« Lève-toi, mange » (1 Rois 19, 5)

H. A.

[Feuille aux jeunes n° 124]

« Ouvre ta bouche toute grande et je la remplirai »

Ps. 81, 10

Oui, tu le sais, pour croître en stature, pour réparer tes forces, pour en avoir de nouvelles, c’est une nécessité de nourrir ton corps chaque jour.

Pourquoi ce monsieur est-il si bien portant ? Oh ! si vous saviez comme il s’alimente bien ! Pourquoi cet ami paraît-il si malade ? Mais c’est qu’il ne mange presque plus ! Si nous nous portons bien, si nous vivons normalement, nous mangerons bien, nous nous alimenterons normalement. C’est une nécessité.

Le Seigneur le sait fort bien. C’est Lui qui, après avoir ressuscité la fille de Jaïrus, dit qu’on lui donnât à manger (Marc 5, 43). C’est Lui qui, voyant Son serviteur Élie couché sous le genêt, lui envoie par deux fois des aliments réconfortants : « Mange, car le chemin est trop long pour toi » (1 Rois 19, 7). C’est Lui qui, ému de compassion, nourrit les foules tout comme Il avait nourri Israël dans le désert, montrant qu’Il est bien Celui qui rassasie de pain Ses pauvres (Ps. 132, 15). Et au matin de ce grand jour, alors que Ses disciples fatigués n’ont rien à manger, Lui, toujours Lui, les invitera : « Venez, dînez ! » (Jean 21). Son cœur ne change pas !

Mais ce qui est vrai pour notre corps — corps d’infirmité pourtant — est tout aussi vrai pour notre âme immortelle. « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Nourriture de tous les jours, indispensable pour la vie de l’esprit.

Disons-le encore : c’est une nécessité que de se nourrir, de nourrir son âme. Pourquoi ce chrétien est-il si heureux, pourquoi son âme prospère-t-elle (3 Jean 2), ses progrès sont-ils si évidents à tous ? Oh ! si vous saviez comme dans sa marche avec Dieu (Gen. 5, 22), reposé dans de verts pâturages, mené à des eaux paisibles, il est rassasié comme de moelle et de graisse ! Pourquoi celui-ci est-il resté comme un nain spirituel, si même il ne dépérit pas chaque jour davantage ? — Un peu de lait lui suffit comme aux tout petits enfants (Héb. 5, 12).

On est tellement occupé, débordé par ses affaires ou ses études, ou son sport. On a son temps tellement pris. On n’a pas le loisir de nourrir son âme de la Parole de Dieu ; on n’a pas compris ce que plusieurs ont réalisé : « Tes paroles se sont-elles trouvées, je les ai mangées ; et tes paroles ont été pour moi l’allégresse et la joie de mon cœur » (Jér. 15, 16).

Du reste, s’il y a quelque loisir, ne cherche-t-on pas de bonnes distractions, certaines utiles à leur place, mais où la Parole demande la sobriété ? Chacun connaît les siennes, allant des plus élevées telles que l’art et la science, jusqu’aux plus basses, telles que les mauvaises lectures, les mauvaises compagnies, en passant par tous les échelons : sports, culture physique, lectures diverses, collections, toilette, etc. Et je ne parle pas du « bourbier de corruption » où nous retomberions si facilement si nous ne portons pas « une grande attention aux choses que nous avons entendues ». Il y a toujours « les mets délicats du roi et le vin qu’il buvait ». Encore aujourd’hui, « la fornication, et le vin, et le moût, ôtent le sens » (Os. 4, 11). De sorte que dans le désert spirituel où nous sommes, si nous recevons de ce monde ces aliments qui ne nourrissent pas l’âme, mais qui, comme des poisons ou des soporifiques, enlèvent tout appétit de mets célestes et divins, nous nous amenuiserons, étant même distraits du but vers lequel le Dieu de gloire nous attire.

Ayant appelé les siens, les appelant encore, leur montrant le but, notre bon Père veut prendre à Sa charge les besoins de la route. Chaque jour, Il nous donne la manne céleste, la nourriture de Dieu, le véritable pain du ciel, le grain rôti, le vieux blé du pays (Jos. 5, 11), un Christ qui a été mort et qui est vivant, glorifié au plus haut des cieux. Encore avons-nous à « ouvrir la bouche toute grande » pour qu’Il la remplisse, encore faut-il être en appétit. Le matin « en disposant ma prière » (Ps. 5, 3), je recueillerai ce que je peux manger (Ex. 16, 21) : nécessité de tous les jours, mais aussi force et courage pour la route à parcourir ce jour-là. Peut-être y aura-t-il des suppléments, des desserts : une lecture édifiante, car nos devanciers nous ont laissé des provisions savoureuses et nutritives — une rencontre bénie, où chacun par la foi qui est dans l’autre (Rom. 1, 12) sera consolé, encouragé — un rassemblement autour de la Parole, où l’Esprit Saint agira pour le bien de nos âmes.

Mais, en vérité et premièrement, doit être recherché ce moment d’intimité, où, aux pieds de Jésus, seul avec Lui, Sa Parole vient réjouir et nourrir notre âme. Marie de Béthanie connaissait ces moments, où son cœur écoutait la parole de l’hôte divin ; aussi fut-elle consolée à l’heure de l’épreuve et instruite pour sacrifier la louange en ce dernier dimanche d’avant la croix, devançant la louange éternelle à la gloire de l’Agneau immolé.

Ainsi, tu seras rendu sage à salut, ta voie sera aussi rendue pure (Ps. 119, 9), ta face illuminée (v. 130) ; le cœur en paix, tu avanceras, sans chute (v. 165) dans cette lumière resplendissante qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi. Alors, te faisant mettre à table, Lui-même te servira (Luc 12, 37).