Deux chemins

G. André
« Il y a telle voie qui semble droite à un homme, mais des voies de mort en sont la fin »
Prov. 16, 25

Bethléhem — maison du pain, future cité de David, lieu de naissance du Sauveur — Bethléhem connaissait la « famine » (Ruth 1, 1). Et la famille d’Élimélec, oubliant de compter les bienfaits de Dieu dont elle était « comblée » (v. 21), négligeant de rechercher Sa face dans l’épreuve pour apprendre ce qu’Il avait à lui dire, s’en va trouver refuge loin du lieu de la bénédiction, dans les « champs de Moab », dans le monde. Oh ! pas pour longtemps : ils voulaient seulement y « séjourner » ! Mais sur le chemin qui descend, un pas en amène un autre ; aux champs de Moab, Élimélec trouve, non l’abondance, mais… la mort. Les fils qu’il avait entraînés dans ce milieu idolâtre s’y marient, et pendant dix ans paraissent oublier complètement le Dieu de leurs pères. Dix ans durant lesquels ils auraient pu réfléchir ; ils auraient pu revenir en arrière et retrouver la bénédiction perdue. Mais leurs cœurs sont endurcis sans doute et, dans le pays étranger, la mort les atteint à leur tour.

Que reste-t-il de cette famille naguère heureuse et bénie ? Trois veuves sans ressources, dont la seule qui connaisse Dieu a le cœur « rempli d’amertume » (v. 20).


Mais il est un autre chemin sur la terre. Si trop souvent, hélas ! des croyants, et des jeunes élevés dans des foyers chrétiens, quittent le lieu de la bénédiction pour s’en aller dans le monde — d’autres, par la grâce de Dieu, sont appelés du monde pour entrer dans le chemin de la foi et le suivre « jusqu’à Bethléhem » (v. 19).

Dans Sa miséricorde, « l’Éternel avait visité son peuple pour lui donner du pain ». Et trois femmes en deuil — cœurs préparés par l’épreuve — quittent les champs de Moab pour venir « s’abriter sous les ailes du Dieu d’Israël » [2, 12]. Trois états d’âme bien différents : Naomi, type du croyant en chute que la grâce va restaurer ; Orpa, figure de celui dont les sentiments ont été touchés, qui par affection pour d’autres s’engage dans le chemin étroit, mais… s’arrête en route et retourne « vers son peuple et vers ses dieux » [1, 15] ; Ruth enfin, bel exemple de la foi opérant dans le cœur qui peut tout quitter : patrie, famille, religion, espérances terrestres, pour s’attacher à Christ et à Son peuple, et dire comme autrefois Rebecca [Gen. 24, 58] : « J’irai » (v. 16).

Car, en effet, jeunes gens, jeunes filles, il ne suffit pas d’avoir l’apparence de croire. Dix vierges sont sorties à la rencontre de l’Époux, toutes semblables, toutes munies d’une lampe, mais seules cinq d’entre elles avaient de l’huile. Deux maisons se dressaient sur le rivage, toutes deux de belle apparence, mais une seule était bâtie sur le roc et a tenu au jour de la tempête. On peut avoir longtemps lu la Bible régulièrement, fréquenté les réunions, on peut connaître bien des vérités… et n’avoir pas la vie. Prenez-y garde ! Seule une foi personnelle, fondée sur la Parole même de Dieu reçue dans le cœur et la conscience, peut nous amener à Christ. « Il vous faut être nés de nouveau » [Jean 3, 7].

« Elle était résolue d’aller » (v. 18) : c’était la décision de la foi. Le chemin la conduira « jusqu’à Bethléhem », au pays de la promesse ; elle apprendra à servir « jusqu’au soir » [2, 17], « jusqu’à ce que la moisson soit achevée » [2, 23], « dans le champ » de Boaz ; elle aura la joie de venir « dans l’aire », « à ses pieds jusqu’au matin » [3, 14] ; elle deviendra l’épouse du rédempteur, elle entrera « dans sa maison » ; elle connaîtra le nom de « Celui qui sert » (4, 17). « Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi » (Prov. 4, 18).


Deux chemins ! Inévitablement, chacun de nous se trouve sur l’un ou… sur l’autre. L’un descend, l’autre monte. L’un commence par un acte d’incrédulité et s’en va, étape par étape, vers les ténèbres et vers la mort. L’autre, marqué par la foi qui s’attache à la personne glorieuse du Sauveur, s’élève degré par degré vers la lumière et vers la vie. « J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives » (Deut. 30, 19).


« Mon âme s’attache à toi pour te suivre, ta droite me soutient »
(Ps. 63, 8)