La table du Seigneur

[Écho du témoignage 1867 p. 486-487]

Beaucoup d’idées ont cours sur ce sujet chez des personnes que j’aime en vérité et que j’estime, et chez d’autres qui s’en servent dans des intentions différentes ; mais ces idées selon moi ne sont pas fondées : les quelques lignes que je vous adresse ont pour but de le montrer.

On dit, et on insiste sur ce point, que la table est la table du Seigneur. Personne assurément ne le met en doute, ou ne pense à nier que Celui, de qui la table est la table, ne soit le Seigneur et n’ait un droit particulier à ce titre, ce titre distinctif. Mais, tandis que le cœur reconnaît joyeusement ce nom de Seigneur, ce nom cependant n’est pas, et ne peut pas être, le point de vue le plus élevé ou le plus réjouissant de la cène du Seigneur, ni ce qui en elle appartient spécialement aux chrétiens. Assurément si Christ n’était pas le Seigneur, non seulement la table, mais le christianisme tout entier seraient perdus. Mais le nom de Seigneur n’est pas le nom sous lequel les chrétiens ont communion à la table et qui soit leur première part à cette table. Parler de communion avec le Seigneur, c’est mal assortir ses termes.

Le nom de « Seigneur », est employé relativement à la table, là où on en use en contraste avec le mal ou comme une place d’honneur et de jugement. La table du Seigneur est appelée ainsi en contraste avec la table des démons ; la coupe du Seigneur en contraste avec la coupe des démons. C’est pourquoi l’Écriture ajoute : « Provoquons-nous le Seigneur à la jalousie ? Sommes-nous plus forts que Lui ? ». Et encore, quant au jugement : « Ce n’est pas manger la cène du Seigneur » ; et : « il sera coupable du corps et du sang du Seigneur » ; et : « car si nous nous étions jugés nous-mêmes, nous ne serions point jugés ; mais quand nous sommes jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur… ».

Mais quand l’apôtre parle de communion, il ne parle pas du Seigneur ; mais il dit : « La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas la communion du sang du Christ ; le pain que nous rompons n’est-il pas la communion du corps du Christ ? ». — Et cela est d’autant plus remarquable que, dès que dans le même passage il commence à parler d’autorité, de contraste avec les démons, et de jugement du mal, il dit toujours « du Seigneur », tandis que, pour la communion, il fait différemment.