Bâtir sa maison

« Prépare ton ouvrage au-dehors, et mets en état ton champ, et après, bâtis ta maison »
(Prov. 24, 27)
« … dans le Seigneur »
(1 Cor. 7, 39)

Dieu veut le bonheur de Ses créatures, et si nous croyions vraiment cela, combien notre vie en serait plus bénie. « Le passereau même a trouvé une maison, et l’hirondelle un nid pour elle où elle a mis ses petits… », nous dit le psaume 84. N’est-ce pas là le désir de tout homme aussi, de tout jeune croyant et croyante, désir selon Dieu, qu’Il approuve parce qu’il est selon Sa pensée ? Alors pourquoi ne pas se confier en Lui pour en amener la réalisation ?

« La Parole de Dieu nous présente des principes », aimait à répéter un vénéré serviteur du Seigneur. Elle nous indique la route à suivre, mais ne fixe pas de commandements et de lois strictes devant le chrétien. Chaque pas du croyant doit être l’objet d’un exercice personnel avec le Seigneur, et comme le disait un jour, dans son langage simple, une chrétienne très âgée qui avait beaucoup vu, beaucoup vécu, beaucoup souffert : « Il a pour chacun un chemin extra ». Le moraliste voudrait mouler toutes les vies sur un schéma idéal ; la Parole de Dieu est vivante et Son Esprit l’applique à chaque cas particulier selon la divine connaissance qu’Il en possède. « La grâce… enseigne » (Tite 2).

Mais est-ce à dire que nous puissions négliger sans dommages et sans chutes, les principes que Dieu place devant nous dans cette Parole, prétextant qu’elle ne tient pas compte de nos circonstances personnelles ? Sans doute, « chacun de nous rendra-t-il compte pour lui-même à Dieu » (Rom. 14, 12), mais la lumière du jour du tribunal ne sera pas différente de celle que la Parole de Dieu met aujourd’hui dans nos vies.

Pourquoi Dieu dit-Il : « Mets en état ton champ, et après, bâtis ta maison » ? Tout jeune homme qui désire fonder un foyer, sauf le cas de l’appel spécial d’un ouvrier du Seigneur, devrait être à même de pourvoir, si modestement soit-il, à l’entretien de la famille qu’il va former. Il faut que « le champ » soit mis en état de rapport, avant de songer à construire « la maison ». Cette préparation de « l’ouvrage au-dehors » est plus ou moins longue suivant les professions, l’apprentissage ou les études suivies. Dans certaines branches d’activité, dès le début, « le champ » permettra d’entretenir le foyer ; dans d’autres, il faudra plus longtemps ; mais en tout état de cause, la Parole pose le principe : d’abord « le champ », ensuite « la maison ». C’est normalement quand le champ, si petit soit-il, est à même de rapporter, que l’on peut songer à la fondation de la famille et, sous le regard de Dieu, se lier en conséquence.

Pourquoi bien des jeunes gens s’engagent-ils souvent des années avant le moment où le foyer pourra raisonnablement être fondé ? Sans doute « le chemin de l’homme vers la jeune fille » est-il une de ces choses « merveilleuses… que je ne puis connaître » (Prov. 30, 19), et là tout particulièrement « chacun a son chemin extra » ! Mais la Parole nous dit : « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde… » [Prov. 4, 23], et il importe infiniment de ne pas laisser parler son cœur avant que le moment de Dieu ne soit venu. Le Seigneur ne guidera pas notre choix avant Son heure. Mais en attendant, il est doux de Lui parler dans le secret de toute chose, s’en remettant à Ses soins pour qu’au moment choisi par Lui, Il incline notre cœur vers celle que Lui connaît déjà. Alors pourquoi ces engagements avant le temps ? Trop souvent parce que l’on manque de foi. On veut s’assurer d’emblée celle qui paraît devoir être la compagne future. Et pourtant, si c’est vraiment celle qui nous est destinée, Dieu n’aurait-Il pas le pouvoir de la garder pour nous, de la former dans le secret comme Il nous formera nous-même, en attendant que le jour vienne où Il dise : « Maintenant bâtis la maison ». C’est un chemin de foi, un chemin difficile, impossible à l’homme naturel, mais certainement un chemin béni, parce que celui de Dieu. C’est aussi le chemin de la vraie joie ; ceux qui ont agi autrement ont souvent dû verser bien des larmes, et ce qui est plus douloureux encore, en ont aussi fait verser beaucoup.

Il est vrai que la vie du jeune homme est semée de dangers, et que humainement parlant, il y a une certaine sauvegarde à être déjà engagé dans son cœur. Pourtant la Parole nous dit : « Vous êtes gardés par la puissance de Dieu, par la foi » (1 Pier. 1) ; et c’est là le point essentiel : voulons-nous vraiment marcher par la foi ? Voulons-nous vraiment recevoir du Seigneur la compagne de notre vie ? S’il y a de la foi, Dieu nous gardera de chutes et de pièges ; Sa puissance est là, Sa grâce aussi, infiniment au-dessus de nos pensées.

Mais ce n’est pas seulement lors de cette décision solennelle que la foi doit être en exercice. Le jeune croyant qui ne marche pas par la foi dès son entrée dans la vie chrétienne, n’apprendra pas subitement à le faire au moment du mariage. L’écolier, l’étudiant, par exemple, qui travaillent pour l’école le dimanche, manquent de foi ; ils en feraient preuve en comptant que, s’ils réservent le jour du Seigneur pour Lui, Dieu pourra faire en sorte qu’ils n’en pâtissent nullement dans la vraie valeur de leurs études… même en temps d’examens ! Mais si la foi manque dans les petites choses, elle manquera aussi dans les grandes.

« À qui elle veut », dit la Parole (1 Cor. 7, 39), seulement… « dans le Seigneur » : voilà l’obéissance ! « Dans le Seigneur », c’est avec une âme qui Le connaisse et marche dans Son chemin ; « dans le Seigneur », c’est en ayant à cœur de consulter ses parents avant d’engager son cœur, surtout quand on a le privilège d’avoir des parents croyants ; « dans le Seigneur », c’est en suivant le chemin de la foi, éclairé par la Parole et en ayant affaire à notre Père pour chaque démarche dès le tout premier début ; « dans le Seigneur », c’est encore beaucoup d’autres choses qu’Il enseigne à mesure à ceux qui désirent Le suivre. « Le plaisir de l’Éternel est en ceux qui Le craignent, en ceux qui s’attendent à Sa bonté » (Ps. 147, 11).

Et si nous, plus âgés, avons conscience de n’avoir pas toujours marché dans Son chemin, d’avoir trop souvent manqué de foi, et d’en porter peut-être les conséquences douloureuses, humilions-nous devant Lui et comptons sur Sa grâce, Sa grâce infinie qui répond à tout ce que nous sommes et à tout ce que nous ne sommes pas. Elle restaurera nos âmes, en attendant que, la saisissant pleinement, nous adorions là-haut « après les chemins si divers de la terre ».

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R.B. — « Sur la conduite des jeunes croyants par rapport au mariage »

Les lignes ci-dessus présentent seulement l’un des multiples problèmes du jeune croyant sur le chemin du mariage. Mais il est bon d’en examiner plusieurs autres de près. C’est le but de la brochure que nous recommandons aujourd’hui[1]. Elle relève d’emblée la grave inconséquence de se mettre « sous un joug mal assorti avec un incrédule » (2 Cor. 6, 14). « Si la première pensée d’une union avec une personne inconvertie n’est pas de suite rejetée comme un péché ou une infidélité, la porte est ouverte à l’ennemi et il en tirera parti ». Il arrive même que « le croyant aveuglé par quelque inclination, se livre à l’illusion que la personne à laquelle son cœur est enchaîné, est réellement convertie, si surtout elle a pris peu à peu l’habitude d’un langage chrétien… ». Ainsi, « peut-être toute la vie faudra-t-il porter les conséquences de son infidélité, sous les reproches continuels de sa conscience, toujours entravé par son conjoint… ».

L’auteur souligne aussi l’erreur et le danger de relations plus ou moins suivies qui parfois durent plusieurs années en attendant le mariage. « La Parole de Dieu ne reconnaît pas cet état… Elle nous parle de fiançailles en vue d’une prompte conclusion du mariage ». « Et l’on ne peut compter sur la puissance de Dieu pour être gardés dans ce cas ».

Mais on trouvera surtout dans ces pages comment il importe d’agir si l’on désire glorifier le Seigneur dans cette circonstance solennelle et décisive de la vie. « Pourquoi le Seigneur a-t-Il cherché son épouse ? Était-ce pour Lui-même, pensant à Son bonheur et à Ses intérêts à Lui ? Non, Il l’a cherchée pour l’amour d’elle, pour lui donner tout son amour et pour la faire participer à tout ce qui Lui appartient. Et de la main de qui l’a-t-Il reçue ? De la main de son Père… Le mari aussi doit recevoir sa femme comme un don de la main du Seigneur… Lui-même accordera en Son temps et à Sa manière le vœu du cœur… Rien n’est laissé au hasard ni aux circonstances, mais tout se trouve entre les mains d’un Dieu et Père fidèle dont le cœur s’occupe de tout ce qui concerne les siens ». Aussi importe-t-il d’être « assez en repos pour attendre paisiblement Sa direction ». — « Comment le cœur pourrait-il plus tard remercier Dieu pour une chose qu’il ne Lui a pas demandée et qu’il n’a pas reçue de Sa main ? ».

Et n’est-ce pas là le nœud de toute la question ? Recevoir de la main du Seigneur la compagne de sa vie, c’est le chemin de la joie, où la bénédiction et la reconnaissance vont de pair, le chemin où l’on peut vraiment dire : « Ce que Dieu a uni… ».