La grâce de la gloire de Dieu

[Écho du témoignage 1863 p. 581-584]

Nous voyons, par toute l’Écriture, que le grand but qui y est poursuivi est de rattacher l’âme à Dieu personnellement. Après la chute, c’est la voix de l’Éternel Dieu se promenant dans le jardin qui s’adressa à Adam, et c’est de la présence de l’Éternel Dieu qu’Adam se cacha — et ainsi de suite ; — je n’ai pas besoin de dire dans combien d’exemples est présentée la connexion personnelle de l’âme avec Dieu jusqu’à ce que nous atteignons son point culminant dans l’évangile de la gloire, confié à Paul : « la lumière de la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ ». C’est ici seulement que l’âme est véritablement dans le culte. Il y a d’autres vérités et d’autres parties du témoignage pour Dieu : la vérité dispensationnelle, les principes, etc., toutes choses fort importantes à leur place, et précieuses aussi loin qu’elles vont ; mais celle-ci seule fournit toute la carrière, pour ainsi dire, et touche au but.

Je puis éclaircir ce que je veux dire quant à ces deux ordres de vérités et de témoignages, par l’exemple du fils prodigue dans la maison du père. Pour qu’il ne sentît pas ce qu’il y avait dans son état de peu approprié à la maison, le père appela les serviteurs et leur ordonna de le revêtir d’habits qui fissent connaître sa haute position et lui en donnassent l’assurance : œuvre très heureuse et très intéressante pour les serviteurs, et d’un ordre qui en occupe un bon nombre parmi nous aujourd’hui ; mais toute intéressante qu’elle est, elle ne va pas jusqu’au bout du dessein du père. Si le prodigue eût été seulement revêtu et enrichi d’ornements, et n’eût pas été ensuite conduit dans la maison de son père, tant le fils que le père eussent été privés du grand but et de la grande jouissance de leur réconciliation.

Pareillement, en Josué 5, je trouve tous les préparatifs en vue de la possession du pays ; et un serviteur habile pourrait m’instruire avec ardeur et d’une manière profonde dans chacun des détails, depuis la circoncision jusqu’au blé du pays ; mais je perdrais la puissance réelle et le droit conscient de l’entrée, si je n’avais pas vu le chef de l’armée de l’Éternel, et connu, comme un adorateur qui a délié son soulier de ses pieds, que c’est avec Lui que je prends possession. En 2 Corinthiens 4, 6, l’apôtre a fait voir comment la réception de l’évangile nous rattache à Christ dans la gloire, comme il l’avait ainsi rattaché lui-même au commencement lorsque cet évangile lui fut enseigné, et qu’il lui fut ordonné d’être ministre et témoin des choses qu’il avait vues. Or, c’était un Christ glorifié qu’il avait vu ; par conséquent, si quelqu’un ne voit pas cette lumière qui est le ministère de la justice, ce n’est pas le salut simplement qu’il rejette — mais « la lumière de la connaissance de la gloire de Dieu dans la face (ou la personne) de Jésus Christ ».

J’ai souvent senti que, dans la prédication ou l’enseignement, la personne et la présence du Seigneur n’étaient pas le souverain bien placé devant l’âme. Pour quelques-uns (les évangéliques), la prédication de l’évangile consiste dans l’invitation aux pécheurs à présenter Christ à Dieu comme une expiation parfaitement suffisante pour tous leurs péchés ; d’autres, plus éclairés, proclament l’amour de Dieu manifesté en Son Fils qui donne la vie éternelle à tout croyant. Mais les uns et les autres manquent de présenter Dieu établissant la justice dans Son propre Fils, et par Lui, et dans Sa vie, et conduisant le prodigue croyant dans Sa propre maison, dans une étroite intimité avec Lui-même pour toujours, à la pleine et perpétuelle joie de l’un et de l’autre. Quoique les deux paraboles qui précèdent celle du fils prodigue insistent largement sur le gain du pécheur, elles n’entrent en aucune manière dans la satisfaction de DieuSon gain, dans Sa joie pouvons-nous dire. Nous comprenons peu l’évangile de la gloire de Christ révélé à Saul de Tarse, qui, dès lors, devient le témoin des choses qu’il avait vues. La gloire de Dieu devint le point de départ du pécheur ; comme elle fut aussi le but pour le prix de la haute vocation de Dieu dans le Christ Jésus. Sous la loi, il y avait des sacrifices qui, cependant, ne sauvaient jamais les transgresseurs de la loi des pénalités légales. L’évangile prêché même de nos jours, est davantage la présentation du sacrifice proclamé, je l’admets, comme parfaitement suffisant et faisant parfaite satisfaction, et les pécheurs sont invités à s’en approcher ; mais ce n’est point là présenter à la foi le salut de Dieu, à cause que le sacrifice est rempli pour Lui d’une satisfaction infinie ; Sa satisfaction étant le principal, le grand sujet présenté à la foi. La réception du fils prodigue, quelque grand que fut son rétablissement, ne tire pas sa principale importance de la plénitude de sa sûreté et de la grandeur de sa délivrance, mais de l’accueil si empressé, si tendre du père, et de son heureuse intimité avec lui.

Nous avons besoin d’un évangile qui nous associe avec la présence de Dieu dans Sa joie, et nous avons besoin d’être élevés dans Sa Parole de manière à être associés avec notre Seigneur personnellement comme la copie vivante de la pensée de Dieu.