Au commandement…

A. Gibert
« Au commandement de l’Éternel ils campaient, et au commandement de l’Éternel ils partaient ; ils gardaient ce que l’Éternel leur avait donné à garder »
(Nomb. 9, 23).

Les déplacements du peuple d’Israël dans le désert étaient régis de la manière la plus simple. Les Israélites n’avaient besoin que d’yeux pour voir le tabernacle, mais aussi de cœurs obéissants. L’initiative des départs et des campements n’était laissée à la libre appréciation d’aucun d’entre eux, pas même de Moïse. Ce dernier, et les chefs des tribus avec lui, regardait avec attention les mouvements de la nuée, qui réglaient tout. Le « commandement de l’Éternel » était là, exprimé de façon incontestable. Dieu seul savait dans quelle route et en quel lieu Son peuple pouvait Le glorifier. Tous n’avaient qu’à se remettre à la sagesse divine, et à la grâce qui consentait à s’occuper d’eux, même après leur conduite en Sinaï qui avait manifesté leur cou roide. Le cœur de Moïse était rempli de ce sentiment, quand il disait (Exo. 33, 13) : « Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, fais-moi connaître, je te prie, ton chemin, et je te connaîtrai… Si ta face ne vient pas, ne nous fais pas monter d’ici ; car à quoi connaîtra-t-on que j’ai trouvé grâce à tes yeux, moi et ton peuple ? Ne sera-ce pas en ce que tu marcheras avec nous ? ». Et l’Éternel avait répondu : « Ma face ira, et je te donnerai du repos ».

Ainsi il ne pouvait y avoir deux moyens de trouver du repos dans le désert. Il n’y avait pas deux chemins possibles. Il n’était permis ni à Moïse ni au peuple de dire : « Puisque l’Éternel a promis d’être avec nous, allons ici ou là selon notre gré ou selon les guides que nous nous donnerons, et l’Éternel y viendra ». L’Éternel Lui-même était le guide. Quand, deux ans seulement, hélas, après ces belles paroles que nous venons de rappeler, Moïse demande à Hobab de lui « servir d’yeux dans le désert » [Nomb. 10, 31], le saint livre souligne avec force, comme une réprobation à l’égard de ce manquement positif du grand serviteur de Dieu, que « l’arche de l’alliance de l’Éternel alla devant eux le chemin de trois jours pour leur chercher un lieu de repos » (Nomb. 10, 33). L’arche, et non Hobab. L’Éternel connaissait mieux qu’Hobab « les lieux où ils auraient à camper dans le désert ».

Notre route ici-bas, qu’il s’agisse du chrétien pris individuellement ou du peuple de Dieu, est aussi évidente pour l’œil simple et le cœur qui écoute. Le plus petit enfant dans la foi a « l’onction du saint » et est capable de discerner toutes choses (1 Jean 2, 20), et c’est comme enfants d’obéissance [1 Pier. 1, 14] que nous avons à marcher.

Mais cela nous impose de veiller sur notre œil et sur notre cœur.

De quel côté sont-ils tournés ?

Il est de toute importance que nos regards soient constamment fixés sur le tabernacle, image, dans toutes ses parties, de la personne de Christ. Alors seulement nous verrons la nuée se lever ou demeurer. La prière qui Le recherche, comme l’apôtre y abondait en faveur des Colossiens, nous met à même d’être « remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d’une manière digne du Seigneur, pour lui plaire à tous égards » (Col. 1, 9-10). La foi est directement enseignée, pour qui se tient près du Seigneur, elle discerne Sa volonté.

Ce souci de faire la volonté du Seigneur et non la nôtre doit s’appliquer à tous les actes de notre vie, petits ou grands. Combien d’expériences douloureuses, et déshonorantes pour le témoignage, seraient évitées si nous ne mettions pas si facilement notre façon de voir les choses à la place de celle du Seigneur !

Pénétrons-nous de bonne heure de la nécessité de réaliser pratiquement cette dépendance, dont nous savons tous l’importance en principe. J’aime à penser, chers jeunes amis chrétiens, que vous en sentez tous le besoin pressant dans ces actes capitaux que sont le choix d’une carrière et la fondation d’un foyer. Mais qu’il me soit permis de placer devant vous deux catégories de cas où ce besoin de la direction d’en haut risque d’être trop vite perdu de vue.

C’est d’abord le choix d’une résidence. À quelles considérations obéit-on quand on se fixe en tel ou tel lieu, comme l’Israélite plantait sa tente pour camper ? La nuée s’est-elle levée, puis arrêtée, autrement dit le Seigneur nous conduit-Il clairement ? Il est à craindre que plus d’une fois, nous ne voulions conduire le Seigneur où notre cœur le désire. Est-il besoin de dire que de tristes expériences nous attendent ? Plus nous serons pénétrés du fait que rien ne doit compter pour le racheté que de servir son Maître, et plus nous éprouverons le besoin de pouvoir dire : « C’est bien ici, et non là, qu’Il me veut pour rendre témoignage ». Il n’est pas vrai du tout que vous puissiez Lui plaire partout où cela vous plaira.

Une autre question, qui paraîtra peut-être secondaire au premier abord à plusieurs, mais que l’on vous demande affectueusement de considérer avec la plus grande attention, est celle de vos déplacements du dimanche. C’est le jour où nous devons tout particulièrement avoir à cœur de prendre notre part du témoignage collectif, dans la reconnaissance des droits du Seigneur sur l’Assemblée qu’Il a aimée et pour qui Il s’est livré [Éph. 5, 25]. Je ne parle pas ici de ceux qui négligent le jour du Seigneur et ne se soucient pas des réunions, aimant à penser que ce n’est le cas pour aucun des lecteurs de cette petite feuille. Mais n’arrive-t-il pas que l’on prenne trop facilement l’habitude d’employer le jour du Seigneur à peu près à sa guise, pourvu que l’on trouve le moyen d’assister au moins au culte en quelque endroit ? Assurément il peut être légitime, même indispensable dans certains cas, d’user de ce jour-là pour des visites au-dehors, qui sont souvent des rafraîchissements bénis, et je ne parle pas non plus de services qualifiés par et pour le Seigneur qui obligent à se déplacer. Accordons aussi que bien des considérations d’hygiène, d’exercice nécessaire, de sorties familiales ou amicales, peuvent avoir leur valeur. Il est bon cependant que pour toutes ces choses et dans toutes les occasions, chacun s’interroge devant le Seigneur. La nuée se lève-t-elle ? le Seigneur me veut-Il aujourd’hui ? La facilité et l’agrément des déplacements à notre époque peuvent être en piège, particulièrement à la jeunesse. La mode des voyages aussi. Il arrive que des jeunes gens, ou de jeunes ménages, qui vivent, travaillent, font leurs affaires toute la semaine dans une localité où il existe une réunion, s’absentent régulièrement le dimanche, souvent il est vrai pour aller voir leurs parents, chose excellente en soi, mais qui ne doit point empiéter sur les directions du Seigneur. On aboutit vite, en effet, à ce résultat de ne rendre en aucune manière témoignage avec l’assemblée dont en réalité on fait partie ; on ne s’intéresse pour ainsi dire pas à sa vie spirituelle, à ses circonstances, à ses besoins : on se sépare pratiquement de ceux auxquels on est uni par le Seigneur. De jeunes chrétiens se sont trouvés par là entravés pour s’approcher de la table. L’assemblée est en fait désorganisée. Sans vouloir employer d’expression trop forte, ni rien exagérer, on peut parler de désordre.

Chers jeunes amis, si le Seigneur vous laisse encore ici-bas, Il vous fera toujours plus sentir que le chrétien ne s’appartient pas à lui-même, mais il vaut la peine de le réaliser de bonne heure. Ne craignez pas de perdre quoi que ce soit à ce qui vous paraîtra peut-être un sacrifice, du moment que ce sacrifice est pour Lui. Il n’est jamais notre débiteur. Le repos, la paix, la force, le bonheur se trouvent toujours dans le chemin de l’obéissance, derrière la nuée. Mais là seulement.

C’est une erreur de dire, comme nous aurions vite tendance à le faire : « Peu importe que je me trouve ici ou là, pourvu que le Seigneur y soit ». À Dieu ne plaise que nous voulions limiter la grâce et la miséricorde de Celui qui accompagna les disciples vers Emmaüs, mais le fait est qu’ils ne Le reconnurent que bien tard, et qu’ils s’en retournèrent aussitôt à Jérusalem… Il ne s’agit certes pas de placer qui que ce soit sous une loi quelconque, mais ce qu’il nous faut, c’est être exercés continuellement, devant le Seigneur. La grande question pour nous est : « Suis-je bien où Lui me veut ? ».

Il n’est pas au service de nos propres désirs, heureusement pour nous. C’est nous qui sommes au sien. La nuée ne se lève ni ne s’arrête à notre commandement, mais nous avons à obéir au commandement de l’Éternel par la nuée.

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Le livre de l’expérience[1]

« Christ comme source, Christ comme objet, Christ comme caractère ». Christ notre vie, notre modèle, notre but, notre joie et notre force, voilà ce que nous présente l’épître aux Philippiens, l’épître de l’expérience chrétienne. Le petit opuscule que nous recommandons aujourd’hui vivement aux jeunes croyants en est un exposé pratique, bien fait pour nous aider à marcher à la suite de notre précieux Sauveur. Dans ses soixante-dix pages, nous trouverons de quoi réchauffer nos cœurs, les attirer vers cette personne bénie, pour apprendre un peu mieux à vivre Sa vie, faisant « l’expérience » de la joie qu’il y a toujours « dans le Seigneur ». Un but nous est proposé ; un modèle nous est donné ; puissions-nous avoir davantage d’énergie pour Le suivre, étant nourris de Lui.