé Adam, « l’âme vivante » [Gen. 2, 7] qui devait être mise à l’épreuve et qui fut perdue dans la bataille, comme nous le savons, cette vie de Celui qui est « l’Esprit vivifiant » [1 Cor. 15, 45] est invulnérable, et s’est montrée telle par la résurrection ; car la résurrection est la vie en victoireJe confesse profondément et pleinement la vérité de l’humanité de Christ. Il était « la semence de la femme » [Gen. 3, 15]. Il a participé à la chair et au sang avec les enfants [Héb. 2, 14]. Dieu et homme, dans une seule personne : tout dépend de cela..
Mais il y a plus. Cette vie, si je puis exprimer ainsi mes pensées, se revêt de relation. Elle se met en relation. Et que serait la vie sans cela, même la vie humaine ? Si nous ne devions vivre simplement que dans l’individualité, la vie ne serait rien que l’existence. Mais nous participons à une vie commune et nous sommes en relation les uns avec les autres. Il en est de même de cette vie éternelle ; elle était, comme nous le lisons ici, « avec le Père », et comme nous le lisons encore, elle nous introduit dans la « communion ». — « Notre communion est avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ » [1, 3]. Elle nous introduit en qualité d’enfants, nous plaçant ainsi dans la relation la plus étroite avec Dieu, etc. Et c’est là la plénitude de notre joie, comme nous le voyons encore ici : « Nous vous écrivons ces choses, afin que votre joie soit accomplie » [1, 4].
Il se peut que nous soyons faibles et maladifs ; il se peut que le travail de l’incrédulité, la force de la vanité et de la convoitise, les dards enflammés de l’ennemi, causent à notre âme diverses indispositions ; mais la condition réelle ou l’attribut propre de cette vie, par laquelle nous sommes introduits dans la relation et la communion d’enfants, n’est rien moins que plénitude de joie.
Et davantage encore. Cette vie à ses qualités morales, aussi bien que sa nature ou essence, et ses relations. Elle est inaccessible à la souillure, aussi bien qu’éternelle. Sa possession constitue notre restauration morale. « Le Fils de Dieu a été manifesté, afin qu’il ôtât nos péchés, et il n’y a point de péché en lui » [3, 5]. C’est ici le message qu’Il nous apporte, Lui qui est la vie. « Dieu est lumière, et il n’y a en lui nulles ténèbres » [1, 5]. Ce message est la contradiction directe de la parole que Satan, le menteur, glissa dans l’oreille d’Ève. Il dit à Ève que, quant à Dieu, il n’y avait pas de lumière en Lui, ni vérité, ni amour. Le Fils, la vie, nous déclare qu’il n’y a en Dieu rien que lumière ; et que, pour avoir communion avec Lui, il nous faut marcher nous-mêmes dans la lumière. Et cela est notre guérison morale — imparfaite encore, il est vrai — car « si nous disons que nous n’avons point de péché, nous nous séduisons nous-mêmes » [1, 8] ; mais le Fils, qui possède cette vie pour nous, ce secret du rétablissement moral, possède aussi le remède nécessaire à ce défaut de perfection, et nous devons en user. Il nous faut confesser nos péchés, et Dieu est fidèle au Fils, notre Sauveur — juste envers cette œuvre par laquelle Il a accompli la réconciliation — pour nous pardonner nos péchés,
Et quoiqu’il soit certainement vrai que cette restauration morale n’est pas parfaite maintenant, quant à son efficace libre et sans entrave dans l’âme, et que nous ayons encore des péchés à confesser, elle n’en est pas moins complète dans l’ordre ou la sphère de son influence. Elle ne nous guérit pas seulement à l’égard de Dieu, mais elle nous guérit aussi entre nous, les uns à l’égard des autres. Elle nous ramène dans la lumière et nous fait nous aimer les uns les autres. Son efficace morale amène un résultat qui contraste à la fois avec l’état d’Adam et avec celui de Caïn. Adam, en Genèse 3, représente la nature ruinée dans sa relation avec Dieu qui l’oblige de se tenir à distance et dans les ténèbres ; Caïn, en Genèse 4, est le symbole de notre même nature ruinée en rapport avec nos semblables. Mais à présent, par la vertu de cette vie, nous marchons dans la lumière, et nous nous aimons l’un l’autre.
Tout cela nous est dit dans la première partie de cette épître ; et c’est un grand et précieux discours. La vie, dans son éternelle et inaltérable essence, la connaissance et la jouissance de la relation dans laquelle elle entre avec nous, et ses diverses vertus morales pour notre restauration, tel en est le sujet.
Puis aussi, l’apôtre s’adresse séparément aux pères, aux jeunes gens et aux jeunes enfants, et s’adresse à eux en rapport aussi avec cette vie, ou avec Celui qui la possède en Lui-même pour nous.
Les pères font de Christ leur objet. Ils Le regardent, pour ainsi dire, Le contemplent, L’apprennent et Le comprennent.
Les jeunes gens font de Lui, et de la vie qu’ils ont reçue de Lui, leur force, l’employant dans le combat avec le monde, cette scène qu’animent et remplissent « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie » [2, 16].
Les jeunes enfants font de Christ, de cette vie, leur joie, connaissant par Lui le Père ; Le connaissant pour eux-mêmes, dans la liberté et le bonheur de l’esprit d’adoption.
Sûrement, cela révèle une puissance morale magnifique, variée, agissant dans l’âme en raison de cette vie. Et, comme se rattachant à la condition des « jeunes enfants », Jean introduit ici un avertissement contre cette forme du mensonge, ou cet antichrist qui nie « le Père et le Fils » [2, 22] ; car la position ou l’état des « jeunes enfants » dépend tout à fait de ce mystère. Ils sont dans l’état d’adoption ; ils connaissent le Père ; ils ont la joie de cet état, comme je l’ai dit. Mais cela leur est enlevé par ce mensonge, ou antichrist, qui nie le Père et le Fils. La relation est alors perdue pour nous, l’âme en est dépouillée. Au commencement, un autre mensonge dépouilla Adam de son innocence ; ce mensonge-ci dérobe leur joie aux jeunes enfants. Que c’est à bon droit, par conséquent, qu’ils sont mis en garde contre lui !
Il est dit à quelqu’un dans un autre passage : « Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne » [Apoc. 3, 11]. Et ici Jean voudrait, dans le même esprit, exhorter les jeunes enfants à tenir ferme ce qu’ils ont, de manière qu’aucun mensonge ne leur ravisse leur joie.
Cette épître nous reporte par les pensées et les souvenirs qu’elle réveille en nous aux premiers chapitres de la Genèse. Et certainement, comme ce livre, Jean s’attache surtout à ce qui est personnel et individuel, et en général ne s’occupe pas des vérités qui n’appartiennent qu’aux dispensations.
La Genèse s’ouvre par la création, et cette épître, comme l’évangile du même auteur, par Celui qui était avant la création. Dans le système de la création, l’homme, et toutes choses avec lui, ou sous lui, se trouvaient dans la vie, dans l’ordre, et dans un caractère de beauté. La mort était alors la chose étrangère, et en conséquence elle était la chose dont on était menacé. La révélation ou la proclamation qui fut faite au milieu de toute cette scène de vie, d’ordre et de beauté, était relative à la mort.
Dans ce présent siècle mauvais, la mort, gage du péché [Rom. 6, 23], est manifestée. La terre est devenue le tombeau de ses habitants : le péché y règne par la mort. En conséquence, c’est la vie qui se trouve la chose étrangère et que l’on proclame. Cette épître nous parle ainsi, en effet. La vie doit être reçue par nous, morts comme nous sommes dans nos fautes et dans nos péchés [Éph. 2, 1] ; de même que la mort, de l’autre côté, avait été encourue par Adam dans son état de vie et de perfection. Nous sommes maintenant appelés à écouter les paroles de vérité du Fils du Père, comme Adam écouta et reçu le mensonge du serpent. Nous avons à faire nous-mêmes, personnellement et directement, connaissance avec la « Parole de vie », comme Ève fit personnellement et intimement connaissance avec l’arbre de mort, lorsqu’elle en prit et en mangea (voir Gen. 3, 6). Cette acceptation de l’arbre de la connaissance du bien et du mal mit Adam en communion avec la mort dans tous ses douloureux et dégradants résultats. Il perdit le jardin, Ève et Dieu ; il perdit tout : il se perdit lui-même. Sa conscience troublée, le tablier de feuilles de figuier, l’abri des arbres sous lesquels il cherche à se cacher, l’épée des chérubins, tout nous dit la ruine de sa condition. L’acceptation de « la Parole de vie » fait tout recouvrer, quelque perdu que ce pût être et que ce fut perdu en effet, et tout recouvrer avec des avantages qui dépassent tout ce qu’on pourrait dire. Nous retrouvons Dieu dans la relation de Père ; nous nous retrouvons nous-mêmes en plénitude de joie ; nous nous retrouvons les uns les autres comme frères ; nous retrouvons l’héritage comme en gloire. Tout est désormais à nous dans un caractère d’incorruptibilité, de victoire, de permanence, à jamais hors de toute atteinte. Nous avons pour nourriture la viande tirée de celui qui dévorait et la douceur recueillie du fort [Jug. 14, 14].
Voilà ce qui en est de nous en Christ. Et c’est ainsi que, comme je l’ai déjà fait entendre, cette épître nous garde, dans la compagnie, l’esprit et les souvenirs des premiers chapitres de la Genèse. Elle ne fait que clore le volume ; mais, sous le rapport moral, elle se lie avec son commencement.
* * *
Il y a cependant d’autres pensées que la lecture de cette épître fait naître dans l’âme et que je désire communiquer aussi ; des pensées qui naturellement ne contredisent en rien celles que j’ai suggérées plus haut, et ne les heurtent absolument en rien, pas même dans la plus petite mesure, mais qui sont pourtant d’une nature différente.
On peut dire que cette épître fait voir que l’efficace de la communion laisse sur l’âme l’impression de l’objet de la communion duquel il lui a été donné de jouir.
En conséquence, on y trouve à plusieurs reprises les trois pensées que voici : manifestation d’un objet, communion avec lui, impression qu’il laisse sur l’âme. En d’autres termes, le Seigneur est manifesté sous une forme ou dans un caractère quelconque ; le croyant a communion avec Lui, en tant que manifesté de cette manière ; une impression d’une nature semblable est laissée par là sur l’âme du croyant.
Cela est tout simple.
L’épître débute en déclarant cette manifestation qui est interprétée comme plaçant l’âme en communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ ; et il est ensuite déclaré, de plus, que le résultat de cela sur l’âme, l’impression produite par cette communion, est plénitude de joie (1, 1-4).
C’est là un exemple de ce que je considère, ainsi que je l’ai déjà insinué, comme un grand trait caractéristique de toute l’épître. Nous y trouvons notre objet manifesté, une certaine communion avec cet objet, et ensuite une impression correspondante produite.
Ainsi encore, l’objet manifesté est déclaré être lumière ; et, en conséquence, l’apôtre nie en même temps qu’il puisse y avoir quelque communion avec cet objet, si nous marchons encore dans « les ténèbres » (1, 5-6).
Ensuite, il est dit, en parfaite harmonie avec ce que j’ai suggéré, que « celui qui dit qu’il demeure en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché » [2, 6]. Et par suite, comme l’amour a resplendi dans la marche de Christ ou dans ce qu’Il a fait pour nous, si nous professons d’avoir communion avec Lui ou de demeurer en Lui qui est lumière, et que néanmoins nous nous haïssions l’un l’autre, nous nous séduisons nous-mêmes, et nous sommes encore dans les ténèbres (2, 7-9).
Parlant d’une autre qualité, ou vertu, de cet objet qui a été manifesté, l’épître déclare qu’« il n’y a point de péché en lui ». Et c’est pourquoi il est de nouveau nié tout de suite que nous L’ayons jamais vu ou connu, si nous pratiquons le péché (3, 5-6).
Ce passage reconnaît aussi le principe que l’objet manifesté, si l’âme a communion avec Lui, laissera derrière lui sa ressemblance.
Voyez-en encore un second exemple, quant à l’amour. Il est perçu, ou manifesté, dans le fait que Jésus donne Sa vie pour nous. Si nous nous fermons les entrailles les uns aux autres, cet amour ne demeure point en nous : nous n’avons pas eu communion avec Lui (3, 16, 17 ; 4, 9-11).
Et, de plus, c’est un amour parfait qui a été manifesté ; par conséquent, le fait que nous avons communion avec Lui, que nous l’avons saisi avec foi, que nous en avons l’intelligence, produira une pleine assurance dans l’âme et bannira toute crainte (4, 17-19).
Certainement, ce n’est pas trop dire que de dire après tout cela que cette épître bénie nous présente diverses manifestations de Dieu, en Christ, « la Parole de vie », et que des manifestations semblables laissent leur impression sur les âmes qui ont communion avec elles.
Et cette efficace que possède la communion avec des manifestations pour laisser des impressions sur l’âme, l’épître nous la fait contempler, par occasion, dans deux cas intéressants :
1° Nous devons être semblables à Jésus dans la gloire, lorsqu’Il sera manifesté en gloire, parce que nous Le verrons dans cette gloire (3, 2).
2° Nous sommes des menteurs, si nous disons que nous aimons Dieu, pendant que nous haïssons notre frère. Il ne saurait en être ainsi. Nous avons vu notre frère ; nous n’avons pas vu Dieu. C’est pourquoi, d’après le principe de l’épître, d’après le principe que la communion avec des choses manifestées laisse des impressions derrière elle, nous ne pouvons aimer Dieu, que nous n’avons pas vu, si nous n’aimons pas notre frère que nous avons vu (4, 20, 21).
Ces passages affirment le principe général d’une manière frappante.
Mais il ressort de tout cela une véritable bénédiction. En effet, d’après l’enseignement de l’apôtre, c’est dans la connaissance réelle, vitale, personnelle, de notre bien-aimé Sauveur que nous sommes introduits. Or, en supposant que les impressions dont l’épître nous parle ne sont produites dans l’âme que d’une manière bien faible et bien partielle (et sûrement nous savons trop bien que tel est le cas), nous savons aussitôt à quoi attribuer le mal : il tient à l’imperfection de notre communion avec l’objet, et nullement à l’objet lui-même ou à sa manifestation. Et cette découverte est notre bénédiction. Car Dieu est fidèle pour nous : c’est nous qui nous manquons à nous-mêmes. Les manifestations que Dieu nous fait de Lui devraient produire, ainsi que cette épître nous le déclare, la joie, la lumière, l’amour, la sainteté, l’assurance du cœur. Si donc nous trouvons que ce n’est que dans une faible mesure que tous ces fruits précieux sont mûris dans nos âmes, nous l’imputons à la pauvreté de notre communion avec notre objet, et non à la manifestation que le Seigneur a faite de Lui-même. Cette manifestation est telle qu’elle assurerait toutes ces vertus en nous dans une mesure parfaite ; mais nous découvrons que ce n’est pas en Lui que nous sommes à l’étroit, mais bien dans nos propres entrailles. Et certainement cette découverte est précieuse. La réflexion de la lumière en nous est faible, mais la lumière qui l’a produite est une lumière sans nuage.
Cependant, le moyen de rendre ces impressions plus profondes est encore de s’occuper de la manifestation, non pas tant pour revenir avec inquiétude sur la honte et la douleur que nous fait éprouver la faiblesse de ces impressions devant la conscience, que pour revenir, pour ainsi dire, fréquemment à l’objet qui les produit. Et il semble que l’Esprit dans l’apôtre partage cette manière de voir, quand Il dit : « Je vous ai écrit ces choses, à vous qui croyez au nom du Fils de Dieu, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, et afin que vous croyiez au nom du Fils de Dieu » (v. 13). Que le Fils de Dieu soit toujours l’objet de votre foi !
* * *
Je voudrais dire encore quelque chose sur cette épître :
Au chapitre 5, versets 18 à 21, l’apôtre nous signale trois résultats, et clôt ensuite sa lettre. Nous lisons trois fois dans ces versets les mots : « Nous savons », servant d’introduction à trois vérités distinctes, quoique liées entre elles, et dont chacune est importante, solennelle et précieuse.
Premièrement, quiconque est né de Dieu ne pèche pas, mais il se conserve lui-même, et le méchant ne le touche pas [5, 18].
Une doctrine semblable a été considérée dans quelques parties précédentes de l’épître. Nous y avons vu que le Fils de Dieu a été manifesté, afin d’ôter notre péché et de n’avoir point de péché en Lui (chap. 3, 5). De telles paroles nous enseignent que la vie qui nous est communiquée par le Fils est une vie pure, une vie selon Dieu en justice et en sainteté. Il en est Lui-même la source, sans aucune atteinte, aucune tache de péché, et ce qui découle de Lui en nous est de la même qualité. La même fontaine ne peut donner à la fois de l’eau salée et de l’eau douce [Jacq. 3, 11]. La nature qui pèche, qui porte le péché comme son fruit, ne saurait avoir communion avec Christ : quelle communion la lumière a-t-elle avec les ténèbres ? [2 Cor. 6, 14] Le méchant, source de la nature impure, ne peut pas non plus toucher ce qui est né de Dieu, ou dérivé du Fils, comme ce passage nous l’explique ; il ne peut s’introduire pour le souiller, ainsi qu’il souilla Adam.
Cela est extrêmement précieux, et implique une condition autrement glorieuse que celle d’Adam. Tous les biens, toutes les possessions d’Adam, étaient exposés aux attaques du « méchant ». Le serpent n’était point un intrus dans le jardin d’Éden ; il avait le droit de s’y trouver : de sorte qu’Adam pouvait être tenté. Mais il n’en est pas de même de nous. Nous possédons une vie et sommes héritiers d’un héritage qui ne sont point ainsi exposés. Tant notre vie que notre héritage, toute notre condition en Christ et par Christ, proviennent de Christ victorieux du méchant. On ne voit pas le serpent dans la cité, comme on le voit dans le jardin (Apoc. 21 ; Gen. 3). L’arbre de vie s’y trouve, mais non pas l’arbre de la connaissance du bien et du mal.
Secondement, nous sommes de Dieu, et le monde entier gît dans le méchant [5, 19].
Cette doctrine a été aussi traitée auparavant dans l’épître. Nous y avons vu que tout ce qui était dans le monde était du monde, et que c’était l’ennemi de Dieu qui animait le monde, comme l’énergie qui habitait en lui (chap. 2, 16 ; 4, 4). Il y a donc deux scènes d’action distinctes, et deux principes d’action distincts. Il y a Dieu dans les saints, et il y a le méchant dans le monde. Les saints sont de Dieu, tout le reste est du monde. Les uns possèdent les facultés renouvelées du troupeau de Dieu pour entendre la voix du Berger ; tous les autres n’ont de goût et d’intelligence que pour les intérêts et les plaisirs d’un système que leurs cœurs et leurs mains, corrompus et possédés par Satan, ont façonné et entretiennent chaque jour (4, 1-6).
Combien est solennel le caractère de ce langage ! Il nous enseigne que parmi les hommes il n’y a rien qui appartienne à Dieu, à moins que d’être retiré du monde par Christ. Le monde peut avoir ses variétés et ses mesures différentes ; mais il est tout entier dans le méchant. Il n’est que ténèbres et inimitié variées. Point de délivrance, point de translation dans la lumière, point de retour à Dieu, si ce n’est par la vie de Jésus, cette vie manifestée dont nous parle notre épître.
En troisième lieu, le Fils de Dieu est venu nous donner de l’intelligence pour connaître le véritable, et nous sommes dans le véritable, savoir : dans Son Fils Jésus Christ, et nous avons le vrai Dieu, et, en Lui et avec Lui, la vie éternelle [5, 20].
Voici encore une doctrine d’un prix merveilleux. Le monde n’a point trouvé Dieu par la sagesse. Toute sa science l’a laissé dans l’ignorance de Dieu, témoin l’autel d’Athènes [Act. 17, 23]. Mais maintenant Dieu s’est révélé, et cette révélation se trouve en Jésus. La gloire de Dieu brille dans la face de Jésus Christ [2 Cor. 4, 6]. Cette épître nous avait déjà enseigné que la vie éternelle, qui était avec le Père, avait été manifestée. Les apôtres l’avaient vue, l’avaient entendue et l’avaient touchée. De sorte que la connaissance de Dieu nous était désormais assurée. Nous avons reçu de l’intelligence pour Le connaître, et nous trouvons que cette connaissance est la vie éternelle — ainsi que cette épître avait dit déjà : « Celui qui a le Fils a la vie » [5, 12], et avait montré les fruits divins que portait la connaissance de ce Dieu révélé, ou la communion avec Lui.
Toutes les pensées que nous pouvons avoir, toutes les conjectures que nous pouvons former de nous-mêmes relativement à Dieu, ne peuvent que faire des idoles ou de fausses divinités. Nous ne pouvons connaître Dieu que dans cette manifestation de Lui-même que nous obtenons et que nous avons en Jésus, et nous devons traiter comme idolâtres toutes les autres pensées que nous pourrions nous faire ou qu’on voudrait nous donner de Lui. Celui-là seul est « le vrai Dieu », et il faut nous garder de tout le reste comme d’« idoles ».
Nous avons donc ici trois distinctes et importantes propositions. Ce sont des conclusions solennelles, importantes et bénies. Les saints possèdent la connaissance de Dieu et la vie dans cette connaissance, et par là ils sont séparés d’un monde que le méchant reconnaît et anime, et sont en possession de ce que ce même méchant ne saurait jamais toucher.
Le tout se termine par cet avertissement auquel il a été déjà fait allusion : « Petits enfants, gardez-vous des idoles » [5, 21]. Maintenant que le vrai Dieu est révélé, ne laissons pas s’élever dans notre cœur, dans l’esprit d’indépendance, aucune pensée, aucun raisonnement au sujet de Dieu, aucune déduction de notre propre sagesse ou de notre théologie. Tout cela aboutit à l’idolâtrie, idolâtrie raffinée peut-être, spéculative et philosophique, mais toujours idolâtrie. Les notions de l’homme sur Dieu ne sauraient être que de fausses notions, car nous ne pouvons Le connaître par la sagesse. Il a plu à Dieu de se manifester, et il faut que nous ayons communion avec cette manifestation, et que par sa lumière nous marchions séparés de toutes les idoles ; estimant toujours comme notre bénédiction de ne pas être laissés à nos conjectures au sujet de Dieu, mais d’être appelés à Le connaître, à la lumière de la révélation qu’Il a donnée de Lui-même, et dans cette connaissance trouver notre vie assurée pour l’éternité.