Le temps

G. André
Psaume 90
Vous pouvez remplir votre temps, attacher une œuvre à chacune de vos heures, mais remplir son temps, est-ce remplir sa vie ?

Le temps passe, et notre vie s’envole avec lui, « une vapeur qui paraît et qui disparaît » [Jacq. 4, 14], un moment si cours qui « s’en va bientôt », comme le rappelle notre psaume.

Une centaine de personnes, à travers les générations, suffit à nous relier au premier homme, longue époque à nos yeux, mais combien courte en regard des périodes préhistoriques, des âges géologiques, en remontant au début de la Genèse jusqu’à la création première, au « commencement » du temps. Qu’y avait-il alors ? « Au commencement était la Parole » [Jean 1, 1], nous dit Jean : aussi loin en arrière que nous puissions penser, la Parole était, avant la création, avant le temps. « Toi, tu demeures… Toi, le Même… l’Éternel… », révélé plus tard à l’homme comme Celui qui agit et gouverne dans le temps, restant toujours le même, tout en ayant affaire à d’autres.

Et si nos regards se portent vers l’avenir, au-delà du retour du Seigneur, au-delà de Son règne, au-delà du jugement final, nous trouvons à la fin du temps la même personne dominant la scène, quand « Dieu sera tout en tous » [1 Cor. 15, 28].

Que sont nos jours en comparaison ? « Ils s’en vont plus vite qu’un coureur… ils passent rapides comme les barques de jonc » (Job 9, 25-26). C’est pourquoi le psalmiste ajoute : « Enseigne-nous à compter nos jours, afin que nous en acquérions un cœur sage ».

Jeune homme, jeune fille, de quoi les remplis-tu, ces jours si courts que Dieu t’a donnés à passer sur la terre ? As-tu trouvé un guide sûr au chemin de la vie, un but qui la domine et lui donne sa vraie valeur ? « Rassasie-nous au matin de ta bonté et nous chanterons de joie, et nous nous réjouirons tous nos jours ». « Au matin » de la vie, trouver le Sauveur, Lui donner la première place dans son cœur, quel changement, quelle source de joie pour tous les jours qui suivront ! Au lieu de remplir ces années de la jeunesse des choses du monde, de se laisser envahir par la fièvre des études, du travail, du plaisir, au lieu de tendre tout son être dans la poursuite d’un bonheur jamais atteint — se laisser rassasier par Celui dont la bonté n’est arrêtée ni par ce que nous sommes, ni par ce que nous ne sommes pas !

La première place donnée au Seigneur Jésus au matin de la vie est la base d’une carrière féconde à Sa gloire. Plusieurs ont bien commencé, mais mal continué, et souvent mal fini. La vigilance est nécessaire tout du long, mais combien une vie orientée dans la bonne direction dès le début pourra mieux se maintenir, par la grâce du Seigneur, dans le vrai chemin, qu’une vie dont les premières années ont été gaspillées dans le monde ou simplement dans l’indifférence.

Paraissant au soir de sa vie devant le Pharaon, Jacob, malgré ses cent trente ans, doit confesser : « Les jours de ma vie ont été courts et mauvais » (Gen. 47, 9). Ils avaient été longs pourtant, remplis de péripéties diverses, de voyages et de luttes, de richesses acquises et de beaucoup de travail, mais, pour Dieu, seules comptaient les années vécues avec Lui : elles étaient en bien petit nombre. Toutes les autres étaient perdues sans retour.

Quatre occupations principales remplissent nos journées : le sommeil, les repas, le travail et le « temps libre ». Tout peut être fait avec Dieu et pour Lui. C’est Lui qui « donne le sommeil à son bien-aimé » [Ps. 127, 2]. Soit que nous mangions, soit que nous buvions, nous pouvons tout faire à la gloire de Dieu [1 Cor. 10, 31]. Et quant à notre travail, il nous est dit : « Faites tout au nom du Seigneur Jésus » [Col. 3, 17]. Que faisons-nous de notre temps libre, souvent si court ? Il doit avant tout nous fournir les forces morales et physiques pour accomplir la tâche journalière et l’œuvre que le Seigneur a pour nous ici-bas.

Le matin nous fait penser à la manne que tout Israélite au désert devait ramasser avant que le soleil se lève. Il est indispensable de nourrir son âme de la Parole « chaque matin » ; il faut en prendre le temps ; souvent, c’est un effort, un grand effort, mais il en vaut la peine : il y va de notre santé spirituelle. Si nous n’avions que ce moment libre de toute la journée, ne faudrait-il pas le consacrer pour « être à Ses pieds » ? — Puis, « au matin, je disposerai ma prière devant toi, et j’attendrai » [Ps. 5, 3].

À midi, un instant de recueillement et de prière sera la halte bienfaisante au fort de la « chaleur du jour ». Daniel priait trois fois le jour.


Veille à midi, quand les bruits de la terre
Font oublier le céleste séjour.

Le soir, le samedi après-midi (pour quelques-uns) et le dimanche marquent les vraies heures libres dont nous avons à disposer. Combien il importe de le faire avec le Seigneur, pour ne pas négliger le rassemblement, consacrer suffisamment de temps à la famille, s’occuper des autres et du service que le Seigneur peut nous avoir confié, écrire, lire, et savoir aussi à l’occasion… être seul, comme Jésus sur la montagne. Pour celui qui vit avec le Seigneur, la journée ne se terminera pas sans la lecture personnelle de la Parole, et la prière — autant que faire se peut. Et si le temps libre doit être employé avant tout à nourrir notre âme, nous ne devons pas négliger notre corps (1 Thess. 5, 23). « L’exercice corporel » n’est pas inutile, mais « utile à peu de chose » [1 Tim. 4, 8] : sachons lui donner une place en conséquence. Nous n’oublierons pas non plus que le dimanche est le jour du Seigneur, jour d’adoration, jour de service, jour de repos.

« Une vie bien nourrie est une vie bien remplie », a dit quelqu’un. Les années passent, et qu’en reste-t-il ? Un jour, notre vie tout entière nous apparaîtra dans la lumière de la présence de Dieu ; nous devrons rendre compte de tout. Comme alors nous comprendrons que tout ce qui n’était pas de Lui et pour Lui, n’était qu’une perte — une perte pour l’éternité !


Enseigne-nous ainsi à compter nos jours,
Afin que nous en acquérions un cœur sage. [Ps. 90, 12]

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Jacob ou la discipline (Henri Rossier)

Dieu a voulu nous donner dans sa Parole des exemples qui montrent comment Il travaille dans le cœur et la vie des siens. Voici deux frères, Ésaü et Jacob, réponse à vingt ans de prières, deux jumeaux, élevés ensemble, dans la même ambiance, subissant les mêmes influences. Le cœur de l’un se détourne de l’Éternel et s’en va vers le monde, méprisant le don de Dieu. L’autre, connaissant l’Éternel, suit le chemin de la chair, et veut acquérir par un mensonge les bénédictions de la foi. Il les aura, ces bénédictions, mais après une longue vie d’épreuves, de châtiments, de discipline. La brochure que nous recommandons aujourd’hui aux jeunes, place devant nous ce long travail de la grâce et du jugement de Dieu. Nous voyons Jacob « séparé de ceux qu’il aime, laissant derrière lui le courroux d’Ésaü, devant lui l’inconnu, et au-dessus de lui ce Dieu qu’il a si gravement offensé » s’en aller au loin, passer vingt années dans la servitude. Il n’a pas encore « perdu confiance en ses capacités et en ses ruses ». Dieu devra le briser. À Peniel, son âme sera « délivrée ». Mais la discipline continuera. À Béthel, Jacob apprendra à connaître le culte. Puis viendront les dépouillements, les sacrifices : Rachel meurt, Joseph disparaît, il faut donner Benjamin. « Il se voit dépouillé de tout ce qui constituait sa joie et ses plus légitimes espérances ». Mais alors, « abdiquant toute volonté propre, brisé, mais confiant, il ne compte plus que sur la grâce de Dieu ». Le sacrifice est consommé… tout change. Jacob apprend que son Joseph est vivant ; il va « le » voir.

Devant le Pharaon, il confesse : « les jours des années de ma vie ont été courts et mauvais » [Gen. 47, 9] — car « le temps de notre vie n’a de valeur que selon le nombre et la durée de nos rapports avec Dieu et de notre témoignage pour Christ. Tout le reste ne compte pas ».

Mais devant la mort et devant l’avenir, épurée par la discipline, la foi triomphe. Il adore, et bénissant ses fils, il parle du vrai Joseph, de « Celui qui a été mis à part de ses frères » [Gen. 49, 26]. « Ses yeux, envahis par les ténèbres de la mort, s’ouvrent sur cet au-delà glorieux qui prend naissance dans les souffrances de Joseph, le bien-aimé, et s’étend jusqu’au bout des collines éternelles. Christ est l’objet final de son témoignage ».

Chers amis ! penchons-nous sur les pages de la Parole inspirée. Méditons-les en profitant du ministère écrit que des serviteurs qualifiés du Seigneur nous ont laissé. Le temps ainsi employé ne sera pas perdu ; il aura ses conséquences sur notre vie, jusque dans l’éternité.