Le fil à plomb

G. André
« Il avait un plomb à sa main »
Amos 7, 7

À plusieurs reprises, la Parole de Dieu compare la vie humaine à une maison en construction.

Dans l’évangile, le Seigneur Jésus Lui-même nous parle de l’homme qui, après avoir « foui et creusé profondément », a fondé sa maison sur le roc. Son voisin a bâti « sur la terre, sans fondement » (Luc 6). Deux maisons s’élèvent, semblables en apparence… jusqu’au jour de « l’inondation ». Deux jeunes ont été élevés dans des familles chrétiennes ; leurs vies extérieures se ressemblent ; ils paraissent marcher dans le même chemin… jusqu’au jour de l’épreuve.

Quand le fleuve déborde avec violence — cet entraînement toujours plus prononcé des choses visibles qui tend si fort à nous éloigner de Dieu — l’une des maisons résiste, l’autre s’effondre. Pourquoi ? Qui aurait pu de l’extérieur discerner laquelle des deux tiendrait ? Seul Celui qui voit « le fondement ». Cachée aux regards des hommes, la base même de l’un des édifices était solide, l’autre ne valait rien.

On peut avoir « entendu » maintes fois les paroles du Seigneur, en avoir subi l’influence morale et extérieure, mais si la nouvelle naissance n’a pas eu vraiment lieu, tôt ou tard, la « maison » s’effondre, la « lampe » s’éteint, l’« arbre » est sans fruit.

« Personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus Christ » (1 Cor. 3, 11).

« C’est par la foi que vous êtes debout » (2 Cor. 1, 24).

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Le vrai fondement posé, la maison se construit. Il y faut des matériaux, qu’il s’agisse de la maison de Dieu ou de celle de notre vie. « Or, argent, pierres précieuses » sont seuls dignes de ce « temple » où veut habiter le Saint Esprit (1 Cor. 6, 19 ; 3, 16). Justice divine, rédemption par le sang de l’Agneau, gloires de la personne de Christ, « richesses insondables » [Éph. 3, 8] que nous révèle la Parole de Dieu, voilà ce qui seul peut « édifier » la maison où, par son Esprit, il veut demeurer. Mais si l’on ajoute à ce qui doit former la structure même de la personnalité, cet « homme intérieur » [Éph. 3, 16] dont parle l’apôtre, « du bois, du foin, du chaume » — « le feu (non pas « le fleuve » !) l’éprouvera » [1 Cor. 3, 13] : le jugement de Dieu consumera ce qui n’était pas selon lui. Non que l’âme soit éternellement perdue, mais il y aura « une perte » au « jour » où tout sera mis en lumière.

Pour construire, il faut aussi de la persévérance. L’homme qui a « jeté le fondement » de sa « tour » et la laisse inachevée, devient la risée des passants. Triste témoignage d’un vrai croyant qui avait bien commencé à suivre et servir le Seigneur, mais qu’en chemin « la croix » (Luc 14, 27) a effrayé. Non pas la croix au pied de laquelle il avait saisi que le Sauveur avait été abandonné de Dieu à sa place, mais celle que tout racheté doit porter, ce renoncement à soi-même, cet abandon à sa volonté, ce « plus moi mais Christ » [Gal. 2, 20], sans lequel, dit Jésus, « il ne peut être mon disciple » [Luc 14, 27].

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Pour que l’édifice soit solide, il y faut encore utiliser le fil à plomb. « Voici le Seigneur se tenait sur un mur », nous dit le prophète Amos, « et Il avait un plomb à sa main ». Ce mur, dans la vision, représente le peuple d’Israël, dont l’Éternel considérait l’état spirituel. État si lamentable, que le jugement allait fondre sur lui ; il n’y aurait plus d’intercession possible, plus de miséricorde (contraster v. 8-9 avec v. 1-6).

« Je place un plomb au milieu de mon peuple », cette parole ne s’adresse-t-elle pas aussi à nous ? Le fil à plomb est un instrument bien commun et bien simple. Aucun maçon ne s’aviserait de construire un mur, encore moins une maison, sans l’utiliser sans cesse. Il ne se fie pas à son coup d’œil, ni à son expérience, pour vérifier si le mur est bien vertical. Seul le fil à plomb montrera inexorablement la plus légère déviation, vers l’intérieur ou vers l’extérieur. Si le mur n’est pas construit d’aplomb, surtout au début, il s’effondrera. Les meilleurs matériaux, la plus grande persévérance, n’y changeront rien : il faut que le « fondement » soit solide et que le « mur » soit absolument droit. Si le fil à plomb révèle une déviation, que faire ? Un seul remède existe : le maçon démolira le mur jusqu’à l’endroit où commence l’écart, puis le reconstruira.

Quel est-il, ce « fil à plomb » qui met en lumière les occasions où notre vie s’écarte du chemin tracé par Dieu ? « Il y a telle voie qui semble droite à un homme, mais des voies de mort en sont la fin » (Prov. 16, 25). Non pas nos sentiments, nos raisonnements, les habitudes des hommes, mais seulement et uniquement la Parole de Dieu.

Quand elle dit : « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules » (2 Cor. 6, 14), n’agit-elle pas comme un « fil à plomb » qui va mettre en évidence toute déviation du « mur » de notre vie ? Combien de jeunes, pour s’être écartés sur ce point précis, ont gâté tout le témoignage qu’ils étaient appelés à rendre au Seigneur, et souvent gâché leur vie.

Ou bien : « Le corps… est pour le Seigneur » (lisez 1 Cor. 6, 13-20). On invoque beaucoup de raisons « psychologiques » ou autres, mais… que montre « le fil à plomb » ? « Peu s’en est fallu », dit le jeune homme en Proverbes 5, 14, « que je n’aie été dans toute sorte de mal, au milieu de la congrégation et de l’assemblée ».

Ou encore : « Rejetant… toutes médisances » (1 Pier. 2, 1). Pour n’avoir pas appliqué ce « fil à plomb » là, combien de « murs » ont-ils été salis, dégradés, qu’il s’agisse d’individus ou d’assemblées !

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« Regarde s’il y a en moi quelque voie de chagrin », supplie le psalmiste (Ps. 139), et « conduis-moi dans la voie éternelle ». Ne voulons-nous pas aussi adresser au Seigneur cette prière ? Nous placer honnêtement devant sa Parole qui est « utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre » [2 Tim. 3, 16, 17] ? La vie chrétienne est une chose sérieuse. Tout n’est pas dit avec le « fondement », encore qu’il soit décisif. Il faut que la maison s’élève, avec de bons matériaux, selon la verticale — et surtout qu’elle ne soit pas « vide » : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14). Heureuse part, en attendant celle plus heureuse encore d’avoir notre « demeure » dans la maison même du Père.