Préfigurations du royaume

[Écho du témoignage 1866 p. 474-485]

C’était la volonté de Dieu que l’homme eût l’autorité sur cette terre. En conséquence, Adam, la dernière des œuvres de Dieu dans la création, fut formé pour occuper la position de suprématie sur cette portion de l’univers. Le jardin d’Éden était le lieu de sa résidence, et il avait à le cultiver et le garder. La terre produisait pour sa nourriture « toute herbe portant semence qui est sur la terre, et tout arbre qui a en soi-même du fruit d’arbre portant semence ». Il lui fut donné de dominer sur tous les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tout reptile qui rampe sur la terre. Tout cela reconnaissait son pouvoir. Sous la dépendance de Dieu, il était souverain sur la terre ; il n’avait pas de rival ; et la Parole nous apprend que pour mettre l’empreinte de son autorité sur la création animale, et manifester la volonté de Dieu à cet égard, l’Éternel fit venir vers Adam tous les animaux afin de voir comment il les nommerait et afin que le nom qu’Adam donnerait à tout animal fût son nom. Quel tableau nous avons là du plaisir que Dieu prenait dans Son ouvrage et dans cette dernière œuvre de Ses mains — l’homme ! Sous quel magnifique aspect tout cela a-t-il dû apparaître aux yeux des anges promenant leurs regards sur ce monde sortant des mains de leur commun Créateur, et sur l’homme, son seigneur, fait à l’image de Dieu. Les étoiles du matin avaient bien sujet de se réjouir ensemble, et tous les fils des hommes de chanter en triomphe (Job 38, 7) en contemplant une scène pareille. Mais celui dont la terre était la sphère de gouvernement, et dont l’empire s’étendait aussi loin que ses limites à elle, tomba, et tout fut changé. La terre qui aurait rapporté son fruit pour lui, fut maudite, et en retour de son travail ne produisit que des ronces et des épines (Gen. 3, 18). Il n’eut plus ses fruits pour le rafraîchir ; et désormais, il est, lui, naguère seigneur de la création, un exilé de ce jardin de plaisir et de délices. Il faut qu’il mange son pain, qui ne se compose plus que de l’herbe des champs, à la sueur de son visage. Le péché était entré et avait souillé le paradis de Dieu ; et par le péché la mort était aussi venue. Adam créé sans tache, pur, innocent, n’est plus tel. L’image de Dieu à laquelle il avait été créé a été tristement gâtée. Les plans de Dieu ont été, selon toute apparence, complètement renversés. L’homme a cru un mensonge, s’est défié de la bonté de Dieu, a douté de Son amour, a prêté l’oreille au tentateur, a péché contre Celui qui l’a fait, et a fait entendre que Dieu était la cause de tout cela par l’aide semblable à lui qu’Il lui avait si gracieusement procurée.

Que va-t-il arriver maintenant ? Les plans du Créateur avaient-ils été traversés par la ruse et l’inimitié d’une créature ? Satan avait-il triomphé pour toujours ? En ruinant l’homme, avait-il détrôné Dieu pour toujours comme le Seigneur de toute la terre ? Il semblait qu’il en était ainsi ; mais Dieu promit quelqu’un qui reconquerrait ce qu’Adam avait perdu. Adam avait failli et était tombé pour avoir prêté l’oreille aux suggestions que le diable lui avait insinuées par l’intermédiaire d’Ève ; mais la semence de la femme briserait la tête du serpent ! Un autre homme, le second homme, le dernier Adam, fera bien plus que réparer la ruine attirée par le premier sur tous ses descendants et sur cette terre.

Ceci n’est jamais perdu de vue ; et dans tout l’intervalle qui s’est écoulé depuis la chute, Dieu n’a pas cessé de l’avoir présent à Sa pensée. C’est ainsi que la proclamation de l’évangile du royaume est appelée l’évangile éternel (Apoc. 14, 6). L’évangile de la grâce de Dieu ne le remplace point. Il introduit les âmes dans le royaume. Du commencement à la fin, la Bible tient constamment devant nous ce sujet, et nous y voyons comment tout a travaillé et travaille, sous la direction de Dieu, pour que ce but soit atteint.

Le royaume est le royaume du Seigneur ; et Il sera reconnu gouverneur parmi les peuples. Nous ne voyons pas encore tout cela réalisé, mais nous voyons Celui qui a été fait un peu moindre que les anges, à cause de la passion de la mort, couronné de gloire et d’honneur. Et de temps en temps il brille, lisons-nous dans la Parole, assez de rayons de cette gloire qui vient, pour faire désirer au cœur et guetter aux yeux la pleine satisfaction des besoins de la créature, et des aspirations les plus élevées de la création dans l’accomplissement du royaume du Seigneur sur la terre.

Nous trouvons un de ces tableaux anticipés de l’avenir dans la position de Noé après le déluge. Débarqué, pour ainsi dire, dans un nouveau monde, balayé par les eaux du déluge, l’homme est placé de nouveau sur la terre, et le gouvernement est remis en ses mains. Tous les animaux devaient le craindre et le redouter, et ils lui furent donnés pour nourriture. Les fruits de la terre dont l’usage lui avait été retiré, semblait-il, après la chute, lui sont permis de nouveau, aussi bien que l’herbe des champs. Mais la malédiction que la terre a encourue, quoique adoucie, n’est point retirée, et la peur que les animaux ont instinctivement de l’homme, ne le garantit pas des effets de leur colère. Le petit enfant ne peut pas, sans s’exposer à en souffrir, mettre sa main au trou du basilic, et le lion ne mange pas non plus encore du fourrage comme le bœuf — et même l’inimitié des bêtes sauvages pour l’homme est positivement signalée (Gen. 9, 5). Imparfaite, donc, comme l’était la position de l’homme comparée à celle qu’avait occupée Adam, nous voyons dans l’exemple de Noé que l’homme — tel qu’il existait alors, l’homme tombé, quoiqu’il pût être un homme juste et intègre en son temps, marchant avec Dieu et tel qu’était Noé, ainsi que Dieu en rendait témoignage, n’était pas celui qui briserait la tête du serpent et renverserait le dieu de ce monde. Noé fait bientôt voir que ce n’est pas lui qui est l’homme. Il planta la vigne, but du vin et s’enivra. Il ne put se gouverner lui-même, comment donc gouvernerait-il le monde ? L’avenir, qui, après le déluge, semblait rempli de promesses, est vite obscurci. L’homme qu’on avait vu juste devant Dieu en son temps, a failli, et toute espérance de bénédiction prochaine s’évanouit devant le spectacle de Noé étendu dans sa tente, sans conscience de lui-même.

Maintenant, ce qui caractérise le monde, c’est la violence, l’idolâtrie et la passion des conquêtes. Les enfants de Dieu n’apparaissent plus comme distincts des enfants des hommes, jusqu’à ce que Dieu appelle Abraham à marcher avec Lui, seul sur la terre. En lui toutes les familles de la terre seront bénies. Mais quand sera-ce qu’on jouira de cette bénédiction ? Lorsque le royal sacrificateur bénira Israël victorieux de ses ennemis. L’histoire d’Abraham nous présente une vue rapide de cette brillante époque. Il demeura comme étranger dans le pays promis à ses descendants. Un ennemi du dehors l’a envahi, et le patriarche s’avance avec ses serviteurs nés dans sa maison, et Aner, Eshcol et Mamré, et remporte la victoire. Comme il revient victorieux du combat, Melchisédec, sacrificateur de Dieu, le rencontre et le bénit. Est-ce là celui qui doit venir ? Est-ce le vrai roi à qui est promis le royaume ? Bien des années doivent s’écouler avant qu’il puisse apparaître. Abraham n’avait pas encore d’héritier direct, et quand celui-ci est né, comme le chapitre suivant nous le dit, il faut que sa postérité habite quatre cents ans sur une terre étrangère, avant qu’elle puisse appeler sien le pays sur lequel marchait Abraham. Cette scène, rayon de l’avenir, s’évanouit dans les ténèbres, avant la longue nuit de l’esclavage d’Égypte révélé dans le chapitre suivant.

Une autre scène qui dépeint le bonheur dont on jouira sur la terre, nous est fournie dans le songe de Jacob, où apparut une échelle dressée sur la terre et dont le bout touchait jusqu’aux cieux ; et « voici, les anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle. Et, voici, l’Éternel se tenait sur l’échelle ». Ce que l’homme (Gen. 11), dans l’orgueil de son cœur et dans la puissance de sa force, avait vainement entrepris d’accomplir, c’est-à-dire, d’ouvrir une communication directe avec le ciel, le songe de Jacob l’a réellement effectué ; non certes par l’homme déchu, car la confusion des langues a été la réponse de Dieu à son entreprise, mais par Dieu Lui-même qui se tenait sur l’échelle. Mais cela pouvait-il durer ? Jacob se réveilla au matin, et voilà, c’était un songe. Le pauvre pèlerin sans demeure dut servir dans un pays étranger, exposé à toutes les vicissitudes du climat et à l’injustice de son beau-père durant vingt longues années. Jamais, que nous sachions, dans tout le cours de sa longue vie, cette brillante vision ne revint de nouveau. Il revit encore Béthel, il s’y rencontra encore avec Dieu, et se vit renouveler par Lui la promesse faite à Abraham et Isaac de donner ce pays à sa postérité, mais nous ne retrouvons plus aucune mention de l’échelle qui unissait la terre au ciel.

Les années s’écoulent, ses descendants se sont multipliés ; mais néanmoins, lui et eux sont encore des étrangers dans le pays. La période des quatre cents ans assignés a atteint la moitié de son cours (voir Gen. 12, 4 ; 21, 5 ; 25, 20 ; 47, 9 ; Ex. 12, 4) et une famine visite Canaan et force les enfants d’Israël d’aller en Égypte pour acheter du blé. Là ils trouvent Joseph, celui qu’ils ont haï, persécuté et tué dans le dessein de leur cœur, élevé par Dieu pour conserver la vie à la semence élue. Celui qui s’était attiré leur haine, lorsque jadis il leur raconta les songes, présages de sa grandeur future, est celui devant lequel ils se prosternent et auquel ils s’adressent comme à leur seigneur. Mais Joseph meurt, et ses frères aussi ; et leurs enfants sont maltraités par un roi qui ne l’avait point connu. Une délivrance fut bien opérée en faveur des enfants d’Israël, par celui qu’ils avaient rejeté en disant : « Régnerais-tu en effet sur nous ? et dominerais-tu en effet sur nous ? » mais ce n’est qu’une délivrance temporaire ; il meurt, et des afflictions plus grandes que jamais tombent sur la race élue.

Si la bénédiction est en réserve pour Israël, n’est-elle pas aussi en réserve pour les Gentils ? Le second homme exercera Son autorité sur toute la terre. Suit une scène qui décrit ce qui aura lieu à Sa venue. Le peuple est dans le désert, sa rédemption de la servitude d’Égypte ayant été accomplie. Jéthro, le Madianite, beau-père de Moïse, est venu là à leur rencontre avec Séphora, sa femme, et Guershon et Éliézer ses deux fils. La délivrance que le Seigneur a opérée en faveur d’Israël est le sujet de leur conversation : « Et Jéthro se réjouit de tout le bien que l’Éternel avait fait à Israël, parce qu’il les avait délivrés de la main des Égyptiens » (Ex. 18, 9). Ils offrent ensuite des sacrifices, et Jéthro le Gentil, Moïse, Aaron et les anciens d’Israël mangèrent ensemble du pain en la présence de Dieu. Ce n’est point le Juif et le Gentil prenant un nouveau fondement, commun à l’un et à l’autre, étant faits un seul homme nouveau comme dans l’Église, mais c’est le Juif et le Gentil, conservant leur distinction de familles, se réjouissant ensemble de la délivrance que l’Éternel a accordée à Israël de la main des Égyptiens. La nuit succède à cet heureux jour ; le lendemain arrive, mais nous ne lisons pas que la fête se soit répétée. Elle préfigure ce qui se passera plus tard sur la terre.

La vie du peuple dans le désert nous fournit un autre tableau bien différent de la gloire qui vient. Aaron et ses fils ont été consacrés comme sacrificateurs pour Dieu. Le tabernacle a été dressé ; le huitième jour de leur consécration est arrivé, et Aaron, vêtu des vêtements faits pour gloire et pour ornement, élève ses mains d’auprès de l’autel et bénit le peuple. Il entre ensuite avec Moïse dans le tabernacle, et tous les deux, le roi et le sacrificateur, en sortant bénissent le peuple. Alors la gloire de l’Éternel apparut à toute la congrégation ; le feu sortit de devant l’Éternel et consuma l’holocauste et les graisses. Le peuple vit tout cela et ils s’écrièrent de joie et se prosternèrent le visage contre terre. Mais combien cela fut aussi de courte durée ! Nadab et Abihu offrent devant l’Éternel un feu étranger. Le deuil succède à la joie. Les vêtements qu’Aaron portait ce jour-là, il n’aurait plus l’occasion de les porter de nouveau. Les Israélites ne verraient plus jamais Moïse et Aaron sortant du tabernacle de l’Éternel pour les bénir.

Une autre période de plus de quatre cents ans s’écoule. Moïse et Aaron meurent, Josué meurt, les anciens qui ont survécu à Josué, meurent à leur tour, les juges disparaissent, et il y a un roi sur Israël. Salomon occupe le trône de David son père. David a vaincu ses ennemis ; il a soumis à sa puissance tous les rois qui se trouvaient sur le territoire de Canaan promis à Abraham, et Salomon, le roi de paix, est établi sur le royaume. Le tabernacle a été remplacé, le temple prend sa place, et tout Israël est appelé pour célébrer sa dédicace, et observer la fête des tabernacles. Jamais auparavant il n’y a eu dans Jérusalem une telle magnificence, de telles richesses, comme sous Salomon (2 Chron. 9, 23-28). La gloire de l’Éternel apparaît et remplit la maison, et le peuple célèbre la fête des tabernacles, type du repos millénial. Le règne de justice a-t-il réellement commencé ? Le second homme a-t-il apparu pour s’asseoir sur le trône de David ? « Le roi Salomon aima plusieurs femmes étrangères, outre la fille de Pharaon, savoir : des Moabites, des Ammonites, des Iduméennes, des Sidonniennes, et des Héthiennes, qui étaient d’entre les nations dont l’Éternel avait dit aux enfants d’Israël : Vous n’irez point vers elles et elles ne viendront point vers vous ; car, certainement elles feraient détourner votre cœur pour suivre leurs dieux. Salomon s’attacha à elles et les aima » (1 Rois 11, 1, 2). La gloire du royaume est obscurcie, son soleil s’est couché dans les ténèbres, et l’Éternel a annoncé le déchirement du royaume de Salomon en deux, et l’établissement de son ennemi comme roi sur dix des douze parties du pays. L’homme déchu est de nouveau montré impropre pour la place de souveraineté.

Suivent des temps bien sombres. Près de trois cents années s’écoulent, et la nation est encouragée par une prophétie annonçant un roi qui régnera en justice, et des princes qui présideront avec équité. Le trône de David est occupé par un roi pieux. Le temple fermé sous le règne d’Achaz, a été ouvert de nouveau et purifié ; les lampes, qu’on avait laissé s’éteindre, ont été de nouveau allumées ; les sacrificateurs et les Lévites ont été sanctifiés pour le service de la maison de l’Éternel ; la Pâque, en souvenir de la rédemption d’Égypte, a été célébrée une fois de plus ; l’ennemi du peuple de Dieu, l’Assyrien, a été heureusement défait d’une manière signalée. Il ne reviendra jamais pour envahir le pays. Ajoutez à cela que le roi Ézéchias a été malade et est rétabli de sa maladie ; que le cadran d’Achaz a marqué le retour du soleil en arrière de dix degrés, et que le bruit du rétablissement d’Ézéchias a porté le roi de Babylone à lui envoyer des lettres et un présent. Dans ces derniers temps, Juda avait été plutôt accoutumé à voir venir de cette partie du monde des lettres lui enjoignant de se soumettre et une armée ayant pour but de l’y contraindre, qu’un présent en signe d’amitié. Le roi qui devait venir avait-il peut-être apparu ? Ici encore nous voyons comment l’homme déchu est incapable d’occuper la position qui est encore à remplir. Dans l’orgueil de son cœur, Ézéchias montre tous ses trésors aux ambassadeurs du roi de Babylone ; il faillit, et la captivité est annoncée. Cela aussi n’est qu’un rayon passager de la gloire du royaume qu’un jour prochain verra établi.

Une autre série d’années s’écoule et le Roi apparaît sur la montagne de la transfiguration. Les trois disciples contemplent Sa gloire : « Son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière ». Deux hommes, Moïse et Élie, apparaissent avec Lui en gloire. À coup sûr, maintenant, le royaume sera établi ; maintenant a lui pour le monde fatigué le temps de la bénédiction promise. Voilà le roi, la postérité de la femme, l’héritier d’Abraham, et le fils de David. Ces deux hommes s’entretiennent avec Lui, et n’est-ce pas de la gloire de Son royaume, de la grandeur et de la majesté de Son règne qu’ils parlent ? Non, c’est un tout autre sujet qui les occupe : « Ils parlaient de la mort qu’il allait accomplir à Jérusalem ». Une nuée les couvrit tous de son ombre : quand elle se fut dissipée, la manifestation de Sa majesté avait disparu. Certes, elle fut courte, la vision qu’ils eurent de la gloire de Christ. Elle s’évanouit de devant leurs yeux, mais non de leur mémoire, aussi promptement que le songe de Jacob. Et au temps convenable, le sujet de la conversation qui avait eu lieu sur la montagne fut rendu clair pour Ses disciples par Sa mort. Le Roi était venu, et s’en était allé. Depuis qu’Il avait été pendu à la croix, et que Pilate avait donné ordre d’en descendre Son corps, le monde ne l’avait plus vu. Était-ce là tout ce dont on devait jouir de la gloire du Roi et du royaume ? Rejeté par le monde, avait-Il disparu à jamais ? Le monde peut ignorer et ignore effectivement la vérité de Son retour. Pour nous, nous L’attendons, et le royaume également. « Car il faut qu’il règne, jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds » (1 Cor. 15, 25).

L’homme, le fils d’Adam, la postérité de la femme, aura la domination qu’Adam a perdue. Melchisédec, roi et sacrificateur, bénira encore Israël. L’échelle de communication entre la terre et le ciel sera manifestée un jour comme établie. Déjà les circonstances sous lesquelles elle peut être dressée ont commencé à se développer (voyez Jean 1, 52, ἁπʹαρτι, « désormais vous verrez », etc.). Les Juifs et les Gentils se réjouiront ensemble devant le Seigneur (Deut. 32, 43). Le trône sera établi dans la paix et le jugement s’unira à la justice (Ps. 94, 15). Tous ces avant-goûts de félicité auront leur plein accomplissement dans la présence permanente et le règne de Celui qui seul est digne de recevoir et de retenir la souveraineté de la terre.

Mais comment un roi pouvait-il régner en justice aussi longtemps que le péché et l’iniquité abondaient ? Comment le bonheur pouvait-il être la constante portion des saints de Dieu, et comment la terre pouvait-elle être dans l’allégresse et se réjouir avec eux, aussi longtemps que la souffrance, la maladie et la mort avaient la puissance de couper court à leur joie ? Comment un homme pouvait-il régner sans rival sur ce monde, aussi longtemps que Satan qui en avait usurpé la souveraineté, et la proclamait en disant : « Je te donnerai toutes ces choses », etc., conservait le titre de prince de ce monde ? Il fallait que tout cela fût vaincu. Il mourut, Lui, le Roi ; mais Il ressuscita. Tout semblait perdu à Sa mort. — À Sa résurrection, il fut manifesté que tout était gagné. Il abolit le péché par le sacrifice de Lui-même. Par Sa mort, Il a vaincu la mort et celui qui avait la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable (Héb. 9, 26 ; 2 Tim. 1, 10 ; Héb. 2, 14).

Il ne Lui reste plus rien à faire, qu’à prendre le royaume. Néanmoins Il attend — nous savons pourquoi. Il attend le temps fixé par le Père (Ps. 110, 1). Il diffère pour le salut des âmes (2 Pier. 3, 9, 15). Sa prochaine apparition au monde sur cette terre aura pour but de réclamer le royaume pour les siens. Alors sera vu l’homme en puissance, confessé par tous comme Seigneur, reconnu par Israël comme roi.

Oh ! de quel intérêt sont remplies ces rapides perspectives de la gloire du royaume qui, tout en permettant aux saints de jadis de goûter pour un moment quelque chose de cette joie qui sera encore connue sur la terre, leur faisaient porter leurs regards en avant comme des gens dont les désirs et les aspirations n’étaient pas encore pleinement satisfaits ! Et certainement, tout en connaissant une position céleste, et nous réjouissant en elle, nous aussi nous devons prendre un intérêt profond à tout ce qui concerne la gloire de Christ sur cette terre, et l’entière délivrance de la création du pouvoir du dieu de ce monde par l’établissement de la puissance et de la souveraineté de la personne du second homme, le Seigneur (venu) du ciel.