La paix du Christ

J.R. Couleru
« Que la paix du Christ, à laquelle aussi vous avez été appelés en un seul corps, préside dans vos cœurs »
Col. 3, 15

Combien de fois n’avons-nous pas lu ou entendu les réconfortantes paroles du Seigneur Jésus : « Je vous laisse la paix ; je vous donne ma paix ; je ne vous donne pas, moi, comme le monde donne » (Jean 14, 27) ? Nous avons besoin de les entendre souvent, car elles nous font du bien. Les disciples à qui Jésus parlait possédaient déjà la paix de la conscience : ils savaient que leurs péchés étaient pardonnés. Aussi Jésus pouvait leur dire : « Je vous laisse la paix ». Certes, un peu plus tard, ils ont beaucoup mieux goûté cette merveilleuse paix, lorsque le Saint Esprit, envoyé du ciel à la Pentecôte par le Seigneur glorifié, leur fit comprendre la grandeur de l’œuvre de la rédemption. « Jésus a fait la paix par le sang de sa croix » (Col. 1, 20). Cette paix, Lui seul pouvait la faire. Déjà plus de sept siècles avant la naissance de Christ, le prophète Ésaïe avait pu écrire de Lui : « Le châtiment de notre pais (c’est-à-dire le châtiment qui nous apporte la paix) a été sur lui » (És. 53, 5). Les souffrances infinies du Seigneur Jésus sur la croix nous ont donné la paix : la paix avec Dieu, et aussi la paix pour nos consciences, au jour où nous avons accepté pour nous-mêmes individuellement ce « si grand salut » (mais l’avons-nous tous accepté, ce merveilleux salut ?). La « bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ » est encore annoncée dans le monde entier (Act. 10, 36) et tous les hommes sont exhortés à « être réconciliés avec Dieu » (2 Cor. 5, 20). Lorsque, le jour de Sa résurrection, Jésus vint et se tint au milieu de Ses disciples, Il leur dit une première fois : « Paix vous soit » « et ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté » (Jean 20, 19, 20). C’est un peu comme s’il leur avait dit : « Voyez mes mains et mon côté percés pour vous lorsque, sur la croix, j’ai porté, pendant les heures de ténèbres, l’éternité de votre châtiment. L’œuvre de votre rédemption est maintenant accomplie : la paix est faite ! ». Nous qui sommes (ô grâce infinie) nés de nouveau, nés de l’Esprit, nous pouvons jouir de cette paix accomplie sur la croix : « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ » (Rom. 5, 1).

Mais lorsque Jésus disait à Ses disciples : « Je vous donne ma paix », c’est d’une autre « paix » qu’Il leur parlait. D’ailleurs, au soir du premier jour de la semaine, Jésus dit une seconde fois : « Paix vous soit » à Ses disciples, et Il ajouta aussitôt : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jean 20, 21). Les disciples allaient dans le monde être les témoins de Christ et annoncer l’évangile à toute la création. Ils avaient besoin pour accomplir un tel service au milieu d’un tel monde d’avoir la paix du ciel dans leur cœur. Or, précisément, le Seigneur nous a promis de nous donner cette paix, Sa paix à Lui. Et Il ne la donne pas avec parcimonie. C’est cette paix qui remplissait Son cœur en toutes circonstances lorsqu’Il était sur la terre. Au milieu d’une violente tempête sur la mer de Tibériade, ou lorsqu’Il était entouré par une foule hostile, ou quand Il était persécuté par des hommes religieux, pleins de jalousie et de haine, Il demeurait le même, calme et ne connaissant aucune inquiétude. Même lorsque « son heure » fut venue, Il resta l’homme doux et patient : « Lorsqu’on l’outrageait, il ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pier. 2, 23). Cette paix profonde intérieure qu’Il possédait toujours, c’est celle-là qu’Il nous donne aujourd’hui libéralement. Le mot grec « Eirênê » (d’où vient le nom d’Irène) signifie « paix », mais dans un sens plus particulier, le sens moral : calme de l’âme. La paix du cœur pour le vrai chrétien est donc un don de Christ, une profonde réalité intérieure produite par l’Esprit. « Le royaume de Dieu n’est pas manger et boire, mais justice et paix, et joie dans l’Esprit Saint » (Rom. 14, 17). « Le fruit de l’Esprit est l’amour, la joie, la paix… » etc. (Gal. 5, 22).

Le lien de la paix est un lien puissant unissant les rachetés de Christ qui possèdent Sa paix dans leur cœur. Nous avons à « nous appliquer à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Éph. 4, 3). Ayant été appelés en un seul corps, étant membres du même corps, nous avons besoin de cette « sagesse d’en haut qui est premièrement pure, ensuite paisible, modérée, traitable, pleine de miséricorde et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie. Or le fruit de la justice, dans la paix, se sème pour ceux qui procurent la paix » (lire Jacq. 3, 13-18).

Puissions-nous être tous de « ceux qui procurent la paix » !