Je vous ai donné un exemple

Les lignes qu’on va lire sont la substance d’une méditation récente d’un serviteur du Seigneur, parmi les plus âgés, qui nous a paru comme un touchant et peut-être dernier message, dont les « jeunes » pourraient aussi tirer leur profit.


« Moi, le Seigneur et le Maître, j’ai lavé vos pieds. Vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres »
(Jean 13, 14)

La dernière nuit était arrivée, la nuit en laquelle Il fut livré. La croix avait projeté son ombre sur Sa route, toujours plus nette et plus terrible. Mais maintenant « son heure était venue pour passer de ce monde au Père » [Jean 13, 1]. Que comportait-il, ce passage ? C’était l’heure de l’homme et le pouvoir des ténèbres ; c’était l’abandon de Son Dieu, alors qu’Il fut fait péché pour nous. Une dernière fois, Il allait célébrer la Pâque avec Ses disciples bien-aimés, cette Pâque qu’Il avait fort désiré manger avec eux « avant que je souffre » [Luc 22, 15]. Mais, avant de prendre part au festin, de manger de cet agneau « rôti au feu avec des pains sans levain et des herbes amères » [Exo. 12, 8] qui, à travers les siècles, avait, en type, annoncé Ses propres souffrances sous le jugement de Dieu, Il se lève du souper, et ceint d’un linge, Il s’abaisse tour à tour devant chacun des disciples pour leur laver les pieds. Quel était donc le motif, la raison d’un tel acte d’abaissement de la part du Seigneur de gloire ? Il savait que « le Père lui avait mis toutes choses entre les mains », que « venu de Dieu, il s’en allait à Dieu » [Jean 13, 3], dans cette gloire qu’Il « avait auprès de Lui avant que le monde fût » [Jean 17, 5]. Le serviteur avait pleinement accompli Son service (Exo. 21), Il pouvait sortir libre. Pourquoi ne le faisait-Il pas ? — Il voulait que Ses bien-aimés aient « une part avec Lui » [Jean 13, 8]. Le jour viendrait où, fruit de Son œuvre expiatoire, ils paraîtraient avec Lui dans la gloire, partageant avec Lui le royaume, les félicités de la maison du Père. Mais aussi Il voulait pour eux une part actuelle, une communion de chaque jour avec Lui-même. Le serviteur fidèle a accepté que son « oreille » fût « percée » ; Il a voulu rester « serviteur à toujours ». Il allait quitter les siens, mais auparavant Il tenait à leur montrer ce qui serait Son occupation constante depuis le ciel, alors qu’eux parcourraient encore les chemins de la terre. Souverain sacrificateur, Il intercéderait pour eux ; Il les purifierait jour après jour de la souillure contractée sur la route, purification sans laquelle il était impossible d’avoir une « part avec Lui ». Plein de patience et de miséricorde pour ceux qui tombent ou s’éloignent, Il les aimerait jusqu’à la fin.

Le cœur de notre bien-aimé Sauveur n’a pas changé depuis cette nuit mémorable. Aujourd’hui encore, et pour chacun des siens, Il accomplit jour après jour la même purification, la même intercession, « jusqu’à la fin », « jusqu’à l’achèvement » (Héb. 7, 25). Il s’abaisse à cela, pour que nous puissions jouir de Sa bienheureuse communion, qui autrement nous serait inconnue, jusqu’au jour de la gloire.

Mais si Son cœur n’a pas changé, l’exhortation qu’Il laissait aux siens cette nuit-là, est la même aujourd’hui : « … afin que comme je vous ai fait moi, vous aussi vous fassiez ». Nous aussi ? Oui, nous aussi, jeunes croyants ou vieillards sur la route. Non pas nous dresser de toute la hauteur de nos privilèges et condamner nos frères qui ignorent ou s’égarent, mais nous mettre à genoux, laver leurs pieds. Avoir tellement à cœur leur communion avec le Seigneur, pour, avec humilité et amour, après nous être jugés nous-mêmes sérieusement devant Lui, chercher à laver la souillure qui les empêche de jouir de Lui. Leur présenter la Parole de Dieu, la seule « eau » qui purifie, non pour les blâmer, mais pour les gagner, pour que, repris par elle, ils reviennent au Seigneur qu’ils déshonorent et trouvent une fois de plus Sa grâce, Sa miséricorde qui pardonnent et bénissent. Combien c’est difficile ! Le faisant si peu, nous savons à peine comment nous y prendre. « Je vous ai donné un exemple ». Considérons-le, cet exemple ; pénétrons-nous de l’esprit qui anime Son cœur ; souvenons-nous de Sa patience à notre égard ; et alors, connaissant mieux Son amour, nous pourrons davantage répondre à Son commandement : « Comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez l’un l’autre ».

Il n’est jamais trop tôt dans le chemin de la foi pour apprendre à aimer. C’est un danger pour les « jeunes » plus avancés, parfois même avec la bonne intention de se concentrer essentiellement sur l’étude de la Parole, de ne pas s’intéresser assez à ceux dont le cœur n’est pas entier pour le Seigneur, que le monde attire un peu, qui tendent à s’éloigner du sentier étroit. On les blâmera, les condamnera… et les laissera aller leur chemin. Est-ce là l’esprit du Seigneur Jésus ? Est-ce là l’exemple qu’Il nous a laissé ? Est-ce trop de nous abaisser au niveau de ceux qui se désintéressent peut-être de la Parole pour, avec amour, avec tact, avec humilité, nous plaçant à côté d’eux, diriger leurs regards vers Celui dont ils pourraient tellement jouir, s’ils laissaient Sa Parole purifier leurs pieds et leurs cœurs ? Ce n’était pas trop s’abaisser pour le Seigneur et le Maître, de mettre de côté Ses vêtements et, ceint d’un linge, verser de l’eau dans le bassin et laver les pieds souillés de Ses disciples. C’est un bonheur de L’imiter : « Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites » [Jean 13, 17]. Non pas la connaissance seulement ; il la faut, et elle est précieuse ; mais aussi et surtout l’amour en action qui, mettant de côté, et soi-même, et ses avantages, et ses privilèges mêmes, s’abaisse et suit l’exemple du Maître bien-aimé. Qu’il nous soit donné de le faire souvent dans le profond sentiment de notre faiblesse et de nos manquements personnels, mais aussi de la grâce merveilleuse dont nous avons déjà souvent fait l’expérience sur la route.