Manifesté… par l’épreuve (Jacq. 1, 12)

G. André
« Afin de connaître ce qui était dans ton cœur »
(Deut. 8, 2)

Parmi les motifs pour lesquels Dieu laisse les chrétiens sur la terre un temps plus ou moins long après leur « conversion », il en est un bien sérieux auquel il importe de revenir souvent. Le travail opéré dans le cœur du jeune « converti » était-il réel, ou seulement passager ? Était-ce vraiment une nouvelle naissance selon Jean 3, ou une simple impression, une tradition de famille peut-être, un enthousiasme de peu de durée correspondant aux grains semés dans la rocaille (Matt. 13) ? C’est une des choses que « l’épreuve » doit manifester, comme aussi d’autre part montrer si l’enfant de Dieu sera fidèle à Celui qui l’a appelé.

En parlant d’épreuve, on songe aussitôt aux difficultés, aux souffrances, aux deuils de la route. Ils sont nombreux sur le chemin du chrétien. Qui dira les larmes versées aujourd’hui par tant d’enfants de Dieu enveloppés dans la guerre, sous les bombardements, prisonniers ou blessés ; sans parler des familles innombrables qui pleurent un ou plusieurs de leurs membres. Dieu permet ces douleurs pour attacher davantage les siens aux « choses qui demeurent », celles qui ne se voient pas, mais qui sont éternelles [2 Cor. 4, 18]. Seule la foi peut les saisir, c’est pourquoi tout spécialement « au jour de la détresse », est-il dit : « Le juste vivra par sa foi » (Hab. 3, 16 ; 2, 4).

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Nous ne songeons cependant pas en première ligne à ces épreuves-là, mais à celles particulièrement aptes à manifester le fond du cœur du jeune croyant.

Tous, plus ou moins, nous sommes mis à l’épreuve par les attraits du monde. On l’a quitté « en gros », comme on l’a dit, on y revient « en détail ». Nous ne parlons pas de ces choses que notre Dieu « nous donne richement pour en jouir » (1 Tim. 6, 17) ; sachons les recevoir avec reconnaissance de Sa main, les apprécier en passant, nous souvenant que notre trésor n’est pas . Mais dans son épître, Jean fait une distinction nette entre ce qui est « du Père » et ce qui est « du monde » (1 Jean 2, 16). Ce qui n’est pas du Père, est du monde, il faut s’en souvenir. Ce qui marque les choses du monde, c’est la convoitise qui s’y rattache, cette amorce intérieure de la chair en nous, qui nous fait désirer ce que Dieu ne nous donne pas.

Il faut peu de chose pour être entraîné, et l’esprit, rapidement faussé, ne discerne plus ce qui est « du Père ». Savoir dire « non » à ceux qui « trouvent étrange » (1 Pier. 4, 4) que nous n’allions pas avec eux. Veiller sur nos habitudes, l’emploi de nos heures libres, nos vêtements, notre langage, nos compagnons surtout. Que d’efforts souvent pour choisir ce qui nous conviendra le mieux, alors que la Parole de Dieu dit : « Éprouvant ce qui est agréable au Seigneur » (Éph. 5, 10) !

Le monde est là, autour de nous, avec tous ses attraits ; il montrera ce que nous sommes, où est notre cœur. La question n’est pas : « Puis-je me permettre ceci ? », mais bien plutôt : « En le faisant, serai-je manifesté fidèle ? ». Pourra-t-il être dit de nous : « Ils montrent clairement qu’ils recherchent une patrie » (Héb. 11, 14), alors qu’il y aurait du temps pour retourner dans l’ancienne ?

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Il est une autre épreuve très sensible pour les jeunes croyants, spécialement ceux qui étudient, mais que tous rencontrent à un plus ou moins haut degré : « l’enseignement des hommes » (Col. 2, 8). Que de problèmes et de questions se posent à l’esprit qui s’ouvre à la vie, cherchant à le détourner de « la simplicité quant au Christ » [2 Cor. 11, 3] ; l’ennemi s’efforce de semer le doute, d’ébranler la foi. Que va manifester cette épreuve dans notre cœur ? Toute pensée sera-t-elle « amenée captive à l’obéissance du Christ » (2 Cor. 10, 5) ? Demandons à Dieu la grâce de rester assez humbles pour ne pas nous élever dans nos pensées, mais de rester soumis aux siennes exprimées dans sa Parole, même si tout d’abord nous ne les comprenons pas.

Souvenons-nous aussi qu’il n’est pas nécessaire de tout connaître et de tout savoir ; renoncer à certaines lectures, à certaines études, à certaines discussions, pour le Seigneur, nous donnera peut-être une place moins brillante dans le monde, mais combien plus de joie intérieure ; et nous pouvons être assurés qu’Il ne laissera jamais sans « retour » un sacrifice fait pour Lui. Seulement le sacrifice vient d’abord, par amour pour notre Sauveur !

Cela aussi « manifeste » le cœur !

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Parmi beaucoup d’autres, nous mentionnerons encore une épreuve qui sous deux aspects manifeste les cœurs. Si étrange que ce soit, elle paraît souvent avoir pour victimes ceux auxquels le Seigneur a mis à cœur de Le servir : « le fouet de la langue » [Job 5, 21].

Déjà l’apôtre Paul devait écrire : « Nous sommes calomnieusement accusés » (Rom. 3, 8) ; et dans plusieurs de ses épîtres, nous le voyons obligé de défendre contre ceux qui l’accusaient faussement, le ministère que le Seigneur lui avait confié. Bien des serviteurs du Seigneur aujourd’hui, ont dû faire la même expérience. Épreuve étrange, mais particulièrement pénible, surtout quand la calomnie ne vient pas de personnes du monde. « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose », a-t-on écrit ; et c’est douloureusement vrai, même quand il est permis que les faits soient ensuite clairement établis. La médisance raconte à des tiers un mal réel, au lieu de le dire au Seigneur, selon 1 Jean 5, 16, et au coupable lui-même selon Matthieu 18, 15. Mais la calomnie, le plus souvent par négligence, rapporte à qui veut l’entendre, un mal supposé, non vérifié, sinon inventé. Que Dieu nous garde de ce triste péché, qui nous souille plus souvent que nous ne nous en rendons compte. Le nom du diable signifie : « celui qui divise par la calomnie ».

C’est une « épreuve » que rencontre souvent le jeune croyant : dire ou rapporter du mal des autres ; elle manifeste son cœur : « De l’abondance du cœur la bouche parle » [Matt. 12, 34]. Médire d’un serviteur de Dieu, ou pis encore, le calomnier, combien c’est grave (Nomb. 12, 8).

Et si le Seigneur permettait qu’à notre tour nous soyons une fois victimes de ce « fouet de la langue », recevons-le de Sa main, aussi comme une épreuve destinée à manifester notre cœur. Il y a peut-être bien des choses à juger dans notre marche ou dans notre service. D’autre part, Paul dit : « Nous recommandant comme serviteurs de Dieu, par une grande patience… dans la mauvaise et dans la bonne renommée » (2 Cor. 6). Souvenons-nous aussi de l’exemple du Seigneur Jésus, à l’un des moments les plus douloureux de Son ministère ici-bas, pour dire comme Lui, par la grâce de Dieu : « Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi » (Matt. 11, 26). Il ne nous incombe ni d’une part de répondre, ni d’autre part de nous laisser décourager ou arrêter. C’est Lui qui répondra quand et comment Il le jugera bon ; la patience ira de l’avant quand même, humblement, dans la conscience que tout service est une grâce (2 Cor. 4, 1), dans Sa dépendance, en se souvenant de la parole du prophète : « Il est bon à l’homme de porter le joug dans sa jeunesse ; il est assis solitaire, et se tait, parce qu’il l’a pris sur lui » (Lam. 3, 27, 28).

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« Compté, compté, pesé et divisé », avait écrit la main mystérieuse sur le mur du palais de Belshatsar (Dan. 5, 25). Avant d’arriver à la conclusion : « Tu as été pesé à la balance et tu as été trouvé manquant de poids », Dieu avait soigneusement « compté » : le mot est répété. Il ne se hâte pas de juger, mais Il juge justement.

Les épreuves du chemin sont là pour manifester notre cœur ; d’abord si nous sommes vraiment des enfants de Dieu par la foi ; et quand nous le sommes, si nous serons « fidèles ». Il faut aussi que « nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ » (2 Cor. 5, 10). Il y aura des couronnes « à Son apparition », mais pas pour tous : seul celui qui aura été « manifesté fidèle par l’épreuve » recevra la couronne de vie.

Que le Seigneur nous garde de la perdre par les attraits du monde, les raisonnements des hommes, les pièges ou les découragements de la route. Laissons Sa grâce agir en nous, car c’est elle seule qui, opérant dans les cœurs, peut produire la fidélité qui Le glorifiera.


Lorsqu’à ta venue,
J’entendrai l’appel
De ta voix connue,
Pour entrer au ciel,
Qu’est-ce que j’apporte ?
Qui voudra de moi ?
Tu m’ouvres la porte :
Tout me vient de toi.
(H.R.)

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À ceux de nos lecteurs que troublerait la question de leurs manquements après leur conversion, les amenant même à douter de leur salut, nous voudrions chaudement recommander la brochure : « Le nouveau converti et ses difficultés ».