Le choix d’une carrière

G. André
« Ils habitaient là, auprès du roi, pour ses travaux »
(1 Chron. 4, 23)

Avec le « choix » d’une épouse, il n’y a pas dans la vie terrestre du jeune croyant, de plus grande décision que le « choix » d’une carrière. Les tâches qu’il aura ainsi embrassées rempliront le plus clair de son existence ici-bas ; petit à petit, sa personnalité en sera fortement marquée ; et qui plus est, de cette carrière dépendra beaucoup la sphère de son influence pour le bien ou pour le mal, pour Dieu ou pour le monde, sur ceux qui le coudoieront jour après jour.

Mais s’agit-il vraiment d’un « choix » ? Comme quelqu’un l’a dit : « L’homme du monde peut choisir une carrière ; le chrétien répond à un appel divin ». Car enfin, si le Seigneur nous laisse ici-bas après notre conversion, n’est-ce pas pour que « ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (2 Cor. 5, 15) ? Aussi n’avons-nous pas le droit de choisir selon nos goûts et nos idées ce qui remplira la majeure partie de notre vie. Bien plus ; sachant que nous avons un Père qui s’intéresse à chaque détail de notre vie, nous avons le privilège de Lui faire confiance dans cette décision capitale, afin de faire Sa volonté dans les bonnes œuvres « préparées à l’avance afin que nous marchions en elles » [Éph. 2, 10]. Ce sera peut-être une occupation beaucoup plus modeste que nous n’imaginions, mais où le Seigneur sait que nous serons mieux à même de Le glorifier.

D’où vient donc que beaucoup ne se sont en somme jamais grandement préoccupés de la chose, se laissant aller au gré des circonstances adverses ou favorables qui les ont amenés à la situation qu’ils occupent maintenant ? Sans doute la providence de Dieu n’abandonne-t-elle pas les siens ; et à leur insu bien souvent, les guide. C’est ce que le psaume 32, 9 appelle être conduit par « la bride et le mors ». Mais le vrai moyen n’est-il pas celui-ci : « Je t’instruirai et je t’enseignerai le chemin où tu dois marcher ; je te conseillerai, ayant mon œil sur toi » (v. 8) ? Communion bénie de l’enfant avec son Père, du disciple avec son Maître, du racheté avec son Seigneur.

Mais cela implique des exercices de cœur devant Lui, avec Lui, avant que le choix ne soit fait. Et c’est là que bien souvent nous manquons. Le point fondamental est d’avoir affaire avec le Seigneur, dans un vrai jugement de nous-mêmes, pour qu’Il nous fasse comprendre Sa volonté ; de prendre le temps d’être à Ses pieds, Sa Parole en mains, « d’habiter » près de Lui pour qu’Il puisse parler. Et si nous avons vraiment le désir d’embrasser la carrière que Lui a en vue pour nous, nous pouvons être assurés qu’Il nous la montrera. « Celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jean 8, 12). C’est une promesse positive, à… celui qui Le suit : voilà la condition !

Une révélation subite va-t-elle nous illuminer pour toujours ? Non, ce n’est presque jamais ainsi que le Seigneur procède : Il conduit les siens pas à pas. L’essentiel est de ne pas faire un pas sans Lui et de ne pas refuser de faire le pas qu’Il nous enseigne maintenant. Ne croyons pas non plus qu’Il va nous montrer Sa pensée, si c’est seulement dans de grandes décisions que nous la recherchons, allant notre propre chemin dans les détails de la vie. Non, mais si, habituellement, nous avons affaire avec Lui pour chaque pas de la route, nous pouvons être sûrs qu’aux « grands carrefours », Il nous fera réaliser la vraie dépendance qui L’honore.

Une difficulté, mais un avantage aussi, est que ces exercices ont pratiquement place au début du chemin du jeune croyant, alors que l’expérience de la vie et la connaissance de lui-même lui font grandement défaut. C’est alors qu’on éprouve tout le prix de parents croyants avec lesquels on puisse librement s’entretenir de ces choses. Les conseils d’amis chrétiens sages et expérimentés ont aussi toute leur place. On peut bien dire qu’il ne saurait y avoir de bénédiction dans une carrière — ou dans un mariage — où l’on est entré en opposition à ses parents, si ceux-ci connaissent et aiment le Seigneur Jésus. Nous pouvons être certains que si parents et enfants sont exercés devant Lui, Il ne leur montrera pas des chemins différents. Sans doute, souvent la lumière ne vient-elle pas d’emblée, car le Seigneur veut précisément que nous soyons exercés ; mais elle viendra, soyons-en sûrs, à Son heure et selon Sa sagesse.

Pour plusieurs, le chemin est facilité, surtout à la campagne, en embrassant la même carrière que leur père. C’est une chose à mûrement peser de ne pas le faire, quand les circonstances s’y prêtent, mais là encore, les exercices devant le Seigneur sont tout aussi nécessaires, afin d’être « bien assurés » de la volonté de Dieu [Col. 4, 12].

Et souvenons-nous toujours que nous sommes laissés ici-bas non pas pour nous-mêmes, mais pour le Seigneur. La décision prise importe pour nous ; elle importe aussi pour Lui, pouvons-nous dire ; elle importe pour les autres ; elle importe pour cette vie et pour toute l’éternité. Être à la place qu’Il veut ; en avoir conscience ; quand les difficultés viennent — et elles viendront inévitablement dans toutes les carrières — avoir le sentiment intérieur qu’elles sont les épreuves de la foi et non un châtiment pour avoir suivi avec légèreté son propre chemin, quelle stabilité paisible cela donne !

Et si l’un ou l’autre, déjà engagé, peut-être à la légère, dans un métier, des études ou autre occupation, avait le sentiment de n’être pas là où le Seigneur l’aurait voulu, il peut certainement avoir affaire avec Lui pour qu’Il lui montre le « vrai chemin ». Il ne faut toutefois pas trop facilement penser que les choses seront plus aisées, justement dans une autre carrière que celle embrassée ; 1 Corinthiens 7, 20 garde toute sa valeur, quoique s’adressant plutôt aux adultes convertis du monde qu’aux enfants de parents chrétiens. Mais si parents et enfants, après avoir ensemble mûri les choses devant le Seigneur, arrivent à la conclusion d’une erreur initiale, celle-ci peut, dans une vraie dépendance et par Sa grâce, être réparée (ce qui n’est, par contre, plus possible dans le mariage ! D’où l’extrême importance des « décisions » qui s’y rapportent).

Dans toute carrière où le Seigneur nous aura conduits, l’essentiel ne sera pas tant ce que nous ferons, que la manière dont nous le ferons. Il est des carrières dites « spirituelles », dans le service du Seigneur au pays ou à l’étranger, où le danger existe de se rechercher soi-même et de faire sa propre volonté, autant que dans une carrière toute de devoirs et de responsabilités purement matériels ; et pourtant, dans l’une et l’autre, chaque chose peut être faite avec et pour Lui.

N’oublions cependant jamais qu’au début, comme dans la suite de la course, Dieu peut avoir la volonté de nous appeler plus directement à Son service. Nous voyons dans les évangiles et les Actes qu’en général, le Seigneur n’a pas appelé à être « pêcheurs d’hommes » ceux qui n’avaient aucune expérience de la vie. C’est de leur travail quotidien — pêcheurs, médecin, percepteur d’impôts — qu’Il les a pris. Il y a une discipline du travail, une expérience pratique des choses et des hommes, qui manquera presque toujours à ceux qui n’ont jamais, au moins durant quelques années, « gagné leur vie ». « Il a humilié leur cœur par le travail », nous dit le psaume 107 ; cela fait réfléchir.

Employer les dernières années de sa vie « à l’œuvre du Seigneur » est un grand privilège ; mais il n’en reste pas moins que la Parole nous montre des hommes appelés à ce service dans la force de l’âge, ou dès leur jeunesse (ce qui ne veut pas dire leur adolescence) ; si le Seigneur désirait que l’un de nous soit de ceux-là, refuserait-il ?

« Cherchez premièrement le royaume de Dieu » [Matt. 6, 33]. Quels motifs nous décideront-ils dans notre « choix » ? « Et toi, tu chercherais pour toi de grandes choses ? Ne les cherche pas » (Jér. 45, 5). « Permets-moi premièrement… » (Luc 9, 59), disait un de ceux que le Seigneur Jésus appelait à Le suivre. Y a-t-il des choses que nous recherchons avant Ses intérêts ? Hélas ! nous oublions souvent que « nul ne peut servir deux maîtres » [Matt. 6, 24]. Cela ne veut pas dire, encore une fois, que notre carrière terrestre ne puisse être remplie de devoirs et responsabilités dans les choses purement matérielles ; mais c’est la manière dont nous remplirons les tâches matérielles qui montrera les mobiles secrets de notre cœur.

« Ils habitaient là auprès du roi » ; que le Seigneur nous donne de le réaliser chaque jour de notre vie, au début comme au long de la course ; alors nous serons à Sa disposition pour « Ses travaux », et au jour de la gloire, Il pourra nous dire : « Tu as été fidèle en peu de chose, entre dans la joie de ton Maître » [Matt. 25, 21, 23].

Une heure avec Jésus

La plupart de nos lecteurs auront sans doute déjà lu cette brochure, réimpression récente d’un très ancien traité anglais ; mais nous voudrions encore la recommander spécialement à ceux à qui elle aurait échappé. « Veiller une heure » avec Lui, chaque matin[1], quel privilège et quelle responsabilité à la fois pour le croyant. Non pas cinq ou dix minutes à la hâte, mais un temps suffisant pour entendre Sa voix dans les pages bénies de Sa Parole, cherchant ce qu’Il veut nous dire aujourd’hui ; puis « répandre notre cœur devant Lui », dans le secret, et « attendre » Sa réponse (Ps. 5, 3). Trop souvent nous laissons l’ennemi nous dérober cette heure bénie. La brochure ci-dessus nous aidera à comprendre comment lui résister.