La marche chrétienne

Éphésiens 4 et 5
J.N. Darby

[Écho du témoignage 1865 p. 327-332]

Nous trouvons en Éphésiens 4 et 5 un exposé bien remarquable des principes de la marche chrétienne, de la hauteur des principes qui doivent la gouverner, et de son élévation morale, sur lequel je désire attirer l’attention de vos lecteurs. Dans le quatrième chapitre, l’apôtre, après avoir développé la doctrine chrétienne à l’égard de nos relations avec le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, relations fondées sur ces deux noms, et ensuite les relations de l’Église avec Christ, commence ses exhortations aux chrétiens à l’égard de leur marche. Ils ne doivent pas marcher comme les païens, dans la corruption qui se rattachait à l’état de ténèbres dans lequel ils se trouvaient ; ils n’avaient pas ainsi appris le Christ, s’ils savaient réellement ce qu’était la vérité en Jésus, savoir : d’avoir dépouillé le vieil homme et revêtu le nouvel homme, lequel était créé selon ce que Dieu était dans la justice et dans la sainteté de la vérité.

Car c’est là la vérité telle qu’elle est en Jésus, non pas que nous nous dépouillions, mais en tant que ressuscités avec Lui, que nous avons dépouillé le vieil homme et revêtu le nouvel homme. Voilà donc le premier principe de la marche chrétienne : nous avons revêtu le nouvel homme ; et voici son caractère, créé selon Dieu ; non seulement l’absence du péché, ce qui était réalisé dans le premier Adam, mais selon Dieu pleinement révélé à celui qui a déjà la connaissance du bien et du mal, et créé selon les pensées de Dieu Lui-même à l’égard du bien et du mal, selon l’estimation que Dieu par Sa nature même a du bien et du mal. Quel privilège immense ! Le nouvel homme né de Dieu est, dans sa nature, le reflet, et le reflet intelligent, de la nature de Dieu Lui-même. C’est pourquoi l’apôtre Jean dit : Il ne peut pécher parce qu’il est né de Dieu. Aussi trouvons-nous dans le passage de l’épître aux Colossiens qui est parallèle à celui-ci : « renouvelé en connaissance[1] selon l’image de Celui qui nous a créés ». Tel est le premier principe de la marche chrétienne, une nature qui vient de Dieu, créée comme expression et reflet de ce qu’Il est en justice et en sainteté de vérité. Ici, c’est une vie, une nature, ce que nous sommes. Le second principe, c’est la présence du Saint Esprit. Ne contristez pas le Saint Esprit par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption. C’est Dieu Lui-même qui demeure en nous par Son Esprit. Rien d’indigne d’un tel hôte, d’indigne de la présence de Dieu Lui-même, ne doit se passer en nous. Aussi notre marche doit être caractérisée par ce qui caractérise Dieu Lui-même, car Son Esprit est actif en nous. Par conséquent, nous trouvons ici l’amour aussi, et non pas seulement la justice et la sainteté. Nous nous pardonnons les uns les autres, comme Dieu pour l’amour de Christ nous a pardonnés. Christ étant monté en haut et la justice de Dieu établie ainsi, nous-mêmes parfaitement purifiés par le sang de Jésus, le Saint Esprit est descendu, et les corps des croyants en sont devenus les temples. C’est le sceau de Dieu mis sur leurs personnes, et les arrhes de leur entière rédemption et de leur part dans l’héritage de gloire.

La marche du chrétien doit donc être la manifestation de la nature divine, et des voies de Dieu en grâce envers nous. C’est l’instruction que nous donne le chapitre 4 ; mais le cinquième fournit d’autres lumières encore. Qui est-ce qui a été l’expression de cette nature dans l’homme ici-bas ? Il est évident que c’est le Sauveur, l’image du Dieu invisible. Ainsi, Christ Lui-même devient l’expression de cette vie divine dans l’homme, le modèle de notre conduite. Examinons ce chapitre 5 sous ce rapport, pour en tirer l’instruction qu’il contient.

« Soyez donc des imitateurs de Dieu ». N’ai-je pas eu raison de parler de l’élévation morale de la marche chrétienne ? Soyez des imitateurs de Dieu : participants de Sa nature, et la demeure de Son Esprit, nous sommes appelés à L’imiter dans les principes de Sa conduite. Mais alors, ainsi que nous l’avons dit, Christ en est le parfait exemple ; aussi l’Esprit Saint continue-t-Il en disant : « Et marchez dans l’amour, comme Christ nous a aimés et s’est donné pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en odeur de bonne senteur ». Ceci ajoute un élément bien précieux aux principes de la marche chrétienne. Ici, l’amour n’a pas le caractère de cet amour divin qui pardonne, étant au-dessus du mal, quand un tort nous a été fait, comme Dieu pardonne à cause de Christ le péché contre Lui. C’est le dévouement, une offrande faite de soi-même à Dieu. Ce n’est plus la loi qui veut qu’on aime son prochain comme soi-même, ce qui serait le bonheur sans qu’il restât du mal dans le monde ; ce n’est pas aimer Dieu de tout son cœur, ce qui suppose que le mal n’y est pas. C’est un dévouement qui suppose le mal, une nécessité qui soit l’occasion de l’exercice de l’amour. On se donne pour les autres, on se dévoue. Mais pour l’amour dans l’homme, il faut un motif, un objet. Pour que cet amour soit parfait, il faut que l’objet, le motif de l’amour, soit parfait. Si l’on se donne à un homme, il peut s’y trouver un noble dévouement, mais le motif est imparfait ; l’amour ne s’élève pas, et ne le peut, au-dessus de son objet. Tout de même, pour que ce soit du dévouement, il faut qu’il y ait des objets nécessiteux. Ces deux éléments se retrouvent en Christ. Il s’est donné pour nous, pour des êtres nécessiteux, objets de compassion de Sa part ; mais Il s’est donné à Dieu, objet infini et parfait : ce qui n’aurait pas été, s’Il s’était donné simplement à nous et pour nous.

C’est ainsi que nous devons marcher, prêts à nous sacrifier pour nos frères, toujours faisant abnégation de nous-mêmes pour les servir, mais en nous offrant à Dieu Lui-même, au Christ à qui nous sommes. Ainsi la mesure de notre conduite, c’est celle de Dieu Lui-même, Christ Lui-même étant notre exemple dans Sa vie d’ici-bas, pour que nous ajoutions l’amour, le lien de la perfection, à l’amour fraternel. Il n’est pas dit que nous sommes amour, c’est la prérogative de Dieu. Il l’est, et Il aime, quant à nous, sans autre motif que ce qu’Il est : ce qui ne saurait être le cas d’une créature. Nous L’imitons dans le cas des torts qui nous ont été faits. Mais l’amour qui tend de son propre fonds vers les autres, est de Dieu seul. Mais la lumière est une qualité en soi, la pureté qui aussi manifeste tout. C’est le second nom que Dieu se donne pour exprimer ce qu’Il est. Dieu est lumière : de même, Christ, quand Il était dans ce monde, était la lumière du monde. Nous étions ténèbres, nous sommes lumière dans le Seigneur. Aussi dans l’épître aux Philippiens trouvons-nous à l’égard des chrétiens ce qui pouvait se dire en tout point de Christ Lui-même. « Sans reproches et purs, des enfants de Dieu, irréprochables au milieu d’une génération tortue et perverse, parmi laquelle vous reluisez comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de vie ». À cette nature pure, nous participons en tant que nous avons Christ pour vie en nous. La pureté dans les motifs, dans les pensées selon la nature divine, ce qui, manifesté dans ce monde, manifeste le vrai caractère de tout ce qui est autour de nous. Nous sommes lumière dans le Seigneur. Ainsi les deux noms, les seuls que Dieu se donne pour exprimer ce qu’Il est, amour et lumière, deviennent l’expression de ce que le chrétien doit être dans sa marche. Il est même lumière dans le Seigneur.

Il existe un autre genre de motifs et de règle, les relations dans lesquelles l’on se trouve comme père et enfants, mari et femme, maître et esclaves. Nous sommes dans ces relations aussi avec Dieu et avec Son Christ. Mais c’est un autre terrain sur lequel je n’entre pas à présent. Ce dont je parle, c’est le caractère chrétien en tant qu’ayant la vie divine et le Saint Esprit en Christ, de sorte qu’il doit imiter la conduite de Dieu et prendre Christ pour modèle sur la terre.