L’obéissance de la foi

L’histoire de l’homme sur la terre, telle que Dieu nous la retrace dans la Bible, est l’histoire de la chute complète de l’homme. Je pourrais dire plus encore, car le Livre nous déclare que, envisagé simplement comme créature placée dans une position de responsabilité, l’homme n’a rien fait que faillir. « Il n’y a point de juste, non pas même un seul » [Rom. 3, 10].

L’admission de cela, par une âme, est un des premiers résultats du fait qu’elle a reçu la révélation que Dieu lui a faite du grand salut auquel Il a pourvu dans le Christ Jésus, dans Sa miséricorde et Ses compassions envers nous. Le croyant sent et confesse que la grâce, la miséricorde et la paix de Dieu, qui sont par le Christ Jésus, lui conviennent entièrement ; et il se réjouit de trouver que ce qui convient à Dieu, dans toute la hauteur de Sa sainteté, lui convient à lui-même, pécheur perdu, ruiné — savoir : la pure grâce et la pure miséricorde, le pardon des péchés et l’acceptation, tout cela gratuitement procuré par Dieu en Christ — tout cela devenu nôtre par le moyen de la foi et par la seule efficace de Dieu le Saint Esprit. De son côté, aussi, cela attire le cœur, comme avec les cordeaux de l’amour, dans le sentier d’une soumission implicite et d’un abandon absolu du moi. Mais je ne pense pas que l’obéissance actuelle en nous soit une obéissance intelligente, ni que la puissance de l’âme soit ce qu’elle doit être, si nous ne reconnaissons pas que notre état de chute dépasse ce qui était vrai de nous, individuellement, quand la grâce nous a trouvés. Il faut que nous connaissions le point de départ que Dieu a donné aux choses, et le point auquel Il les conduit, pour ce qui concerne l’homme : premièrement, comme créature ; secondement, comme en rapport avec la providence et le gouvernement ; et, en troisième lieu, quant à la position entièrement nouvelle dans laquelle la famille de la foi fut placée, à la Pentecôte, en tant que l’Église. Pour être réellement intelligents et capables de compter sur Dieu pour la puissance et le secours dont nous avons besoin dans notre vie actuelle d’obéissance, il faut que nous sachions comment Sa grâce surabonde sur toute la chute de l’homme, relativement à ces trois positions.

D’un côté, le jardin d’Éden [Gen. 2, 8] derrière nous — et de l’autre, le grand trône blanc [Apoc. 20, 11] devant nous, sont les deux points extrêmes de la carrière de l’homme, en tant que créature. Si un homme veut se connaître lui-même comme créature, qu’il étudie ces limites, et où est-il ?

L’arc-en-ciel et l’alliance traitée avec Noé, après sa sortie de l’arche, en faveur de l’homme rebelle, furent le point de départ des voies de Dieu avec l’homme, sous le rapport de Sa providence, sous les cieux et sur la terre d’à présent. La terre milléniale, sous Christ, avec la terrible issue à laquelle elle aboutit, en marquera la fin.

La providence et le gouvernement trouvent tous deux leur pleine expression là-dedans.

En tant que placé dans la grâce, et faisant partie de l’Église qui est pour le ciel, je regarde en arrière au jour de la Pentecôte, comme le commencement de la révélation de cette grâce dans laquelle je suis ; et je regarde en avant à la cité d’en haut — l’Épouse, la femme de l’Agneau [Apoc. 21, 9] — comme à ce qui se trouve à la fin. Mais combien n’est-il pas solennel de voir que les nombreux antichrists de Jean, et Babylone, comme cité, et la prostituée[1] trouvent leurs places au centre, entre ces deux points extrêmes, ou ces deux limites. Et ce n’est pas seulement que ces points extrêmes (comme je les ai appelés) marquent les limites des sujets que nous examinons, et fixent toute l’étendue de chacune de ces positions diverses. Il y a aussi d’autres choses qui s’y rattachent, et avant tout ils nous donnent la portée des actions du Dieu vivant. De plus, on verra que, tandis que l’homme a certainement failli à l’égard de tous les dépôts que Dieu lui a confiés successivement, ces dépôts seront à la fin réalisés et justifiés dans et par le Christ Jésus à la gloire de Dieu par nous [2 Cor. 1, 20] ; et que, où le péché a abondé, la grâce surabondera par le Fils [Rom. 5, 20].

Une création innocente sera remplacée par une création nouvelle, dans laquelle la justice habite [2 Pier. 3, 13] ; l’exercice de la bonté patiente de Dieu envers le monde dans les voies de la providence et du gouvernement, sera remplacé par le règne de Christ ; et le dépôt confié à l’homme, de la vérité destinée à former (par l’opération de l’Esprit présent) une maison de Dieu sur la terre, et l’Assemblée du Dieu vivant (chose à laquelle l’homme a manqué d’une manière si insigne depuis la Pentecôte) sera remplacé par la nouvelle Jérusalem, par l’Épouse — la femme de l’Agneau[2]. Qu’ils sont nombreux les dépôts qu’en divers temps Dieu a confiés à l’homme ! Mais l’homme a constamment failli, sans une seule exception. Toutefois, si ces dépôts désignaient des choses appartenant à Christ et réservées pour Lui, ils ne failliront pas en Lui, mais tous, oui, tous, ils tiendront et seront pleinement justifiés. Adam et Ève, chassés d’Éden, lorsqu’ils eurent perdu leur innocence ; et le paradis de Dieu donné à celui qui est vainqueur en Christ [Apoc. 2, 7] — Dieu prenant soin de Noé à travers le déluge, donnant l’arc-en-ciel, et devenant le Roi d’Israël ; et le Fils de l’homme, Jéhovah, prenant soin d’Israël et régnant sur la terre — la Pentecôte et l’église d’Éphèse derrière nous, et la cité d’or, qui est l’Épouse, devant nous ; voilà de doubles sujets qui doivent être connus et reconnus, si la créature en marche, de son état de chute et de ruine, vers la rédemption et la gloire, sous les soins d’un gardien sûr et vivant, doit connaître comme il faut où Il se trouve, quelles sont les ressources qu’elle possède, et pour quelle fin elle doit vivre ici-bas. Et c’est précisément cette réunion de la connaissance de la chute totale dans l’homme et de la victoire certaine et complète par Dieu en Christ, qui nous donne seule l’obéissance de la foi. L’homme, en tant que créature déchue, pécheresse, n’éprouve pas le désir de faire hommage à Dieu de son existence ; quand il est converti, il découvre qu’il ne peut pas vivre comme une créature non déchue aurait vécu dans le paradis ; il cherche, néanmoins, à obéir réellement, et par la foi il en trouve le moyen. Pour ce qui est d’Israël dans son plus triste état de dispersion et de pillage sur toute la terre (Lév. 26, 40-45 ; Deut. 30), ce sera la même foi, quand il l’aura, qui l’amènera, et lui montrera le moyen de la réaliser, à une obéissance que les circonstances sembleront rendre impossible. Il en est absolument de même pour nous : quelque profonde qu’ait été la chute de l’homme dans la manière dont il a trahi la vérité et nié de fait l’Esprit, ainsi que l’unité, la sainteté, la nature céleste, etc., de cette maison et de ce corps pour la formation desquels le Saint Esprit descendit le jour de la Pentecôte et dans lesquels Il voulait habiter, la foi donnera le désir d’obéir ; et la foi montre aussi un chemin — un chemin que l’œil du vautour n’a point vu [Job 28, 7]. Dieu est fidèle à Lui-même, et a pourvu à la marche des siens sous toutes les circonstances possibles ; et il sera trouvé dans chacune de ces circonstances, qu’une âme qui a failli et qui le reconnaît, peut, cependant, marcher d’après les principes donnés primitivement, si seulement il y a obéissance et foi — l’obéissance de la foi.

Dans les sphères de la création, de la providence et du gouvernement, Dieu me considère — et moi, comme chrétien, je me considère moi-même — comme quelqu’un en état de chute ; chute dans ma propre personne. Dans la sphère de la rédemption, Il me considère, et je me considère moi-même — comme une nouvelle créature en Christ Jésus, et là, tout est succès. C’est entièrement divin : de Dieu, en Christ Jésus, et par l’Esprit ; tout à la gloire de Dieu. Il n’y a point là de chute. C’est aussi dans et pour le ciel, non pas pour la terre ; pour l’éternité et non pour le temps. Comment marcher ici-bas, maintenant, en harmonie avec cela, c’est ce qu’il est important de savoir, si nous voulons vivre sans reproche et ne pas oublier nos propres gratuités. Car le salut qui est dans le Christ Jésus ne constitue pas seulement une délivrance, dans le passé, de la malédiction sous laquelle nous avait placés le péché, il est aussi dans le présent une vie actuelle pour Dieu, dans tout le cours de notre carrière ici-bas (en dépit de Satan, du monde et de la chair), de même qu’il aura aussi plus tard une pleine manifestation dans la gloire. Quoiqu’il n’y ait que ruines autour de lui, derrière lui, et au-dedans de lui, l’homme ne saurait empêcher le Dieu vivant de conduire dans Sa grâce les âmes à la gloire qu’Il s’est proposée Lui-même pour elles en Christ ; et il ne saurait empêcher non plus que le soin qu’Il prend de les conduire, ne constitue en ce temps-ci un témoignage à tout l’univers de ce qu’Il est Lui, le Dieu qui ne change point. L’homme gardait sa place en Éden en restant soumis à une parole prononcée par Dieu, et il la perdit quand il cessa de s’y soumettre (Gen. 2, 7, etc.). Chassé d’Éden, son innocence perdue pour toujours, il reçut de la bouche de Dieu une parole (chap. 3, 15) qu’il emporta avec lui, et qui, s’il s’y était tenu et s’y était soumis par la foi, lui eût procuré une bénédiction réelle. Dieu pouvait encore être honoré, Sa parole pouvait encore être reconnue et obéie, quoique l’innocence fût à jamais perdue, et qu’un monde de souffrance fût devenu sa sphère, à la place du jardin d’Éden ; mais une vie sans fin en dehors de la puissance de Satan, et dont l’espérance menait au combat avec ce grand ennemi et à la victoire, valait mieux que l’innocence. La place de l’homme avait été la première ; en Éden il était le principal personnage. Garderait-il son rang ? Il a cédé la première place à Satan, et a maintenant à reconnaître qu’il s’agit de la lutte de Dieu, par la semence de la femme, avec Satan, et relativement à lui-même : au milieu de cet état de ruine, est-il du côté de Dieu ou du côté de Satan ? Car le principe de la création nouvelle fut introduit immédiatement, en conséquence de la chute, et est basé sur la souveraineté de Dieu et la puissance infaillible de la Parole de Dieu.

Les paroles de Genèse 8, 21, 22 nous montrent que la miséricorde envers les pécheurs se trouve au cœur même de l’alliance figurée par l’arc-en-ciel ; et la question du royaume destiné à Israël ne supposait pas une nouvelle nature : des bénédictions terrestres dans le monde doivent être la portion d’Israël (Deut. 28), s’il veut être soumis à Dieu comme à Celui qui accomplira les promesses faites à Abraham (Gen. 15). Cela se passait au jour de l’homme et pour l’homme encore dans un corps mortel, et au sujet de la terre qui subsiste maintenant. C’était le gouvernement pour la répression du mal. Si Israël craignait le Seigneur, s’attachait à Lui, rejetait le mal, le jugement tombait sur ses adversaires ; il était comme la tête. S’il méprisait le Seigneur, il devenait la queue, les nations devenant comme la tête, et le jugement tombait sur lui jusqu’à ce qu’il fût humilié. Alors l’Éternel et Abraham devenaient de nouveau sa portion.

Maintenant nous parlerons de l’Église.

J’ai été amené à ces remarques par les difficultés dans lesquelles je vois plusieurs esprits relativement à la question de la relation actuelle du croyant individuellement avec l’Église, telle qu’elle fut établie lors de la Pentecôte. « Que penser quant à la maison de Dieu qui est l’Assemblée du Dieu vivant ? ». C’est là une question qui résume les exercices de bon nombre d’âmes pieuses, et donne une forme aux aspirations de bien des cœurs, et aussi aux incertitudes timorées de bien des esprits. Beaucoup voient, en effet, que l’Église fut manifestée et appelée à l’existence le jour de la Pentecôte ; et un grand nombre vont encore plus loin et voient que ce qui existe aujourd’hui et ce qui porte aujourd’hui, même dans les pays protestants, le nom de l’Église, diffère, dans tous les cas, même dans ses éléments les plus essentiels et ses traits les plus distinctifs, de l’Église de la Pentecôte ; et, en conséquence, la question : « Que penser quant à la maison de Dieu, qui est l’Assemblée du Dieu vivant ? » est pour leur esprit une question tout à fait actuelle et pratique. Le protestantisme, dans tout l’univers, partout où il a existé, reconnut que ce que l’homme avait appelé « l’église » n’était pas digne du nom de l’Église de Dieu, et n’avait nul droit à la vénération due à celle-ci ; et il chercha le remède au mal dans des tentatives de réforme. Les dissidents et les non conformistes de toute dénomination ont, depuis, pensé la même chose dans presque tous les pays protestants, relativement à ce que le protestantisme avait établi ; et, à leur tour, ils ont aussi cherché à remédier au mal par des tentatives de réforme. Je pourrais, je crois, expliquer comment ils ont tous échoué ; mais ce n’est point là mon but actuel.

Il semble presque superflu de remarquer que ni la découverte de la chute, ni notre humiliation à son sujet, ne peuvent annuler la chute, ou nous soustraire aux responsabilités qui en découlent ; pas plus que la découverte de ce que l’Église était à la Pentecôte (de la position et des principes de laquelle on s’est universellement éloigné parmi les chrétiens de profession sur la terre), ne peut donner la puissance d’agir d’après sa position ou ses principes.

Que veux-tu que je fasse ? est la seule question convenable à faire, quand nous reconnaissons la position et les principes d’où nous sommes déchus. Dans un cas pareil, le Seigneur peut faire ressortir avec plus de force, dans la conscience de celui qui cherche, quelque vérité qui le rendra capable d’aller en avant à travers toutes les difficultés — s’il le faut, tout seul avec Dieu ; et néanmoins garder devant son âme la position et les principes originaux de l’Église, et lui montrer comment agir d’après eux, au milieu de l’état de ruine et de chute dans lequel il se trouve. Tel était, je pense, le cas de Paul lorsqu’il écrivit sa seconde épître à Timothée. Et ce fut la grâce divine qui, à la fin, permit que les premiers flots du mal qui s’élevait, fondissent sur l’âme de l’apôtre des Gentils, et le conduisit à écrire cette épître, de manière à nous faire voir l’effet que le mal avait sur lui et le chemin dans lequel il marchait. Évidemment, il n’eut pas besoin de soulever la question : Qu’est-ce que l’Église, que sont sa position et ses principes ? Il savait fort bien tout cela, tout en souffrant douloureusement sous le poids du déclin qui avait déjà commencé, et qui, il le savait bien, devait s’accomplir. Il avait encore un rôle à remplir, un rôle qui demandait de l’énergie et de la hardiesse. La promesse de cette vie qui est dans le Christ Jésus (1, 1-2) devint son drapeau : portion véritablement individuelle. Mais, ainsi que nous le voyons dans toute l’épître, elle le mit en état de surmonter tout ce qui pouvait faire obstacle. Il ne vit pas la possibilité de se débarrasser de la chute qui était survenue, et touchant la profondeur de laquelle il avait à écrire ; mais il voulait s’en garder pur lui-même, quoiqu’il en pût coûter pour le faire. Son cœur soupirait aussi après des compagnons — un Timothée, ou même un Marc ; avec quelle ardeur il désirait de les avoir auprès de lui ! Il ne parle pas de replanter les églises, mais d’être seul quand personne ne voulait rester près de lui, et d’être témoin pour le Seigneur relativement au mal qui l’environnait de toute part ; et voici quelle était sa joie : que le Seigneur, qui l’avait délivré, le délivrerait encore [2 Cor. 1, 10].

Qui est aujourd’hui réellement dans sa vie ce qu’était saint Paul, entièrement dévoué à Christ dans le ciel ? Qui, parmi nous, sait ce qu’étaient la position et les principes de l’Église de Dieu pour avoir dépensé sa vie à les maintenir et à les enseigner ? Je puis bien dire cela, au moment où je présente quelques pensées à ceux qui demandent : « Que faire, quant à la maison de Dieu, l’Assemblée du Dieu vivant ? ». Certainement, c’est là une considération importante en un moment tel que celui-ci : Mon œil est-il simple ; y a-t-il un entier dévouement à Christ dans le ciel, par l’Esprit et la vérité ; le cœur est-il pleinement décidé à s’attacher au Seigneur ? Car, de quelle valeur est la connaissance, lorsque le cœur n’est point prêt à obéir ? Tout nécessaire que ce soit, que c’est humiliant pour des gens qui se nomment chrétiens, d’avoir à rechercher en 1863 : Qu’en est-il de l’Église et de nos rapports avec elle ?

Mais, poursuivons. Lorsque je regarde en arrière au jour de la Pentecôte, je vois confié à la foi de l’homme un dépôt de vérité et de puissance qui formait sur la terre une demeure entièrement nouvelle pour Dieu par l’Esprit, et une Assemblée dont les membres étaient dans l’heureuse possession de la vie. Quel changement s’est effectué sur la terre entre cette œuvre et ce que l’on nomme la Réformation ! Comme l’homme a complètement failli à retenir la vérité, à garder fidèlement le dépôt, à marcher dans l’Esprit, à vivre seulement pour le ciel ! Satan avait enlevé toutes les principales pensées que contenait l’Église de la Pentecôte, afin de former, par la corruption de l’Église, une maison et une assemblée pour lui-même sur la terre. Et le résultat a été que Satan, le monde et la chair, se sont librement développés en toutes sortes de mondanité sur la terre, et que le Père, le Fils et le Saint Esprit, laissés pour l’éternité et le ciel, ont été complètement perdus de vue pour ce qui est de toute manifestation pratique parmi les hommes, et ainsi parmi les chrétiens de profession. Il était manifeste que l’homme avait failli à sa responsabilité ; mais cette chute n’a pas encore été jugée par Dieu — bien plus, le mal n’a pas encore atteint pleinement son point culminant. Je confesse le mal, je reconnais que je me trouve là où il a été commis, et ainsi je porte ma part de la responsabilité et de la honte ; mais je n’ai aucunement la pensée de me produire moi-même et de montrer mon énergie en entreprenant de refaire de nouveau soit une maison, soit une assemblée[3]. C’est Dieu qui a formé ce qui existait à la Pentecôte. L’homme, comme créature et comme placé dans une position de responsabilité, a de nouveau entièrement failli quant à ce dépôt ; et si je vois bien des maisons et bien des assemblées différant toutes dans leurs principes les unes des autres, je n’aperçois nulle part celle dont je puisse dire : Voici celle qui était la maison et l’Assemblée lors de la Pentecôte. Mais si ce qui typifiait quelque chose de meilleur à venir, n’est maintenant qu’une ruine, à cause des péchés de l’homme, il reste encore le Dieu vivant ; et Il n’a pas failli, Lui, non plus que Celui qui disait dans une autre occasion : « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille » [Jean 5, 17]. Oh ! que seulement nos cœurs soient assez remplis de Christ et assez célestes pour saisir ces solennelles réalités et agir en conséquence !

Ceci m’amène à ma position véritable et à ses devoirs, devoirs selon la nouvelle nature.


Pour ce qui est de ma position réelle et des devoirs qui s’y rattachent, j’estime que la seconde épître de Paul à Timothée est notre lettre d’instructions. Si elles n’ont été jusqu’ici pour nous que comme une lettre close, puissions-nous les ouvrir et les étudier maintenant. Ces instructions ne nous enjoignent point de tirer une chose pure d’une chose impure ; elles ne nous font pas espérer non plus que le courant du mal soit arrêté ici sur la terre, avant la venue du Seigneur ; elles n’impliquent à aucun degré la pensée que nous soyons appelés à établir une maison nouvelle ou à former une nouvelle assemblée. Mais elles nous appellent à faire trois choses : elles veulent que, les reins bien ceints et le cœur rempli de courage, premièrement, nous nous purifiions individuellement de tout le mal qui existe autour de nous ; en second lieu, que nous rendions le témoignage d’une bonne confession pour le Seigneur ; et, troisièmement, que, dans un sentiment d’affection pareil à la charité de Christ, nous ayons le cœur ouvert pour tous ceux qui se purifient, et leur fassions bon et cordial accueil. Oh ! que nos cœurs aient plus de décision pour Christ et pour le ciel, afin que nous soyons réellement des nazaréens ! Quant aux principes de notre position et de notre association avec tous ces deux ou trois qui s’assemblent au nom du Seigneur, ils ne renferment rien de nouveau ou de différent de ce qui était vrai à la Pentecôte, à Éphèse. La chute de l’homme n’a pas changé la fidélité de Dieu au Fils de Son amour [Col. 1, 13]. Dieu a toujours devant Lui la pensée, conformément à Son conseil et à Son dessein, d’une demeure pour Lui-même — de personnes qu’Il veut associer avec Lui dans la gloire — la nouvelle Jérusalem, l’Épouse, la femme de l’Agneau est pour la gloire du Fils ; elle ne peut manquer, quoiqu’il arrive. La création, la providence, le gouvernement ont failli au jour de l’homme ; et l’homme a failli de la même manière quant à l’Esprit, au dépôt de vérité qui lui fut confié le jour de la Pentecôte ; — mais Dieu veut encore avoir une demeure et des associés dans la gloire.

J’ai à agir du mieux que je puis (Dieu étant ma lumière et mon guide) d’après toute la position et tous les principes de l’Église de Dieu, telle qu’elle fut révélée à la Pentecôte. S’il y a du mal dans la place de la profession, ou dans ceux qui sont associés avec elle, je dois m’en garder, m’en purifier moi-même ; et si la mondanité, les satisfactions charnelles et des plans pour le moi et l’énergie humaine caractérisent le temps où nous vivons — de telles choses sont en contraste avec le caractère céleste, la spiritualité, l’amour de Christ, qui, par la foi et par le Saint Esprit, signalaient les premiers chrétiens. La meilleure manière d’être pur du mal est, et sûrement pour nous, serait — d’être pleins de Dieu et de Christ, et du ciel et du Saint Esprit, et, par la lumière, de faire honte aux ténèbres. Là où il ne peut pas en être ainsi, je dois encore me garder pur moi-même, confesser et protester ; et, dans toutes les circonstances possibles, chercher à témoigner pour le Seigneur — dans l’esprit de patience et d’espérance.

Dans une maison souillée par la lèpre, je puis trouver des habitants qui ont la foi et l’esprit de Jésus. — Je dois les reconnaître tous, et chacun d’eux, comme faisant partie de ce que Dieu appelait Sa maison — Son Assemblée ; et, en tant qu’individus, ils feront tous partie de la nouvelle Jérusalem. Mais, marchent-ils individuellement en hommes, ou bien marchent-ils comme marchait le Fils de Dieu ? Est-ce la terre ou bien le ciel qui est actuellement le lieu d’habitation de leurs âmes ? Paul désirait ardemment qu’il y en eût qui courussent dans la lice [1 Cor. 9, 24], comme il sentait qu’il avait à le faire. Je ne vois pas que les églises, comme on les appelle, aient leur principe de communion et d’association dans la commémoration du corps rompu et du sang répandu du Seigneur de gloire, avec cette vérité devant elles, que Lui être conformes dans Sa mort est tout ce qu’elles ont d’ici-bas jusqu’à ce qu’Il vienne. Ce n’est pas assez de faire partie de la maison et de l’Assemblée de Dieu comme elle fut manifestée à la Pentecôte, ou de savoir que nous ferons individuellement partie de la nouvelle Jérusalem. À la Pentecôte, ce n’était point un troupeau dispersé. Si nous nous réunissons ensemble, et nous sommes tenus de le faire, est-ce dans le nom de Celui qui fut pèlerin et étranger ici-bas — serviteur, parce qu’Il était Fils ? Est-ce comme des gens qui avons reconnu nettement que nous ne sommes pas du monde, mais que nous cherchons une cité encore à venir [Héb. 13, 14] ? Est-ce comme des gens qui savons ce que Dieu fait maintenant, et qui confessons ouvertement et par des faits que nous le savons et que nous agissons en conséquence ? C’est ainsi que deux ou trois qui se réunissent dans le nom du Seigneur seront capables de dire qu’ils sont et savent qu’ils sont, dans Sa pensée, « de » Sa maison et « de » Son Assemblée ; et c’est aussi de cette manière que le monde, et le monde professant en face d’eux, le saura aussi. La présence de Dieu est une chose très réelle, même avec deux ou trois qui sont dans l’efficace du nom de Jésus, et ils ont des signes de Sa présence. De pareils chrétiens ne pourraient jamais dire sans arrogance et orgueil : « Nous sommes Sa maison et Son Assemblée ». Si nous le prétendons, nous sommes dans Babel en esprit et de cœur, nous nous plaçons nous-mêmes sous le jugement dû à la maison et à l’Assemblée, comme ayant failli entre les mains des hommes ; nous marchons sur la terre et pensons aux choses de notre propre fonds. D’un autre côté, néanmoins, ces deux ou trois rassemblés en Son nom ne pourraient pas (sans méconnaître la grâce du Seigneur et leur propre responsabilité sous la bénédiction de cette grâce) nier qu’ils sont « de » ce qu’Il considère, et envers quoi Il agit, dans un sens particulier, comme étant sien, comme étant en perspective, Sa maison, Son Assemblée. Si l’esprit est occupé de la forme de réunion des deux ou trois, le moi et la mondanité se retrouveront sous une forme nouvelle, et cela est tout. Mais si ceux qui se sont purifiés se réunissent dans la crainte du Seigneur, ils trouveront l’efficace du Saint Esprit, le ciel, et une joie ineffable.

« Que penser de la maison de Dieu, qui est l’Assemblée du Dieu vivant ? ». Étudiez la Parole, et voyez ce qu’elle était à la Pentecôte avec la présence divine en elle, et la parfaite saveur du ciel et de l’éternité en elle et sur elle. La foi et l’Esprit de Christ vont ensemble. Voyez ce que l’homme a fait depuis, et voyez aussi, très particulièrement, tout le contraste ou le défaut d’harmonie qu’il y a entre votre propre caractère et celui du Christ Jésus, ou celui d’un Pierre, d’un Étienne, ou d’un Paul, et soyez honteux devant le Seigneur de la mondanité, de la conduite charnelle, de la suffisance et de l’ignorance, de l’insouciante recherche de votre propre satisfaction qui vous ont caractérisé. Voyez le chemin de déclin et de décadence que tout suit dans la main de l’homme, vers l’incrédulité et la superstition ; mais, remarquez aussi au-dessus de tout cela, la fidélité de Dieu et Son dessein arrêté de transporter les siens dans la nouvelle Jérusalem. Si vous trouvez que vous êtes maintenant, pendant qu’il est dit aujourd’hui, un avec Lui dans ce dessein, présentez pour Lui un vaisseau purifié du mal en toute manière. Ceux qui marchent d’après les sens et habitent sur la terre, trouveront que leur association avec l’Église est une association avec une maison ruinée et une Assemblée corrompue que le jugement frappera quand le mal aura atteint sa parfaite maturité ; mais ceux qui marchent par la foi et dans le Saint Esprit, et habitent dans le ciel, trouveront que leur association avec l’Église est une association avec le Dieu vivant et la parole de Sa grâce dans Sa propre éternité — et le conseil du Seigneur quant à la nouvelle Jérusalem — l’Épouse, demeurera ferme.

Que Dieu nous donne plus de simplicité et de décision de cœur pour mettre en lumière, à tout prix, Ses principes — d’abord quant aux individus, et cela assurera aux deux ou trois leur pleine bénédiction.

Si, comme je le crois, toute la bénédiction de l’âme et de chacun de nous, et de nous tous qui sommes des croyants, des croyants purifiés, dépend du fait réel que nous avons affaire, d’une manière consciente et intelligente, selon la foi et par l’Esprit, avec le Dieu vivant qui nous a pris dans Sa grâce pendant qu’il est dit aujourd’hui — prenons garde alors à nos pensées et à notre conduite en rapport avec cette question : « Que faire, quant à la maison de Dieu, qui est l’Assemblée du Dieu vivant ? ».

« Où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » [Matt. 18, 20], telle fut la première déclaration et la première promesse du Seigneur — et cela avant le jour de la Pentecôte ; ce fut Son nouveau principe d’association pour Ses disciples. Le temple, dans le pays, avait été le point de ralliement du peuple d’Israël. La personne même du Seigneur, quoique dans le ciel, vue par la foi, serait le centre d’union attrayant pour les disciples de Celui qui est mort pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés [Jean 11, 52]. Le jour de la Pentecôte, Dieu agit sur ce principe, et il fut formé sur la terre par le Saint Esprit une association et une demeure, à laquelle fut confiée la responsabilité d’une disposition d’esprit et de cœur toute céleste, de la grâce, de la sainteté, et de l’unité de la maison et de l’Assemblée de Dieu. C’était une chose réelle, et le Dieu vivant et Sa puissance étaient là. Mais l’homme a manqué ; et où trouver maintenant sur la terre ce vers quoi nous pourrions nous tourner et dire : « Voilà la maison de Dieu, l’Assemblée du Dieu vivant », comme on aurait pu le faire à Jérusalem, sans crainte de contradiction et de honte ? C’était une réalité manifeste. Elle portait sur elle l’empreinte de Dieu et du ciel, de Son caractère et de Ses voies. Mais ce n’est pas une réalité manifeste, ce qui est dans les mains de l’homme. Et, parce qu’ils sentent le manque de réalité, ceux qui pensent pouvoir encore dire : « Venez et voyez en nous la maison et l’Assemblée » — sont obligés de dénaturer la vérité de Dieu. Ils sont obligés, soit de changer les éléments de ce qui était la maison et l’Assemblée, de changer, ainsi qu’a fait Rome, le céleste en mondain, le spirituel en matériel ; soit de faire quelque chose d’invisible et de spirituel de ce qui était visible et tangible aux sens ; mais, pour des hommes qui sont en leurs corps sur la terre, une lumière et une maison invisibles sont à la lettre une absurdité. Lorsque Christ se trouvait sur la terre, comme témoin de Dieu là, Il n’était point invisible, mais visible selon que s’exprime Jean (1 Jean 1, 1) : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu, etc. » ; et lorsqu’Il s’en fut allé au ciel et eut envoyé du ciel le Saint Esprit ici-bas, l’Église n’était point invisible, mais bien visible, soit à Jérusalem, soit à Éphèse, et elle faisait connaître sa lumière et sa puissance, car le Saint Esprit était là, et un Seigneur absent était aimé et servi. Une seule maison et une seule Assemblée de Dieu sur la terre ; une même vérité et un même Esprit ; tout un même ensemble de principes ; une même origine ; une même puissance ; un même but et une même portion caractérisaient partout la maison et l’Assemblée visibles sur la terre — témoins pour un Seigneur et Sauveur absent et invisible au monde. Changer soit les principes de l’Église, soit sa manifestation visible, est l’œuvre de l’adversaire — qui cherche par là à détruire la responsabilité du peuple sauvé. Rome a fait la première de ces deux choses ; le protestantisme fait la dernière. Il n’y a donc sûrement pas de réalité, non plus que la présence du Dieu vivant, pas plus avec l’une qu’avec l’autre !

Mais les principes sur lesquels Dieu et Christ, et le Saint Esprit agirent à la Pentecôte, auraient pu être reconnus pleinement à la Réformation. Ils ne le furent pas, et on ne vit pas non plus clairement que l’homme avait manqué aussi à cet égard-là. Si on l’eût vu, nous n’aurions pas eu ce qui existait exactement à la Pentecôte, pas plus que le temple, une fois détruit, ne pouvait jamais être le même temple après avoir été rebâti. L’urim, le thummim et la schékinah ne furent jamais rendus au temple reconstruit ; en outre, les dix tribus et les deux tribus furent toujours distinctes les unes des autres, depuis que le royaume se fut déchiré en deux. Cependant, dès les jours d’Esdras et de Néhémie, d’Aggée et de Zacharie, il y avait sur la terre d’Israël quelque chose que Dieu pouvait reconnaître et reconnut comme Son temple et Son peuple — quelques solennelles traces qu’ils portassent de la chute passée de l’homme. Y eut-il à l’époque de la Réformation une pareille intelligence de ce que l’Église avait été, et de l’impossibilité pour l’homme de la rétablir ? Je crois que non, de quelque côté qu’on regarde. Bien plus : presque partout, au lieu de l’Église de la Pentecôte, on prit pour modèle le temple et le royaume d’Israël, et le protestantisme dissident avec toute sa piété et ses bonnes œuvres, ne me semble pas s’être même jamais clairement appuyé sur les principes de l’Église de la Pentecôte. Aussi jamais ne rechercha-t-on même pas les principes d’un seul Esprit, d’une seule foi, et d’une communion basée sur la sainteté, la vérité et la grâce de la Pentecôte. Si on les eût recherchés, Dieu aurait pu, et sans doute aurait voulu signaler à la fois le manquement de l’homme et Sa propre grâce, dans la chose dont Il eût permis l’établissement, quoique ce qui correspondait à l’urim et au thummim n’aurait point pu être rendu, et que la déchirure entre les églises grecque et romaine n’eût pas non plus été jamais réparée. Mais de fait, il n’y eut nulle part de rassemblement des enfants de Dieu qui avaient été dispersés, rassemblés comme tels, ensemble, selon la promesse : « Où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » [Matt. 18, 20]. Ce ne fut point cherché, et ce ne fut point trouvé. Je n’ai pas besoin de dire ici ce que les églises protestantes, comme telles, me semblent avoir été — je puis dire cependant que, dans tous les cas, autant que je sais, elles prirent pour base le siège du gouvernement de ce monde. Et si la dissidence a fait un pas de plus, elle n’a jamais saisi, que je sache, l’unité et la visibilité originelles de la demeure de Dieu par l’Esprit, de l’Assemblée du Dieu vivant.

Lorsque vinrent les jours où le retour du Seigneur devait être de nouveau mis en avant et prêché, le Seigneur répandit beaucoup de lumière dans l’esprit de ceux qui Le reçurent ; et l’unité originelle de l’Église et la présence personnelle du Saint Esprit avec elle, comme sous la seigneurie de Christ, d’abord, et demeurant ainsi qu’Il fit, afin de témoigner pour le Seigneur Jésus Christ, devinrent des vérités généralement connues et généralement reconnues. La présence de l’Esprit avait été vue par un Huss, et, peut-être, par Luther, ainsi que d’autres vérités, mais ces hommes n’agirent point d’après elles ; et quoique se trouvant dans leurs écrits exprimées de cette manière, par exemple, que c’est le Saint Esprit, et non le pape, qui est le vicaire de Christ sur la terre, elles ne survécurent pas longtemps, comme vérités connues des masses. Mais aujourd’hui, un grand nombre de chrétiens, en Angleterre et sur le continent, voient clairement, à la lumière de la doctrine du retour du Seigneur, le Saint Esprit comme le Consolateur, le Saint Esprit qui, quoique déshonoré par l’homme, était resté pour rendre témoignage au Seigneur et montrer à ceux qui croient la bénédiction de Son Père dans le ciel.

Beaucoup aussi, alors troublés et tourmentés dans leur conscience par les églises — monde de l’homme, et par les imperfections de la dissidence, ont trouvé un port de repos pour leurs consciences troublées dans la promesse, et le rassemblement qui s’appuie sur elle : « où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux ». Il se peut aussi qu’ils sont parvenus à goûter de la communion des saints comme tels — qu’ils se sont réunis sur une base assez large pour tous les enfants de Dieu qui étaient dispersés, et néanmoins assez vitale dans la pratique pour ne pas attirer ceux qui, évidemment, ne recherchaient pas le Seigneur d’un cœur pur. Il est possible, aussi, que leur position (quoique méprisable en elle-même comme la caverne d’Adullam [1 Sam. 22, 1] qui abrita le roi de Dieu et le sacrificateur de Dieu) fût telle, que Dieu daignât la reconnaître d’un : « Je suis avec eux pour les bénir », et encore (Agg. 1, 13) : « Je suis avec vous, dit l’Éternel », et qu’Il ait pu dire d’eux, en tant qu’ainsi rassemblés, « de ma demeure, de mon assemblée », leur montrant en avant et en haut la gloire. Devant l’homme, ils ne pourraient jamais prétendre être la maison ou être l’Assemblée — beaucoup moins pourraient-ils prétendre faire ce à quoi l’Église primitive même ne prétendit jamais, c’est-à-dire, rassembler autour d’eux-mêmes, et non autour de Jésus. Cependant il y avait de la réalité dans le mouvement, et Dieu a été alors et là avec lui. Si quelqu’un, maintenant, en ces jours-ci, voulait que je revinsse en arrière à ces jours-là, je ne verrais pas de réalité à agir ainsi, et je ne pense pas non plus que Dieu fût avec moi dans cette entreprise. Ce mouvement n’était pas le modèle, ni le point de départ de l’action par lequel nous ayons à nous juger ; mais la Pentecôte fut à la fois le modèle et le point de départ. Ces temps-là sont passés. L’état des choses est changé maintenant, et le temps aussi ; mais le Dieu vivant d’alors est le Dieu vivant de maintenant, et sait comment appliquer la promesse à notre nécessité d’aujourd’hui autant qu’à notre nécessité d’hier[4].

Je doute beaucoup que nous puissions en toute sécurité parler d’eux comme d’un résidu ; cela ramènerait trop l’esprit en arrière au temps de l’Ancien Testament et aux choses de la terre et les placerait sur la terre ; néanmoins ils peuvent dire certainement : « Il nous a de sa propre volonté engendrés par la parole de la vérité » [Jacq. 1, 18], ce qui ne peut se dire de la masse professante ; et ils peuvent aussi, quant à leur position, être capables de parler (ce que les enfants de Dieu, qui sont dispersés, peuvent faire difficilement) de cette « sorte de prémices de ses créatures ».

Sont-ils un témoignage, et s’ils le sont, de quoi ? C’est là une question qui a été posée, et souvent posée. L’Église primitive constituait-elle un témoignage, comme telle, et la nouvelle Jérusalem, femme de l’Agneau, en sera-t-elle un ?

N’y a-t-il pas quelque chose de fallacieux, une erreur dans l’une et l’autre de ces questions ? Je pense que oui, et que c’est faute d’avoir compris le sujet qu’on a souffert. Le mot témoignage peut être employé dans un sens passif ou dans un sens actif. Dans le premier sens, l’Église de la Pentecôte, maison et Assemblée, était certainement un témoignage ou une preuve de la grâce et de la sagesse insondables de Dieu en Christ (Éph. 2 et 3) et même, une plus grande preuve de la grâce et de la sagesse divines que la nouvelle Jérusalem, je ne sais — elle est le chef-d’œuvre de Dieu — quelque chose de fait pour Christ. Mais à qui la nouvelle Jérusalem sera-t-elle un témoignage dans le sens actif ? Une telle cité, une épouse pareille formant un corps ne peut point parler (voyez aussi le psaume 19). Et l’église de Jérusalem était-elle un prédicateur ou un docteur ? c’est-à-dire, un témoignage dans le sens actif ? Je pense que non. Elle fut formée par la Parole, et l’Esprit habitait en elle — mais l’évangile existait avant l’Église ; et elle avait dans son sein des hommes qui étaient individuellement ses docteurs, et il y avait des évangélistes qui marchaient en avant pour rassembler par l’évangile, comme Paul, sans permission d’aucun homme. Recevoir la vérité, être formé par elle, la retenir, et en manifester l’efficace dans nos voies et nos habitudes — sont des choses très différentes de prêcher ou d’enseigner la vérité, soit aux saints, soit aux pécheurs. Si des hommes ont trouvé grâce pour être des deux ou trois qui se purifient, et n’estiment pas que leur présence là est un fruit de l’élection de grâce, pour ce qui les concerne et ce qui concerne tous ceux qui ont trouvé un lieu de repos là où deux ou trois sont réunis, j’ai pitié d’eux du fond de mon cœur. Quelle douceur ils ont perdue, en n’étant pas en état de dire : « Il me fait reposer dans des parcs herbeux, pour l’amour de son nom » [Ps. 23, 2-3]. Des lieux pareils sont, par le fait même de leur existence, une preuve de la grâce immuable qu’il y a en Dieu ; et ce sont aussi, je l’espère, des preuves que la nuit est fort avancée, et que le jour s’est approché [Rom. 13, 12]. Rien ne rendra, je pense, la ruine et la chute de l’Église entre les mains de l’homme, aussi visiblement manifestes aux hommes, comme de tels rassemblements. Rien ne montrera aussi clairement aux hommes que les enfants de Dieu n’ont pas eu de communion comme tels dans le romanisme, etc., comme quelques réunions de chrétiens au cœur brisé au milieu de cet état de ruine, et ayant pourtant, au milieu de tout cela, par la grâce de Dieu, Sa présence manifeste parmi eux, et, en conséquence, communion comme enfants de Dieu. Qu’ils soient deux ou trois, ou vingt, ou deux ou trois mille, qui se réunissent de cette manière — il n’y a pas à craindre qu’ils n’aient pas Dieu avec eux : ils marchent dans la foi de Christ, et par l’Esprit ils ont été bénis de Dieu. Et si Dieu donne des docteurs et des pasteurs, ceux-là ne seraient point l’Assemblée, et ils ne pourraient pas non plus produire leurs lettres de créance autrement que dans le fait qu’ils se sont voués au service des saints [1 Cor. 16, 15]. Il pourrait donner aussi des évangélistes, mais quoique de l’Église, ils sont en dehors d’elle quant à la portée de leur œuvre, qui est pour le monde comme tel.

Il est une autre remarque que je voudrais faire quant à ce qui est appelé témoignage dans le sens actif. Si j’étais évangéliste ou docteur, je serais appelé à rendre témoignage ; cela ferait partie de mon obéissance, et la manière dont je devrais chercher à être capable de le faire est marquée dans les Écritures.

Ce serait là le témoignage actif. Je prie Dieu de nous en donner beaucoup plus, et de rendre plus efficace le peu qu’il y a. Mais je ne suis point appelé, cela ne fait point partie de mon obéissance en tant que chrétien, d’avoir l’âme occupée des hommes, des pensées bonnes ou mauvaises des hommes relativement aux effets de ma communion avec Dieu. Si je marche dans la chair ou dans la mondanité, ce sera manifeste à tous, et sûrement je dois être en garde contre cela ; mais si je marche avec Dieu et avec Christ dans le ciel, par la foi et le Saint Esprit, mon âme est occupée des objets qui sont là, et c’est précisément ce bonheur d’être absorbé dans les choses du ciel et de l’éternité qui donne cette pleine dépréoccupation du moi, et ce soin pour Dieu et pour Christ qui constituent le témoignage passif. Si je le cherche, le moi entre et avec le temps les pensées de l’homme, ce qui est la mondanité. Si je suis occupé de ce qui se trouve dans le ciel et dans l’éternité, la saveur s’en fera sentir : serviteur de Dieu parce qu’il est Fils.

S’il y en a qui nient que Dieu a aujourd’hui des personnes placées sous la responsabilité vis-à-vis de Lui, les unes de prêcher la Parole au monde, et les autres de l’expliquer aux saints, je les laisse régler cela avec Dieu. L’Assemblée de Dieu n’a jamais prétendu en aucun sens être pasteur ou docteur, mais bien être, ce qui est beaucoup plus élevé, la demeure de Dieu, et l’Assemblée en association avec Dieu, comme une preuve, dans sa formation originelle, et dans son existence même partout où on la trouve, de l’amour, de la sagesse et de la puissance de Dieu, et comme une preuve aussi, depuis que l’homme a trahi le dépôt qui lui avait été confié, de la manière dont le conseil du Seigneur demeure ferme, et de la manière dont le Père travaille, ainsi que le Fils, pour former la nouvelle Jérusalem — en dépit de Satan, du monde et de la chair. La chute passée de l’homme ne doit pas nous servir d’excuse pour la mondanité, ou pour l’indifférence de cœur ou de conduite à l’égard de la personne et de la marche de Christ, non plus que pour nous retirer dans quelque coin, chacun de notre côté. Nous ne devons pas non plus nous en servir comme d’un refuge, pour chercher à nous faire un nid tranquille et commode pour nous-mêmes, ou un lieu dans lequel nos lacunes, en fait de piété et de sainteté, ne seront point remarquées : la chute individuelle présente s’abritant sous la chute commune. Au milieu de toute l’agitation de méchants cœurs d’incrédulité, possédons nos âmes par notre patience [Luc 21, 19]. Il donne une plus grande grâce [Jacq. 4, 6]. Puissions-nous en être les canaux abondants pour les autres, dans toute leur détresse. « Nous sommes ce que nous sommes, et Dieu est ce qu’il est ; et ceux qui marchent avec lui, le Dieu vivant, trouveront bientôt qu’eux et Lui sont bien réunis ensemble » ; mais alors, tenons-nous à la réalité, à une marche réelle avec le Dieu vivant pendant qu’il est dit aujourd’hui, et laissons-Lui le soin de régler avec ceux qui se traînent derrière, ou qui courent devant, ou qui, par ignorance, errent de côté. Au temps où nous sommes, il importe extrêmement de laisser Dieu nous réduire à notre place par les moyens dont il Lui plaît de se servir ; et une chose dont je suis bien sûr, c’est qu’il n’y a pas de danger qu’Il réduise qui que ce soit d’entre nous à une place qui soit trop petite pour nous. Laisse-Le agir, et toi suis-Le ; et la place de travail maintenant, et de gloire plus tard, dira Sa grandeur, quelque petits que nous y soyons. La pierre qui tua Goliath était une petite pierre, et petit fut l’effort de David [1 Sam. 17]. Il opéra pourtant une grande œuvre et remporta un prix, car Dieu était reconnu, et c’est à Lui que David pensait, sans beaucoup s’inquiéter de Goliath et des Philistins.

Je désirerais que mes frères — au lieu de s’occuper de questions concernant ce qu’est l’Église maintenant sur la terre, dans ce temps-ci, et ce que nous sommes quant à elle, ce qui prouve seulement, en ceux qui parlent ainsi, qu’ils n’en ont pas fini avec l’homme comme une chose qui a failli, qu’ils ne se sont pas retirés de l’homme — fussent occupés de ce que l’Église est dans la pensée de Dieu, dans le ciel et pour l’éternité. Qu’ils voient la chute dans la main de l’homme ; qu’ils voient leur propre connexion avec elle, et qu’ils se détestent eux-mêmes, et détestent tout ce que l’homme a fait et a été, en présence de cet amour qui ne connaît pas d’obstacle, mais poursuit toujours la réalisation de ses plans et de ses desseins ; mais qu’ils considèrent aussi qu’ils sont individuellement des vaisseaux purifiés, propres au service du Maître, qu’ils ne sont pas du monde, par la pensée, l’affection, la conduite, tout comme ils n’en sont pas par l’Esprit de Christ, qui les a rendus participants de la bénédiction. Faire la volonté de Dieu, et la laisser faire, c’est aujourd’hui la chose importante.

Marchez par les sens et par la vue quant à l’Église, et vous êtes dans Babylone ; marchez par la foi et par l’Esprit, et vous êtes avec Dieu sur la route de la gloire et du ciel. Le résumé et la substance de tout ce que j’ai à dire, c’est que l’Église, en tant que la demeure de Dieu, l’Assemblée du Dieu vivant, me semble être présentée sous deux aspects dans l’Écriture. Elle fait partie du conseil et du plan éternels de Dieu le Père, pour le Fils de Son amour, le Seigneur Jésus Christ, dans l’éternité qui s’ouvre devant nous. Comme telle, elle est l’ouvrage de Dieu l’Esprit, par la foi en nous, et ne peut jamais faillir. Mais cela formait le fondement d’une responsabilité parmi les hommes sur la terre, dans le temps, en tant que la connaissance de la vérité qui repose à sa base, et de la puissance ainsi introduite (savoir, le Messie, rejeté sur la terre, élevé dans le ciel comme le second Adam, l’Esprit vivifiant), fut communiquée à la Pentecôte et confiée à l’homme.

L’homme a failli en cela comme en tout le reste ; failli sans espoir et d’une manière irrémédiable, et le jugement est à la porte. D’un autre côté, Dieu n’a aucunement failli ; et Il sait aussi comment faire tourner même cette chute à Sa propre gloire et à l’avancement de la bénédiction de tous ceux qui la reconnaissent et marchent avec Lui au milieu de la ruine. Ces personnes sont manifestées comme des personnes qui se purifient de tout mal, qui se purifient comme Lui est pur [1 Jean 3, 3], qui marchent avec Lui selon les principes d’après lesquels Il agit dans et pour Sa propre éternité dans le ciel.