Le crible

A. Henry
« Satan a demandé à vous avoir pour vous cribler comme le blé, mais moi, j’ai prié pour toi »
Luc 22, 31-32

Avez-vous déjà vu un « crible » à pommes de terre ? Les corbeilles pleines sont vidées sur une plateforme. Par un mouvement mécanique, les tubercules sont entraînés sur un crible à plan incliné, secoué lui-même de droite à gauche et vice-versa. Le tri s’opère. Les gros tubercules roulent aisément sur la pente et sont recueillis en bas, dans des récipients appropriés. Les petits tubercules traversent presque immédiatement les interstices du crible. D’autres, ni gros, ni petits, ont de la peine à avancer, puis s’arrêtent ; on les pousse de la main, ils reprennent leur mouvement, mais sont de nouveau immobilisés, parfois à plusieurs reprises. L’aide qui leur est donnée les retire des mailles du crible et leur permet souvent, après bien des arrêts, d’arriver dans la corbeille au bas du tamis ; mais certains d’entre eux ne peuvent parvenir au but et finissent par disparaître dans les trous du crible.

Ne pouvons-nous pas tirer de ce travail une leçon sur la marche de ceux qui sont mis en contact avec l’évangile, sur le but final atteint par chacun d’eux ? Dans nos pays christianisés, chacun, peut-on dire, est mis un jour ou l’autre, de la manière voulue de Dieu, en rapport avec Sa grâce qui nous arrache à notre état de péché et au jugement qui en découle. Mais, hélas, le moment arrive où, mis sur le « crible », beaucoup succombent sans même une lutte (Dan. 5, 27 ; Ps. 73, 4, 5). En voilà d’autres, dans le cœur desquels la grâce a travaillé ; ils ont reçu Jésus, ils sont convertis, il leur faut passer au crible de la vie. Que d’épreuves peut-être, que de souffrances permises par Celui qui les aime pourtant d’un amour infini — les secousses que le crible agité imprime aux tubercules en sont l’image — mais leur « grosseur » spirituelle est bonne, l’œuvre est faite profondément dans leur cœur et le voyage s’effectue sans dommage, à cause de Jésus et par Lui.

Mais c’est aux enfants de croyants que je m’adresse ; plusieurs n’ont qu’une connaissance intellectuelle des choses divines. Enfants, vous suivez vos parents, puis êtes placés sur le crible de la vie. Combien le danger est grand si vous n’avez pas eu affaire vraiment avec Jésus ! Chaque trou du crible représente pour vous une des tentations de Satan ; vous triompherez peut-être de quelques-unes, puis vous voilà arrêtés ! Le monde vous a pris par l’un de ses attraits ; vous êtes immobilisés ; vous n’avez pas encore sombré, mais entraînés par le mouvement qui s’accentue, vous descendez toujours davantage. On vous aide par la prière, par des conseils. Par la grâce du Seigneur, vous évitez le piège, vous reprenez votre course, tant bien que mal, mais un autre danger surgit, car ils sont nombreux dans ce monde. Ceux qui vous aiment et s’intéressent à vous, continuent à vous assister, mais prenez garde ! Criez au Seigneur ! Enfin, soutenus par une aide constante, certains arrivent au terme du voyage ; le fruit est recueilli, résultat de l’activité de la grâce, d’une grâce particulière.

D’autres, hélas, ébranlés par les tentations auxquelles cède leur cœur naturel non jugé, finissent par sombrer. Ils arrivent, chargés d’une lourde responsabilité, au lieu terrible réservé à ceux qui n’ont pas écouté ; ils n’avaient pas la vie.

Chère jeunesse, vous ne pouvez compter, pour vous, sur la piété de vos parents ; ils prient pour vous, mais le salut est personnel ; vous le savez, il faut une œuvre en chacun et pour chacun de vous — en vous l’œuvre de la soumission du cœur à la sainteté de Dieu et pour vous, l’œuvre de salut en Jésus, reçue par la foi. Venez à Lui et il vous sera donné le « volume » spirituel pour éviter les pièges sournois de l’ennemi qui veut vos âmes.

Le « crible » de ce monde peut d’ailleurs inspirer à tous les croyants de profondes réflexions ; tous ceux qui, plus particulièrement, sont dans la tourmente, en ressentent parfois les profondes et douloureuses agitations.

Mais le repos s’apprête,
Le combat va finir.
Levons en haut la tête,
Car Jésus va venir.