Ayez pitié de vos âmes

L. Gibert

« Ayez pitié, ayez pitié de moi, mes amis » [Job 19, 21], demandait Job dans sa détresse, à ceux qui l’accablaient, ignorants des voies de Dieu à son égard. C’était le cri d’un cœur angoissé, auquel Dieu seul pouvait donner réponse, Lui qui sauve « selon sa grande miséricorde » (Tite 3, 5).

Éprouvés, nous implorons et parfois nous exigerions qu’on ait égard à notre faiblesse, qu’on nous dispense promptement la sympathie, ce pain du cœur. Mais nous sommes souvent incapables d’avoir nous-mêmes pitié de notre propre âme, et il nous arrive souvent de méconnaître nos devoirs à son égard.

Pourtant, nous prenons grand soin de notre corps, par habitude d’hygiène, par souci d’esthétique ; nous ménageons nos forces physiques, nous nous soumettons à un régime sain ; nous acceptons même quelques privations de sagesse. La santé avant tout… et la ligne aussi !

Nous n’avons pas tant d’égards pour notre âme. Ne sommes-nous pas sans pitié pour elle en tant d’occasions ? Ni sa santé présente, ni son avenir ne semblent nous causer beaucoup de souci.

La Parole de Dieu, en de saisissants exemples, nous parle de croyants qui ont fait tort à leur âme, selon la forte expression de la sagesse en Proverbes 8, 36.

Voyez Lot ! « Il tourmentait de jour en jour son âme juste », accablé par la conduite débauchée des hommes pervers au milieu desquels il vivait (2 Pier. 2, 7, 8). Dirions-nous que cela démontrait sa répulsion du péché, son horreur du mal ?

Mais l’Éternel ne lui avait pas demandé de se rendre à Sodome. Il était assis comme un juge à la porte de cette ville impie, quand sa place aurait été loin de ce lieu de corruption. Ainsi, il tourmentait son âme juste ! Souffrances infligées par le Lot mondain au juste Lot ! L’Égypte l’avait enrichi, le monde l’accaparait ; son âme y souffrait en silence. N’eût été la miséricorde divine, il aurait péri avec ces abominables impies.

Prenons garde. Le Seigneur a dit à Son Père, parlant des siens qui étaient dans le monde, quoique n’étant pas du monde : « Je ne te demande pas que tu les ôtes du monde, mais que tu les gardes du mal… Sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité » (Jean 17, 15, 17).

Sanctifier veut dire mettre à part pour un Dieu saint. Appelés à vivre au milieu du monde, nous épargnerons à nos âmes bien des souffrances si nous savons réaliser cette séparation morale qui nous fera vivre la vie des humains dans l’atmosphère « des gens de la maison de Dieu ». Non seulement la Parole nous gardera de toute compromission avec le mal, mais elle nous en fera éviter le contact ; le Dieu de paix Lui-même nous sanctifiera entièrement ; esprit, âme et corps tout entiers seront conservés sans reproche (1 Thess. 5, 23).

Les convoitises charnelles font la guerre à l’âme [1 Pier. 2, 11]. David en fit l’amère expérience quand il méconnut sa place de roi pieux et fut entraîné à une chute humiliante, dont les conséquences furent les plus douloureuses afflictions. Or la jeunesse y est particulièrement exposée, car elle manque d’une expérience parfois bien péniblement acquise. Proverbes 5, 1-14 ; 6, 23-25 et le chapitre 7 tout entier, sont à méditer à ce propos. Que d’égarements auraient été évités par simple soumission à la Parole divine.

Guerre terrible que livrent à l’âme les convoitises de la chair ! Qui succombe connaît l’amertume et gémit : « Comment n’ai-je pas écouté la voix de ceux qui m’instruisaient ? ». Jeunes amis, recevez l’enseignement de la sagesse, qui « demeure avec la prudence ». « La crainte de l’Éternel, c’est de haïr le mal ». « Écoutez l’instruction et soyez sages » (voir Prov. 8, 12, 13, 33).

Vous dites : Je suis si faible, sans force pour lutter. Mais « le Seigneur sait délivrer de la tentation les hommes pieux » (2 Pier. 2, 9). Car il s’agit de fuir, plutôt que de lutter. « Fuis les convoitises de la jeunesse » [2 Tim. 2, 22], dit Paul à son enfant Timothée. Entretenez donc avec le Seigneur les saints rapports de l’âme dépendante et confiante, dans Sa crainte. Alors vous ne serez pas surmontés par le mal, mais vous surmonterez le mal par le bien (Rom. 12, 21).

Car « c’est en vain que le filet est étendu devant les yeux de tout ce qui a des ailes » (Prov. 1, 17). La foi donne à l’âme la capacité de s’enfuir pour se dégager de la tentation, s’élevant comme l’oiseau « qui s’envole vers sa montagne » (Ps. 11, 1), lieu de refuge, de sécurité et de paix.

Pour avoir méconnu ces exhortations à la pureté, trop préjugé de leurs propres forces, négligé les ressources de la piété, de chers jeunes chrétiens « ont fait naufrage quant à la foi » [1 Tim. 1, 19]. Ils se sont laissés enlacer par le péché, qui enveloppe, assaille et obsède quiconque ne fixe pas les yeux sur Jésus, chef et consommateur de la foi (Héb. 12, 1, 2). Ils ont méprisé le solennel avertissement de la sagesse, disant au chapitre 8, 36 des Proverbes : « Celui qui pèche contre moi fait tort à son âme, tous ceux qui me haïssent aiment la mort ».


Le riche de la parabole, en Luc 12, 16-21, nous présente un autre aspect de la question. Il semble, lui, prendre soin de son âme, prêt à dire quand il aura « assemblé beaucoup de biens pour beaucoup d’années : Mon âme repose-toi ». Hélas ! il ajoute : « Mange, bois, fais grande chère ! ». Car il ramène tout à de basses satisfactions matérielles ; il méconnaît les besoins réels de son âme immortelle. Il justifie l’Ecclésiaste, qui dit : « Tout le travail de l’homme est pour sa bouche, et cependant son désir n’est pas satisfait » (6, 7).

Peut-il, en vérité, y avoir du repos pour l’âme, quand toute l’activité est tendue vers l’acquisition de biens terrestres ? Et quel leurre de penser que lorsqu’ils seront possédés, l’âme aura enfin du repos ! « Insensé, dit le Seigneur, cette nuit même ton âme te sera redemandée, et ces biens, à qui seront-ils ? Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour lui-même, et qui n’est pas riche quant à Dieu ».

Jeune homme, quel but t’es-tu assigné quant à ton avenir ? Serais-tu de ceux qui consument leurs forces à la poursuite des biens matériels, obsédés par le gain, voulant devenir riches, tombant « en toutes sortes de désirs insensés et pernicieux, qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition » [1 Tim. 6, 9] ? Dirais-tu que l’avertissement est poussé au noir ?

Mais c’est la Parole de Dieu elle-même qui nous décrit ainsi les conséquences de l’amour de l’argent. Il entraîne l’égarement de la foi, et beaucoup de douleurs dont ceux-là se transpercent eux-mêmes qui n’ont d’autre ambition que de devenir riches (1 Tim. 6, 9, 10).

Car « ils sont aux embûches contre leur propre sang, ils se cachent pour guetter leurs propres âmes », ceux qui cherchent le gain déshonnête, « lequel ôte la vie à ceux qui le possèdent ». Le gain déshonnête ! La notion s’en est singulièrement faussée, en ces temps de profits si rapides qu’ils ne peuvent être normalement réalisés. Or « la prospérité des méchants les fait périr » (voir Prov. 1, 18, 19, 32).


Ayez donc pitié de vos âmes. Convoitises charnelles, ambition des richesses, en sont deux ennemis jurés. Préservez des maux qu’elles infligent ce que vous devez tenir pour le plus précieux des biens, votre âme rachetée. Elle est présentement comme prisonnière dans un corps qui attend la délivrance, l’adoption selon Romains 8, 23. Elle y souffre, elle y gémit comme en un douloureux esclavage, si Dieu n’est pas glorifié dans notre corps (lisez 1 Cor. 6, 12, 20).

Jeunes amis, ayez pitié de votre âme, soyez épargnés de devoir dire, sous les conséquences du péché, quand environnent les cordeaux de la mort, quand atteignent les détresses du shéol : « Je te prie, ô Éternel ! délivre mon âme » (Ps. 116). Si le Seigneur peut répondre en grâce à ce S.O.S. de la foi (S.O.S. veut dire : Sauvez nos âmes !), Il n’a pourtant pas fait la promesse de nous garder dans un chemin dont la Parole nous avertit qu’il descend « vers les chambres de la mort » [Prov. 7, 27], ou qu’il conduit « à l’égarement de la foi ». Ayez donc pitié de vos âmes, chers jeunes chrétiens !


Pour toi, ami qui lis ces lignes sans qu’elles puissent avoir pour ton cœur leur vrai sens — parce que tu ne possèdes pas encore la vie de Dieu, la vie éternelle, la vie de l’âme dans la connaissance de Jésus Christ comme d’un Sauveur personnel — nous t’en supplions : Aie pitié de ton âme immortelle ! Ne tarde pas davantage d’assurer son salut, ce « salut des âmes » qui est la « fin de la foi » [1 Pier. 1, 9], en gloire éternelle. Puisses-tu en comprendre le prix infini, en goûter dès ici-bas toute la douceur ! Refuserais-tu à ton âme la joie de ce grand salut ? Nous t’en supplions : Aie pitié de ton âme !