« Ailleurs… »

G. André

Les réflexions ci-dessous émanent d’une récente « Lettre aux jeunes » de notre vénéré frère anglais W.J. Hocking.


« Faites ceci en mémoire de moi » [Luc 22, 19]. À travers les âges, la voix du Seigneur Jésus se fait encore entendre pour rappeler à nos cœurs ce dernier désir exprimé « la nuit qu’Il fut livré » [1 Cor. 11, 23]. Émus par cette invitation de l’amour, plusieurs d’entre nous, par la grâce de Dieu, y ont répondu ; non pas qu’ils se sentent dignes de le faire, non pas que leur marche soit assez sainte, mais dans le sentiment que uniquement l’œuvre du Seigneur Jésus à la croix les rend propres pour s’approcher de Sa table et que Lui est digne que Ses rachetés « se souviennent » de Lui. S’il y en a parmi nous qui ne l’aient pas encore fait, combien il importe d’examiner sérieusement les motifs qui les tiennent éloignés de l’acte que le cœur du Seigneur demande à ceux pour lesquels Il a tant souffert.

Ainsi, depuis quelques semaines, quelques mois ou peut-être des années déjà, nous avons pu, avec les siens réunis à Son nom, dimanche après dimanche, « annoncer Sa mort » [1 Cor. 11, 26] comme Il l’a désiré.

Quelles pensées nous ont-elles occupés dans ces moments solennels et précieux entre tous ? Ne nous sommes-nous jamais surpris, sans le vouloir sans doute, en souci d’autre chose, distraits du mémorial sacré placé devant nous ? Le Seigneur Lui-même était là, invisible, mais présent au milieu des siens rassemblés, observant leurs cœurs alors qu’ils se souvenaient de Lui ! Mais nous étions « ailleurs », et dans notre cœur parfois Il a dû voir de tout autres pensées ? Préoccupés de nous-mêmes, de nos fautes, ou de nos voisins peut-être, ou même de nos soucis temporels, sinon des événements de ce monde ? Personne ne l’a vu, personne ne l’a su, sauf… Lui, mais notre « communion avec le corps et le sang du Christ » (1 Cor. 10, 16) n’a-t-elle pas forcément été interrompue pendant ces intervalles ?

À Gethsémané, Jésus avait demandé aux trois disciples de « veiller », tandis que Lui-même, « dans l’angoisse du combat », suppliait son Père que « s’il était possible, cette coupe passât loin de Lui » [Marc 14, 34-40]. Lorsqu’Il revint vers eux, ils dormaient. Ils n’avaient pu « veiller une heure » ; « et ils ne savaient que Lui répondre ». Que de fois pourtant Il les avait avertis des souffrances qui L’attendaient à Jérusalem. Mais leur cœur était ailleurs…

Que nous dirait-Il aujourd’hui quand Il voit notre esprit vagabonder dans les moments sacrés de la cène ? Et que Lui dirons-nous ?

N’avons-nous pas lieu de reconnaître notre faute et de chercher Son pardon et Sa purification (1 Jean 1, 9) ? Il nous connaît et nous aime.

Mais ces défauts d’attention respectueuse ne devraient pas se renouveler et tout être mis en œuvre pour éviter leur retour. La prière et une discipline d’esprit personnelle sont essentielles ; l’habitude de se concentrer pour un moment sur un sujet donné ne saurait trop être recommandée à tous les « jeunes » ; combien plus lorsqu’il s’agit de la cène du Seigneur. Un moyen bien efficace est aussi de réaliser l’exhortation : « Que la parole du Christ habite en vous richement » [Col. 3, 16]. Les évangiles, et tous les livres de la Parole, sont parsemés de versets qui nous parlent de la mort du Seigneur Jésus. Combien en savons-nous par cœur ? Prenez une feuille de papier et essayez d’en écrire de mémoire autant que vous pourrez ! Vous verrez alors combien il serait désirable d’en apprendre un plus grand nombre. S’ils sont bien fixés dans la mémoire, le Saint Esprit pourra s’en servir pendant le culte, et tout spécialement dans ces moments de silencieuse adoration, pour concentrer les pensées sur la personne qui est là observant nos cœurs, sur Sa mort et Ses souffrances (Jean 14, 26). Nous pourrons aussi mieux revivre Son chemin de douleurs, étape par étape, de Gethsémané à la croix.

Si l’esprit est vide, il sera distrait. Si la « corbeille » est pleine (Deut. 26, 2), il n’y aura pas de place pour d’autres préoccupations. C’est pendant toute la semaine qu’il faut la remplir, mais prenons garde aussi à la manière dont nous occupons notre temps et nos pensées dans l’heure qui précède le culte, même déjà le samedi soir. « Sur le tard, le jour du sabbat, au crépuscule du premier jour de la semaine, Marie de Magdala et l’autre Marie vinrent voir le sépulcre » (Matt. 28, 1). Quoi d’étonnant à ce que le dimanche « de très grand matin », elles fussent de nouveau là avec les « aromates qu’elles avaient préparés » (Luc 24, 1). Nous savons comment ce fut à Marie de Magdala la première que Jésus ressuscité s’est montré. Elle ne pensait qu’à Lui et Il s’est révélé à elle bien au-delà de tout ce qu’elle demandait ou pensait.

Au soir de la résurrection, « les disciples se réjouirent quand ils virent le Seigneur » (Jean 20, 20). Qu’Il nous accorde cette joie, plus souvent, plus profondément, quand nous sommes réunis pour nous souvenir de Lui dans Sa mort, en attendant que vienne le moment merveilleux où, dans la maison du Père :

Sur nous resplendira ta face,
Dans nos cœurs remplis de ta grâce,
Toi seul auras toute la place,
À toujours.