La force

A. B.-P.
« Nous avons ce trésor dans des vases de terre, afin que l’excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous »
(2 Cor. 4, 7)

La vraie force appartient à ceux qui, faibles en eux-mêmes, réalisent leur impuissance, mais ont assez de foi pour compter sur Dieu et saisir Ses promesses. Cette force-là n’appartient pas en propre à la jeunesse, mais elle est l’apanage de tous ceux qui s’attendent à Lui : « Les jeunes gens seront las et se fatigueront, et les jeunes hommes deviendront chancelants, mais ceux qui s’attendent à l’Éternel renouvelleront leur force ; ils s’élèveront avec des ailes, comme des aigles ; ils courront et ne se fatigueront pas, ils marcheront et ne se lasseront pas » (És. 40, 30-31).

Mais les jeunes ne sont pas exclus d’emblée de la possession de la vraie force. Les jeunes croyants qui furent forts de la force que Dieu donne sont nombreux. Ils étaient faibles, doublement faibles, parce que jeunes et inexpérimentés, mais ils se sont révélés forts et ont vaincu parce qu’ils se confiaient en Celui en qui est la force. La confiance en Dieu, voilà donc le secret de la force. Mais cette confiance, ou, mieux encore, cette foi doit pratiquement être agissante. Elle n’est pas relâchée, timide, repliée sur elle-même. Non, elle s’attache à l’injonction divine : « Toi donc, mon enfant, fortifie-toi (ou : sois fort) dans la grâce qui est dans le Christ Jésus » (2 Tim. 2, 1). En Lui, non pas en nous-mêmes ! « Sois fort, oui, sois fort ! » (Dan. 10, 19). « Fortifie-toi et sois ferme ». « Seulement fortifie-toi et sois très ferme » (Jos. 1, 6, 7).

Pourquoi Dieu nous demande-t-Il donc d’être forts, alors que nous n’avons pas de force en nous ? N’est-ce pas parce qu’Il veut, comme toujours, nous donner précisément ce que nous n’avons pas, mais en Lui, afin que toute gloire Lui revienne ? Et Il nous demande de saisir par la foi Sa Parole et Ses promesses. « Va avec cette force que tu as » [Jug. 6, 14], disait-Il à Gédéon, interpelé par ces mots : « L’Éternel est avec toi, fort et vaillant homme ». Mais Gédéon, s’il n’avait reçu par la foi cet ordre divin, aurait reculé, discuté longuement, parlé de sa faiblesse, comme le fit Moïse lorsque Dieu voulait l’envoyer vers Son peuple.

Sur le terrain de Dieu, se sentir faible, mais partir quand même quand Dieu nous en donne l’ordre, en nous abandonnant entièrement entre Ses mains, c’est le prélude de la victoire. David, jeune homme, avant d’avoir frappé Goliath, était certain de la victoire et disait à son ennemi : « L’Éternel te livrera en ma main », après avoir dit : « Je viens à toi au nom de l’Éternel des armées… que tu as outragé » (1 Sam. 17, 45-46). Aussi David, comme nul autre, a parlé de cette force qui est en Dieu et dans le chemin de Dieu. Après avoir été délivré de ses ennemis, il chante au psaume 18 : « Je t’aimerai, ô Éternel, ma force !… le Dieu qui me ceint de force… qui rend mes pieds pareils à ceux des biches… » (v. 1, 32, 33). Avec David, les fils de Coré nous disent : « Bienheureux l’homme dont la force est en Lui » (Ps. 84, 5).

Mais ne confondons pas notre force avec la sienne. La force de Pierre, sincèrement prêt à marcher à la mort avec son Maître, n’était que faiblesse ; il faisait de la chair son bras [Jér. 17, 5]. Or la confiance en soi conduit à la défaite, car, répétons-le, il n’y a pas en nous de capacité de triompher selon Dieu. Mais répétons aussi que cette force que nous n’avons pas, Dieu nous la donne libéralement, plus encore, Il nous l’offre lorsqu’Il nous dit : « Sois fort ». Saisissons-la : force physique et force morale aux heures difficiles, devant la tentation (voyez Joseph), pour le combat chrétien, le service, le témoignage — force puisée aux intarissables sources de la grâce divine. C’est la force qui triomphe aujourd’hui parmi les hommes, mais il y a une force que le monde ne connaît pas, une force de laquelle déjà d’autres témoins du Seigneur ont vécu et qui, « de faibles qu’ils étaient ont été rendus vigoureux » (Héb. 11, 34) pour remporter des victoires qui jamais ne tomberont dans l’oubli. Satan, le prince de ce monde, est fort, mais Jésus est plus fort encore, et nous sommes au bénéfice de Sa victoire remportée sur la croix. L’Esprit qu’Il nous a donné est un Esprit de « puissance, et d’amour, et de conseil » (2 Tim. 1, 7).

Fortifié par Lui, nul ne sera timide,
Et nous pourrons par Christ être toujours vainqueurs.

Et « notre impuissance même est notre sûreté », car, dit l’apôtre, « quand je suis faible, alors je suis fort » (2 Cor. 12, 10). Mais il ne s’agit pas de faiblesse coupable, mais de faiblesse sentie, réalisée dans l’humilité, qui donne à Dieu l’occasion de manifester Sa puissance dans de faibles vases, dépouillés de toute prétention humaine et charnelle.

La force de Dieu nous est conservée tant que nous marchons dans le chemin de la foi, de l’humilité, de la dépendance. En abandonnant ce chemin, nous tombons. Comme Samson, nous sommes désarmés. Comme Ozias, « merveilleusement aidé jusqu’à ce qu’il devint fort », notre cœur s’élève et nous péchons [2 Chron. 26, 15-16]. Mais Dieu veut que nous marchions « de force en force » [Ps. 84, 7], que nous soyons forts jusqu’à la fin de nos jours, comme le furent Moïse et Caleb qui avait pleinement suivi l’Éternel. Forts physiquement, si Dieu le veut, mais surtout forts moralement, par la grâce de Dieu. « Si j’ai dit : Mon pied glisse, ta bonté, ô Éternel ! m’a soutenu » (Ps. 94, 18).

La force pour lutter, résister, surmonter, vaincre et tenir ferme, est à celui qui reste du côté du Seigneur, le fort par excellence, et qui regarde à Lui toujours, se nourrissant de Lui et de Ses paroles de vie. Prenons place à Son côté. Il vaincra pour nous. Les hommes recherchent la faveur des forts. La sienne nous est acquise et Sa force est la nôtre. À nous, comme à Daniel, Il répète : Ne crains pas, homme bien-aimé ; paix te soit ! Sois fort, oui, sois fort [Dan. 10, 19] !