Je désire dire quelques mots sur le contraste remarquable qui nous est présenté dans ce passage entre Adam et Christ. Christ est appelé « le second homme » et « le dernier Adam ». Je crois qu’il y a un volume de vérité dans chacune de ces désignations, et même de vérité dont on a bien besoin dans les temps où nous vivons. Quelle sentence, en effet, sur tout ce qui est de l’homme ! Mais aussi, quelle riche consolation dans un tel Christ ! Et certes, tout est nécessaire, lorsque les hommes mettent en avant toutes leurs forces avec un surcroît d’orgueil et de confiance en soi-même, lorsqu’il semble, dans les limites du moins des espérances et de l’attente de l’homme, qu’il n’y a rien qui ne tombe dans le domaine de sa puissance. « Le second homme » écrit mort et condamnation sur tout ce qui est dans l’homme ou qui vient de lui — moralement. Devant Dieu, et par conséquent pour les yeux de la foi, l’humanité se résume en Adam. Et quelles que soient les prétentions des hommes, quelque sujet de se glorifier que le monde ait trouvé dans tel ou tel homme né depuis, le Saint Esprit les renferme tous dans celui qui tomba, qui pécha, et qui introduisit avec le péché, la honte, la misère et la mort. Car le jugement de Dieu fut rendu nécessaire par le péché, quoique nous puissions dire avec assurance que c’était une chose très pénible pour Dieu Lui-même. Car Dieu, dans Sa propre nature, n’est pas un juge : c’est là ce que le péché L’a moralement contraint d’être. « Dieu est amour » [1 Jean 4, 8]. Aucune circonstance ne L’a rendu tel. Il est amour indépendamment de toute chose. Mais s’il n’y avait pas eu de péché, il n’y aurait pas eu de jugement. Je dis donc que le péché a rendu nécessaire que Dieu fût juge, tandis qu’il ne pouvait y avoir aucune circonstance capable d’appeler en exercice l’amour, si déjà l’amour n’existait. Ce serait une chose qui porterait complètement atteinte à la nature de Dieu, que de supposer que Dieu serait devenu amour. Dieu est amour, aussi véritablement qu’Il est lumière : le jugement divin est une nécessité produite par le péché. Mais quant à l’homme, tout ce que le Saint Esprit peut dire de lui est renfermé, pour ainsi dire, dans l’homme qui transgressa la défense de Dieu, et qui, par là, rendit nécessaire pour le maintien des droits de la bonté divine, que Dieu revêtit un nouveau caractère, pour ce qui, du moins, concernait l’homme sur la terre, c’est-à-dire, qu’Il devint juge, et que, dans cette qualité, Il agit envers l’homme, même dans le jardin d’Éden. Car lorsque l’Esprit de Dieu appelle notre Seigneur « le second homme », cela équivaut à nous dire que tous les autres hommes ne sont que la reproduction du premier homme. Quand vous avez connu « le premier homme », vous avez tout ce qui peut être dit de l’homme en tant qu’homme. Quand Christ apparut, alors, pour la première fois, il y eut un autre homme. Tous les autres appartenaient à la même souche ; et vous avez l’échantillon de leur caractère commun dans celui qui d’abord succomba et s’éloigna de Dieu, et qui fut ensuite chassé avec honte par l’ordre de Celui qui est amour. Tel est l’homme.
Mais quelle joie pour nous de savoir que Celui qui fut fait chair est « le second homme » — tout entièrement une nouvelle sorte d’homme, en tant que ressuscité d’entre les morts. Car, quoiqu’Il fût aussi réellement homme que vous ou moi, toutefois le Saint Esprit Lui donne ce titre qui révèle un honneur nouveau et spécial. Et même, il n’est pas plus exact d’insister sur ce point que Christ est réellement homme, que sur celui-ci, savoir : qu’en tant qu’Il est entré dans l’état de résurrection, Il est une autre sorte d’homme auquel le Saint Esprit réserve ce titre remarquable — « le second homme ». Il pouvait y avoir eu génération d’hommes sur génération ; mais ils n’étaient autre chose que « le premier homme ». Les générations continuent encore, et elles n’ont de liaison qu’avec « le premier homme ». Mais je regarde en haut, et, par la foi, j’en contemple maintenant un autre ressuscité d’entre les morts, à la droite de Dieu, savoir : « le second homme ». L’homme a traversé victorieusement la mort ; l’homme a dépouillé Satan ; l’homme est entré dans une région entièrement nouvelle ; l’homme est l’objet des délices de Dieu, et l’objet du culte de tous ceux qui sont dans le ciel.
Quelle merveilleuse pensée que celle-là, pour cette pauvre et faible créature ! L’homme, tel qu’il était, disparaît de devant l’œil de la foi. Nous savons ce qu’il est ; il est « le premier homme » ; il est semblable à Adam. Mais maintenant, nous connaissons un tout autre homme. Et, béni soit Dieu ! Celui qui est « le second homme » est « le dernier Adam ». Il n’y a aucun autre homme — aucun autre état ou condition dans lequel l’homme puisse être introduit ; il ne peut rien y avoir au-delà de l’homme ressuscité à la droite de Dieu. En Lui, l’humanité est fermement établie en bénédiction et en gloire devant Dieu. Ainsi donc, si « le premier homme » entraîne le monde entier dans un seul et même abîme de mort, et prononce condamnation sur les voies de la race, « le second homme » élève nos cœurs, et les réjouit dans la conscience de ce qu’Il est dans le ciel, et de ce que, nous aussi, nous serons avec Lui. Car Celui qui est ressuscité du tombeau, le vainqueur de la mort, nous a élevés ensemble avec Lui, et même en Lui-même ; et aussi certainement qu’Il est dans le ciel, nous aurons là notre portion avec Lui. Et pratiquement, notre désir devrait être que notre place maintenant, et nos voies, et notre conversation, fussent, non pas avec Adam qui est tombé, mais avec « le second homme », « le dernier Adam ». En est-il ainsi de nous ? Demandons-le, non seulement quant à nous-mêmes personnellement, mais aussi quant à ceux qui nous appartiennent : car il y a bien des hommes qui manifestent moins le monde dans leur propre disposition, que dans ce qu’ils désirent et recherchent pour ceux qui leur appartiennent. Et vous verrez souvent l’orgueil et la vanité, moins peut-être dans les parents personnellement, que dans ce qu’ils donnent à leurs enfants ou qu’ils tolèrent en eux. Que le Seigneur nous fasse la grâce de ne pas faire et de ne pas permettre une seule chose qui attristerait Son cœur ! Il importe peu que nous tenions ferme dans vingt cas, s’il y en a un seul dans lequel nous sanctionnons de propos délibéré ce qui est contraire au « second homme ». Combien nous devrions en avoir honte ! Prenons bien garde de tenir ferme, ayant nos yeux fixés sur Celui auquel nous appartenons, savoir : sur « le céleste ». Car c’est là une autre expression appliquée ici à notre Seigneur. « Tel le céleste, tels aussi les célestes ». Ces descriptions et ces titres bénis ne Lui appartiennent dans leur plénitude qu’en tant qu’Il est ressuscité d’entre les morts, et qu’Il est entré dans la gloire ; comme tel qu’Il est « le second homme, le dernier Adam » — « le céleste ». Sans doute Il était — et Il est toujours — « le Seigneur qui est du ciel » ; s’il en était autrement, aucune de ces choses n’aurait pu être dite de Lui. Et nous trouvons en ceci un autre élément de notre joie et de notre gloire : c’est que Celui qui, comme l’homme glorifié, est l’objet de la joie et de la louange dans le ciel, est le Dieu Tout-puissant Lui-même — le Fils unique. Dès lors, la bénédiction de l’homme est assurée pour toujours en Sa personne — qui est indivisiblement pure. Nous sommes unis par un lien indissoluble avec Celui qui a déjà passé par la mort. Mais Il est ressuscité d’entre les morts ; et nous sommes identifiés avec Lui dans Sa propre vie de résurrection ; et nous attendons le moment où « nous porterons l’image du céleste » [1 Cor. 15, 49].
Oh ! qu’il nous soit donné, en attendant, de marcher comme ceux qui ont la conscience d’être à Lui et d’être, dès maintenant même, un avec Lui !