« Écoutez »

A. Henry
« Tu m’as creusé des oreilles »
(Ps. 40, 6)

Cette exhortation, « Écoutez », est une des plus répandues dans la Parole de Dieu. Dieu est premièrement « Créateur » et, comme tel, Il avait droit à l’obéissance de Sa créature ; or l’obéissance dans la dépendance n’est possible qu’en « écoutant Celui qui parle ». Dès le commencement, un homme obéissant aurait pu dire : « Tu m’as creusé des oreilles » ; mais d’emblée aussi, l’homme a cessé d’« écouter l’instruction qui fait errer loin des paroles de la connaissance » (Prov. 19, 27).

Dieu choisit ensuite un peuple qu’Il délivre, conduit et comble de bienfaits. Après cette délivrance, l’exhortation à « écouter » est accompagnée de grandes promesses de bénédiction (Ex. 15, 26). Le Deutéronome — la loi une deuxième fois, mais selon un ordre moral — est rempli des mots : « Écoute, Israël ». Quoique celui-ci fut un peuple dans la chair, l’Éternel le traite comme responsable. Combien pressantes aussi sont les exhortations des prophètes et combien solennelles les conséquences présentées aux oreilles et aux cœurs rebelles.

Mais, jeunes amis croyants, vous qui avez déclaré connaître l’amour de Dieu en Jésus, vous n’êtes plus dans la chair, mais dans l’Esprit ; vous avez donc des ressources, et la capacité d’« écouter » et d’obéir à Celui qui vous a « achetés à prix » [1 Cor. 6, 20]. Si l’oreille attentive était requise d’Israël, combien plus de vous, combien plus de nous. L’obéissance légale n’a pu être réalisée, mais l’obéissance de l’amour et dans l’amour, quel prix n’aura-t-elle pas pour le cœur de Christ ?

Prenons quelques « Écoutez » en Ésaïe — le cinquième évangile, dont nous pouvons tirer tant d’applications. « Écoutez-moi, vous au cœur dur qui êtes éloignés de la justice » (46, 12, 13), n’était-ce pas hier, peut-être, votre état ? Les besoins d’un cœur non réveillé sont tournés du côté du monde ; l’amour et la beauté en rédemption de Jésus le Sauveur ne l’intéressent pas ; il suit le chemin de la perdition, « éloigné de la justice » — la justice de Dieu en Christ.

Mais : « J’ai fait approcher ma justice, elle ne sera pas éloignée et mon salut ne tardera pas ». L’Esprit de Dieu, par Sa grâce infinie, a travaillé dans vos cœurs et vos consciences, et il vous a été donné de comprendre quelque peu la vanité des choses d’ici-bas. J’espère que vous avez été profondément travaillés pour recevoir le témoignage de Dieu concernant votre état de péché, votre état de mort quant à Dieu, comme aussi votre responsabilité. Rappelez-vous que souvent on a dit : « Les conversions valent ce qu’elles coûtent ». Passer par le travail de cœur des versets 3 et 4 du psaume 32 conduit à la délivrance du verset 5.

Chers jeunes amis, repassez encore devant le Seigneur dans le repos parfait de Son œuvre — mais dans Sa présence réalisée — les étapes de votre conversion ; s’il y a encore en vous quelque chose de non jugé, d’incompris quant à votre misère, la force et la valeur des mots « écoutez » et « obéir » ne sera pas encore réalisée. Avez-vous bien passé dans la poussière du chemin de Damas comme l’apôtre Paul ? De là, Saul de Tarse s’est relevé pour « obéir » tout le reste de sa vie. Oui, chers jeunes croyants, permettez-moi de vous inviter à retourner un peu au point de départ, non pas pour que les choses discernées vous amènent à douter, mais — tel un travail remis sur le métier — pour qu’il y soit apporté peut-être quelques précieuses retouches.

Je suis amené à cela en voyant parfois peu de fruits des conversions, et peu de cœurs pleinement disposés à l’obéissance. Chers amis, ce n’est pas pour vous accuser d’être moins fidèles que l’âge mûr ou la vieillesse (celui qui vous écrit peut courber la tête) ; il y a pourtant quelques expériences faites par eux — mais rappelez-vous que vous êtes « ceux qui sont baptisés pour les morts » (1 Cor. 15, 29). Si la patience de Dieu dure encore un peu, vous serez appelés à prendre la place de ceux qui tombent en cours de route, et nous vous désirerions bien préparés dans l’obéissance ; n’est-ce pas aussi votre désir ?

Lisons un autre « Écoutez » en Ésaïe 51, 1 : « Écoutez-moi, vous qui poursuivez la justice, qui cherchez l’Éternel ». Malgré les progrès qu’il y a peut-être encore à faire dans votre cœur renouvelé, « vous poursuivez la justice ». Votre point de départ a été la « justice de Dieu en Christ » [Rom. 3, 22], de laquelle vous êtes recouvert devant Lui, mais il y a maintenant une « justice pratique » que vous avez à rechercher devant les hommes. Poursuivez-la ; elle tend toujours à nous échapper, surtout par les tentations que Satan place tout particulièrement devant la jeunesse. Malgré l’état affreux de ce monde, se peut-il que nous en désirions encore quelque chose ? Nous qui pouvons donner aux hommes séduits, voulons-nous être des « rois mendiant » au lieu de « rois donnant » ?

La « cuirasse de la justice » (Éph. 6, 14) se résume en ceci : que le monde ne puisse en rien dire de mal en nous ; qu’il nous voie vivre et poursuivre notre « bienheureuse espérance » (Tite 2, 13). Si nous avons l’habitude d’agir, de parler et marcher comme lui, de le suivre le plus près possible, d’avoir les mêmes désirs et occupations de cœur que lui, nous ne portons pas la cuirasse ; et nos bouches seront fermées, si une fois nous voulons parler de Jésus ; l’ennemi aura tôt fait de nous terrasser.

Mais si nous « recherchons l’Éternel », si nous regardons « au rocher d’où nous avons été taillés », si notre « oreille creusée » s’ouvre constamment pour écouter Sa voix dans nos cœurs et dans Sa Parole, il y aura un témoignage rendu.

Cherchons encore un « Écoutez-moi » au chapitre 51, 7, adressé à ceux « qui connaissent la justice » dont ils sont revêtus, « le peuple dans le cœur duquel est ma loi ». Il y a des luttes, des combats, des épreuves, et aussi « l’opprobre de la part de l’homme » ; mais il y a des ressources particulières : « Ne craignez pas ». Le connaissez-vous, « l’opprobre de Christ » [Héb. 11, 26], chers jeunes gens qui faites du service militaire ; l’avez-vous porté en étant fidèles ; connaissez-vous cette bénédiction ? Si oui, il y a pour vous des promesses : « Ne soyez pas effrayés ». Le Seigneur a les yeux sur vous. Il y a deux genres d’opprobres : celui qui résulte d’une mauvaise conduite, comme en Néhémie 1, 3, et celui de Christ. Supporté avec un cœur soumis et dévoué par amour, quelle richesse n’apportera-t-il pas devant le tribunal de Christ !

Ah ! chers jeunes frères, craignez et fuyez la propre volonté ! « Écoutez ». Le Nouveau Testament, qui nous parle directement sur notre propre terrain, celui de la foi appuyée sur l’œuvre de Christ, s’adressant au cœur renouvelé, nous exhorte à « écouter » dans la connaissance du Seigneur et dans la reconnaissance de l’amour. En Matthieu 17, 5 ; Marc 9, 7 ; Luc 9, 35, c’est Dieu, c’est le Père Lui-même qui vous parle de l’objet de Ses propres délices : « Écoutez-le ». En Luc 8, 21, Jésus montre quelle place de proximité occupent dans Son cœur ceux qui « l’écoutent ». Est-il nécessaire de rappeler encore Luc 10, 39 : Marie de Béthanie, assise aux pieds de Jésus, « écoutant » Sa parole ? C’est là qu’elle fut rendue intelligente ; plus intelligente que les disciples au souper de Béthanie ; plus intelligente que la dévouée Marthe en Jean 11 ; plus intelligente même que le cœur brûlant de Marie de Magdala qui vint au sépulcre avec des aromates.

« Écoutez » et gardez (Luc 11, 28) ! On peut très bien écouter, à la réunion ou ailleurs, avec les oreilles et l’intelligence naturelles ; mais il faut écouter avec les « oreilles creusées », sans cela nous serons comme l’homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable.

Nous pourrions augmenter encore les citations, mais pour résumer le tout, revenons encore au psaume 40, 6-8. La parole prophétique nous y parle de l’homme parfait, notre précieux Sauveur, Celui que nous aimons parce qu’Il nous a aimés le premier [1 Jean 4, 19]. Quelle instruction pour nous ! « Sacrifices et offrandes » peuvent s’appliquer à notre présence bien régulière au culte, aux réunions, comme aussi à une certaine bienfaisance pratique ; mais « écouter est meilleur que sacrifice », dit Samuel au misérable Saül (1 Sam. 15, 22) ; notre présence et certains actes, s’ils ne sont pas la suite des « oreilles creusées » — la voix de Jésus entendue — n’ont guère de valeur. Si, en sortant de la présence du Seigneur, notre cœur se remplit à nouveau des contingences de ce monde, quel profit y a-t-il ?

Écoutons aussi et encore un enfant ; nous pouvons apprendre de lui. « Parle, Éternel, car ton serviteur écoute » [1 Sam. 3, 10]. Ainsi, nous « serons bienheureux dans notre faire » (Jacq. 1, 25) ; à l’amour du Seigneur, notre cœur répondra. Il nous reste peu de temps pour « écouter » ici-bas ; bientôt ce seront « les paroles ineffables » [2 Cor. 12, 4].

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H.R. — Le souper de Béthanie

À Béthanie, « il y eut un souper préparé pour Lui, et pour Lui seul ». C’est là que nous trouvons « l’adoration profonde de cette Marie qui avait coutume de prendre place aux pieds du Sauveur », de cette Marie qui avait su écouter.

D’autres sont là : « Lazare, le mort », « à table avec Lui. Sans Lui, il n’aurait eu aucun droit de s’asseoir à Son souper… Il ne parle pas, mais il est à table avec Lui, et cela lui suffit ». « Marthe servait » ; elle avait dû apprendre à « recevoir de Lui, avant d’entrer dans une vie d’activité pour Lui ». Mais Marie revêt « une attitude plus précieuse encore, c’est de venir aux pieds du Fils de Dieu dans une adoration où nous ne pouvons que nous oublier nous-mêmes… Elle oint les pieds du Fils de Dieu qui va mourir… Seul cas où Jésus ait rencontré de la sympathie sur la terre ».

C’est ainsi que le « souper de Béthanie nous présente dans trois personnages, les trois principes qui constituent l’ensemble de la vie chrétienne : la communion, le service et le culte ».

Nous ne saurions assez recommander à nos lecteurs de se procurer cette brochure ; elle sera, par la grâce de Dieu, un moyen de les attacher mieux à Celui dont le Père nous dit : « Écoutez-Le ». « Il est ton Seigneur, adore-Le » [Ps. 45, 11].