La Bible

J. André

Avons-nous jamais pensé au miracle qui nous a conservé la Bible intacte à travers les siècles, protégée jalousement par son divin auteur contre toutes les persécutions et tous les efforts de l’Ennemi pour la détruire, ou du moins l’amoindrir ? Savons-nous comment elle a été traduite, imprimée, distribuée, colportée ? Fixer quelques points à ce sujet contribuera à affermir notre foi dans les Saintes Écritures, à raviver notre zèle pour nous en nourrir et produire dans nos cœurs un hommage de reconnaissance profonde envers Celui qui, par elles, nous a pleinement révélé Ses pensées d’amour et Ses plans de grâce.

Brièvement, rappelons ce qu’est la Bible (grec Biblia : le livre) : la Parole de Dieu ; la vérité (Jean 17, 17) ; un feu, un marteau qui brise le roc (Jér. 23, 29) ; une lampe et une lumière (Ps. 119, 105) ; vivante, opérante, pénétrante (Héb. 4, 12) ; utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire (2 Tim. 3, 16-17) ; elle ne peut être anéantie (Jean 10, 35), et elle demeure éternellement (És. 40, 8). L’autorité de la Bible ne signifie pas despotisme, domination ; au contraire : délivrance, liberté. Ceux qui l’acceptent connaissent la vraie liberté. Affranchi de tous et de tout (passion, péché), tel est le croyant soumis à la Bible. C’est toujours en revenant à l’autorité des Écritures que les réveils se sont produits.

Ce qui donne l’autorité à la Bible, c’est son inspiration divine ; pour être soumis à son autorité, il faut avoir une foi entière en cette inspiration, elle-même confirmée dans divers passages (2 Tim. 3, 16 ; 1 Thess. 2, 13 ; 1 Cor. 2, 13).

Être inspiré, c’est avoir reçu l’insufflation de l’Esprit de Dieu. Les nombreuses personnes que Dieu a employées pour communiquer Ses pensées ont écrit directement sous l’action de l’Esprit de Dieu. La Bible a été composée en des lieux divers (dans un désert, dans une prison, dans une île, dans un palais, dans une ville ; à Rome, en Grèce, en Mésopotamie, en Palestine, en Égypte, etc.), à des époques différentes (de 1500 av. J.C. à 100 ans ap. J.C.) ; par des personnes diverses (rois, bergers, pêcheurs, législateurs, cultivateurs, etc.), au nombre d’environ quarante qui, pour la plupart, ne se sont jamais connus et parfois n’ont pas même lu ce que les autres avaient écrit. Et pourtant, la Bible forme un seul tout merveilleux ; n’est-ce pas une preuve irréfutable de son origine divine, Dieu en étant le suprême auteur ?

L’Ancien Testament, écrit de 1500 à 400 av. J.C., contient trente-neuf livres, tous originellement en hébreu sauf de courts passages. Moïse, le premier écrivain, vivait trois siècles avant la destruction de Troie. Les fouilles et les inscriptions ont confirmé ses assertions ; les pierres d’Égypte et d’Assyrie proclament la vérité des pages inspirées.

On ne possède plus les originaux de l’Ancien Testament, mais par contre mille quatre cents à mille cinq cents manuscrits, la plupart datant de 1000 à 1400 ap. J.C., quelques-uns remontant jusqu’au quatrième siècle. Ces manuscrits sont des copies faites par les Massorètes (docteurs juifs), qui ont exécuté leur travail avec une minutie extraordinaire : une faute de lettre rendait le manuscrit inutilisable ; pour s’assurer de l’exactitude de leurs copies, ils comptaient les lettres (A aleph 42377, B beth 38218, etc.).

À part les manuscrits, on possède encore environ dix Targums (traduction partielle de l’Ancien Testament en chaldéen ou araméen, avec quelques adjonctions explicatives), dont les principaux sont : le Targum d’Onkelos, écrit soixante ans avant J.C., comprenant le Pentateuque. Le Targum de Jonathan, du début de l’ère chrétienne, contenait les prophètes et les livres historiques. Le Targum de Joseph l’aveugle (quatrième siècle) avec les Psaumes, Proverbes, Cantique des cantiques, Ecclésiaste.

Finalement, nous avons encore diverses traductions de l’Ancien Testament. La plus ancienne (285 av. J.C.), dite des Septante, en grec, est due à soixante-douze savants juifs d’Égypte. Au temps du Seigneur, elle se lisait dans les synagogues, de préférence au texte hébreu, la langue hébraïque étant déjà à cette époque une langue morte. La Peshito (la fidèle), version syriaque de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament, date du premier siècle. La Vulgate, en latin, faite par Jérôme entre 390 et 404, quoique défectueuse en maint passage, offre le grand intérêt d’avoir été directement traduite de l’original hébreu, tandis que les versions latines antérieures n’étaient que des traductions des Septante. Elle contient aussi le Nouveau Testament. Il y a encore plusieurs autres versions en grec, arménien, éthiopien, latin, datant du quatrième au neuvième siècle. En comparant les manuscrits, les Targums, les traductions, on ne trouve pas une seule variante compromettant l’authenticité d’un seul passage important de l’Ancien Testament ; les petites variantes ne touchent pas la doctrine de l’Écriture. N’est-ce pas la meilleure preuve qu’aujourd’hui encore nous possédons vraiment un texte fidèle, prouvant de quelle manière merveilleuse Dieu a veillé à ce que Sa Parole nous parvienne telle qu’elle est sortie de Sa bouche ?

On a toutes les raisons de croire qu’Esdras (env. 450 av. J.C.) rassembla et coordonna les différents livres de l’Ancien Testament ; seul Malachie a été ajouté plus tard. La division en chapitres et en versets n’a été effectuée qu’à la fin du Moyen-Âge.

Passons maintenant au Nouveau Testament, écrit entièrement en grec. Les originaux n’ont pas été conservés ; par contre, on possède aujourd’hui plus de deux mille cinq cents manuscrits ou fragments de manuscrits, dont les principaux sont : Le Sinaïtien (quatrième siècle) découvert par Tischendorf dans un couvent du Sinaï ; le Manuscrit Alexandrin (Ancien Testament et Nouveau Testament), écrit vers la fin du cinquième siècle, qui se trouve depuis Charles I au British Museum à Londres. Le Manuscrit du Vatican à Rome, date du quatrième siècle. Le Codex Éphraïm (cinquième siècle), à la Bibliothèque nationale de Paris, est plus ancien que l’Alexandrin. Le Codex Bezae, contenant les évangiles et les Actes et datant du sixième siècle, a été trouvé en 1562 dans un monastère et donné en 1581 à l’université de Cambridge par Théodore de Bèze. À ces manuscrits s’ajoutent un grand nombre de fragments très importants du Nouveau Testament (la plupart des épîtres de Paul entre autres) trouvés dans les papyrus d’Égypte depuis le début du vingtième siècle et antérieurs à nos plus anciens manuscrits.

Relevons aussi que les écrits des pères de l’Église du deuxième siècle (Irénée et Clément d’Alexandrie, Théophile d’Antioche) au quatrième siècle (Jérôme, Augustin, Chrysostome, Grégoire de Nyssa, etc.) renferment des citations si nombreuses du Nouveau Testament, qu’on pourrait par leur moyen en reconstituer une notable partie. Mentionnons encore les écrits de Justin Martyr (premier siècle) ; Clément de Rome (93), contemporain de l’apôtre Jean, qui écrivit une épître de cinquante-neuf chapitres aux Corinthiens, où il cite Matthieu, Marc, Romains, Corinthiens, Philippiens, Hébreux ; Ignace d’Antioche martyr qui (115) cite les évangiles de Matthieu et Jean. Les livres du Nouveau Testament ont été écrits de 44 à 95 environ, les derniers étant ceux de Jean.

Au quatrième siècle, Chrysostome écrivait que l’évangile de Jean avait été traduit en cinq langues, entre autres : syriaque, égyptien, indien, éthiopien. Au cinquième siècle, la Bible est traduite partiellement en arménien ; au sixième siècle, en géorgien ; au neuvième, en slave ; au dixième, en arabe et en anglo-saxon ; au douzième, en provençal (Pierre Valdo, 1170) et seulement au quatorzième siècle (en 1380), en anglais par Wicleff ; en 1464, en allemand ; en 1471, en italien ; en 1475, en flamand ; en 1477, en hollandais et en 1487 en français par Jean de Rely. En résumé, à la fin du quinzième siècle, la Bible, tout ou partie, était traduite en vingt-quatre langues et huit dialectes. Du seizième au dix-huitième siècle, le nombre des traductions n’augmenta que très lentement ; au début du dix-neuvième siècle, la Bible n’était traduite qu’en soixante-quatre langues. À partir de ce moment, l’immense travail de traduction s’accéléra considérablement, grâce à la Société biblique britannique et étrangère, fondée en 1803. Au début de notre vingtième siècle, il existait cent seize versions complètes de la Bible, cent seize versions du Nouveau Testament et deux cent vingt-six versions partielles du Nouveau Testament, en tout quatre cent cinquante huit langues (à titre de comparaison, Homère a été traduit en une trentaine de langues, Shakespeare environ en trente-cinq). Pendant ces quarante dernières années, la Société biblique britannique et étrangère et d’autres institutions semblables ont fait un effort considérable pour traduire la Bible, et aujourd’hui, la Parole de Dieu, totalement ou partiellement, est diffusée dans toutes les parties du monde en plus de mille langues et dialectes. Plus de deux mille linguistes et missionnaires poursuivent ces travaux malgré les énormes difficultés dues au fait qu’un grand nombre de langues parlées par des peuples n’existent qu’à l’état oral et sont souvent incapables d’exprimer des notions abstraites.

Encore un mot, avant de terminer, sur la diffusion de la Bible. Trois moyens sont employés : 1° les dépôts bibliques, dont il existe plusieurs centaines dans toutes les principales villes, voire même dans les endroits les plus reculés de la terre ; 2° le concours prêté par les imprimeries directement aux églises et aux missions ; 3° le colportage. Il n’y a pas de ministère plus émouvant, plus direct, plus fécond peut-être que celui du colporteur ; celui-ci n’est pas nécessairement un évangéliste ; il doit non seulement vendre la Parole de Dieu (mieux vaut vendre à bas prix que donner : c’est une certaine garantie que la Bible sera respectée), mais la faire aimer, la présenter avec conviction. Aujourd’hui, des milliers de colporteurs dans toutes les parties du monde accomplissent humblement et fidèlement ce précieux service.

Et nous, chers jeunes amis, quelle part apportons-nous dans tout ce travail, si directement en relation avec la source de toute bénédiction, le fondement de notre foi, de notre espérance, de notre bonheur présent et éternel ? S’en lèvera-t-il parmi nous, véritables témoins de la Bible, qui, après avoir joui pour eux-mêmes des trésors qu’ils y auront découverts, auront à cœur de porter le flambeau de la vérité sur les chemins de cette terre, pour faire connaître l’insondable amour de Dieu en Jésus à tant d’âmes encore plongées dans les ténèbres toujours plus épaisses qui envahissent notre pauvre monde ? Et surtout, au milieu du désarroi actuel, souvenons-nous que le Seigneur Jésus a dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » [Matt. 24, 35].