« Je fais une chose » (Phil. 3, 14)

J. André

« Je fais une chose : oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (Phil. 3, 14).

Jésus avait dit à Marthe : Une seule chose est nécessaire (Luc 10, 42). — L’aveugle-né, après avoir trouvé la pleine délivrance, pouvait dire : « Je sais une chose » (Jean 9, 25) ; et maintenant Paul dit : « Je fais une chose ! ».

Nous tous, jeunes croyants, avons appris et trouvé la seule chose nécessaire ; nous l’avons également saisie par la connaissance, mais qu’en est-il de la faire, de la vivre, de la réaliser ?

Quelques-uns se contentent d’espérer « la » faire un jour, quand ils seront meilleurs, quand ils auront plus de temps ou plus de connaissance. — Souvent, on entend dire : Je ferais bien « la chose », mais à condition que, etc. — Tout d’abord, il n’y a pas de futur et ensuite pas de conditions ; l’apôtre dit : Je fais, maintenant, à l’instant même, continuellement, tous les jours. — Pouvons-nous dire la même chose ? Hélas ! non, et pourtant ce devrait être le cas pour nous comme pour Paul, car nous avons les mêmes privilèges que lui et par conséquent, nous sommes tous aussi responsables de mettre en pratique, « en mouvement », « la chose » que nous savons seule nécessaire et que nous connaissons.

Voyons en quoi consiste cette « chose » qu’il importe plus que jamais de faire, en débutant aujourd’hui même si nous n’avons pas encore commencé. Tout d’abord : « oublier ce qui est derrière » ; c’est le côté négatif. C’est se dévêtir, se débarrasser de tout ce qui entrave notre course en avant, c’est-à-dire nos anciennes habitudes, nos relations avec le monde, notre timidité, nos prétentions, nos pensées d’orgueil, d’amour-propre, de vanité, de jalousie, d’égoïsme, en un mot il faut oublier tout ce qui se rattache à l’ancien état, oublier notre « moi », s’oublier soi-même, faire comme Bartimée, le jeter comme un manteau inutile [Marc 10, 50].

Puis alors : « tendre avec effort vers ce qui est devant en courant droit au but ». C’est le côté positif, où nous devons manifester que nous sommes de vrais enfants de Dieu et de vaillants soldats de Jésus Christ. — Il ne s’agit pas de dormir ou de somnoler commodément en nous contentant de vivre un christianisme qui ne nous dérange pas trop, tout en nous permettant d’avoir encore une certaine jouissance du monde. Il ne s’agit pas non plus de marcher timidement, en se cachant, en trébuchant et en se trompant souvent de chemin. Non, le vrai christianisme n’est pas une chose passive, mais vivante et tellement vivante que, pour le réaliser selon la pensée de Dieu, il est nécessaire que nous tendions avec effort tout notre être en avant. C’est un effort, une lutte de tous les moments, mais toujours victorieuse si nous regardons en avant, droit au but vers lequel nous devons courir.

C’est donc l’énergie (tendre avec effort), l’activité (courir), et la persévérance (droit au but), qui doivent caractériser notre vie chrétienne.

L’énergie : c’est être vraiment décidé pour le Seigneur, prêt à Le suivre n’importe où, à tenir ferme pour Lui, à se garder pur du monde et de ses convoitises ; c’est la pleine et entière consécration de nous-mêmes pour qu’Il puisse se servir de nous utilement ; c’est encore l’affermissement de notre foi qui compte sur la toute-puissance et les promesses de Dieu, malgré les obstacles et les difficultés.

L’activité : c’est le service. Et quel service devrait être le nôtre lorsque nous considérons celui de l’apôtre ? Où est-il, notre amour pour les âmes qui périssent, amour qui ne laissait pas de repos à Paul tant il en était étreint (« Malheur à moi si je n’évangélise pas » — 1 Cor. 9, 16) ? Où sont nos larmes pour les âmes qui s’égarent, nos prières incessantes pour tous les saints ? Où est notre courage pour confesser Christ hardiment devant le monde, pour faire connaître le salut qu’Il donne, pour distribuer ici une portion de Sa Parole, là un traité ?

La persévérance : c’est la constance dans toutes ces choses, et là encore, où en sommes-nous ? Prions-nous jusqu’à ce que nous ayons obtenu une réponse ? Prêchons-nous ou parlons-nous du Seigneur jusqu’à ce que des résultats tangibles soient manifestés ? « Ne nous lassons pas… » [Gal. 6, 9].

Et pour terminer, l’apôtre ajoute : « Je cours droit au but, pour le prix de l’appel céleste ». Cet appel, n’a-t-il pas aussi retenti pour nous ? Il est le même pour chacun ; nous l’avons tous reçu, selon qu’il est dit par le même apôtre : « Je vous exhorte à marcher d’une manière digne de l’appel dont vous avez été appelés » (Éph. 4, 1). Que le Seigneur nous donne d’y répondre vraiment :

« Oubliant les choses qui sont derrière, tendant avec effort vers celles qui sont devant et courant droit au but ».