Chasseur et berger

G. André

Sorti de l’arche avec sa famille, Noé recevait la responsabilité de gouverner un monde nouveau. L’arc dans la nuée rappelait l’alliance de Dieu avec la terre, « pour les générations, à toujours » [Gen. 9, 12], figure encore lointaine de Celui qui devait venir, lumière du monde, en qui serait manifestée en détail l’infinie fidélité de Dieu.

Mais au lieu d’avoir à cœur la gloire de Dieu, Noé, homme de foi pourtant, recherche sa propre satisfaction, et s’abandonnant à la corruption, devient une occasion de chute pour son plus jeune fils. Solennelle pensée ! Cham était pleinement responsable de son acte, mais sans le comportement de son père, se serait-il attiré la terrible malédiction qui allait peser sur lui et ses descendants ? Combien est sérieuse la marche pratique d’une génération au regard de celle qui la suit.

Genèse 10 nous présente ces descendants de Cham. Au milieu d’eux se détache Nimrod, le « rebelle », « puissant chasseur devant l’Éternel ». Qu’est-ce qui marque un chasseur ? Il cherche sa propre satisfaction, sa propre gloire, aux dépens de sa victime. Juste l’opposé du berger qui se dépense pour le bien du troupeau. Nimrod fut puissant, il domina. Dans la plaine — et non sur la montagne près de Dieu — Babel s’éleva. Pour se faire un nom, on édifia une cité de briques, une tour qui devait atteindre « jusqu’aux cieux ». Briques fabriquées de main d’homme, résultat de son activité ; contraste frappant avec les « pierres vivantes » [1 Pier. 2, 5] qui seront édifiés sur le seul fondement, fruit du travail de l’âme de Christ et de Son œuvre à la croix.

Satisfaction personnelle, propre gloire, orgueil, domination — quel pourrait en être le résultat, sinon la confusion (Gen. 11, 9 ; Gal. 5, 15) ? Voilà l’issue de l’activité du chasseur, rebelle envers Dieu, dominateur sur les hommes.

Mais Dieu avait une autre pensée, un autre dessein : non pas un chasseur, mais un berger. Abel déjà, berger des anciens temps, avait seul apporté l’offrande à laquelle l’Éternel pouvait avoir égard. Et dans la lignée de Sem, que de bergers ! Jacob se dépensera pour le troupeau : « de jour la sécheresse… de nuit la gelée » ; responsable des brebis, il s’y consacrera tout entier (Gen. 31, 38-40). Moïse paîtra le bétail au désert, et dans la solitude il sera formé, « l’homme le plus doux de la terre » [Nomb. 12, 3], pour conduire le peuple de l’Éternel, le délivrer de l’esclavage et l’amener « jusqu’à Dieu ». David apprendra avec les agneaux de son père quels soins ils réclament ; il saura les délivrer de la main de l’ennemi (1 Sam. 17, 35) ; et quand viendra l’heure, Dieu pourra le prendre « des parcs, d’auprès du menu bétail, pour être prince sur son peuple Israël » (1 Chron. 17, 7). Puis un jour — encore dans la lignée de Sem — viendra Celui qui pourra vraiment dire : « Moi je suis le bon Berger : le bon Berger met sa vie pour les brebis » [Jean 10, 11]

Un berger rassemble, protège et nourrit son troupeau (cf. Éph. 5, 29) — juste le contraire d’un chasseur qui détruit afin de s’élever lui-même. Auquel des deux ressemblons-nous ? Sans doute Nimrod n’avait pas la foi, type de celui qui plus tard s’élèvera contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération [2 Thess. 2, 4]. Mais combien souvent, même chez de vrais enfants de Dieu, la chair se montre-t-elle ? Il suffit de regarder autour de nous — que dis-je ? à nous-mêmes — pour retrouver, plus ou moins marqués chez les uns ou les autres, les traits qui du chasseur, qui du berger ! C’est dans la jeunesse que le caractère se forme ; la puissance de l’Esprit de Dieu dans le croyant peut le transformer complètement, et faire pratiquement d’un chasseur un berger. Mais si nous ne veillons pas, comme l’esprit de domination, souvent aux dépens des autres, peut réapparaître ! « Apprenez de moi, dit Jésus, car je suis débonnaire et humble de cœur » (cf. Jacq. 3, 13).

Il est clair qu’un jeune croyant n’est pas appelé à paître le troupeau du Seigneur, pas plus que David ne devait régner sur Israël avant le moment voulu de Dieu. Mais dans sa jeunesse, sans rien perdre de son énergie et de son courage, David apprenait à l’écart à « paître le menu bétail » de son père. C’est dans ces premières années que son caractère s’est formé pour la tâche qui l’attendait plus tard.

Prenons garde aux années de la jeunesse, aux tendances qui se forment et s’accentuent avec l’âge, afin que — si le Seigneur tarde — nous puissions, si et quand Il le jugera bon, être de ceux qui cherchent le bien des âmes chères à Son cœur, qui leur apportent réconfort et nourriture — de ceux qui avec Lui rassemblent, et non de ceux qui, hélas ! dispersent.

Cinq villages — Bethléhem — Nazareth — Capernaüm — Béthanie — Emmaüs

Cette brochure, de la série « Pour les jeunes croyants », groupe, autour de cinq villages, cinq étapes de la vie de Jésus sur la terre, où s’est manifestée cette gloire dont l’apôtre pouvait dire : « La Parole devint chair et habita au milieu de nous (et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique de la part du Père), pleine de grâce et de vérité » [Jean 1, 14]. Cette gloire nous a quittés ! Son image vivante n’existe plus sur la terre. Les évangiles nous disent ce qu’elle a été…

« Notre bonheur, c’est que nos trésors sont renfermés dans une personne qui n’est pas pour une génération un docteur présent et un Seigneur vivant, et après, pour toutes les générations suivantes, un docteur passé et un Seigneur mort, mais un Maître et Seigneur présent et vivant à jamais » (J.G. Bellett).