Face à face

H.F. Witherby
« Encore un peu de temps, et vous me verrez »
Jean 16, 16

Retirons-nous un moment à l’écart et posons-nous cette question : « Combien de temps s’écoulera-t-il encore jusqu’au moment où nous verrons la face de Christ ? ». La face de Celui qui est « un porte-bannière entre dix mille » [Can. 5, 10], de Celui dont « toute la personne est désirable » [Can. 5, 16], la face de Jésus, notre Seigneur !

Quelques-uns parmi nous sont encore jeunes, d’autres ont déjà blanchi. Même s’Il ne devrait pas revenir de notre vivant, Son absence ne durera pas longtemps, quelques années tout au plus. Et nous Le contemplerons et nous demeurerons avec Lui !

Quelle bénédiction vous éprouverez dans votre âme, si vous voulez bien entrer dans le secret de votre chambre et méditer sur cette rencontre heureuse, si proche. Peut-être, déjà avant Son retour, irez-vous auprès de Lui et votre esprit quittera-t-il ce corps afin d’être « pour toujours avec le Seigneur » [1 Thess. 4, 17]. Le premier instant de votre joie éternelle sera arrivé !

Essayons de déterminer le nombre d’années qui s’écouleront jusqu’au retour de Christ ! Il peut être bien petit, nous le savons : « Encore très peu de temps » [Héb. 10, 37], nous dit la Parole. Nous pourrions donc pénétrer dans la maison du Père avant que la pendule ait battu la prochaine seconde. Mais si ce nombre devait être élevé, quel serait-il ? Réfléchissez-y dans la solitude et pensez à ce moment où le Seigneur vous accueillera, où Son regard se posera sur vous. Les ombres auront fui, le matin sans nuage se sera levé !

« Qu’est-ce que votre vie ? Une vapeur paraissant pour un peu de temps et puis disparaissant » [Jacq. 4, 14]. Quel sens devons-nous donc lui donner ? Elle constitue l’occasion qui nous est offerte pour apprendre, dans ce monde où Il a vécu, à connaître le Seigneur Jésus et à Le glorifier sur la terre. Nous sommes laissés ici-bas pour briller comme des luminaires dans le monde [Phil. 2, 15], pour être une lettre connue et lue de tous les hommes [2 Cor. 3, 2]. Lorsque nous songeons au moment où nous verrons Christ, nous ne pouvons que désirer Lui plaire. Et pourtant, chez plusieurs d’entre nous, l’ardeur du premier amour a disparu, de même que le printemps laisse la place à d’autres saisons. Est-il donc vrai que notre attachement à Christ est moins profond maintenant qu’autrefois ? Le Seigneur sait toutes choses ; écoutons-Le dans le silence de Sa présence, et laissons-Le dire à chacun de nous quel est notre état.

La vie s’écoule ; la fraîcheur de nos premières affections a passé. Une barrière semble parfois se dresser entre nous et Lui. La beauté de la vie divine se trouve ternie. La paix avec Dieu par le sang de Christ demeure, mais Sa paix, celle qu’Il a procurée aux siens, ne remplit pas le cœur. En ce moment même, plusieurs enfants de Dieu manquent d’un contact personnel avec le Seigneur. Leur spiritualité ne laisse plus apparaître une communion consciente avec Lui. Les vérités chrétiennes sont toujours connues, mais Jésus n’est plus l’objet de leur cœur. L’instant présent n’est pas illuminé par la joie de l’espérance chrétienne.

Dans ces conditions, on ne saurait respirer, sur la terre, l’atmosphère du ciel, et l’on n’éprouve pas un besoin intense de se trouver dans la présence de notre Bien-aimé. On peut être versé dans les vérités scripturaires ; mais l’intelligence spirituelle n’est pas l’affection spirituelle, et sans la chaleur de l’amour, la lampe du témoignage brille bien faiblement. C’est pourquoi, nous le répétons, entrez dans le secret de votre chambre et réfléchissez à cette heure où, pour la première fois, vous verrez votre Maître face à face.

Chacun peut proposer un remède au déclin spirituel ! Mais, de fait, rien d’autre ne peut sortir l’âme de sa faiblesse que de voir « Jésus seul » [Matt. 17, 8]. Nous rendons grâces à Dieu pour toutes les doctrines que l’Écriture contient ; chacune d’elles est semblable à une porte qui, ouverte, laisse apparaître quelque perfection de Christ. Avons-nous franchi le seuil de ces portes ? Plusieurs ne se sont pas avancés. Ils savent pourtant comment ces portes sont faites, mais ils les tiennent fermées. L’une est de bois de sittim, une seconde d’argent, une troisième d’or ; révélation de Son humanité sans tache, de la valeur de Son sang, de la gloire de Son Dieu et Père rendue manifeste par Lui. Ouvrez la porte construite en bois de sittim, et devant vous se dressera l’homme parfait. Ouvrez la porte d’argent et vous pourrez considérer Ses mains et Son côté, gage de votre rédemption. Ouvrez la porte d’or et, aux yeux de votre foi, resplendira Celui qui maintenant est élevé dans la gloire. Et « voyant celui qui est invisible » [Héb. 11, 27], vos cœurs déborderont d’adoration ; car c’est bien de « Jésus seul » que nos pauvres cœurs ont besoin.

Puissions-nous, durant la vie si brève qui est encore devant nous, jouir davantage de Sa compagnie, compagnie qui éclairera notre être intérieur et extérieur. Encore très peu de temps et nous marcherons avec Lui, vêtus de blanc ; mais que, jusqu’au moment où la joie éternelle commencera, nous vivions davantage par la foi, demeurant dans Sa présence, afin que nos lèvres puissent parler plus souvent le langage du ciel.