En arrière

J. André
« Il réveille mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne. Le Seigneur l’Éternel m’a ouvert l’oreille, et moi je n’ai pas été rebelle, je ne me suis pas retiré en arrière… C’est pourquoi j’ai dressé ma face comme un caillou »
És. 50, 4-5, 7

J’ai écouté…, j’ai ouvert l’oreille…, je n’ai pas été rebelle, je ne me suis pas retiré en arrière… c’est pourquoi j’ai dressé ma face ! Lisons et méditons ces sublimes paroles du Seigneur Jésus.

Volonté soumise : « Voici, je viens… pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Héb. 10, 7).

Total renoncement à Lui-même : « Il s’est anéanti lui-même… il s’est abaissé lui-même… » (Phil. 2, 7-8).

Une entière soumission : « J’ai écouté, j’ai ouvert l’oreille ». Une parfaite obéissance : « Je n’ai pas été rebelle »… « devenu obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix » [Phil. 2, 8].

Prenant volontairement une telle position, Il peut alors affirmer par l’esprit prophétique : « Je ne me suis pas retiré en arrière ». Dans Sa course, Il pouvait dire à l’ennemi qui Le tentait par la bouche d’un disciple qui pourtant L’aimait : « Va arrière de moi, Satan, tu m’es en scandale » (Matt. 16, 23). Combien plus à la fin de Son ministère, se retrouvant au jardin de Gethsémané en face du même tentateur, Il pouvait continuer à dresser Sa face comme un caillou [És. 50, 7], alors même que Son front suait du sang [Luc 22, 44] et que tous les siens L’abandonnaient [Matt. 26, 56].

« Rien n’arrêta son ineffable amour »… ni manque de réputation ou de considération, ni souffrance, ni renoncement, ni mépris, ni incompréhension, ni crainte des hommes, ni solitude ou abandon des siens, ni le poids de nos péchés, ni la colère divine, ni le jugement d’un Dieu saint, ni l’abandon durant les heures de ténèbres…

« Je ne me suis pas retiré en arrière ! ».

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« Et un autre aussi dit : Je te suivrai Seigneur, mais permets-moi de prendre premièrement congé de ceux qui sont dans ma maison. Et Jésus lui dit : Nul qui a mis la main à la charrue et qui regarde en arrière, n’est propre pour le royaume de Dieu »
Luc 9, 61, 62

Qu’y avait-il de plus normal — et disons le mot — de plus humain pour ce disciple que de prendre congé des siens avant de suivre le Seigneur ? Et pourtant ce qui paraît non seulement « toléré » mais normal à notre point de vue, devient, à la lumière divine, incompatible avec le caractère de disciple.

Je suppose que tous et chacun nous désirons être des disciples du Seigneur, et ne pas en rester au stade de la jouissance passive d’une position d’enfant de Dieu. C’est d’ailleurs notre vocation, le « pourquoi » nous sommes laissés ici-bas après la conversion. Pour être disciple ou témoin, il ne faut pas « regarder en arrière ».

Qu’est-ce pratiquement « regarder en arrière » ?

Sur le plan général, c’est laisser Jésus derrière la porte et suivre nos propres désirs, décider selon notre volonté, agir selon notre bon sens ; en un mot « regarder en arrière », c’est introduire à nouveau les choses vieilles qui sont passées (2 Cor. 5, 17). Or que dit la Parole en s’adressant au croyant ? « Que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (v. 15). « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création » (v. 17).

« Regarder en arrière » appartient au vieil homme, à la vieille nature, au « moi ». Regarder en avant, « oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec effort vers celles qui sont devant » (Phil. 3, 14) appartient au nouvel homme : c’est avoir Christ comme source, mobile et but de la vie.

Maintenant, sur le plan spécifique.

Toi, jeune homme croyant, tu voudrais regarder en avant, courir la course en fixant les yeux sur Jésus [Héb. 12, 1, 2], Le servir, Le glorifier. Mais tu veux aussi simultanément, et souvent « premièrement », continuer à tirer les avantages que ce monde t’offre dans toute la mesure où tu juges cela « raisonnable et humain ». Tu bandes tes énergies, tu n’as jamais trop de temps pour « arriver » à la position sociale et matérielle que tu estimes être en droit d’obtenir, et n’as plus de temps pour les intérêts du Seigneur. Tu veux suivre Jésus, mais dans la question du mariage, tu veux faire ton choix toi-même et ensuite Lui demander Sa bénédiction.

Toi, jeune fille croyante, dépositaire de tant de bienfaits et de richesses spirituelles, tu as le profond désir de glorifier ton Maître. Tu veux Le servir, mais ne recherches-tu pas trop souvent et « premièrement » — indépendamment du soutien matériel que tu peux être appelée à donner à ta famille — un travail qui paie bien, avec le maximum d’avantages ? N’arrive-t-il pas alors que l’ambiance du bureau, du magasin ou de la fabrique t’oblige à des compromis, diminue tes affections pour Christ, ou même parfois t’égare et te fait tomber ? Que le salaire puisse te permettre de t’habiller « dernier cri », et de satisfaire tes désirs souvent capricieux, n’est-ce pas là « regarder en arrière » ?

Alors que de si belles vocations attendent que l’amour du Christ étreigne ton cœur pour te pencher vers « les petits », les souffrants, pour soulager telle mère pliant sous le fardeau de sa tâche !…

Vouloir regarder en avant et simultanément avoir son cœur aux choses qui sont en arrière, c’est n’être ni froid, ni bouillant, c’est être tiède [Apoc. 3, 16] !

Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit : « Aie donc du zèle et repens-toi. Voici, je me tiens à la porte et je frappe : Si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi » (Apoc. 3, 6, 19-20).

Veux-tu laisser Jésus entrer ?