Le cœur

A. Henry
« De lui sont les issues de la vie »
Prov. 4, 23

Un article : « Les femmes dans l’évangile selon Luc »[1] a attiré notre attention sur la foi persévérante et surtout sur le cœur de ces femmes dont l’évangéliste nous parle.

M’est-il permis de dire quelques mots aux jeunes croyantes ? La jeune fille d’aujourd’hui, même chrétienne, n’est pas toujours caractérisée par les mêmes vertus ; les circonstances de la vie actuelle ont peut-être à son insu développé la tendance contraire, mais je suis persuadé que vous, jeunes sœurs, désirez vraiment garder toujours un cœur chaud et vibrant en Christ.

Toutefois, les penchants du cœur peuvent agir dans des directions bien différentes ; le Seigneur Jésus l’a résumé en disant : « Nul ne peut servir deux maîtres » (Matt. 6, 24) ; nécessairement, ces penchants divers aboutissent à servir l’un ou l’autre.

L’un est le Maître débonnaire qui a porté nos fautes et a placé devant nous le bonheur ; l’autre — qui dispute fortement la place — est le menteur et le trompeur dès le commencement ; il se présente d’une manière insidieuse ; il ne se montre pas brutal, au contraire, il fait miroiter un monde, trompeur comme lui, souvent plein de charmes pour la jeunesse, malgré son affreux état de misère.

Vous avez un cœur renouvelé, en rapport avec la nouvelle nature, nature divine, acquise lorsque, par grâce, Dieu vous a révélé et donné Son Fils, Jésus le Sauveur ; puis votre cœur naturel sur lequel Satan a prise. Voilà donc deux directions qui se présentent à vous ; laquelle choisirez-vous ?

Le chef-d’œuvre de Satan est de faire croire que l’on peut, pendant un certain temps, suivre les deux chemins : être plein de ferveur pour le rassemblement, le chant, le dévouement, et en même temps caresser dans le cœur d’autres désirs. L’Éternel n’a-t-Il pas dû dire un jour, et Jésus le répéter en Marc 7, 6 : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est fort éloigné de moi » ? Les autres désirs, quelle en est la source ? Les motifs du cœur humain se résument en un seul mot : l’égoïsme ; bien souvent on aime quelqu’un seulement afin d’en recevoir quelque chose en retour. Mais Dieu remplace ce motif par un autre : l’amour. En présence de l’amour de Jésus, versé dans nos cœurs renouvelés, nous ne pouvons rester insensibles et froids. L’amour pour Jésus exclut de notre cœur l’égoïsme, et le porte vers les autres.

Si nous laissons sur la terre seulement ce qui aura été en rapport avec nous-mêmes, quel profit le Seigneur en aura-t-Il ? Rappelons-nous la parabole des mines en Luc 19.

Dans tous les détails, chercher uniquement sa propre satisfaction ne peut être l’habitude de jeunes filles, épouses ou mères qui suivent le Seigneur. Mais l’ennemi est si actif, si subtil ! Il place devant le cœur, devant les yeux, beaucoup d’objets attrayants, et par l’un ou l’autre le cœur est parfois séduit et pense pouvoir suivre les deux chemins.

Le Seigneur nous dit par le canal de l’apôtre inspiré : « N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde ; si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui » (1 Jean 2, 15).

Savez-vous, par exemple, éviter une rue où certaines vitrines vous tenteraient ? Ou renoncer à un magazine qui vous apprendrait à vous vêtir… plus ou moins, selon les caprices de la mode ? On ne peut s’habiller aujourd’hui, ni homme, ni femme, comme à l’époque du Seigneur ; mais suivre de très près la mode d’un monde perverti, dont nous proclamons et chantons que nous ne sommes pas, c’est « être occupé de soi » ; le cœur attaché au Seigneur sait discerner juste ce qui convient, afin de n’attirer l’attention sur soi ni dans un sens, ni dans l’autre.

« Soyez sobres » (1 Pier. 5, 8). « Veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui il pourra dévorer ».

Nous avons à veiller sur de nombreux détails. Entendre, écouter, lire la Parole, sans y ajouter des interprétations du cœur naturel, voilà la sauvegarde. La Parole n’a pas changé, ni évolué ; faudrait-il faire une nouvelle Bible en rapport avec la mentalité du monde actuel ? Ce qui a conduit les générations précédentes au bonheur ne nous suffirait-il plus ?

Veillons aux directions prises par nos cœurs. Rappelons-nous que seul l’amour pour le Seigneur peut nous guider. Il semble tyrannique au cœur naturel ; et pourtant, renoncer à une chose à cause de Christ donne une joie qui ne peut être comparée aux distractions du monde ; et Son approbation secrète remplira notre cœur de paix.

Je terminerai en citant un petit récit nous montrant l’influence redoutable d’un motif caché au fond du cœur, s’il n’est pas discerné dans la présence divine, et rejeté par amour pour Jésus. Un cœur attaché à Lui est une boussole sûre.

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La boussole faussée

Un navire s’était échoué sur une côte rocheuse. Le pilote avait cru se diriger vers le port, mais continuellement son navire avait été déporté vers les récifs et finalement détruit. L’armateur voulut rejeter la responsabilité du naufrage sur le personnel de bord. Mais il fut prouvé que le pilote était très habile, le capitaine au-dessus de tout soupçon de négligence ou d’incompétence. Le reste de l’équipage était pareillement sans reproche. À la fin, on découvrit qu’un passager, voulant introduire en contrebande un certain nombre d’objets d’acier, en avait caché dans sa cabine un poids considérable. La boussole se trouvait précisément au-dessus de cette cabine ; l’attraction de l’acier fit dévier l’aiguille aimantée et la direction du navire se trouva faussée, d’où sa perte.

Ainsi le péché caché dans nos cœurs causera infailliblement le naufrage de notre vie (pour nous croyants, le naufrage de notre témoignage), si nous ne laissons la Parole de Dieu dans sa pureté, avec son autorité reconnue sans partage, prendre possession de nos cœurs.

Dieu ne veut pas d’un cœur partagé ; Il n’admet pas davantage que l’on « frelate » Sa Parole (2 Cor. 2, 17) en laissant les pensées humaines s’y mêler et prétendre l’influencer. N’entendons-nous pas sans cesse dire : « les temps ont changé, on ne peut plus faire ainsi » ? Hélas ! « ainsi », c’est « obéir ». Laissons-nous guider par la boussole divine. Ne permettons point qu’elle soit faussée.