Craindre et croître

J.N. Darby
« Que vous discerniez les choses excellentes »
Phil. 1, 10

Celui qui sème pour son plaisir, verra passer à mesure qu’il avancera tout ce pour quoi il a travaillé ; au contraire, celui qui sème pour Dieu et pour l’éternité recueillera abondamment du fruit de son travail, par la grâce de Dieu qui aura fait lever la semence, comme Christ Lui-même jouira du fruit du travail de Son âme [És. 53, 11]. J’espère que vous comprenez toujours plus, cher jeune ami, que, pour le chrétien, il ne s’agit pas seulement d’être honnête, bon, et de vivre d’une vie dirigée et mesurée par la morale du monde et de la conscience naturelle, mais de marcher comme Christ a marché [1 Jean 2, 6]. Nous sommes appelés à être des lettres de Christ connues et lues de tous les hommes [2 Cor. 3, 2], et ce n’est pas dire peu de chose. Quel sérieux cela donne à notre vie tout entière ; et en même temps, quelle grâce et quelle beauté ! Être les témoins d’un Dieu Sauveur, non seulement comme un prophète proclamant le message que Dieu lui a confié, mais avec l’abondance d’un cœur rempli de ce dont il parle, quel glorieux privilège ! Pour cela, il faut vivre de Christ et près de Christ ; il faut, par la Parole qui rend témoignage de Lui, Le connaître toujours mieux, Lui, Ses pensées, Sa volonté ; il faut que le cœur soit élargi et pressé par Son amour ; il faut que notre sentier devienne toujours plus étroit, toujours plus complètement un sentier d’obéissance. Cela explique les belles prières de Paul pour ceux qu’il aimait selon Christ (Éph. 1 ; 3 ; Phil. 1 ; Col. 1). Il ne faut pas nous contenter d’être pardonnés, justifiés, sauvés, de n’avoir pas à craindre de rencontrer Dieu, ni la mort ; mais il nous faut vivre dans Sa communion et Le servir ; nous ne devons pas rester des enfants, mais croître par la connaissance de Dieu et de Sa volonté jusqu’à l’état d’hommes faits. Le commencement de la sagesse est la crainte de l’Éternel [Prov. 9, 10].

Priez et veillez. Ma prière pour vous est celle que Paul demandait pour les Philippiens (Phil. 1, 8-11). Priez et veillez sur vous-même, pour que les personnes avec lesquelles vous vous trouvez en relation ne deviennent pas un piège pour vous ; souvenez-vous souvent des plaines du Jourdain qui firent descendre Lot graduellement jusqu’au milieu de Sodome ; mais plutôt souvenez-vous toujours de Jésus qui est mort pour vous, afin que vous viviez pour Lui. Ce que vous dites de l’état de X m’afflige beaucoup et doit être un sujet constant de prières pour nous tous. Qu’est-ce que le monde peut donner ? Là où Christ, la paix, l’amour, le salut de Dieu ne sont pas connus, que trouve-t-on, si ce n’est le tourment et la misère ? Il nous faudrait plus de simplicité et de persévérance de foi pour demander à Dieu d’intervenir et de bénir : Christ n’a jamais renvoyé à vide ceux qui venaient à Lui. Dieu n’a pas envoyé pour rien à cet ami ce par quoi il passe ; c’est une preuve de Son amour. Mais combien nous sommes lents à apprendre ce qui est très simple ! Cependant Dieu est toujours là, toujours actif pour nous, faisant contribuer toutes choses au bien de ceux qui L’aiment [Rom. 8, 28].

J’espère que vous aussi, vous n’oubliez pas ce que l’amour de votre Père céleste a voulu nous enseigner. Que, par Sa grâce, l’épreuve porte pour vous le fruit paisible de justice que Dieu voulait produire ! Rien n’arrive par hasard, les cheveux mêmes de notre tête sont comptés [Matt. 10, 30] ; nous avons à apprendre la patience, et puis l’expérience, et puis l’espérance.

Cher ami, que Dieu vous garde ainsi devant Lui dans la conscience de Son amour, comme le fils prodigue après qu’il eut rencontré son père et qu’il eut été introduit dans la maison paternelle, revêtu de la plus belle robe : un sujet de joie pour son père.

Lettres de J.N. Darby

L’essentiel de la correspondance de ce vénéré serviteur du Seigneur a été recueilli en trois volumes en anglais que nous ne saurions assez recommander à ceux qui lisent cette langue. Ils sont munis d’un index, tant des sujets que des passages bibliques traités, qui en fait une source de référence inappréciable.

Près de cinq cents de ces lettres ont aussi paru en français dans le Messager Évangélique, surtout pendant les années 1891 à 1920. Écrites pour des circonstances particulières, elles ne nous donnent pas, tel un commentaire ou un traité, le fondement de la doctrine, mais plutôt l’application de la vérité à des cas concrets, le résultat des expériences variées d’une longue carrière, elles nous permettent de discerner le cœur et souvent les pensées intimes d’un serviteur que nous avons trop l’habitude de considérer comme à distance. À son contact plus direct, au travers de cette correspondance, nous apprendrons à mieux connaître et à mieux aimer le Maître qu’il a servi avec tant de fidélité. Et nous lirons avec plus de facilité et d’intérêt les nombreux écrits où il lui a été donné de mettre si vivement en lumière « les choses profondes de Dieu » [1 Cor. 2, 10].