L’Oint

Proverbes 8, 22-31

Les conseils divins furent tous établis en Christ avant la fondation du monde. Le Fils du sein du Père fut alors révélé en rapport avec le conseil ; et tous les desseins de Dieu eurent leur fondement en Lui, dans la personne qu’Il était préordonné à être, et la place qu’Il était prédestiné à remplir[1].

Voici ce que nous lisons dans les Proverbes, chapitre 8 :

« L’Éternel m’a possédée dès le commencement de sa voie ; même avant qu’il fît aucune de ses œuvres. J’ai été déclarée princesse dès le siècle, dès le commencement, dès l’ancienneté de la terre. J’ai été engendrée lorsqu’il n’y avait point encore d’abîmes, ni de fontaines chargées d’eau. J’ai été engendrée avant que les montagnes fussent posées, et avant les coteaux. Lorsqu’il n’avait point encore fait la terre, ni les campagnes, ni le plus beau des terres du monde habitable. Quand il disposait les cieux, quand il traçait le cercle au-dessus des abîmes ; quand il affermissait les nuées d’en haut ; quand il serrait ferme les fontaines des abîmes ; quand il mettait son ordonnance touchant la mer, afin que les eaux ne passassent point ses bords ; quand il compassait les fondements de la terre ; j’étais alors par-devers lui son nourrisson, j’étais ses délices de tous les jours, et toujours j’étais en joie en sa présence. Je me réjouissais en la partie habitable de sa terre, et mes plaisirs étaient avec les enfants des hommes ».

Quel message l’Écriture nous apporte là des âges éternels ! C’est des âges infinis qui ont précédé la création que ces paroles nous entretiennent de la manière la plus merveilleuse et la plus excellente. Quelle exactitude et quel caractère spécial il y a dans ce que la sagesse nous dit d’elle-même dans ce passage ! Le plus beau des terres du monde habitable n’était pas encore fait, que tout était arrangé et réglé en Christ. Dieu n’avait pas encore une œuvre de Sa main à contempler ; ni soir ni matin n’avaient pas encore été pour Lui en se succédant l’occasion d’un plaisir et d’un délassement, à mesure que l’œuvre bonne et sainte avançait vers sa perfection ; mais Il avait devant Lui Christ dans Son conseil, comme Sa première pensée et le fondement de toutes Ses pensées. Les choses de la création et de la rédemption, les choses de la providence et de la grâce, les desseins célestes et les desseins terrestres, les choses les plus rapprochées ou les plus éloignées, avaient toutes rapport à Lui. « L’Éternel m’a possédée », dit la sagesse, « dès le commencement de sa voie ».

Mais dans ce magnifique et mystérieux passage, il se trouve deux choses qui fixent particulièrement mon attention aujourd’hui — l’une, que Christ était, « par-devers lui, son nourrisson », et l’autre, qu’Il était aussi « ses délices ». C’est-à-dire qu’Il était à portée, sous la main, pour ainsi dire, et toujours une joie. Il était la ressource de Dieu et l’objet de Dieu.

Ces deux choses sont fortement marquées ici ; et à mesure que nous descendons le cours des Écritures, nous trouvons qu’il en est ainsi. Quoi que ce soit qui survienne, Christ est toujours par-devers Dieu, prêt à être employé par Lui sur-le-champ, et alors employé par Lui avec délices. Cela se voit en Éden ou au moment de la création, parmi les patriarches, sous la loi, dans les jours des rois, et par la voix des prophètes, aussi bien qu’après Sa manifestation en chair, et ensuite dans la lumière du Saint Esprit par le moyen des apôtres, c’est-à-dire, du commencement à la fin du volume. Que l’homme soit dans l’état d’innocence ou vendu au péché, que les élus se trouvent simplement dans l’état de famille, ou dans l’organisation d’un système national, ou dans l’unité du corps mystique, qu’ils soient gouvernés ou instruits, placés sous le gouvernement ou sous la révélation, Christ est la grande ordonnance de Dieu. Il se peut qu’à cause de notre incrédulité ou de l’aveuglement de notre cœur, nous ne Le voyions parfois que d’une manière confuse, mais Dieu Le voit distinctement et toujours, sous tous les changements, et sous toutes les conditions. Et c’est là ce que je désirerais contempler quelques moments dans quelques-uns de ses principaux exemples.

Nous savons que lors de la création, sans Christ rien ne fut fait de ce qui a été fait [Jean 1, 3].

Aussitôt que le péché entre, Christ s’avance sur-le-champ. Il est la substance de la première promesse qui fut faite immédiatement après que l’homme eut commis le péché et en eut été convaincu. Il est, comme nous savons, la semence brisée et victorieuse de la femme. L’Éternel Dieu Le produit sur-le-champ comme quelqu’un déjà préparé dans le conseil divin, ou comme l’exprime notre passage, « comme son nourrisson », comme Celui qui était « par-devers lui ». Le péché, la grande occasion de la manifestation de Dieu et de Sa grâce et de Ses secrets, était entré, et Christ paraît aussitôt. La foi en Adam le reçoit — dans quelle mesure de lumière, nous ne saurions dire — mais, aussitôt qu’ayant cru Adam sort de son coupable abri à l’ordre de la semence de la femme qui lui est maintenant révélée, l’Éternel Dieu emploie Christ avec délices en sa faveur. C’est ce que nous dit l’acte par lequel Dieu le revêtit d’une robe de peau [Gen. 3, 21]. Il y eut dans cet acte liberté et empressement. Ce fut fait sans réserve et de la propre main du Seigneur. La robe de peau fut d’abord faite par Lui et ensuite mise par Lui sur les épaules nues d’Adam — tout cela parlant de Ses délices en Christ, des délices avec lesquelles Il L’emploie et l’emploie avec promptitude de cœur en faveur « des enfants des hommes », selon l’expression de notre passage. L’Éternel Dieu opéra dans un monde désormais en ruine, comme Il avait opéré dernièrement pendant six jours dans une création sans tache. Et, si le dessein éternel à l’égard de Christ, le conseil de grâce arrêté en Lui avant que les mondes commençassent, avait fait les délices de Dieu, il en fut aussi de même maintenant de la manifestation de ce dessein — de ce tout premier usage, de cette toute première application qu’Il en fit. Ces délices s’entretenaient elles-mêmes par l’action et par le service, aussi sûrement qu’elles s’étaient entretenues par la pensée et le conseil durant l’éternité.

Peu après ce premier cas d’Adam, l’autel et l’agneau d’Abel disent encore la même vérité. Le sacrifice était pour Dieu un témoignage de Christ, et Dieu y eut égard immédiatement. Il répondit à ce sacrifice sur-le-champ, et évidemment avec délices. Il eut égard à Abel et à son oblation [Gen. 4, 4]. Il parle à Caïn de l’efficace et du prix de cette oblation, et Il voudrait le voir, lui aussi un autre pécheur comme Abel, servir sur le même autel — tout cela redisant le même dessein et la même joie, que Son Oint était « par-devers lui », Ses mêmes et parfaites délices un jour aussi bien que l’autre, en faveur d’un pécheur aussi bien que d’un autre, pour Abel aussi bien que pour Adam.

L’arche de Noé le proclama pareillement à son tour. Une autre ruine avait éclaté. La fin de toute chair était de nouveau venue devant Dieu [Gen. 6, 13]. C’était une seconde fois le naufrage d’un monde. Mais Christ était encore « par-devers lui ». « Fais-toi une arche de bois de gopher » [Gen. 6, 14] dit l’Éternel à Noé : et cette arche était Christ. Et quand Noé se fut réclamé de Christ, en d’autres termes, eut préparé une arche pour le salut de sa maison, « l’Éternel ferma l’arche sur lui » [Gen. 7, 16], et ensuite « l’arche flotta au-dessus des eaux » [Gen. 7, 18]. Sa propre main qui auparavant avait fait une robe pour Adam, maintenant abritait « les enfants des hommes » dans ce sanctuaire auquel Sa grâce avait pourvu — et cette action, ce soin miséricordieux d’enfermer tous les rachetés dans cette place sûre par la main de Dieu Lui-même, parle encore des « délices » avec lesquelles Il employa Son Oint pour nous, qu’Il savoura quand des pécheurs se confièrent en Son Christ et se réclamèrent de Lui.

Et l’autel de Noé fut ensuite précisément ce que son arche avait déjà été. Cet autel, de même que la victime placée sur lui, était Christ. Noé prit de toute bête nette et de tout oiseau net, et il en offrit des holocaustes sur l’autel. J’ignore jusqu’où il discerna le Christ de Dieu sous tout cela ; je crois que dans sa mesure il le fit certainement. La semence de la femme promise à Adam, brisée et pourtant victorieuse, était, à mon avis, devant sa pensée, de même que l’agneau d’Abel. Mais comme qu’il en fût pour Noé, qu’il eût Christ devant lui d’une manière obscure ou brillante, quant à l’Éternel Dieu Lui-même, Celui qu’« Il a possédé dès le commencement de sa voie, même avant qu’il fît aucune de ses œuvres », était assurément devant Lui ; et en vertu de Son nom et de la valeur de Son sang, Il dit en Son cœur : « Je ne maudirai plus la terre à l’occasion des hommes » [Gen. 8, 21]. L’Éternel Dieu « dit en son cœur ». Quelles paroles ! Quel témoignage de la profonde et parfaite satisfaction que Dieu prenait en Christ, le fondement, dans Son conseil et dans Son alliance, de tous Ses desseins concernant « les enfants des hommes », le trésor de toutes Ses richesses et de tous Ses secrets d’éternelles miséricordes pour leur salut !

L’arc dans la nuée fait aussi entendre le même langage. Dieu Lui-même, dans le brillant aspect de ce magnifique signe, semble garantir, comme de tout Son cœur et de toute Son âme, sa sécurité à la création. Mais cela était tout en Son Oint, car ce fut le sang de l’autel de Noé qui prévalut ainsi pour garder à jamais sous l’œil du Seigneur le signe de l’alliance, le gage de la sécurité de la terre. Ce sang précieux avait tiré du cœur de Dieu l’expression de Ses profondes délices, ainsi que nous l’avons vu, et désormais ce signe dirigera constamment Ses regards dans sa propre direction. La nuée grosse de jugements peut venir, mais l’arc se lèvera sur elle, la dominera, et lui assignera sa mesure — « ici s’arrêtera l’élévation de tes ondes » [Job 38, 11]. L’œil de Celui qui est assis au-dessus de tous les déluges d’eau s’arrêtera sur la nuée — et un autre témoignage est donné, que le temps n’apportera pas de changement, et que les semailles et les moissons continueront tant que la terre existera, car Christ est encore « par-devers lui », et toujours « ses délices », Son salut et Son don de grâce prédestinés en faveur des « enfants des hommes ».

Mais, poursuivant notre chemin à travers l’Écriture ou le long du sentier de Dieu, nous trouverons encore le même mystère ; nous trouverons encore Christ « par-devers lui » et aussi « ses délices ».

Au jour de l’appel d’Abraham, le monde était plongé dans les ténèbres et l’abomination du culte des idoles. La famille de Taré les servait (Jos. 24, 2). Une autre ruine morale immense se répandait de toute part. De même que la désobéissance avait souillé le jardin d’Éden, et que la volonté propre et la violence avaient tout corrompu dans le monde antédiluvien, ainsi maintenant cette abominable idolâtrie marquait l’apostasie même de la famille de Sem — car Taré était de cette ligne. Mais Abraham est séparé. Comme Noé, il trouva grâce devant le Seigneur. Il fut un élu, un vaisseau de miséricorde. De grandes promesses lui furent faites ; mais elles eurent toutes leur fondement et leur titre en Christ. « Toutes les familles de la terre », lui dit le Dieu de gloire quand Il l’appela, « seront bénies en toi » [Gen. 12, 3] — et sa bénédiction, comme nous l’apprenons de l’enseignement divin de Galates 3, est par le moyen de la foi dans le Christ Jésus. Dans cette parole adressée à Abraham, l’évangile fut prêché à Abraham, l’évangile de Christ, dans lequel se trouve toute notre bénédiction.

De quelle simplicité est cela ! Christ, et Christ seulement, est encore devant Dieu, à Sa disposition ou « par-devers lui » pour être employé sans délai et sans effort en faveur des « enfants des hommes », selon que leurs nécessités surgissent ou reviennent. Et en invitant Abraham à regarder les étoiles et à voir s’il pourrait les compter, au moment où Christ allait lui être révélé, l’Éternel Dieu témoignait par cela même du plaisir qu’Il prenait à employer Son Oint en Sa faveur. Il y avait dans cet acte une chaleur, une manière, qui disent la secrète joie qui marquait ou accompagnait bien ce moment où Dieu révélait Christ à la foi de Son élu.

C’est ainsi qu’à cet autre jour plus avancé, réapparaît ce même mystère. Au jour de la chute d’Adam, en celui de l’apostasie et du jugement du monde antédiluvien, et maintenant à l’heure de l’appel d’Abraham du milieu de ce débordement d’abomination, Christ connu dans les conseils éternels est mis en avant, et cela avec de profondes délices en faveur des enfants des hommes.

Mais en avançant dans le Livre de Dieu, nous trouvons encore le Christ. Remarquez cela au jour de l’Exode. C’était une époque de jugement comme l’avait été celle de Noé. Mais il est préparé une autre arche, et cette arche, comme la première au temps du déluge, est Christ. « Et ils prendront de son sang, et le mettront sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte des maisons où ils le mangeront ; car je passerai cette nuit-là par le pays d’Égypte, et je frapperai tout premier-né au pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’aux bêtes, et j’exercerai des jugements sur tous les dieux de l’Égypte. Je suis l’Éternel. Et le sang vous sera pour signe sur les maisons dans lesquelles vous serez ; car je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie à destruction parmi vous quand je frapperai le pays d’Égypte » [Ex. 12, 7-13]. Le sang était sur le linteau juif, et ce sang était Christ abritant la maison au jour du jugement et de la mort. L’Oint de Dieu était encore de cette manière « par-devers lui », pour le bien des « enfants des hommes » au jour de leur nécessité. Et comme un peuple ainsi racheté par Christ, et qui se tient devant Dieu selon la valeur de Christ, Dieu se charge d’eux, comme de tout Son cœur et de toute Son âme. Il les joint en chemin, dans la nuée de Sa présence, aussitôt qu’ils sont retirés du lieu du jugement ; Il prend conseil avec Lui-même à leur sujet ; ensuite Il agit pour eux : Il élève un mur de séparation entre eux et ceux qui les poursuivaient, les nourrit du pain du ciel et de l’eau du rocher, et les conduit avec puissance et en triomphe jusqu’à ce qu’Il les établisse dans le lieu de la gloire en Sa propre sainte montagne — et tout cela (avec le cantique qu’Il place sur leurs lèvres, sur les rivages de la mer Rouge) nous dit les pleines « délices » avec lesquelles Il avait mis en avant Son Oint en leur faveur (Ex. 12 à 18).

C’est là sûrement une grande et magnifique scène, et tout reste invariable. Le Christ de Dieu mis par Lui en avant dès le siècle, est encore avec Dieu pour nous, quoique nos besoins ne fassent que renaître. Il est là aussitôt, comme quelqu’un sans cesse prêt à agir pour « les enfants des hommes », et produit en leur faveur avec toutes les délices de Dieu selon cette belle parole du chapitre 8 des Proverbes.

Je puis m’arrêter ici un instant pour dire que les prophètes et les oracles ont aussi annoncé cela, et que Christ l’a déclaré de Ses propres lèvres. « Voici mon serviteur, je le maintiendrai ; c’est mon élu auquel mon âme prend son bon plaisir » [És. 42, 1], dit Jéhovah de Son Oint par Ésaïe. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir » [Matt. 3, 17], sont des paroles qui maintes fois se firent entendre sur Lui dans les jours de Sa chair ici-bas. « À cause de ceci le Père m’aime », dit Jésus Lui-même, « c’est que je laisse ma vie afin que je la reprenne » [Jean 10, 17] : tout autant de paroles, ainsi que beaucoup d’autres pareilles, qui disent, comme toute la suite de l’histoire divine, la joie que connaît notre Dieu par la manifestation et l’œuvre de Son Oint en notre faveur à nous pauvres pécheurs.

Mais maintenant, en suivant encore le fil de l’histoire de l’Écriture, nous arrivons à Exode 19 où Dieu se présente à nous dans un caractère dans lequel nous ne L’avions pas vu depuis le jour de Genèse 2. Il est maintenant pour la seconde fois un législateur. Celui qui avait été dans un buisson ardent [Ex. 3, 2], a maintenant pris Son siège sur une montagne ardente. Le Dieu des pères, le Dieu d’Abraham, et d’Isaac, et de Jacob, le Dieu de la grâce, apparaît maintenant comme le Dieu de la justice et du jugement destructeur. Par suite de la confiance d’Israël en lui-même, son Dieu maintenant est plutôt un législateur qu’un rédempteur : caractère, nous le répétons, sous lequel Il n’était pas apparu depuis Adam et le jardin d’Éden (voir Rom. 5, 13, 14).

C’était là certes un changement. Le peuple se l’était amené lui-même ; et, quelque ruineux qu’il puisse être, il a à tout accepter de ses propres mains.

Mais ensuite nous lisons : « La loi qui est venue quatre cent trente ans après, n’annule point une alliance auparavant confirmée par Dieu à Christ » [Gal. 3, 17]. Ainsi donc, le dessein éternel qui avait été arrêté avant que le monde fût, et non pas seulement quatre cent trente ans auparavant, ne pouvait pas être troublé par tout cela. Non, certes ! L’Oint « engendré » et établi, possédé de Dieu « dès le commencement de sa voie, même avant qu’il fît aucune de ses œuvres », ne pouvait être déplacé par des œuvres postérieures. Nous avons déjà vu cela, successivement à des époques diverses depuis le commencement ; et maintenant, nous sommes appelés à voir encore la même vérité bénie en ce jour de la confiance de l’homme en lui-même, qui amène le Dieu de grâce à la montagne de jugement. Christ est vite encore « par-devers lui, comme son nourrisson », tout prêt à être employé, et employé avec « délices » pour « les enfants des hommes », toute cette scène changeante de vicissitudes, d’expédients, amenée par le péché, la loi, le jugement et la présomption humaine, ne faisant que confirmer, vérifier, et arrêter pour toujours l’immuable dessein de Dieu, et Sa grâce dans la personne, l’œuvre, et la valeur de Son Oint.

Cette nouvelle condition dans laquelle désormais s’était placé Israël, aurait opéré la ruine aussi sûrement que le péché l’avait opérée en Éden. L’homme tombé ne peut pas plus satisfaire à la loi, que l’homme innocent n’avait fait face à la tentation. Mais l’Oint de Dieu est encore « par-devers lui ». Nous voyons cela en Exode 25 maintenant, comme nous l’avons vu alors en Genèse 3. Les ombres des biens à venir montrées ici à Moïse nous disent cela maintenant comme la promesse faite à Adam l’avait dit alors. Moïse est appelé dans une région au-dessus et au-delà de celle des ténèbres, du tonnerre, et de la tempête ; et là, Christ lui est montré sous des ombres et des figures — Christ dans le sanctuaire de la paix. Lorsque cela se passe, le peuple n’avait pas encore enfreint la loi, ou au moins n’avait pas été convaincu de l’avoir enfreinte. L’alliance nationale ou conditionnelle est scellée au chapitre 24, et c’est dans les chapitres 25 à 30, c’est-à-dire immédiatement après, que l’Oint est manifesté de cette manière à Moïse. Il n’y a pas de délai, car Christ était « par-devers lui ». La chose se fait soudainement. Nul conseil, nulle préparation n’était nécessaire — car le conseil avait été pris « dès le commencement, avant qu’il fît aucune de ses œuvres ». Précisément comme au jour où le péché entra, la ressource de Dieu fut en Celui qui avait été « déclaré dès le siècle », et fut ainsi tout prêt à être immédiatement employé ; de même, Il quittait maintenant la montagne embrasée, la place du jugement, pour les régions plus élevées, le siège de la grâce et de Son Oint, je ne dirai pas avec toute la célérité convenable, mais immédiatement, avec toute célérité.

Et un sentiment de « délices » accompagne encore cette action, comme c’était le cas dans les premiers jours, ainsi que nous l’avons déjà vu. Car lorsque l’assemblée, dans l’obéissance de la foi, prépare le tabernacle, et que tout est terminé, la gloire y entre et y prend sa place, et la prend avec la joie la plus évidente et la plus parfaite. Elle veut l’avoir tout entier pour elle, tellement que Moïse même ne peut point l’y suivre (Ex. 40) — tout cela encore disant les délices que prenait l’Éternel Dieu à s’asseoir là où on voyait Christ. Ce n’était pas de cette manière qu’Il avait pris Sa place sur la montagne du Sinaï, Il était allé là avec une réserve évidente. Voyez cela au chapitre 19. Mais maintenant ce n’est pas comme en se retenant pour ainsi dire qu’Il remplit le sanctuaire, c’est au contraire avec empressement et ardeur, et avec une satisfaction manifeste, l’occupant tout entier, les parvis, les lieux saints, et tout en un mot. Ainsi que nous chantons quelquefois :

Sa colère excitée avance lentement, Sa grâce empressée vole rapidement.

Et tout cela n’était que l’expression de ces délices que notre passage (Prov. 8, 30) nous dit avoir été savourées dans le conseil divin avant que le monde fût. Car ces délices sont des délices « de tous les jours » — aussi nouvelles après des âges qu’au commencement — dans l’action réitérée maintes et maintes fois, comme c’était dans le conseil avant que le monde fût.

Il pourrait y avoir d’autres témoignages pour prouver que Christ, l’Oint, est la ressource de Dieu au jour du besoin des « enfants des hommes », et est encore mis en avant en leur faveur. Mais je n’en signalerai plus qu’un autre exemple.

La nation d’Israël est établie dans le pays, et y est mise de nouveau à l’épreuve, comme elle y avait été sous la loi dans le désert. Mais ils violent le tout premier article de leur mission, comme ils avaient déjà transgressé le tout premier commandement de leur loi. Ils traitent alliance avec les peuples du pays, les nations de Canaan, qu’Il leur avait été commandé de détruire, et l’ange de l’alliance pleure à Bokim sur l’alliance outragée (Jug. 2).

Tout est donc encore naufrage et ruine. Adam dans le jardin, l’homme sous la loi, Israël avec son alliance dans le pays, témoignent pareillement de ce naufrage et de cette ruine. Et comme cela a commencé, cela continue avec la nation mise en possession de son héritage. Cette infidélité qui commence en Juges 1 avec les tribus, se retrouve de nouveau dans leur propre roi Saül, le fils de Kis, en 1 Samuel. Tel le peuple, tel le roi, comme Juges 1 et 1 Samuel 15 nous le disent. Mais si l’homme est toujours le même en infidélité et en apostasie, Dieu est aussi toujours le même dans Sa grâce. Car sur tout cela, nous lisons vite : « Jusqu’à quand mèneras-tu deuil sur Saül » (dit l’Éternel à Samuel qui pleurait sur la chute du roi, comme l’ange avait pleuré sur la chute de la nation à Bokim), « Jusqu’à quand mèneras-tu deuil sur Saül, vu que je l’ai rejeté, afin qu’il ne règne plus sur Israël ? Emplis ta corne d’huile, et viens, je t’enverrai vers Isaï Bethléhémite, car je me suis pourvu d’un de ses fils pour roi » (1 Samuel 16). Ce fils d’Isaï était inconnu aux hommes, mais Dieu s’en était pourvu en secret. David, le bien-aimé, était maintenant connu de Dieu dans Son conseil, et David, le bien-aimé, était le témoin ou le type de l’Oint. Bethléhem possédait maintenant le témoignage, comme, au temps voulu, elle possédait Christ Lui-même. Pour l’oreille de la foi, « de bonnes nouvelles sujet d’une grande joie » [Luc 2, 10] dans leur mesure, retentissaient maintenant dans les champs de cette ville de Juda. Ces paroles, « de toi sortira un conducteur qui paîtra mon peuple d’Israël » [Matt. 2, 6], commençaient maintenant de lui être adressées. David était une flèche dans le carquois de l’Éternel, et il fut la flèche du Seigneur pour la délivrance d’Israël dans ce jour terrible de sa calamité. Il était le Bethléhémite, l’oint, le bien-aimé, le gage de Celui qui est apparu depuis pour la rédemption et le salut — le type de Celui qui dans le plan divin était l’Oint avant que les mondes commençassent.

C’est ainsi que sous ces formes variées mais toutes en harmonie les unes avec les autres, ce mystère fut fréquemment déclaré que Christ était préparé pour « les enfants des hommes » au jour de leur nécessité. Lors de l’entrée du péché — au jour du jugement du monde avant le déluge — à la vocation d’Abraham hors du débordement d’abomination — à l’heure du jugement de l’Égypte — lors de la ruine d’Israël sous la loi — et puis encore au jour de sa ruine sous sa propre alliance nationale, Christ est là, établi et « engendré » pour les pécheurs — Celui que Dieu a « par-devers lui » pour l’employer immédiatement, et cela aussi, dans tous les temps, et avec « délices » en faveur « des enfants des hommes ».

Naturellement, j’aurais pu poursuivre plus loin, même jusqu’à la fin du Livre, cette histoire de la grâce de Dieu en Son Oint — et avec des témoignages plus vivants encore, à mesure que nous arriverions au Nouveau Testament. Mais je m’arrête ici. La promesse, la première promesse, celle de la semence de la femme, commença de nous dire cette histoire, et après bien d’autres témoignages, comme nous venons de le voir, David, le jeune berger de Bethléhem, du tronc d’Isaï, le redit à nos oreilles, après un temps aussi long — « Jésus Christ ! Le même hier, aujourd’hui, éternellement » [Héb. 13, 8].

« Avant que Dieu eût bâti les montagnes ou élevé les fertiles collines ; avant qu’Il remplît les sources qui entretiennent le cours des ruisseaux, l’admirable Je suis trouvait en toi dès les temps éternels, des délices à jamais inépuisables, ô toi, qui as nom la sagesse.
Lorsque, comme une tente pour y habiter, Il étendait au loin les cieux, qu’Il posait des barrières à l’élévation des puissantes vagues de l’océan, et qu’Il pesait et mesurait les mondes, tu étais alors avec lui : Toi-même, les délices du Père, et les enfants des hommes, tes délices à toi.
C’est ainsi que les paroles de la sagesse révèlent ta gloire et ta grâce, ô toi l’ami éternel de notre indigne race ! Ton œil miséricordieux nous contemplait avant que les étoiles se vissent en haut ; tu nous as faits dans ta sagesse, et tu es mort pour nous dans ton amour.
Et tu peux prendre plaisir à des créatures telles que nous, que nous qui te méprisâmes quand nous te vîmes, et te clouâmes à la croix ! Ineffable merveille ! Et mystère divin ! La voix qui parle dans le tonnerre, dit : Pécheur, je suis à toi ».