Comment prions-nous ?

Ch. F.

La Parole de Dieu contient de nombreuses exhortations à la prière, que nous connaissons bien. Les écoutons-nous ? Les mettons-nous en pratique ? Et si nous le faisons, d’où vient que nous en retirions si peu de profit ? Car nous aurons tous fait, je pense, la pénible expérience que souvent, après avoir prié, nous nous sommes relevés, le cœur sans joie, dans les mêmes dispositions qu’auparavant. S’il en est ainsi, c’est que nous n’avons pas su prier. Nous l’avons fait peut-être par habitude, rapidement, machinalement, sans réaliser la présence de Dieu.

Comment remédier à cet état de choses si nuisible à nos progrès spirituels ? Il nous faut pour cela connaître les conditions de la prière chrétienne. Je n’en indiquerai ici que trois, qui me paraissent les plus importantes. La première consiste à nous rendre bien compte à qui nous nous adressons. Dans les pays monarchiques, quand un sujet a l’honneur de parler à son roi, il le fait avec respect, pesant chacun de ses mots, n’oubliant pas un instant devant qui il se trouve. À plus forte raison, quand nous prions, rappelons-nous que Celui à qui nous avons l’auguste privilège de nous adresser est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, qu’Il est Celui qui a créé cet univers immense où la terre, qui nous paraît si grande, n’est qu’un grain de poussière. Rappelons-nous aussi qu’Il est Celui devant qui les séraphins s’écrient : « Saint, saint, saint est l’Éternel des armées ; toute la terre est pleine de sa gloire ! » (És. 6, 3). En un mot, rappelons-nous et Sa grandeur et Sa sainteté, et il nous sera alors impossible d’être distraits ou légers dans une telle présence.

La seconde condition, c’est de savoir nous juger nous-mêmes. Le grand obstacle qui nous prive de la communion du Seigneur, c’est la chair, c’est le vieil homme qui est en nous. Or, sans communion profondément réalisée, il n’y a pas de prières dignes de ce nom. Commençons donc par Lui confesser tout ce qui momentanément nous sépare de Lui : telle convoitise qui nous aura effleurés et souillés, telle pensée d’orgueil, tel mouvement d’égoïsme ou de colère, même les manquements qui peuvent nous paraître sans grande importance. Confessons-Lui tout cela. Portons sur nous-mêmes un jugement sévère, dans une sincère humilité, profondément pénétrés de notre misère naturelle et de notre néant devant Lui, qui est si grand et si saint. Et alors la communion pourra s’établir entre notre âme et Lui. « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1, 9). En effet, ce Dieu puissant et saint, nous Le connaissons aussi comme le Père, un Père plein d’amour et de miséricorde.

La troisième condition consiste à accompagner la prière de la lecture d’un passage des Écritures. C’est dans les Écritures que Dieu se révèle à nous. Lisons-les donc au moment de prier, pour nous pénétrer de Son Esprit et pour être à même de connaître Sa volonté. Bien des chrétiens prient mal, parce qu’ils prient dans des dispositions purement humaines, ou bien ils le font, comme certains mystiques, dans une sorte d’exaltation qu’ils prennent pour une influence divine. De pareilles prières ne sont pas selon Dieu. « Car nous ne savons pas demander comme il convient ; mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables » (Rom. 8, 26). Si nous nous laissons guider par l’Esprit et si par la lecture de la Parole de Dieu nous apprenons à connaître Ses pensées, nous saurons prier comme Lui le veut, et nous ne Lui demanderons alors que ce qu’Il peut nous donner, étant dépouillés de notre volonté propre et entièrement soumis à Sa sainte volonté, quelle qu’elle puisse être. « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait » (Jean 15, 7).

Si ces trois conditions essentielles se réalisent chaque fois que nous nous adressons à Dieu, nos prières seront efficaces, notre vie sera illuminée de joie et de certitudes, et notre témoignage pourra être en bénédiction à ceux qui nous entourent. Car il est impossible de jouir vraiment de la communion du Seigneur sans qu’elle n’ait quelque effet sur notre marche quotidienne. « Ils les reconnaissaient pour avoir été avec Jésus » (Act. 4, 13), disait-on de Pierre et de Jean. Ne désirons-nous pas qu’on puisse le dire aussi de chacun de nous ?