L’humilité

R. G.
« Il faut que Lui croisse et que moi je diminue »
(Jean 3, 30)

L’humilité, un des caractères les plus importants de la vie chrétienne, est sans doute l’un des plus difficiles à réaliser. L’humilité et l’orgueil, c’est le combat entre l’Esprit et la chair, lutte perpétuelle, car la chair convoite contre l’Esprit (Gal. 5, 17).

Où trouver la vraie humilité pleinement manifestée, sinon dans la glorieuse personne du Seigneur Jésus ? Quel tableau Philippiens 2 nous donne de ce parfait modèle ! Cette épître nous parle de l’expérience chrétienne dans la puissance de l’Esprit : le moi complètement mis de côté, étant non seulement persuadé que notre vieille nature est incapable de produire des fruits pour Dieu, mais le réalisant pratiquement. Il faut souvent toute une vie pour l’apprendre. La vraie humilité ne consiste pas tant à penser du mal de soi-même, qu’à ne pas penser à soi du tout.

Qu’avons-nous à faire ? À considérer Christ, descendu de la gloire même de Dieu jusqu’à la croix. Le Fils de Dieu, Dieu Lui-même, le Créateur des mondes, a pris une forme humaine pour venir ici-bas, souffrir et mourir. Et c’est sous la forme d’un faible enfant couché dans une crèche que le Seigneur de gloire fit Son apparition dans ce monde. Tout au long de Sa course solitaire, nous voyons cette humilité à chaque pas : le fils du charpentier (Matt. 13, 55), Celui qui n’avait pas de lieu où reposer Sa tête (8, 20), qui fréquentait les publicains et les pécheurs (9, 10, 11), qui lava les pieds de Ses disciples (Jean 13, 1-11), et prit tout spécialement dans cette dernière occasion l’attitude de serviteur qu’Il gardera à toujours. Devant Ses juges et Ses bourreaux encore, humble et soumis à la volonté de Son Père, Il n’a pas ouvert Sa bouche, « mené comme un agneau à la boucherie » [Act. 8, 32].

De l’humilité découlent de nombreux caractères de la vie chrétienne. Si notre amour pour nos frères n’est pas empreint d’humilité, il ne saurait être l’amour chrétien. Si l’amour de Christ est réellement dans mon cœur, je n’aurai pas de peine à estimer les autres supérieurs à moi-même [Phil. 2, 3], parce que voyant Christ en eux, je relèverai ce qu’il y a de bon et serai gardé de les juger. Pour réaliser le commandement du Seigneur : « Comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez l’un l’autre » [Jean 13, 34], il n’est d’autre chemin que l’humilité.

Et nous saurons pardonner ! Demeurant dans l’humilité, non seulement nous pardonnerons plus facilement, mais nous aurons beaucoup moins à pardonner, car trop de griefs, hélas ! proviennent de notre amour-propre et de notre susceptibilité.

Combien plus encore l’humilité est-elle nécessaire à celui qui est appelé à un service quelconque. Il ne pourra l’accomplir à la gloire de Dieu qu’en réalisant qu’il est le serviteur de tous, plus occupé des intérêts et de l’approbation du Maître qu’il sert, que des intérêts et de l’approbation de ceux qu’il sert pour l’amour de son Maître, tout en n’ignorant pas que c’est la joie de son Maître qu’ils soient bien servis. Tout ministère où le moi joue un rôle ne peut être agréable au Seigneur et porter du fruit.

« Et tous les uns à l’égard des autres, soyez revêtus d’humilité », jeunes et vieux ; la récompense en est grande : « Il donne la grâce aux humbles » (1 Pier. 5, 5).

Quelques mots encore sur l’orgueil. Il a sa source dans le cœur même de l’homme (Marc 7, 22) et, pensée bien solennelle, c’est un caractère diabolique (1 Tim. 3, 6). Satan peut se servir de bien des choses pour nous y faire tomber : la richesse, les arts, la science, notre position, même la connaissance que nous pouvons avoir de l’Écriture et enfin, on ose à peine l’avouer, les privilèges dont nous jouissons par pure grâce de Dieu. Quoique inconnu parmi nous, le rationalisme est peut-être l’orgueil le plus intolérable. Nier l’inspiration plénière des Écritures, croire seulement ce qu’on comprend, c’est vouloir s’élever au niveau de Dieu. L’issue d’un tel chemin sera terrible.

Nous avons à être particulièrement gardés de tout orgueil spirituel. Souvenons-nous sans cesse que les merveilleuses révélations reçues du Seigneur par le moyen d’éminents serviteurs, sont un libre don de la grâce. Nous n’y sommes pour rien. Elles ne font qu’accroître notre responsabilité. Notre doctrine peut être absolument pure, mais retenons bien ceci : ce sera sans valeur aux yeux de Dieu si elle n’exerce pas un effet pratique sur notre marche, en un mot si nous ne « vivons » pas ce que nous « connaissons ». Combien il importe que notre activité découle toujours de notre communion personnelle avec le Seigneur.

Fixons les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi [Héb. 12, 2]. Rien ne nous met à notre vraie place comme de Le contempler. Il remplira nos cœurs et nous serons rendus capables de manifester quelques caractères du parfait Serviteur qui a pu dire : « Je suis débonnaire et humble de cœur » [Matt. 11, 29]. « Qui pourrait avoir une haute pensée de soi-même en compagnie de l’humble Jésus ? Humble, il voudrait nous enseigner à prendre la dernière place, mais Il l’occupe déjà Lui-même, privilège de Sa grâce parfaite. Maître bien-aimé, si au moins nous pouvions vivre plus près de toi, cachés en toi ! » (J.N.D.).

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André Gibert — « Aux jeunes »

La plupart d’entre nous, jeunes croyants qui connaissons depuis plus ou moins longtemps le Seigneur Jésus, avons trouvé sur notre route des hommes de foi « que nous avons eu l’habitude de voir donner l’exemple de la marche chrétienne ». Leur influence sur nous a pu être profonde, bienfaisante, durable, parce qu’ils ont été de ceux qui « s’appliquaient à vivre ce qu’ils ont reçu ». Petit à petit, ces conducteurs spirituels nous sont enlevés, « une génération s’efface pour faire place à une autre ». Devra-t-il être dit de nous, comme au temps de Josué et des Juges, qu’« après eux se leva une autre génération qui ne connaissait point l’Éternel, ni l’œuvre qu’il avait faite » [Jug. 2, 10] ?

C’est à une telle question que les pages ci-dessus cherchent à répondre, montrant quelles sont les ressources à notre disposition : une connaissance personnelle, intime du Seigneur Lui-même, afin d’« être enseignés à prendre, dans l’humilité, mais résolument, sous Son regard, conscients de notre faiblesse, mais avec la hardiesse qui vient de Lui, notre part du service qu’Il confie aux siens ». Et surtout nous souvenir que « le christianisme n’est point affaire d’intelligence. Il s’agit de connaître quelqu’un, son amour, sa présence… Il s’agit d’une vie nouvelle… non point de spéculation, mais de vie pratique ».

C’est une chose sérieuse d’avoir beaucoup reçu, car « à quiconque il aura été beaucoup donné, il sera beaucoup redemandé » (Luc 12, 48). Nous avons beaucoup reçu par le moyen de ces conducteurs qui disparaissent peu à peu — que faisons-nous de ces richesses ?