« … Et soyez reconnaissants » (Col. 3, 15)

J. André
« L’un d’entre eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix ; et il se jeta sur sa face aux pieds de Jésus, lui rendant grâces »
(Luc 17, 15-16)

Quel rafraîchissement pour le Seigneur que ce cœur reconnaissant !


L’homme de douleur avait éprouvé dans le chemin aride ce qu’étaient la langueur et la contradiction. Il avait semé bienfaits sur bienfaits, versé l’amour dans les cœurs, inondé de Ses compassions et de Sa paix ceux qui étaient dans la détresse, et, en retour, Il avait récolté jalousie, murmures, haine, méchanceté. Il avait nourri cinq mille hommes : pas un cœur pour Lui rendre grâces, pas une bouche pour Le remercier…

Et voilà ces dix lépreux qui, faisant appel au cœur compatissant de Jésus, sont rendus nets. Neuf d’entre eux continuent leur chemin sans un seul sentiment de gratitude, sans une parole de reconnaissance ; l’un d’eux, toutefois, revient sur ses pas et, d’un cœur sincère, rend grâces à Celui qui a tout fait pour lui.

Faisons un retour sur nous-mêmes et demandons-nous à quelle catégorie de ces lépreux nous appartenons. Nous devons confesser, hélas ! que maintes fois nous manifestons le caractère d’indifférence et d’ingratitude des neuf lépreux. Pressés par la tentation, angoissés par l’épreuve, nous trouvons toujours une prière pour crier au Seigneur et réclamer Son secours et Sa délivrance. Mais, quand, dans Sa grâce, Il nous a répondu, ne devons-nous pas constater que bien souvent nous oublions de remercier, trop occupés de nous-mêmes et de nos circonstances et pas assez de Lui et de Sa bonté infinie ?

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Après la grande délivrance de l’Égypte et de la mer Rouge, les fils d’Israël exaltent en un cantique de louange et de reconnaissance la puissance et la bonté de l’Éternel. Ils avancent de quelques pas dans le désert, une épreuve se présente… ; tout est oublié : la délivrance, la puissance, les actions de grâces ; et, à la place d’un cantique de gratitude, on entend des murmures, des protestations !

Objet d’une grande délivrance en réponse à d’ardentes et persévérantes prières, notre cœur est comme pressé à exprimer au Seigneur toute sa reconnaissance. L’instant d’après, un contretemps, une difficulté survient… Remercier ?… On n’y songe plus. Le cœur s’aigrit, se cabre, et un murmure dépité s’élève vers Celui qui tout à l’heure recevait notre action de grâces.

Et pourtant, c’est la même main qui dispense et l’épreuve et la délivrance, et la contradiction et l’encouragement, et l’abondance et le dénuement, et la porte ouverte et l’arrêt mystérieux. Rappelons-nous que « c’est de par Lui que cette chose a eu lieu » [1 Rois 12, 24] ; et que « toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8, 28). Aussi, il ne nous reste qu’à remercier et à remercier encore et toujours le dispensateur de tout bien. « En toutes choses, rendez grâces, car telle est la volonté de Dieu dans le Christ Jésus à votre égard » (1 Thess. 5, 18).

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Réunis pour le repas, nous rendons grâces au Seigneur pour les aliments que nous recevons de Sa main et que nous Lui demandons de bénir. L’action de grâces est à peine terminée que celui-ci proteste contre une soupe qui n’est pas de son goût, celui-là se plaint que le pain est trop rassis ; un troisième murmure sur le manque de variété de la nourriture, etc.

Ceci nous amène à la conclusion de notre article : Comment témoigner notre reconnaissance ? En tout cas, pas en démentissant par notre attitude ce que notre bouche vient d’exprimer en actions de grâces. La reconnaissance peut se manifester par un regard, un geste, une attention, une prévenance envers ceux qui nous entourent. Envers Dieu, elle s’exprimera tout d’abord par une attitude de soumission sereine ; sans doute encore, par une marche qui L’honore, un témoignage qui Le glorifie, un service joyeux et accompli de tout notre cœur. Mais quel est le témoignage suprême de notre reconnaissance envers Celui qui nous a tout donné ? Le Père cherche quoi ? — Des adorateurs qui L’adorent en esprit et en vérité (Jean 4, 23-24).

L’adoration est certainement la plus haute expression de notre gratitude ; une adoration que nous devrions réaliser sans cesse dans nos cœurs, mais qu’il nous est permis d’exprimer d’une façon particulière chaque premier jour de la semaine, lorsque nous sommes réunis autour de Celui qui nous a été donné.

« Faites ceci en mémoire de moi » [1 Cor. 11, 24, 25]. Le faisons-nous ? Notre place est là ; Il nous y convie et nous y attend. Décevrions-nous par notre indifférence Celui à qui nous devons tout ? Rendons-Lui le suprême hommage de nos cœurs en répondant à Son pressant désir. Culte de reconnaissance que nous commençons ici et que nous continuerons pendant toute l’éternité. Puissions-nous déjà réjouir Son cœur en entonnant le cantique nouveau d’adoration et de reconnaissance.

Digne est l’Agneau qui a été immolé
De recevoir puissance et richesse,
Sagesse et force, honneur et gloire,
Aux siècles des siècles ! Amen !