Le paresseux

A. Henry
« La porte tourne sur ses gonds et le paresseux sur son lit »
(Prov. 26, 14)
« Le paresseux ne rôtit pas sa chasse ; mais les biens précieux… sont au diligent »
(Prov. 12, 27)

Quelle image notre premier verset nous donne de ce qu’est parfois l’état des chers enfants de chrétiens ! « La porte tourne sur ses gonds ». On vient bien régulièrement à la réunion, on fait le chemin d’aller et celui du retour bien fidèlement. Telle la porte qui peut être l’exemple de la fidélité. Mais quelle est l’avance réalisée par la porte en rapport avec elle-même, à la fin d’une année ? Zéro ! Et vous, chers jeunes amis, avez-vous avancé plus qu’elle ? La porte a une excuse parce qu’elle a une utilité dans son chemin monotone ; nous reconnaissons son précieux service surtout en hiver, mais vous — mais nous, chère jeunesse, car en cela, je m’unis bien à vous — avons-nous une excuse et une utilité quand, tel le paresseux, nous nous retrouvons toujours à la même place spirituelle ? Et encore au matin, le lit d’un tel paresseux donne une impression de désordre. Il en est de même pour nous si nous ne faisons aucun progrès avec Jésus : un désordre spirituel nous gagne, un désarroi moral dont l’Ennemi saura bien profiter quand le moment favorable sera venu.

Rappelez-vous Hérode en Marc 6, 20. Il écoutait volontiers Jean-Baptiste, il le tenait pour un saint homme, il agissait même d’après ses conseils, et pourtant il l’a fait jeter en prison et décapiter. Vous entendez volontiers parler de Jésus, vous ne doutez pas qu’Il soit ce qu’Il est, vous ferez peut-être beaucoup de choses prescrites par l’évangile, mais si Sa personne n’est pas connue de votre cœur, l’Ennemi trouvera bien un jour une occasion pour que vous vous associiez à ceux « qui crucifient pour eux-mêmes le Fils de Dieu » (Héb. 6, 6). Quelle chose affreuse ! Il vous semble impossible d’en arriver là. Prenez garde ! Si, pas plus que la porte, vous n’avez avancé, si votre conscience, pas plus que celle d’Hérode, n’a été atteinte, vous êtes comme une ville sans muraille devant l’envahisseur. Ceci, ce principe, s’applique aussi bien à ceux qui confessent Jésus comme Sauveur, qu’à ceux qui sont restés totalement indifférents jusqu’à maintenant.

Dans le second passage, le paresseux est allé à la chasse ; il a entendu la Parole. Comme Ruth, il a glané dans le champ du vrai Boaz ; mais celle-ci a battu ce qu’elle avait glané, tandis que le paresseux n’a pas rôti sa chasse. Il a laissé perdre, se corrompre même, ce qui avait pourtant été le fruit d’un effort. Quelquefois, vous avez été l’objet d’une réelle émotion en présence de l’amour de Jésus, comme aussi du sérieux que comporte un témoignage chrétien ; vous vous êtes promis de ne plus rester à l’état de « porte », vous n’êtes plus indifférent, vous avez recueilli un butin, mais hélas ! comme en Marc 4, 19, la semence, tombée au milieu des épines, n’a pas porté de fruit à cause « des convoitises à l’égard des autres choses ». L’impression que vous aviez remportée s’est petit à petit dissipée, la bénédiction passagère s’est évanouie parce que vous ne l’avez pas cultivée — vous n’avez pas rôti votre chasse. Ruth est appelée « femme vertueuse » (chap. 3, 11), parce qu’elle a montré de l’énergie spirituelle en continuant dans le chemin où la bénédiction lui était présentée ; Boaz lui donna six mesures d’orge dans son manteau, avec celle qu’elle avait recueillie elle-même, elle en eut sept — une plénitude. « À votre foi, joignez la vertu » (2 Pier. 1, 5).

Combien il est précieux, par-dessus tout, de persévérer, de vaincre, et après avoir tout surmonté, tenir ferme [Éph. 6, 13]. Le « royaume », en Matthieu 11, 12, est pour les violents ; il y a toujours quelque chose à vaincre. Zachée fut un violent. Il monta sur le sycomore, s’exposant ainsi aux moqueries de tous ; la vision de Jésus fut pour lui la mesure d’orge glanée. Mais lorsque le « salut » dans cette personne fut entré dans sa maison [Luc 19, 9], ce fut les six mesures ajoutées — la plénitude.

Je ne m’adresse pas à des ignorants, mais peut-être à des « portes » et à quelques « paresseux ». « Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d’entre les morts, et le Christ luira sur toi » (Éph. 5, 14).

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La vraie grâce de Dieu[1]

Ce n’est pas un long traité que nous avons à cœur de recommander aujourd’hui aux « jeunes », puisqu’il n’a que sept pages ! Mais chacune d’elles, chaque ligne de ce petit opuscule, est d’une saveur particulière pour l’âme qui connaît quelque peu le Seigneur Jésus. Nous sommes si prompts à regarder à nous-mêmes, à nous élever, ou à nous trouver indignes, et nous perdons de vue ce qu’est Dieu. « Il y a en chacun de nous une incompréhension absolue de la grâce de Dieu ». Ce n’est que dans Sa présence même que nous apprenons à Le connaître. « C’est Jésus qui donne un repos durable à nos âmes, ce n’est pas notre opinion personnelle sur nous-mêmes ». Détourner les yeux de soi, les fixer sur Lui, apprendre mieux que « le Seigneur que j’ai connu laissant Sa vie pour moi, est le même Seigneur avec lequel j’ai à faire tous les jours de ma vie » — voilà ce qui remplira nos vies de la vraie joie. N’est-ce pas notre désir à tous ? La lecture attentive de ces pages précieuses, accompagnée par la prière, nous aidera un peu à le réaliser.